Lettre à Yann Moix (11/11/2013)

Crédits photographiques : Mike Segar (Reuters).
Que Yann Moix aime les femmes grosses ou minces, petits ou grandes, stupides ou intelligentes, féministes ou féminines, moldavo-tchétchènes ou austro-hongroises ne regarde que lui et, éventuellement, sa petite personne, puisque la prétention de ce pitre, comme c'est souvent le cas, a provoqué cette dichotomie de l'être que Stevenson, dans un roman fameux, analysa dans ses conséquences les plus sordides.
En revanche, que ce même personnage à peu près inculte pense qu'il est absolument nécessaire de proclamer ses goûts en matière de femmes publiquement, qu'il y ait même, en France, des organes de presse ayant songé à interroger cet écrivant sur lesdits goûts, que ce pitre prétentieux, une fois que ses commentaires sur les femmes (et la paternité, pour laquelle il n'a aucun goût et qu'il réduit à une tâche ménagère aussi stupide que sordide) paraisse étonné par les réactions outrées que ses propos ont provoquées est par définition une affaire qui intéresse une plus large sphère, certes considérable, que celle de Yann Moix et de son nombril.
S'il n'est d'ailleurs pas étonnant qu'un pitre exerce le seul art qu'il possède à fond, celui de faire des pitreries, il est bien davantage regrettable que la Presse française, qui, je le rappelle en passant, a tenté de nous faire croire que Yann Moix était autre chose qu'un clown et même qu'il était un écrivain au moins aussi considérable que Céline voire Philippe Sollers, offre ne serait-ce que la plus ridicule tribune à cet étalage de stupidité.

Juan Asensio, ajout du 8 janvier 2019.




Monsieur,
Je vous adresse cette courte lettre pour vous dire que la honte et le dégoût que je ressens d’être le lecteur de votre prose eunuque quand vous êtes récompensé dans votre indignité de pseudo-écrivain n’est rien, absolument rien, au regard de la lassitude et même de la colère que je ressens face à la permanente démonstration de votre nullité épistolaire, romanesque, littéraire.
Il n’est pas question, ici, de politique, même si tout grand roman, toute grande œuvre propose, du monde, une vision politique inégalable. Mais seulement de reconnaître, en vous, tandis que pleuvent sur vous mille compliments et quantité de blandices, une de ces figures qui font, à l’aise dans les clapiers journalistiques, capoter notre vieille République, rongée par votre démagogie crasse et celle de vos innombrables semblables et commis.
Je crois bien qu’en d’autres temps, Charles Péguy, ou Georges Bernanos encore, furent confrontés, de par l’ampleur de leur vision spirituelle avant que d’être ridiculement sociétale, de par la force de leurs convictions et la puissance de leur volonté, de par la grandeur de leur écriture et la profondeur de leurs textes qui vous font paraître quark de suffisance tout pressé de vendre sa naissance phocomèle, à la haine provisoire mais pas moins féroce des Allocataires et des Assis.
Vous aurez, non sans ridicule et battage médiatique, endossé et provoqué plus de reculades intellectuelles et littéraires en quelques années, que d’autres pendant quelques décennies, ce qui n’est pas rien.
Votre personne, comme une sorte de caisse de résonance, la résonnance (sic) étant réservée aux cancres, présente cette particularité, franchement peu inédite, de dévoiler à elle seule, de stigmatiser sur elle seule, les nombreuses maladies dont notre pays est aujourd’hui atteint : cacographie pompeuse, confusion des esprits, renversement du laid et du beau, du bien et du mal, imposture littéraire, artistique, intellectuelle, politique, spirituelle, d’officiants publicitaires tels que vous, qui osent se croire investis d'une mission de garde de la parole et de vigie de la morale et parlent au nom de Français qu'ils méprisent copieusement.
Puissiez-vous, Monsieur, disparaître le plus rapidement possible, et ne plus incarner ce Tartuffe au visage idiot, laid et poupin, moins humain, moins digne, tellement plus lisse aussi, que celui dont rêvent les bretteurs d’une France éternelle par ses seules productions de l’esprit, ses œuvres d’art, ses découvertes, ses héroïsmes petits ou grands, ses gestes littéraires admirables et magnifiques de simplicité qui assurent l’existence de ce qui n’a plus le beau nom, le nom désormais honni alors qu'il a été trempé dans le sang de la Révolution, le nom conspué de nation, laquelle, pour notre grand malheur et l’éclosion spontanée d’hommes comme vous, possède de moins en moins de réalité et ne semble plus survivre ailleurs que dans les esprits et les cœurs de quelques courageux, laquelle n’existera probablement jamais ailleurs que dans ces esprits et ces cœurs, ces âmes que vous insultez par votre ignorance si pressée de se publier et de s'étaler, votre nullité d’écrivain et votre criant manque de talent ne serait-ce que bassement, strictement, médiocrement, vulgairement journalistique.
J’ai l’impression que, depuis quelques lustres, c’est la République des lettres, qui ne sera jamais la nôtre mais celle où les singes médiatiques s’épouillent méticuleusement les uns les autres, sautant de branche en branche en se montrant leurs culs versicolores, qui est tout entière devenue bananière.
Pensez toujours à Bernanos, qui n’a jamais raté les idiots : «Quand que je n'aurai plus qu'une paire de fesses pour penser, j'irai l'asseoir à l'Académie française.»

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