Stalker, mars 2004, mars 2024 (04/03/2024)

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Photographie (détail) de l'auteur.

This is the way the world ends
This is the way the world ends
This is the way the world ends
Not with a bang but a whimper.


T. S. Eliot, The Hollow Men.



Commentaires exceptionnellement autorisés sous cette note commémorative, l'une des rarissimes de ce type-là pour lequel je n'ai que peu de goût. J'attends que vous m disiez si vous souhaitez que je poursuivre l'exploration de la Zone, ouverte un 4 (ou 5, je ne sais plus) du mois de mars d'il y a désormais 20 années, dans une salle des marchés du Centre d'affaires de l'avenue Kléber, où je cherchais, au beau milieu de l'agitation inimaginable régnant dans ce genre de lieu condensant toute la liquide modernité, un moyen rapide, plus rapide en tout cas que la revue Cancer! qui se plia pourtant, alors, à l'exercice, pour défendre Maurice G. Dantec traîné dans la boue par des journalistes (par qui d'autre, à vrai dire ?), moyen qui me fut soufflé par un informaticien perpétuellement malicieux qui se faisait appeler Miki, que je remercie donc, 20 années plus tard.
D'une certaine façon, la Zone, c'est lui, même si, au moment où je créais ce blog désormais labyrinthique, je n'avais strictement aucune ambition bien déterminée de faire perdurer son exploration pendant tant d'années, ni même au-delà de quelques mois, durée habituelle de la plupart de ces blogs qui, au début des années 2000, furent aussi nombreux qu'éphémères.
Ces 20 mémorables années, qui ont vu consacrer la rapide cadavérisation de ce qu'il restait de littérature vive, dans ce pays du moins qu'est la France, naguère phare des lettres, aujourd'hui saponifié dans sa langue même par la résurgence cadavérique du Neutre si cher à Derrida, Blanchot et leurs épigones châtrés, sont bien trop riches en événements, petits ou grands, amitiés, passions, férocités, trahisons, joies, déconvenues, salauderies, découvertes, humiliations, disparitions opportunes, morts symboliques et même, hélas, morts bien réelles, naissances, suicides, remerciements, surprises, lassitudes et j'en passe car tout est dans l'unique main qui compte, celle de Dieu qui Lui aussi est peut-être un grand lecteur qui ne fait plus que relire, cherchant le mot unique, la virgule mal placée ayant fait capoter l'ensemble de son Texte, pour que j'en dise quoi que ce soit d'intéressant en quelques pauvres lignes. Alors, autant garder l'histoire de mon exploration de la Zone secrète n'est-ce pas, si riche d'actes, de pensées, de témoignages, de beaux gestes faits par beaucoup de lecteurs, occasionnels, piètres ou remarquables de fidélité, mais que moi seul, s'il m'en plaisait l'envie, s'il m'en était donné le temps aussi, si surtout j'avais un quelconque talent proustien pour remonter le temps et le dérouler impeccablement en puissantes et suggestives saynètes, pourrais réunir en une histoire cohérente, où quelque chose, alors, se dirait de notre époque où, plus que jamais, le temps des livres semble définitivement passé.

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