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04/12/2013

Kiss me deadly de Robert Aldrich, par Francis Moury

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22/04/2013

L’ultime diptyque américain de Fritz Lang : La Cinquième victime et Invraisemblable vérité, par Francis Moury

Crédits photographiques : Spencer Platt (Getty Images).

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27/09/2012

Essai de caractérisation du cinéma de Michael Haneke : conjectures sur le Mal, par Gregory Mion

Crédits photographiques : Lucas Jackson (Reuters).

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20/08/2012

Histoire et esthétique du cinéma fantastique des origines à 2010, fin, par Francis Moury

Crédits photographiques : Tim Tiebout (Rochester Institute of Technology, Rochester, New York, USA).

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10/08/2012

Histoire et esthétique du cinéma fantastique des origines à 2010, 4, par Francis Moury

Crédits photographiques : Haris Antonopoulos (Athènes, Grèce).

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03/08/2012

Histoire et esthétique du cinéma fantastique des origines à 2010, 3, par Francis Moury

Crédits photographiques : Gunnar Newquist (University of Nevada, Reno, Nevada, USA).

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18/07/2012

Histoire et esthétique du cinéma fantastique des origines à 2010, 2, par Francis Moury

Crédits photographiques : Dr. Dalibor Matýsek (Mining University - Technical University of Ostrava, Ostrava, République tchèque).

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08/07/2012

Histoire et esthétique du cinéma fantastique des origines à 2010, 1, par Francis Moury

Crédits photographiques : Charles Krebs (Issaquah, Washington, USA).

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06/06/2012

Cinéma et eschatologie chez George A. Romero, 1 : de 1968 à 1985, par Francis Moury

Crédits photographiques : Bob Strong (Reuters).

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15/11/2011

La démonologie dans la Zone

Photographie de Juan Asensio.

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29/11/2010

La Ferme de la terreur de Wes Craven, par Francis Moury

Crédits photographiques : Jack Delano.

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14/01/2010

2009 dans la Zone

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27/10/2009

Cinéma et télévision ontologiques selon Roberto Rossellini, par Francis Moury

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18/10/2009

Danse macabre d’Antonio Margheriti, par Francis Moury

Capture d'écran : Francis Moury

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26/07/2009

Notes sur Le Temps scellé d'Andrei Tarkovski, par Timothée Gérardin

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18/07/2009

Les deux visages du Dr. Jekyll de Terence Fisher, par Francis Moury

Crédits photographiques : Walter Piorkowski.

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29/03/2009

L’abordage de la peinture, lettre à Marcel Moreau, par Nicolas Rozier

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10/01/2009

Antoine de Baecque et l’ontologie historiale du cinéma, par Francis Moury

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Photographie (détail) de Juan Asensio.

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13/12/2008

Meurtres sous contrôle de Larry Cohen, par Francis Moury

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30/08/2008

L’Ange de la vengeance : Ferrara ou le cauchemar de Thana, par Francis Moury

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15/08/2008

La Faille de Gregory Hoblit, par Francis Moury



Fiche technique succincte
Mise en scène : Gregory Hoblit
Prod. : Charles Weinstock (New Line Cinema, Castle Rock Entertainement, Weinstock Prod., M7 Filmproduktion)
Scénario : Daniel Pyne et Glenn Gers d’après une histoire originale de Daniel Pyne
Directeur de la photo : Kramer Morgenthau
Montage : David Rosenbloom
Mus. : Mychael et Jeff Danna

Casting succinct
Anthony Hopkins (Ted Crawford), Embeth Davidtz (femme adultère de Crawford), Billy Burke (inspecteur Nunally), Ryan Gosling (procureur adjoint Willy Beachum), Rosamund Pike (Nikky), David Strathairn (procureur), etc.

Résumé du scénario
Le riche industriel Ted Crawford, un magnat de l’aéronautique, pense s’être vengé de son épouse, et de l’amant de celle-ci qui est un inspecteur de police, en commettant un crime parfait… qui échoue pourtant. Un jeune procureur adjoint, Willy Beachum, suppose le faire aisément inculper pour tentative de meurtre. Il a tort : Crawford ressort libre du tribunal, provoque le suicide du policier mis en cause et parachève le meurtre de son épouse. Alors seulement Beachum mesure à quel point Crawford l’a manipulé et quel danger il représente…

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18/05/2008

Antimodernité de Bruno Dumont, par Ludovic Maubreuil (Infréquentables, 3)

Crédits photographiques : Andre Penner (AP Photo).

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05/04/2008

Le Spleen de Néris-les-Bains, petites pensées en prose, par Francis Moury

Néris-les-Bains


Cher Juan.

Malhabilement, je tente d'écrire dans le noir — simplement éclairé par la lueur blafarde de mon écran portable dont je manipule le clavier avec moins d'aisance que celui de mon ancien ordinateur fixe qu'il me tarde de réutiliser — depuis ma fenêtre donnant sur la place solitaire et obscure, à cette heure déjà tardive de la nuit, du casino de Néris-les-Bains, mes impressions, suite à ma lecture de ta très belle critique du texte de E. A. Poe.
C'est une de tes plus belles critiques, portées par une suggestion pointue de Boutang concernant, en effet, l'idée d'un temps sans faille, réconcilié, in illo tempore auquel s'oppose de toute évidence le temps non-réconcilié de la conscience morbide puis d'un univers devenu lui-même morbide. Conscience et maladie ne sont jamais très éloignées chez Poe : elle entretiennent un rapport dialectique. Celui qui l'a le mieux montré est sans doute Gordon Hessler dans le plan final du génial The Oblong Box [Le Cercueil vivant] qu'il tourna vers 1970 : davantage qu'une adaptation, il s'agissait d'une amplification démentielle portant à l'incandescence certains des thèmes les plus authentiquement fantastiques du conteur de Baltimore si passionnément psychanalysé par Marie Bonaparte !
Il y a une conscience de la vie et une conscience de la mort chez lui, comme il y a en psychanalyse une pulsion de mort et une pulsion de vie. La nostalgie de l'être (Ferdinand Alquié), celle du Paradis perdu dans la mythologie primitive (Mircéa Eliade et tant d'autres) sont «le classique» de la position. La désolation, la ruine sensible de leur aperception, sont «la modernité» de la contre-position. La synthèse est une curieuse «anti-folie» pour reprendre le terme utilisé par Paul-Hervé Mathis dans son article déjà ancien mais filmographiquement remarquable paru sur Edgar Poe dans un beau numéro de la revue Écran de 1977 qui comportait une image du Corbeau de Corman en couverture. Il faut lire aussi la section Corman du très bel article de Lise Frenkel sur Cinéma et psychanalyse paru vers 1971, article d'ailleurs commenté trop vite par Jean-Marie Sabatier dans ses beaux Classiques du cinéma fantastique (éditions Balland, 1973).

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12/11/2007

Le Crabe-tambour : trouver l’homme au bout de l’océan, par François-Xavier Ajavon

L'escorteur d'Escadre Jauréguiberry


«Il y a trois sortes d’hommes : les vivants, les morts et ceux qui sont en mer».
Platon, Critias.



Le long-métrage Le Crabe-tambour, de Pierre Schoendoerffer, est adapté de son roman éponyme paru en 1976 et couronné par le Grand Prix du roman de l'Académie française. Cette histoire de marins, complexe et philosophique, sur fond de quête insensée de l’homme et de nostalgie coloniale, fut un grand succès commercial. Il n’était pourtant pas aisé pour Schoendoerffer d’imposer son univers à une France des années 70, encore mollement contestataire et recroquevillée sur un tropisme pseudo-subversif né de mai 68. Quel est l’univers de Schoendoerffer ? Un monde perdu et idéalisé, contre-culturel, où des valeurs morales telles que la droiture et l’honneur l’emportent sur toute autre considération; un univers très ancienne France, un peu en ruine, où des institutions telles que l’église catholique et l’armée ont encore un prestige réel et une authentique autorité au sein de la société.

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26/02/2007

La vie des autres de Florian Henckel von Donnersmarck, par Germain Souchet

La vie des autres de Florian Henckel von Donnersmarck


Afin d'introduire ce beau texte de Germain Souchet, je ne puis résister au plaisir de citer Alain de Chalvron, envoyé spécial permanent de France 2 aux États-Unis et probable gauchiste patenté qui, terminant son reportage sur les Oscars, a cru évidemment malin de déclarer, je cite de mémoire mais je ne pense pas trahir l'esprit de pareille ineptie : «la récompense décernée à La vie des autres arrive à point nommé au moment où les Américains ont découvert qu'ils étaient eux-même mis sur écoute par les grandes oreilles du gouvernement». En arriver à proférer, sur le ton satisfait du petit pion se grisant d'un haut fait de résistance de salon, une telle stupidité au JT de 20 heures sans être licencié dès le lendemain pour faute professionnelle grave par France 2 montre à quel degré de pourrissement idéologique nos médias sont parvenus. Sans compter que comparer l'administration Bush avec le régime d'Honecker... voilà qui tout simplement signifie : mentir. Alerté par mes soins, et je l'espère par ceux de beaucoup d'autres personnes ayant été affligées par un commentaire aussi ridicule, stupide et, je l'ai dit, faux de surcroît, Christian-Marie Monnot, le médiateur de France 2, ne m'a pour l'instant pas donné d'explication.

«Je crois qu’une fois les faits connus – la torture psychologique des dissidents, le massacre impitoyable de ceux qui tentèrent de passer la frontière et le fait que la prétendue «stabilité économique» reposait en grande partie sur l’échange de prisonniers politiques avec l’Occident –, il est bien difficile de rester ostalgique
Florian Henckel von Donnersmarck.


Après La Chute et Sophie Scholl les derniers jours, films étudiant sous deux angles différents et relativement nouveaux le nazisme, le cinéma allemand vient de produire un troisième chef-d’œuvre, cette fois consacré à la RDA communiste. Jusqu’à présent, à l’instar de Goodbye Lenine, au demeurant fort bien réussi, le second totalitarisme s’étant abattu comme une griffe d’acier sur l’Allemagne du XXe siècle n’avait été abordé que de manière tragi-comique, voire tout simplement comique. Peinant à surmonter, depuis la réunification de 1991, les effets parfois néfastes de la libéralisation soudaine d’une société jusqu’alors totalement administrée – chômage persistant, niveau de vie inférieur à celui des Allemands de l’ex-RFA, développement de réseaux mafieux –, une partie de la population anciennement est-allemande semblait tentée de s’abandonner à «l’Ostalgie», néologisme désignant la nostalgie pour l’Est (qui se dit Ost, en allemand). Avec La Vie des autres, la vie en République Démocratique d’Allemagne, sous le règne impitoyable d’Erich Honecker, est enfin abordée telle qu’elle était : terrible, oppressante et soumise à la surveillance permanente et redoutée de la Stasi (abréviation de Ministerium für Staatssicherheit, en français ministère pour la sécurité d’État).

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17/02/2007

Jdanov exhumé en guimauve : sur Jacquou le Croquant, par Jean-Gérard Lapacherie

Malévitch, Femme moissonnant, 1912


On sait en quoi consistent les injonctions dites réalistes socialistes en matière de musique, de peinture, d’arts visuels, de littérature : toute œuvre, même la plus insignifiante, telle une photo ou une carte routière, doit être conforme à la ligne, celle du Parti ou de l’État ou du Parti État ou de l’État Parti. L’art n’est qu’un appendice de l’idéologie en place. Il y donne un coup de vernis, il la farde, il la maquille. Ainsi dorée, la pilule est avalée sans dégoût. Des décennies durant, dans tout le Kommunistan, la réalité représentée était socialiste, c’est-à-dire conforme au iota près à ce que l’idéologie affirmait de la réalité ou à l’image de ce que le Parti avait décidé qu’elle serait. Elle était aux autorités ce que la beauté était aux surréalistes : socialiste ou rien. Si ne l’était pas, l’œuvre était interdite et à son auteur était offert un long séjour, tous frais payés, dans une villégiature du Goulag. Le résultat a été à la hauteur de l’idée. Toute forme d’expression en URSS et ailleurs a été fossilisée pendant près de trois quarts de siècle.
Il y a, depuis la seconde guerre mondiale, des esclaves qui, par veulerie ou stupidité, appliquent à eux-mêmes et aux autres les injonctions de ce si mal nommé réalisme : Stil, Garaudy, Wurmser, Vailland, Aragon, Daenincks, Chabrol. En France, le réalisme socialiste survit à tout, même à la chute du Mur de Berlin. La réalité n’étant pas socialiste, ni près de le devenir, c’est dans le passé que le réalisme a ressuscité un socialisme de fantaisie, pittoresque et exotique. Il en est ainsi dans Jacquou le Croquant (1969), téléfilm que Lorenzi, le brave soldat du communisme, a adapté d’un roman de même titre (1899), qui tient de la variante française fin de siècle du réalisme socialiste : le réalisme radical socialiste. L’auteur, Eugène Le Roy (1836-1907), après avoir combattu dans les colonies les «races inférieures», se mue en notable local du département de la Dordogne en devenant fonctionnaire des contributions et, bien sûr, franc-maçon. La République l’a honoré. Dans le Périgord, sous Henri IV et Louis XIII, des paysans se sont révoltés contre les taxes de plus en plus lourdes que l’État centralisé prélevait sur leurs récoltes. Par mépris, ils étaient nommés croquants. Or, dans le roman, ces révoltes ne se passent pas dans la France d’Henri IV, ce qui aurait écorné l’icône nationale que le bon roi Henri est devenu sous la IIIe République; elles ont été déplacées de deux siècles et elles se produisent entre 1815 et 1830, lors de la tentative faite de restaurer l’ancien régime.

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26/06/2006

Exercice camusien sur La Revue du cinéma, n°2

Crédits photographiques : Radek Mica (AFP/Getty Images).

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17/06/2006

Le Da Vinci Code ou la régression païenne, par Germain Souchet

Léonard de Vinci, Le dernier Souper, 1495-1498


«Lorsque la vraie doctrine est impopulaire, il n’est pas permis de rechercher la popularité au prix d’accommodements faciles. […] Nous n’avons pas le droit d’abandonner «l’enseignement solide» ni de le modifier. Le transmettre dans son intégralité est le rôle du Magistère de l’Église.»
Jean-Paul II, Entrez dans l’Espérance (Plon-Mame, 1994).


Le pilonnage médiatique aura donc été efficace. Alors que le livre de Dan Brown s’était déjà vendu à plus de quarante millions d’exemplaires à travers le monde, l’adaptation cinématographique du Da Vinci Code, réalisée par Ron Howard, avec Tom Hanks dans le rôle principal, a raflé plus de 225 millions de dollars le week-end de sa sortie internationale. Cette performance exceptionnelle – la deuxième de «tous les temps», selon l’expression consacrée du petit milieu nombriliste du cinéma hollywoodien – a déjà permis aux studios américains d’engranger 100 millions de dollars de bénéfices. Aux seuls États-Unis, le film a rapporté à ses producteurs la bagatelle de 75 millions de dollars en trois jours seulement. Nul doute que cette superproduction, à défaut de convaincre, lors de sa projection sur la Croisette, une presse pourtant largement anticléricale, tiendra toutes ses promesses au «box office». Dans une société ayant remplacé le culte du Christ-Roi par celui de l’Argent-Roi, le Da Vinci Code a d’ores et déjà trouvé sa place au panthéon des réussites commerciales.
Je tiens à le dire tout de suite : je n’ai pas lu le livre et je n’ai nullement l’intention d’aller voir le film. Non que je boycotte l’œuvre – peut-on ainsi l’appeler ? – du mystérieux Dan Brown, comme avait appelé à le faire, maladroitement, un prélat du Vatican, au risque d’alimenter le fantasme, cher aux médias, d’une «peur» de l’Église. C’était oublier que cette dernière, revigorée par le pontificat de Jean-Paul II, qui s’était ouvert en 1978 par sa désormais célèbre exhortation, ne pouvait raisonnablement avoir peur de ce non-événement historique et théologique. Non, bien que l’idée de contribuer à l’enrichissement de Dan Brown ou à celui de cinéastes peu scrupuleux m’eût révulsé, elle n’aurait pour autant pas constitué un obstacle insurmontable. Mais, voyez-vous, la vie est bien trop précieuse pour que je perde ne serait-ce que deux heures de ma courte existence à assister à la projection d’une histoire dont le «crétinisme» a fort justement été pointé par Marie-Noëlle Tranchant dans sa critique écrite pour Le Figaro.
Je laisse donc à d’autres, qui ont eu le courage de lire ce «thriller théologique», le soin de répondre aux soi-disant arguments «troublants» – mot qu’il suffit de prononcer, sans la moindre once de fondement historique, pour que les esprits faibles soient convaincus de l’existence d’une vaste machination – avancés par l’auteur. Cette tâche a d’ailleurs largement été amorcée, souvent avec talent, dans des ouvrages d’enquête, des journaux généralistes ou spécialisés, ou encore sur des sites Internet (1). J’entends simplement, dans ces quelques lignes, montrer en quoi le mariage de Jésus-Christ avec Marie-Madeleine est une impossibilité théologique.
Une dernière chose, tout de même, avant d’en venir au cœur de ma réflexion. Au siècle dernier, la légende des Protocoles des Sages de Sion a servi de justification à un antisémitisme violent, largement répandu à travers l’Europe, et sur lequel des régimes barbares se sont appuyés pour exécuter leurs politiques génocidaires. Aujourd’hui, les esprits rationnels s’évertuent à expliquer que l’utilisation de la théorie du complot est caractéristique des idéologies de la haine, dont les effets ravageurs ne sont plus à démontrer. Le mythe tenace des Protocoles des Sages de Sion, inventé de toute pièce, est donc unanimement et légitimement dénoncé comme criminel. Mais, au fond, qu’y a-t-il de différent entre ce protocole fictif et le livre de Dan Brown, qui prétend que l’Église, depuis deux mille ans, cache un terrible secret pour mieux régner sur les esprits ? Notre société est-elle prête à légitimer la théorie du complot, que seul le mystérieux «Prieuré de Sion» – étrange consonance, tout de même, avec les Protocoles des Sages de Sion – aurait découvert, parce qu’elle vise les catholiques ? Si l’utilisation de ressorts totalitaires est tolérée et activement relayée par les médias à l’encontre de certains groupes religieux, sans que personne n’y trouve rien à redire, alors la liberté de culte est un mot bien vide de sens… et l’athéisme institutionnalisé une menace bien réelle.

La théorie de Dan Brown – car bien que celui-ci s’en défende, son ouvrage a pour ambition de «révéler» l’histoire «véridique» du christianisme – est désormais bien connue : selon l’auteur américain, Jésus aurait épousé Marie-Madeleine et aurait eu une fille avec elle. À sa mort, son épouse, à qui il avait confié la direction de son Église, aurait été écartée par Saint Pierre et les autres apôtres, machistes invétérés, qui auraient soigneusement effacé toute trace du mariage de leur maître avec l’ancienne pécheresse. Marie-Madeleine se serait alors réfugiée en France, où sa descendance aurait prospéré jusqu’à aujourd’hui, en passant notamment par la dynastie royale des Mérovingiens. Inutile de préciser que dans la vision brownesque de l’Histoire, Jésus ne serait pas ressuscité. Ce n’est que plusieurs siècles après, lors du Concile de Nicée, que l’Empereur Constantin – on se demande bien pour quel motif – aurait acheté le vote des évêques, afin que la divinité du Christ soit reconnue. Ce terrible secret aurait été découvert et gardé par le Prieuré de Sion, société fondée lors des Croisades, et dont le membre le plus célèbre aurait été Léonard de Vinci. Au lieu de crier haut et fort la vérité, au lieu de révéler publiquement l’incroyable imposture, les membres du Prieuré se seraient contentés, au cours du dernier millénaire, de tenter d’alerter leurs contemporains en cachant des indices dans des tableaux, des écrits, ou dans des églises. Étrange façon de procéder pour qui prétend libérer le monde occidental de la tyrannie du Vatican…
Passons sur l’absurdité et les incohérences de ce scénario, ainsi que sur l’énormité des erreurs historiques et théologiques commises par Dan Brown (2), et essayons de voir ce qui se cache derrière cette «théorie». Ne pouvant s’opposer frontalement au message du Christ, qui parle d’Amour et de Pardon, les ennemis du christianisme tentent désormais de le vider de sa substance. L’idée souvent avancée de nos jours est, qu’au fond, seul le message des Évangiles compterait. Que Jésus soit on non Dieu serait secondaire, voire accessoire. Or, précisément, le message du Christ n’a de sens que s’Il est le Fils de Dieu, deuxième Personne de la Très Sainte Trinité. Dans sa première épître aux Corinthiens, Saint Paul le dit très clairement :
«Si le Christ n’est pas ressuscité, vide alors est notre message, vide aussi votre foi. […] Le Christ est ressuscité d’entre les morts, prémices de ceux qui se sont endormis. Car la mort étant venue par un homme, c’est par un homme aussi que vient la résurrection des morts. De même en effet que tous meurent en Adam, ainsi tous revivront dans le Christ. […] Puis ce sera la fin, lorsqu’il remettra la royauté à Dieu le Père, après avoir détruit toute Principauté, Domination et Puissance. […] Et lorsque toutes les choses lui auront été soumises, alors le Fils lui-même se soumettra à Celui qui lui a tout soumis, afin que Dieu soit tout en tous» (1 Co, 14-28).
Sans la divinité de Jésus, qui s’est manifestée par Sa résurrection, il ne peut en effet y avoir d’Espérance. Sans l’annonce de l’avènement du Royaume de Dieu, il ne peut y avoir de Justice. Et alors le message des Évangiles n’est plus celui de l’Amour qui donne Sens et du Pardon qui trouve sa source en Dieu, mais une belle déclaration d’intention pouvant toucher à la mièvrerie. Utilisé par les apôtres d’un gauchisme faussement généreux, il devient justification incohérente d’un partage des richesses imposé – jusque par la violence –, d’un pacifisme lâche et meurtrier, et enfin d’une tolérance généralisée face à la dissolution des mœurs. Or, si le Christ nous parle d’Amour, sa Parole est aussi exigeante et éminemment morale. Cela, naturellement, est inacceptable dans une société qui refuse toute forme de contrainte, croyant trouver le bonheur dans l’asservissement volontaire à ses désirs de puissance et de jouissance effrénée.

Quel rapport avec le Da Vinci Code, me direz-vous ? Il est fort simple. Si Jésus avait épousé Marie-Madeleine, Il ne serait pas le Fils de Dieu et Il ne serait pas ressuscité. Le christianisme, dès lors, ne serait qu’un avatar des paganismes antiques, une vieille superstition qui n’aurait rien à dire à ce monde, et que le monde pourrait donc balayer d’un revers de main…
La différence fondamentale entre le polythéisme et le monothéisme ne tient pas tant, en effet, au nombre qu’à la nature de la divinité. Les dieux païens étaient contingents, quand le Dieu unique est absolu. Dans les mythologies grecque et romaine, comme dans les mythologies nordiques, les dieux sont des êtres immortels, qui ont souvent succédé à d’autres êtres supérieurs (les Titans, chez les Grecs), et dont le règne est perpétuellement menacé. À l’inverse, le Dieu d’Israël est éternel. Il est la source de toute chose. Il est le Créateur que personne n’a créé et il ne s’inscrit ni dans la temporalité ni dans l’espace. Les dieux païens incarnaient des concepts et ressemblaient aux hommes. Le Dieu de l’unique Alliance, quant à lui, est une personne qui a créé l’Homme à Son image, mais qui ne peut être totalement compris par la raison bornée de Sa créature.
Dans ce contexte, l’Incarnation de la deuxième Personne de la Trinité, du Verbe de Dieu, de Jésus-Christ, constitue un mystère éblouissant. À la fois homme, pleinement homme, Il reste en même temps Dieu, pleinement Dieu, «de même nature que le Père», selon le symbole de Nicée-Constantinople (3). Ayant pleinement partagé la condition des Hommes, Dieu nous est devenu proche, d’autant plus proche qu’Il a désormais un visage, celui de Jésus. Mais dans le même temps, Il est resté le Dieu absolu de l’Ancien Testament, ce qui était indispensable à la rédemption de l’Humanité, car seul Dieu, en rétablissant la dignité originelle de l’Homme, pouvait nous libérer des contingences du péché et de la mort. De fait, il demeure une distance infranchissable qui nous séparera toujours du Seigneur.
Si Jésus s’était marié, et s’Il avait eu une relation charnelle avec Marie-Madeleine, cette distance aurait été franchie. Cet absolu que Jésus incarne dans Son humanité aurait disparu. Car seuls des dieux contingents, terrestres, temporels, peuvent s’unir par la chair à des hommes ou à des femmes. À l’inverse, la vie terrestre de Jésus n’est qu’une dimension de Son existence : «né de Dieu avant tous les siècles», selon le symbole de Nicée-Constantinople, le Verbe a toujours été. C’est ce que confirme le premier verset de l’Évangile selon Saint Jean : «Au commencement était le Verbe, et le Verbe était tourné vers Dieu, et le Verbe était Dieu» (Jn 1, 1). L’Incarnation du Verbe dans l’Histoire des hommes n’enlève donc rien à l’éternité du Christ. Dès lors, en se faisant Homme, il apporte aux Hommes le Sens que Son Père donne à toutes choses, et qui s’exprime à travers Son Amour. Cet Amour est gratuit, il est donné également à tous les hommes et il n’a besoin d’aucun retour. Ainsi, on comprend bien que Jésus ne pouvait aimer d’un amour terrestre Marie-Madeleine : cet amour, en effet, aurait eu besoin de réciprocité, alors que Dieu ne peut avoir besoin de l’Homme. Jésus aimait donc Marie-Madeleine autant que tous les autres hommes et toutes les autres femmes ayant vécu avant, pendant et après Son passage sur Terre. Ni plus, ni moins. Prétendre le contraire, c’est dégrader la divinité du Christ et manifester son incompréhension du mystère de l’Incarnation.
Cet argument suffirait, en lui-même, à porter un coup fatal à la théorie de Dan Brown. Mais, puisque, décidément, beaucoup de ses lecteurs croient en ses élucubrations, ne nous arrêtons pas en si bon chemin. D’aucuns prétendent que l’idée d’une relation charnelle entre le Christ et Marie-Madeleine dérange l’Église «qui a un problème avec la sexualité», selon la formule consacrée. Là encore, cette affirmation ne résiste pas à l’analyse. Si on s’intéresse à la théologie de la sexualité, et en particulier aux développements que lui ont consacré les papes Jean-Paul II (4) et Benoît XVI, on constate que l’éros a toute sa place dans la vie d’un chrétien. Dans son encyclique Dieu est amour, le souverain pontife affirme en effet que «si l’homme aspire à être seulement esprit et qu’il veut refuser la chair comme étant un héritage simplement animal, alors l’esprit et le corps perdent leur dignité». Seulement, la chair ne doit pas non plus être coupée de l’esprit :
«Mais ce n’est pas seulement l’esprit ou le corps qui aime; c’est l’homme, la personne, qui aime comme créature unifiée, dont font partie le corps et l’âme. C’est seulement lorsque les deux se fondent véritablement en une unité que l’homme devient pleinement lui-même. C’est uniquement de cette façon que l’amour – l’éros – peut mûrir jusqu’à parvenir à sa vraie grandeur» (Benoît XVI, Deus caritas est, 5).
Cette grandeur de l’éros, Jean-Paul II l’a explicitée d’une façon radicalement nouvelle dans les premières années de son pontificat. L’union des corps, dans le cadre des liens sacrés du mariage, et dans la mesure où l’acte sexuel n’est pas coupé de la possibilité de la procréation, peut être considéré comme une communion :
«Pour qu’il y ait communion, il faut que soient réunies les conditions du don des personnes. […] Il s’agit de se donner pleinement et sans réserve, selon la tonalité de ce que nous sommes. Et ce don total n’est pas possible s’il y a dissociation entre les deux significations de l’acte conjugal. Cette norme éthique n’est donc pas une sorte de diktat moral qui s’imposerait comme l’absolu d’un ordre moral insupportable. Elle n’est que la condition minimale du don des personnes leur permettant d’arriver dans et par l’acte conjugal à cette véritable communion qui est l’aspiration la plus fondamentale de la personne humaine, car la personne est faite pour le don d’elle-même dans la communion. C’est pourquoi l’acte sexuel authentiquement vécu comme communion des personnes conduit les époux à la communion à Dieu alors que la simple union des corps peut en éloigner» (in La sexualité selon Jean-Paul II, op. cit.)
Autrement dit, la sexualité bien vécue est non seulement conforme à l’ordre du monde créé par Dieu, mais elle est même communion à Dieu. L’union des corps des époux peut donc être perçue comme l’annonce, la préfiguration du royaume des cieux. Jésus, le Christ, Celui qui vient ouvrir pour nous les portes de ce royaume, pouvait-Il donc se contenter d’en vivre les prémices ? Pouvait-Il rechercher, auprès de Marie-Madeleine, une communion à Dieu alors qu’Il est Lui-même Dieu et qu’Il se donne en communion par l’eucharistie ? Prétendre qu’une relation charnelle entre Jésus et Marie-Madeleine ne pose aucune difficulté est donc tout simplement absurde. Peut-on imaginer Jésus communiant au moment de la Cène ?
Pour terminer sur la question de la sexualité, il est nécessaire d’aborder aussi le dogme de la Virginité de Marie. Le même raisonnement que précédemment peut être employé. Certes, Marie n’est pas de nature divine : même si elle est la plus sainte de toutes les femmes, elle n’est pour autant qu’une femme. Néanmoins, ayant porté en son sein le Fils de Dieu, ayant donné naissance au Messie, elle a vécu un événement qui dépasse l’entendement humain. Son corps s’est transformé en Temple pour le Christ, qui signifie littéralement l’Oint du Seigneur; elle L’a porté et L’a senti vivre en elle (5). Elle a donc atteint à une forme de communion qu’aucune autre personne sur cette Terre ne pourra jamais connaître. À partir de là, il est facile de comprendre qu’elle soit restée toujours Vierge, car elle ne pouvait, par la suite, rechercher une communion inférieure à celle que la Providence lui avait donné à vivre.
Ainsi, ceux qui affirment que Jésus pouvait parfaitement, en tant qu’homme, épouser Marie-Madeleine et avoir des relations charnelles avec elle montrent clairement qu’ils ne conçoivent la sexualité que d’un point de vue strictement humain. Incapables d’appréhender la dimension spirituelle et transcendante de l’acte conjugal, telle que révélée par la théologie des corps, ils ne peuvent voir les incohérences flagrantes de leurs affirmations.

Définitivement discrédité, le Da Vinci Code ? Peut-être, mais que le lecteur me permette de lui porter l’estocade. Il convient en effet d’étudier la question de la descendance de Jésus.
Si le Christ s’était marié, il paraîtrait logique qu’il ait eu des enfants. En tout cas, la théologie chrétienne affirme – ô, affreux conservatisme ! – que le mariage se doit d’être tourné vers la procréation. Dan Brown, fait surprenant, s’inscrit dans cette logique mais, obsédé par sa théorie du «féminin sacré», il affirme que Marie-Madeleine a donné naissance à une fille. Or, si Jésus est le Fils de Dieu, que sont ses descendants ? Sa fille serait-elle, comme dans les paganismes antiques, une demi-déesse ? Et ses petits-enfants, des «quarts de dieux», puis des «huitièmes de dieux» ? On le voit, cette théorie nous renvoie une nouvelle fois à une conception archaïque de la divinité, qui permettait une démultiplication des dieux et l’apparition d’une «race» supérieure, celle, précisément, des demi-dieux (6). Elle s’oppose à l’unité absolue de la Transcendance inhérente au monothéisme, mais aussi à l’unité absolue du genre humain. En effet, dans l’Ancien comme dans le Nouveau Testament, l’Homme apparaît comme la créature de Dieu et aucune distinction n’est faite entre les individus. Tous créés à l’image du Seigneur, ils ont en conséquence une dignité égale. C’est ce qui, seul, peut fonder la théorie des droits de l’Homme, n’en déplaise aux grands prêtres de la fraternité mondiale. Car il ne peut y avoir de fraternité sans paternité commune…
Par voie de conséquence, l’existence d’une descendance du Messie remettrait en cause l’unité et l’égalité de l’Amour de Dieu pour tous les êtres humains. En effet, Jésus ne serait-Il pas tenté de considérer Ses héritiers comme étant «davantage» Ses enfants que les autres Hommes ? Ne les aimerait-Il pas plus ? Et comment pourrait-on penser que le Jugement Dernier, annoncé notamment par l’Apocalypse de Saint Jean, puisse être équitable ? N’y aurait-il pas un risque de favoritisme envers cette «lignée royale» ?
Sur ce point comme sur les autres, la théologie catholique n’a rien à craindre des théories farfelues du livre de Dan Brown. Sa cohérence sans failles, signe, à mon sens, de sa Vérité, la met nécessairement à l’abri de tous les mensonges et de toutes les calomnies.
La Vérité de la foi catholique, justement, est la suivante : si Jésus a bien une épouse, il s’agit de l’Église, et non de Marie-Madeleine. L’Église est donc à la fois le Corps mystique du Christ, dont Il est la tête, et son Épouse. C’est ce que rappelle l’Abrégé du catéchisme de l’Église catholique, promulgué par la lettre apostolique en forme de motu proprio du Pape Benoît XVI, le 28 juin 2005 : «[…] Le Seigneur lui-même s’est défini comme «l’Époux» (Mc 2, 19) qui a aimé l’Église, qui s’est lié à elle par une Alliance éternelle. Il s’est livré pour elle, afin de la purifier par son sang, de la «rendre sainte» (Ep 5, 26) et d’en faire la mère féconde de tous les fils de Dieu. Si le terme «corps» fait apparaître l’unité de la «tête» et des membres, le terme « épouse » met en relief la distinction des deux dans une relation personnelle» (paragraphe 158). L’Église, dès lors, n’est pas un organe de pouvoir, prêt à tout pour défendre son pré carré, comme Dan Brown voudrait nous le faire croire. Continuellement assistée par l’Esprit-Saint, descendu sur les apôtres le jour de la Pentecôte (Ac 2, 1-4), elle a reçu pour mission de témoigner de la Résurrection du Christ, son Époux mystique, et d’annoncer l’Évangile au monde entier.

Au terme de cette analyse complexe, une question demeure : le Da Vinci Code constitue-t-il une menace pour la diffusion de la foi chrétienne ? Pour les athées, il ne change rien : puisqu’ils ne croient pas que Jésus est le Fils de Dieu, et même, puisqu’ils ne croient pas en Dieu, peu leur importe que Jésus se soit ou non marié avec Marie-Madeleine.
Le danger concerne donc avant tout les agnostiques : leur culture religieuse, dans nos sociétés oublieuses de leur passé et de leurs valeurs, frôle souvent le zéro absolu. En lisant le Da Vinci Code, petit thriller somme toute insignifiant, ils croient «apprendre beaucoup de choses sur le christianisme», comme plusieurs me l’ont confié (7). En réalité, ils n’apprennent rien. Manipulés par un auteur qui prétend s’appuyer sur certaines vérités cachées, alors qu’il n’avance pas le moindre élément de preuve historique à l’appui de ses théories – et je dis bien historique, pas théologique –, ils en viennent à porter un jugement fortement négatif sur l’Église catholique. Ils risquent d’être ainsi durablement, si ce n’est définitivement, réticents à toute forme d’évangélisation. Or, quand les valeurs chrétiennes reculent, le monde se porte moins bien. Les intérêts égoïstes, la haine et la marchandisation de l’être humain progressent. Et ce sont les mêmes qui, après avoir contribué à affaiblir l’Église, cause unique, à leurs yeux, de tous les maux de l’Histoire, s’étonnent de constater que les choses empirent…
Cela étant, les chrétiens eux-mêmes ne sont pas à l’abri des effets pervers du Da Vinci Code. Plusieurs reportages ont, complaisamment, relayé les déclarations d’hommes et de femmes, catholiques fervents, se disant «ébranlés» par la lecture de cet ouvrage. Mais surtout, nous avons vu fleurir, au cours des dernières semaines, un discours tentant de minimiser l’impact d’une telle «révélation». À en croire certains, parmi lesquels l’omniprésent Frédéric Lenoir du Monde des religions, dont l’avis théologique pèse plus – ô nivellement permanent des médias ! – que celui même du Pape, un chrétien peut très bien s’accommoder d’un Jésus marié. En fait, cela le rendrait «plus proche» de nous, «plus humain» et plus compréhensif, plus à l’écoute de nos problèmes quotidiens. Et cela permettrait aussi de dénoncer l’attitude rigide de l’Église qui refuse toujours – mais comment ose-t-elle ? – la contraception, l’avortement, le mariage des prêtres et l’ordination des femmes.
Citant les Écritures, mais les déformant et les sortant de leur contexte, comme le fit Satan quand il tenta le Christ dans le désert (8), ces individus espèrent semer le doute dans l’esprit des croyants. Le risque est que certains chrétiens, certes de bonne volonté mais ne comprenant pas l’importance du dogme et peu attentifs aux déformations que celui-ci peut subir, acceptent de faire des concessions sur l’essentiel, croyant que l’important est seulement de répandre le message du Christ – alors que celui-ci est indissociable de sa Personne. Ce faisant, des entreprises comme le Da Vinci Code pourraient affadir le christianisme et le transformer en une insipide bouillie rose droit-de-l’hommiste qui, de fait, n’aurait plus rien à apporter à notre époque. À défaut d’être abattu, il ne dérangerait plus personne.
Le rôle de tout chrétien est, au milieu de cette sombre nuit de la pensée, d’allumer des flambeaux pour éviter que certains d’entre eux ne se perdent. C’est ce que ces quelques lignes ont tenté, humblement et bien imparfaitement, de faire.

Que le lecteur me permette une toute dernière remarque. Après avoir tout mis en œuvre pour saper les fondements du christianisme, Dan Brown termine son livre par un éloge du «féminin sacré» – représenté par Marie-Madeleine – qui aurait été étouffé par l’Église, institution d’hommes, au profit d’un patriarcat dont la violence et la guerre seraient les conséquences naturelles. C’est oublier la place éminente accordée par les catholiques aux femmes, de Marie et Marie-Madeleine à la bienheureuse Mère Teresa, en passant par Sainte Thérèse d’Avila et Sainte Thérèse de Lisieux, docteurs de l’Église. C’est oublier également que Jésus est très souvent présenté comme le Prince de la Paix par la hiérarchie catholique.
Mais c’est surtout faire un aveu extraordinaire : le monde d’aujourd’hui, désenchanté parce que déchristianisé, ne serait pas viable sans vie spirituelle. Pour combler le vide oppressant de nos sociétés matérialistes, mais détestant l’exigence de la Vérité chrétienne, Dan Brown a donc recours à un culte païen, ancestral même. Cette régression théologique, ce retour volontaire à des croyances primaires donnerait presque raison à Marx, pour qui la religion était l’opium du peuple. Et, par le jeu des contrastes, elle fait apparaître l’éternelle actualité du christianisme. C’est finalement le mérite caché du Da Vinci Code.

Bien joué, Mr. Brown !

Notes :
(1) : Voir notamment les dossiers du Figaro, de Famille chrétienne ou encore le site suivant.
(2) : Je ne peux m’empêcher, tout de même, de faire deux remarques. Si les apôtres et, aujourd’hui, l’Église, avaient été si machistes, pourquoi auraient-ils accordé une place aussi éminente à Marie, mère du Sauveur, «élevée corps et âme à la gloire du ciel et exaltée par le Seigneur comme la Reine de l’univers» (Constitution dogmatique sur l’Église Lumen Gentium, 59) ? Par ailleurs, le concile de Nicée avait pour objet de condamner l’hérésie arienne qui, tout en reconnaissant la divinité du Christ, prétendait que Jésus n’était pas de même nature que le Père. Le vote des évêques rétablissant la vérité de la foi ne fut pas obtenu à une courte majorité, comme l’affirme le livre, mais à la quasi-unanimité. Naturellement, la subtilité de ces débats théologiques échappe à la grossièreté du traitement médiatique réservé au Da Vinci Code.
(3) : C’est ce que confesse Pierre à Césarée de Philippe : «Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant» (Mt 16, 16).
(4) : Cf. l’excellent ouvrage d’Yves Sémen, La sexualité selon Jean-Paul II (Presses de la Renaissance, 2004).
(5) : C’est ce qu’expriment, entre autres, les paroles d’Élisabeth à Marie lors de la Visitation, reprises ensuite dans la prière traditionnelle de l’Ave Maria : «Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni».
(6) : Comme si la divinité était un caractère génétique qui pouvait se transmettre de génération en génération. À l’inverse, la divinité du Christ n’est pas héritée, elle résulte de son ontologie même et de sa conception par l’action mystérieuse du Saint-Esprit. De manière incidente, on comprend aussi que la Virginité de Marie, de même que l’absence de paternité de Saint Joseph, sont des nécessités théologiques.
(7) : C’est ainsi qu’un tiers des Français et plus de quinze pour cent des Américains se déclarent désormais convaincus que Jésus avait épousé Marie-Madeleine.
(8) : Mt 4, 1-11; Mc 1, 12-13; Lc 4, 1-13. La déformation et la parodie semblent être les armes préférées du diable.

04/06/2005

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Crédits photographiques : Hiroya Minakuchi (National Geographic/Minden Pictures).

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