Sur une île, stalker, quels livres emporteriez-vous ?, 2 (08/08/2004)

Photographie de l'auteur.


«De sorte que n’ayant rien et ne pouvant rien donner, ils s’abandonnent à des mots qui simulent la communication : puisque chacun ne saurait faire en sorte que son monde soit le monde des autres, ils imaginent des mots qui contiennent le monde absolu, et ils nourrissent de mots leur ennui, ils confectionnent un baume de mots contre la douleur».
Carlo Michelstaedter, La Persuasion et la Rhétorique.


Mardi 13 – samedi 31 juillet

Reduplication… Ce mot… Je viens de terminer la lecture du deuxième tome du Journal de Kierkegaard. Je crois qu’il y a bien des années que je n’ai reçu un tel choc, accentué peut-être, en tous les cas nimbé de la mélancolie dégagée par certains des morceaux, superbes et graves, du nouvel album de Marianne Faithfull (Before the Poison que Pauline m’a permis d’écouter avant sa parution chez Naïve fin septembre), comme No Child of Mine et There is a Ghost. Non, pas même la découverte de l’œuvre de Heidegger, que je lisai avec le sentiment d’appartenir à une sorte de congrégation secrète, jouissant de son propre vocabulaire que le profane était bien incapable de comprendre, pas même la lecture des œuvres du maître de Todtnauberg n’a provoqué un tel ébranlement non seulement intellectuel mais, j’ose ce mot, physique. Car un grand auteur, c’est là sa marque la plus indiscutable, dérange nos assurances, cela ne fait l’ombre d’aucun doute mais ce dérangement ressemble à une sorte d’aspiration. Avec Shakespeare, Dante, Dostoïevski, Faulkner et Broch, nous tombons dans un vortex. En France, je ne vois d’autres auteurs que Céline et, parfois, telle ou telle œuvre de Bernanos et de Gadenne, capables de provoquer un pareil glissement de terrain (comme Gracq, je m’amuse de l’italique).
Tout dans les lignes prodigieusement tendues de Kierkegaard est d’une telle acuité, une telle volonté est déployée par le solitaire pour parvenir à illustrer ce que doit être le christianisme (le scandale absolu du martyre) et ce qu’il n’est plus depuis des siècles, que l’on se sent parfois, je n’exagère rien, pris d’un vertige jubilatoire, comme si le sol s’ouvrait sous nos jambes… Comme il est terrible de tomber dans la main de Dieu… ou dans celle, plus modestement, du génie… Des gouffres, littéralement, se dévoilent sous nos yeux, sous nos pieds qui, depuis trop d’années, avaient la sotte et plate habitude de reconnaître et fouler une voie mille et mille fois aplanie, balisée, ouverte (via rupta, qui a donné le mot route, conserve une violence que nous ne percevons même plus symboliquement) par d’autres qui ont pris tous les risques pour que nous jouissons de ce rien : marcher tranquillement, reconnaître les marques inamovibles de nos sentiers battus…
Quoi, un homme, bossu et énigmatiquement mélancolique depuis que son père a blasphémé, peut-être impuissant comme l’ont cru (sans doute bêtement) certains biographes, un homme qui a décidé de rompre ses fiançailles avec la seule femme qu’il a réellement aimée, et ce jusqu’à son dernier souffle de vie, un homme qui, il s’en afflige tout au long de ce lumineux journal, est moqué par n’importe quel gamin lorsqu’il se promène dans les rues de Copenhague, un homme que rien ne semble devoir distinguer des autres (un tel homme des foules, eût dit le poète), cette foule qu’il hait pourtant, est donc capable de sacrifier sa vie, les honneurs probables qu’il eût reçu d’une paisible place en vue dans la bourgeoisie et enfin sa propre fiancée au nom d’un idéal qui porte le nom le plus banal qui soit à nos yeux, celui de christianisme, celui de chrétien ? Je dois répondre, il faut répondre tout aussi bêtement : oui. Cet homme est Kierkegaard, penseur tragique par excellence qui a enfanté Unamuno, Bergamín, Lequier et tant d’autres (jusqu’à George Steiner, bizarrement, qui a confessé relire chaque année Crainte et Tremblement…) et qui n’a eu de cesse, en tentant de saper les fondations de l’immense muraille de l’hégélianisme, de restaurer l’éminente dignité de l’Individu, seul en face de Dieu, qui doit s’efforcer, à chaque seconde de sa vie, non pas de se laisser enseigner mais d’imiter le Christ. C’est cela la reduplication, faire ce que l’on doit faire, faire ce que tout chrétien doit faire (en fait : devrait, tout le drame du penseur danois tient dans ce conditionnel), c’est-à-dire, en appliquant à chacun de ses gestes, à chacune de ses paroles, à chacune de ses pensées, le précepte évangélique par excellence, le commandement inouï : «Suivez-moi» et abandonnez tout le reste bien sûr.
Comme ce mot, ce simple mot de reduplication, que je me suis répété une bonne centaine de fois hier, est terrible, qui nous juge sans en avoir l’air. Je l’écrivai d’ailleurs dans l’un de mes billets intitulé Contrelittérairement vôtre, rédigé alors même que je poursuivai ma lecture de Kierkegaard, billet que d’aucuns jugèrent bien pessimiste alors qu’il était tout simplement d’une lucidité glaciale, pas même, d’une lucidité n’ayant rien de bien exceptionnel. Et comme ce simple mot condamne, aussi, celle qui de l’œuvre de Kierkegaard connaissait chaque ligne mieux que moi, mieux que je ne les connaîtrai jamais, celle qui, parce qu’elle n’eut pas assez de volonté, fut incapable de se tenir et se retenir dans la promesse de sa superbe parole («Après toi, je voudrais ne plus connaître d’autre homme» là aussi, le conditionnel…) et plongea piteusement, tête la première et le cul n’étant pas loin derrière, dans les bras de son amant, parfait notable lyonnais et chirurgien réputé auquel on prédit les plus magnifiques destinées. Bien sûr, comme elle est exigeante et lucide, elle a dû tenter de faire la part du feu et, vivant comme une cocotte de luxe aux prétentions intellectualisantes, doit tout de même loucher avec colère sur ce mystérieux point noir qui décidément résiste, au fond de son âme, aux plus énergiques lavements, aux tentatives entreprises par son imbécile de mari pour distraire la belle de pensées un brin trop mélancoliques. Voyons Natacha, laissons les morts ensevelir les morts, voilà la phrase que Thierry doit prononcer dans son langage rien que banalement athée, cet idiot au cœur simple ne se doutant pas que, en fait de mort, il couche avec un cadavre… Quoi ? Ce mauvais souvenir est-il donc destiné à me survivre, se demande la pauvre jeune femme lorsqu’il lui arrive de se rappeler, mais cela devient de plus en plus rare, ces années lumineuses qu’elle refuse pourtant de goûter, de reconnaître, les dernières semaines de notre relation, terribles, pathétiques de violence et de mépris formant une espèce de petite boule noire et malodorante qui empêche la lumière de passer – mais quelle lumière au fait, puisque les souvenirs ont été avalés comme s’ils étaient tombés dans un trou noir et qu’ils ont été, tout simplement, radiés, abolis ? Certes non devrais-je lui répondre car je ne suis plus, justement, qu’un fantôme. Certes non car je n’ai le courage et, tout simplement, le génie, comme Kierkegaard, de faire le choix radical d’un suicide social qui me permettrait de me consacrer à l’unique tâche de quelque importance : me connaître moi-même, selon le vieux précepte antique avant que d’être chrétien, déplier chacun des plus minuscules plis de mon âme, ne pas hésiter à confesser le plus petit de mes mensonges, la faute d’apparence la plus anodine et sonder, quitte à ne pas résister à ce solitaire et sombre tête-à-tête avec moi-même, le fond de cette vieille histoire, au fond d’une banalité à pleurer s’il est bien vrai, ce qui est évidemment faux, que la banalité puisse faire verser une seule larme. Alors seulement, au prix de ce travail de Titan et de cette mort volontaire, pourrai-je non pas me dédouaner et encore moins oublier ce que j’ai fait mais lui pardonner et, en pardonnant à cette femme l’horrible crachat de son mépris, me pardonner, donner quelque élévation à ma bassesse, à mes innombrables mensonges et trahisons. Alors seulement, au prix de ce colossal effort, j’aurais le droit de dire, comme Kierkegaard, que j’ai aimé cette femme, que je ne puis la haïr ni même la mépriser, que je n’ai jamais pu le faire (de quel droit, mon Dieu ?) et alors me serait donnée la joie lumineuse de la Reprise, cette réelle présence obtenue de haute lutte, gagnée au prix de l’absence la plus inimaginable, la plus définitive qui soit, mortelle au sens propre de l’adjectif, une vraie mort, sans qu’il y ait dans ce mot une quelconque métaphore. J’aurai alors, comme la gamine du conte, traversé le miroir, celui par lequel nous ne voyons le monde que par énigme et victime de la déformation consécutive à la Chute. J’aurai, alors, accepté ma propre souffrance en la donnant, en l’offrant, plutôt que de la jeter, en haut de cette montagne glacée, contre le ciel vide.
Oui mais… Cela, je ne le puis car, comme le narrateur de La Reprise, je n’ai pas trouvé le levier d’Archimède. Affirmons-le sans plus de détours : si «Redupliquer, c’est être ce qu’on dit» écrit Kierkegaard, moi, je ne puis être ce que je dis, parce que je suis un lâche et le dernier des chrétiens.

Dimanche 1er août

«[…] il nous faut retrouver de toute urgence le goût du risque».
Denis Jeambar, Les Dictateurs à penser.


Conversation (j’ose ce mot) électronique avec Stéphane Million, de la revue Bordel à qui j’avais envoyé un long texte sur Hello, pensant un peu bêtement qu’il serait intéressé, alors même que je ne savais rien de sa revue, assez naïvement je veux bien le confesser. Comme, après plusieurs semaines, je n’avais toujours pas reçu de réponse de sa part, ne serait-ce que pour m’exprimer son refus, j’ai donc décidé de lui faire connaître, après avoir tout de même lu l’un des derniers numéros de sa revue, mon avis assez tranché sur Bordel, recueilli dans l’entretien réalisé par Fabrice Trochet pour Le Grain de sable. Le croira-ton, l’homme ne s’offusqua pas, plaisantant même à propos des cochons, ce qui m’a fait rire. Je lui envoie dès lors un texte ancien, consacré à l’immonde Technikart, pensant que, cette fois, la teneur de ce texte lui plairait davantage. Il m’a alors répondu, toujours courtoisement, que je galvaudai les auteurs dont je parlais, Bernanos, Faulkner et Benjamin entre autres, en les convoquant pour l’exécution de l’imbécile Nassif et la fumigation de ses morpions non moins dégoûtants. Oui, peut-être, j’avoue que la charge a été un peu rude et même grandiloquente mais elle s’explique assez aisément si l’on considère le fait suivant : à mes yeux, galvauder le langage est le crime par excellence, le crime mystérieux contre l’Esprit auquel il ne sera jamais pardonné. Comment pourrais-je me rendre coupable de ce péché en évoquant ces ombres tutélaires ?
Peu importe d’ailleurs qu’il s’agisse de Nassif, de ses saltimbanques morpions, de Marcelle ou même de tel ou tel écrivain canonisé de son vivant comme Gracq ou Sollers (je ne les mets certes pas sur le même plan, Dieu m’en préserve !) : je le répète, affliger le langage de bêtise, de crasse et de vulgarité, cela, je ne puis le tolérer. D’où ma colère, d’où ma violence, d’où la hauteur parfois ridicule depuis laquelle, comme Gandalf face aux armées du Mordor, j’ai lâché la bride à mon coursier ! Peu importe, je ne regrette en rien mon imprécation, fût-elle disproportionnée par rapport aux limaçons mis en cause et, pour déplaire à Million qui n’a sans doute pas saisi la dialectique de cet article de plusieurs pages, voilà même que je lui ressers sans vergogne le potage qu’il n’a bu que du bout des lèvres. Voici donc ce que j’écrivais, sans que je n’ose en retirer une seule virgule : «Technikart ! Tout est dit dans ce mauvais titre qui ne laisse aucune part, selon l’exigence de Stendhal, au travail de l’imagination. Dans cet amalgame (voilà qui convient après tout à une bouche avariée), je vois la préoccupation moderniste, constante et inaliénable, qui prétend dominer les forces vives et les contraindre durablement sous la carapace de la technique ou plutôt, comme le pense justement Günther Anders, sous le corps dur de la machine, cet hybride qui n’en finit pas de se reproduire, dont les flancs sont perpétuellement gros de nouvelles machines elles-mêmes gravides. La technique journalistique de Technikart, je dis bien : sa technique plutôt que son écriture, sera donc rhizomique, deleuzienne et, comme telle, parfaitement aveugle et égalitaire : la racine blanchâtre qui jamais ne crève la surface pour s’aviser qu’un ciel existe au-dessus de son royaume de ténèbres boueuses n’en finit pas de courir vers son but improbable, tout en dispersant sa sève transparente, en clonant à l’infini ses pousses chétives qui, à leur tour, n’auront de cesse de s’étendre et de se reproduire, de se reproduire en s’étendant, de poursuivre leur course insensée par une extension inversement proportionnelle à leur capacité de compréhension. Technikart qui parle de tout, de la mode, de la littérature et ce, comble de l’ironie ! avec Virginie Despentes, des séances de psychanalyse pour frigidaires, de la musique des molaires ou des bijoux anaux, ne comprend donc rien; pour parler de tout sans rien comprendre, sans jamais prendre le temps de faire chemin avec tel ou tel, Kraus, Bernanos ou Heidegger qui, après tout, ont mieux que ces gommeux à plume de bécasse analysé la déchéance de notre époque centrifugée, pour évoquer une multitude madréporaire de sujets, il faut donc aller vite, hachurer le texte par de l’image, beaucoup d’images, ces mêmes images n’étant parfois qu’une réunion de plusieurs autre images, dans une mise en abyme significative, afin de produire cette suspension du jugement et de la concaténation à l’œuvre, par exemple, dans le générique de Seven. Pas de linéarité et surtout pas de progression, c’est-à-dire, peu ou prou, de sens, non ! seulement un pêle-mêle à partir duquel, comme le Verbal Kint d’Usual Suspects, échafauder une suggestion d’histoires qui tourneront en bourrique celles et ceux à qui on sert le plat plus alléchant que réellement consistant. Ces deux exemples ne sont pas innocents, car, au-delà d’emprunts évidents au raccourci de la publicité, la charte graphique de Technikart est redevable de ses meilleurs procédés au domaine picturalement pertinent du démoniaque. Mais, là où il eut pu y avoir une volonté consciente d’elle-même, c’est-à-dire peu ou prou valable et légitime, nous ne trouvons qu’une ignorance crasse et prétentieuse. Faisons donc écrire à nos souillons du journalisme les lignes suivantes, qu’ils recopieront dix milles fois sur leur cahier d’exercices. Dans l’esthétique de Technikart, déconstruire, ce premier impératif des apôtres de la tabula rasa, vise à une totalité chaotique de laquelle n’émergera pas le moindre impératif catégorique, moral ou, à défaut, artistique. C’est même le contraire qui est visé : il s’agit d’abolir toute position éthique, de se jeter littéralement dans la rigole sale qui suinte par delà le Bien et le Mal, dans une espèce de suspension illustrée par le Des Esseintes de Huysmans qui toutefois n’en finissait pas de commenter les illustres exemples d’une tradition qu’il connaissait sur le bout des lèvres. N’est sans doute pas esthète qui veut …».
Alors, galvaudage ? De qui te moques-tu Stéphane ?
C’est ce même pourrissement que dénonce, au fond (mais avec beaucoup moins de panache, désolé pour cette fleur que je m’offre…), Denis Jeambar, directeur de la rédaction de L’Express dans sa récente charge contre les dictateurs à penser publiée par le Seuil. De cet essai, que l’on sent vite écrit, mal chevillé, sans aucune note et finalement peu documenté (à la différence, par exemple, du Terrorisme intellectuel de Jean Sévillia ou de Bévues de presse de Jean-Pierre Tailleur que je suis en train de lire, consterné et amusé par ce que j’y apprends sur notre presse), je me bornerai à répéter ce que j’écrivais du livre d’Élisabeth Lévy, Les Maîtres censeurs : «Pour mener la guerre, ou plutôt la guérilla, à un adversaire aussi remarquablement organisé et indébusquable que la bien-pensance intellectuelle, je me demande en effet si la tactique risquée de la cinquième colonne est la plus appropriée, elle qui n’est jamais complètement à l’abri d’une compromission coupable ou si, au contraire, il ne faut pas prôner, selon le commandement d’un auteur qui toute sa vie lutta contre la tyrannie journalistique, une guerre d’extermination totale, une espèce de djihad verbal qui tirerait sa force du sacrifice de quelques martyrs, comme Léon Bloy, à coup sûr, le fut. L’image est forcée me dira-t-on. Sans doute l’est-elle en effet. Mais faire preuve d’optimisme, dans ce domaine qui au fond touche aux réserves secrètes de la langue, à ses sources inconnues et fragiles, ce serait admettre, ipso facto, que la défense et l’illustration du langage ne valent pas que nous prenions les armes». Là encore, je ne me rétracte pas, surtout depuis que j’ai constaté (une nouvelle fois ma naïveté…) que cette honorable journaliste est invitée par le tout-Paris médiatico-politico-littéraire à honorer de sa présence ses raouts, qui n’ont pas l’ombre d’un intérêt si ce n’est de s’y montrer et d’échanger quelque agréable banalité, fût-elle doucereusement provocatrice. Jeambar, lui, bizarrement, insiste plusieurs fois sur la prétendue grandeur d’âme et la liberté d’esprit dont jouirait Bernard Kouchner : sans doute quelque retour d’ascenseur ou trouble clientélisme. Reste que Jeambar, toute approximative que me paraît sa charge, a par exemple parfaitement raison de mettre en pièces l’immonde bonne conscience de celles et ceux qui ont défendu (et continuent de défendre) le prétendu honneur sali du meurtrier Battisti ou de dénoncer l’acharnement médiatique contre Aznar ayant suivi les attentats de Madrid. Jalousie, mauvaise conscience, parodie de justice, d’équité et de courage, voici quelques-uns des maux qui selon Jeambar n’en finissent pas de puruler et d’infecter le cadavre de l’élite (s’il en reste une) intellectuelle et politique française. Certes, comme accuse l’auteur à juste titre, «les élites françaises sont une eau stagnante» mais encore faut-il, pour dénoncer la pourriture du marigot et les crapauds qui y pataugent noblement, avoir la capacité ou le courage d’en sortir et, depuis la berge, pouvoir dès lors s’amuser du spectacle. Or, je ne connais nul exemple d’un journaliste qui aurait définitivement coupé les ponts avec son honorable profession et je n’ai jamais vu ce monstre encore plus rare : un Ulysse médiatique qui serait, une fois revenu de ses illusions et de son dégoût, capable de se boucher les oreilles pour résister au chant envoûtant des sirènes… Je connais en revanche quelques crapauds à la parure chatoyante qui, depuis qu’ils observent ironiquement leurs congénères barbotant dans la flache d’eau croupie, se prennent pour des hydres de l’Herne.

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