Le Christ s’est arrêté à Éboli de Carlo Levi, par Gregory Mion (23/06/2024)
Crédits photographiques : Yamil Lage (AFP).
Stefano d’Arrigo, Horcynus Orca.
«Glaise est le verbe et glaise est la chair.»
Patrick Kavanagh, La Grande Famine.
Contre le fascisme a priori et contre l’oppression bourgeoise a posteriori
Il s’écoule presque une décennie avant que Carlo Levi ne se décide à écrire ce que fut son expérience de l’internement politique au village de Gagliano dans un mémorable récit auquel il a donné un titre non moins marquant pour la mémoire des hommes : Le Christ s’est arrêté à Éboli (1). Il s’agit en réalité du village d’Aliano situé dans le Sud italien sur les terres de la Basilicate, sorte d’enclave régionale cernée par les Pouilles et par la Campanie, puis, au chapitre des eaux, mouillée par les courants marins des mers Ionienne et Tyrrhénienne. C’est au cœur de ce Midi séculaire que Carlo Levi va se retrouver en situation de confinato à partir du mois d’août 1935. Cet exil forcé rencontrera son épilogue au mois de mai 1936. Il s’organise d’abord à Grassano jusqu’au mois de septembre 1935, et, le reste de son séjour punitif, le futur écrivain, médecin de formation, devra le consommer sur les hauteurs isolées d’Aliano. Ses opinions politiques sont sans surprise aucune antifascistes et comme de nombreux autres intellectuels de l’époque unanimement opposés aux conquêtes mussoliniennes, il sera, contro la sua volontà, déporté d’un endroit à un autre, arraché de l’espace public où le nouvel État nationaliste ne souhaite pas concéder la moindre contradiction. Et en ce qui concerne l’ostracisation proprement dite de Carlo Levi, en amont de son bannissement méridional, elle a débuté entre les murs mystiques de Regina Cœli, la plus vaste et sans doute la plus célèbre prison de Rome, laquelle a aussi servi de réclusion pour un autre enfant terrible de l’Italie, bambino problematico, fasciste repenti pour sa part, également confiné à l’image de tous les confinati de ce temps-là, devenu hostile au narcissisme mussolinien et aux dérives ridicules d’un régime d’arrivistes et de petits bourgeois pleins d’une catastrophique servilité – Curzio Malaparte évidemment.
Si le propos général de Carlo Levi pourrait se récapituler en une simple chronologie des causes et des effets de la rancune fasciste sur sa personne, il est, dans un sens particulier, une réflexion nécessaire qui confond progressivement le vécu individuel de l’auteur avec le vécu commun des paysans d’Aliano. Cette focalisation de la conscience sur une certaine fraction de la population locale ressemble d’ailleurs à ce qu’a pu faire James Agee en se rendant sur les domaines désolés de l’Alabama pour sonder le malheur des métayers Blancs et s’apercevoir que leur destin – au sein de la calamité absolue – participait du même nœud de misère que celui des Noirs (2). En prenant bonne note de ses privilèges et de leur parfaite illégitimité, tout en s’avisant du caractère injustifiable des préjudices qui pèsent sur le dos des agriculteurs et de leurs frères en souffrance, James Agee, peu à peu, se retire de l’équation et jette toutes ses forces d’écriture dans un texte aussi bien accusateur que réparateur. D’une façon similaire et de ce fait justicière, Carlo Levi, plutôt que de se lamenter inutilement et prosaïquement sur le sort de sa mise en quarantaine idéologique, se concentre sur les conditions de la pauvreté pastorale et il en retire une véritable psychologie de la mentalité sudiste, enrichie de surcroît d’une noble praxis de l’existence en tant que celle-ci se découvre comme dépouillée de toute implication dans la syntaxe des ambitions sociales – c’est-à-dire qu’elle était réfractaire aux conformismes du moment qui facilitaient la réussite, le faux succès dans la vie, les lauriers acquis par l’intermédiaire d’une totale fusion de soi-même aux bouffonnes volontés de celui qui faisait office de Duce. Et donc, loin d’être une lamentation ou une vision rétrospective de lettré mégalomane, la chronique de Carlo Levi raconte la manière dont il s’est encore plus éloigné de la persécution fasciste alors même que celle-ci le stigmatisait en le reléguant vers les solitudes rurales, la manière dont il fut fièrement assimilé à la popolazione della campagna pour y vivre d’authentiques circonstances de plénitude et pour y juger les opportunistes à la solde du Partito Nazionale Fascista, distincts des travailleurs des champs, essaims de frelons qui bourdonnaient un peu partout dans les rues serrées d’Aliano. On pourrait même aller jusqu’à supposer que notre bénévole mémorialiste d’Aliano, par sa solidarité avec les paysans, par sa croissante intercession en faveur de ces Justes parmi les Injustes, a exaucé une fameuse formule de Maître Eckhart telle qu’elle est rapportée par René Guénon : «Fondu, mais non confondu» (3). En d’autres termes, si l’on devait se prononcer une fois pour toutes sur les tenants et les aboutissants de son excommunication de la société italienne fascisée, envoûtée, déshonorée, on affirmerait sans ambages que Carlo Levi s’est dûment intégré aux vertus de la paysannerie, mais qu’il n’en a pas pour autant égaré les principes de son individualité parce que ce sont eux, précisément, qui lui ont ouvert les portes du nécessaire arbitrage qu’il fallait assurer vis-à-vis des tensions et des affronts du village – à savoir : compter au Royaume de Dieu tout ce qui pouvait être décompté dans l’univers des fraudes opérées par Mussolini et ses suppôts, redresser les torts infligés aux contadini en décrivant les impostures des galantuomini, ceux-ci, éhontément, se permettant de perpétuer l’ignorance de ceux-là et de les vassaliser. Ainsi le rebelle natif de Turin a-t-il été une honnête coloration individuelle qui s’est agencée au singulier chromatisme des ressortissants bucoliques – et sudistes – sans jamais ni se fondre, ni se confondre aux pigmentations uniformisantes de la lourde masse fasciste. Du reste, relativement aux terminologies de René Guénon, il s’avère que Carlo Levi n’a pas trahi l’esprit de l’Unité, pas un seul jour il ne s’est dissocié de ce qui unit les hommes, de ce qui les tient d’en-haut, à l’inverse des fascistes qui ne se reconnaissent qu’à l’intérieur de l’Uniformité, de la massification la plus basse, de la dissolution des qualités au profit des quantités, pure contrefaçon satanique des hautes notions unificatrices (4).
La greffe du nordiste Carlo Levi avec le Sud ancestral de l’Italie a en outre tellement fonctionné que l’homme libre de la dissidence, en guise d’ultimo desiderio, s’est promis d’être enterré au cimetière d’Aliano et la promesse fut tenue, comme une preuve supplémentaire des syncrétismes de jadis, comme une confirmation définitive de l’articulation des meilleures énergies boréales et australes, comme un dernier acte éternellement voué à brocarder les nostalgiques de la tyrannie. Cette décision exhausse tout ce qu’il a pu écrire sous les latitudes réinventées de Gagliano et ajoute une indéniable sincérité à son brillant diagnostic de la «pauvreté tenace» relevant de «ce monde en marge de l’Histoire et de l’État» (p. 10). Il faut comprendre ici que le dénuement des uns ne serait pas la conséquence directe de l’abondance des autres car les fascistes, comme les nuages, seront tôt ou tard chassés par un vento di rinnovamento, mais que l’indigence dépendrait alors d’un «mal [qui] n’est pas un fait moral», un fait de civilisation, étant donné qu’il serait plutôt question d’une «douleur terrestre», d’un fait pré-moral, donc, qui remonterait aux confins de la genèse des êtres vivants – quelque part à la naissance des mondes. Toutefois cette entrée en matière n’est que le reflet d’une croyance autochtone qui sera bientôt battue en brèche par le détail des observations et des introspections de Carlo Levi. Nous aurions tort en effet de tout mettre sur le dos du fascisme, néanmoins nous n’aurions pas raison non plus de laisser croire qu’il existe sur la Terre des destinations surnaturellement maudites. Que ce soit dans un sens théologique ou même dans un sens politique, la continuité des souffrances n’est pas satisfaisante, et, à cet égard et au gré des chapitres de ce sentito racconto, nous sommes enclins à porter plainte contre les dispositifs d’une longue oppression délibérée, par ailleurs personnalisée, parce qu’il sied à certains hommes d’être pires que le diable ou que les dirigeants les plus méchants. Aussi sommes-nous en présence d’une oppression changeante dans son degré mais fidèle à sa structure essentielle, les fascistes de Gagliano n’étant de ce point de vue que les héritiers des oppresseurs d’autrefois qui ont cherché à maintenir telle quelle la sujétion des paysans afin de s’investir d’un air d’autorité. C’est la raison pour laquelle les oppresseurs sont toujours en avance sur les lois les plus scélérates, ou, alors, c’est pourquoi ils finissent par rattraper leur retard sur la scélératesse légale pour la dépasser avec un fort coefficient d’outrage. Ils vérifient à ce titre que l’action d’oppresser repose nécessairement sur un luxe, un terrible faste personnifié, une abominable vanité qui s’estime en droit d’user de son temps et de son argent pour opprimer ceux que Léon Bloy nomma si justement les Écrasés. De sorte que la race des oppresseurs incarne une force qui veut systématiquement aller au bout de sa force. Elle a une rage de l’écrasement qui lui vient résolument d’elle-même bien davantage qu’elle ne lui viendrait fortuitement du fond de l’Enfer ou du fond des plus épouvantables officines du pouvoir (sinon comment expliquerait-on que les démocraties ne soient finalement pas plus épargnées par l’oppression que ne le furent en succession les vieux et calamiteux modèles de gouvernance ?).
Dès lors ces hypothèses rendent possible l’éclaircissement de notre lecture : il nous semble que Carlo Levi commence par créditer l’idée populaire d’une malédiction paysanne, l’idée, en fin de compte, que nulle théodicée ne serait envisageable pour cet endroit de l’Italie, comme, du reste, elle se verrait disqualifiée pour quelques endroits de la Hongrie que László Krasznahorkai paraît avoir assignés aux instances d’une satanodicée, or, au fur et à mesure que nous avançons dans le village et que nous approfondissons la signification des rencontres et des coutumes, l’opinion d’un mauvais sort se met à battre de l’aile, tant et si bien que les responsabilités fascistes se dénoncent en même temps que se révèle l’homogénéité de ces psychologies aussi rampantes que malfaisantes, avant que ne se dévoile, pour finir, une espèce d’hétérogénéité de l’oppression, laquelle, chez les uns et chez les autres, prend des tournures différenciées en nous exposant la plus ignoble part des hommes qui n’ont jamais eu que la fureur de nuire et de précéder les éventuels décrets d’un démon ou les sinistres potentiels d’un désastre politique. Qu’il faille repousser les princes des ténèbres ou qu’il faille exécuter les princes de l’obscénité, les Mussolini et toutes leurs sottement fougueuses Clara Petacci ou leurs stupidement parvenues Magdeleine Brard, cela n’est pas douteux, mais, à lire et à relire Carlo Levi, nous ne doutons pas non plus qu’il serait de salubrité publique de se débarrasser des oppresseurs qui dotent l’oppression d’une substance particulière de perversion en tant qu’elle est autonome et en tant qu’elle est même lestée d’une réputation de respectabilité qui n’a pas grand-chose à voir avec un quelconque bulletin de santé de Satan ou avec une quelconque lésion morale de l’Histoire, parce que, rigoureusement, concrètement, cette perversion a tout à voir avec la longévité de la petite vermine galante, bourgeoise, éduquée, la scandaleuse crapule qui gagne inconditionnellement parce qu’elle répand matériellement les conditions de la perte, la crapulerie qui appartient en propre aux galantuomini susnommés, la canaillerie, impudemment, qui s’octroie le droit de considérer péjorativement les paysans comme des cafoni (cf. pp. 23 et 29).
Il va de soi bien sûr que les paysans ne sont pas tout à fait dupes des traitements qui leur sont réservés depuis beaucoup trop de générations. Ils savent prendre leurs distances avec une certaine superstition et le passé a montré qu’ils savaient se battre fino alla morte quand les événements l’exigeaient. Il n’en demeure pas moins que Carlo Levi, par l’effort de son témoignage, par sa démarche de littérature engagée, se pare du courageux vêtement de l’exorciste parce qu’il ne voudrait plus que ses alliés, ses amis, sa famille de cœur, soient victimes de ces impressions occultes qui tendent à postuler une charge démoniaque là où les pièces à conviction traduisent nettement une charge humaine – la charge des anciens fascistes redoublée des charges toujours actuelles d’une volonté spéciale de suffoquer celui que l’on estime plus faible que soi-même et auquel on a volé tout son salaire de vitalité. Ce que voudrait dire Carlo Levi, peut-être, c’est que le Christ non seulement ne s’est pas arrêté au seuil de Gagliano, mais qu’il aurait pu y naître aussi, qu’il y est même né, en quelque sorte, parce que les habitants les plus archaïques de ce village sont des survivances de Bethléem et des glorieux véhicules de la Terre Sainte. Du matin au soir, l’emploi de leur temps ne défait rien de ce qui fut fait en profondeur dans la Création, et, comme l’avait superbement saisi pour lui le philosophe Jules Lequier en arpentant l’édénique jardin de son père, les braves gens du rustique peuple de Gagliano sont libres d’une liberté majeure dans la mesure où ils prennent soin de la feuille de charmille. Expliquons-nous à la faveur de ce souvenir de Jules Lequier devant la vulnérable feuille de charmille : la prise de conscience de la liberté consiste à réaliser que l’on peut arracher cette feuille ou la laisser vivre, mais, tenté d’éprouver son libre arbitre, l’enfant Jules l’arrache et il s’aperçoit qu’un oiseau s’envole (sûrement une mésange) et que cet oiseau dérangé par le subtil mouvement de la feuille manuellement défoliée vient de se faire happer par un épervier (5). Autrement dit le moindre de nos actes est susceptible d’avoir plus ou moins de l’influence sur une vie que nous ne voyons pas, et, convenons-en, la liberté accomplie n’est pas celle qui fait tout ce qu’elle veut dans le visible mais celle qui s’abstient de faire ce qui pourrait déstabiliser l’équilibre de l’invisible. En un mot, nous assumons d’affirmer que Carlo Levi, d’un bout à l’autre de son récit, assume de penser que les paysans n’ont jamais dérangé une mésange tandis que les actes des galantuomini les ont perpétuellement jetés dans les gueules de tous les éperviers qui passaient par là.
Défense et illustration détaillées des paysans : le Christ n’a fait que s’abstenir d’advenir pour les marchands du Temple
L’arrivée de Carlo Levi à Gagliano le met tout de suite aux prises avec un village juché sur des abîmes d’argile blanche (cf. p. 14). Cette blancheur d’abysse n’est pas sans évoquer un genre de terreur blanche associée à la véhémente lividité de Moby Dick, à ceci près que, dans ces parages terriens, la baleine a l’air minéralisée sur les friables parois soutenant la vie humaine. N’importe quel éboulement, par ici, prend des aspects mythologiques, et n’importe quelle forme saillante sur la surface des falaises se voit identifiée selon tout un registre d’entités compulsant ses annales officieuses à mi-chemin d’un monde merveilleux et d’un monde terrifiant. Mais, il fallait s’y attendre, le plus désarçonnant de cette localité ne concerne pas ses légendes, ses présences latentes ou ses crédulités à l’égard de l’intangible : elles concernent tout au contraire la phénoménalité des potentats sociaux, comme, par exemple, l’organicité du podestat Luigi Magalone, en charge de surveiller la dizaine d’internés politiques transférés à Gagliano. Son tempérament est celui d’un garde-barrière du fascisme et son physique le destitue aux vilains échelons d’un caniche «gros et gras» (p. 18). Il occupe au village un ensemble de fonctions agissantes qui affermissent le contexte d’une Occupation des consciences et son rôle central d’instituteur n’est pas un hasard à dessein d’instituer chez les plus jeunes les réflexes d’une infaillible horizontalité. Il est de ces maîtres qui asservissent au lieu d’émanciper, de ces «marchands de sommeil» que détestait Alain et contre lesquels son enseignement établissait un rempart (6), et, en toute rigueur des termes de cette psyché aux doigts mentaux grossiers, il est partie prenante de ces adorateurs de l’État qui renoncent volontiers à la moindre dignité du moment que le pouvoir les flatte en leur offrant des postes sur mesure (cf. p. 179). Et au travers des factotums du niveau de reptation de Luigi Magalone, se devine, par manière de revanche, un rapport de prédation envers ceux qui ne siègent pas aux soi-disant meilleures tables de la société. L’homme rampant qui est monté en grade (mais descendu dans les ordures de la vénalité), inéluctablement, désire oublier qu’il rampe en organisant autour de lui une culture de l’obéissance et de la crainte. D’où la consolidation d’un modèle social fondé sur la reconnaissance des fascistes comme prédateurs et des paysans comme proies, inégalité sordide et enracinée dans le temps, contre-nature de surcroît, déduite des consanguinités pratiquées naguère entre les familles dominantes dont les nouveaux dégénérés ont évidemment trouvé en Mussolini une chaussure pour leurs pieds. L’avènement des Camicie Nere n’a été en cela que le prolongement des vieilles pratiques et aussi, pour beaucoup, l’occasion rêvée de se venger de la perte des fiefs grandioses desquels les seigneurs provinciaux ont été déchus lors des tempi passati (cf. p. 70).
Qu’on ne s’encombre donc point de voies détournées pour disqualifier ces enseignants qui désapprennent à vivre en apprenant l’ignorance et – de grâce ! – qu’on ne soit pas non plus davantage indulgents à l’endroit de ces médecins, de ces charlatans comme le docteur Gibilisco (cf. p. 23), de ces méprisables morticoles que n’eût pas désavoués Léon Daudet, funestes réfutateurs de l’art médical qui aggravent les maladies en plaçant le serment d’Hippocrate sous le sceau d’un «droit féodal de vie ou de mort sur les cafoni» (p. 23). L’âme intransigeante repère ici moins le forfait du fascisme que la perversité du rancunier bourgeois de Gagliano qui s’est réservé hier comme aujourd’hui les bénéfices des métiers prestigieux, les réputations du professeur ou du docteur en milieu rural, et, si l’on peut honnêtement douter que le soleil se lèvera demain, on ne pourra jamais douter que le bourgeois réussit sans aucune vocation car il réussit toujours avec une intention d’avoir de la puissance, profitant pour cela des puissances d’héritage et s’adaptant à tout, se glissant obliquement dans toutes les tendances, comme un caméléon de l’Histoire, prêt à toutes les bassesses en vue de rebondir quand il juge qu’il n’est plus assez haut placé. Peu importe ainsi que le bourgeois soit fasciste ou qu’il ne le soit pas – lors même qu’il est fasciste avant et après le fascisme – étant donné que son crime de bourgeoisie épouse les crimes de son époque et qu’il apparaît en outre comme le crime des crimes. Peu importe également que le bourgeois soit incompétent puisqu’il est le plus souvent la seule alternative de ses victimes dont il abuse la confiance. De telles circonstances de joug ne pouvaient qu’inciter Carlo Levi à contourner ses droits et à reprendre clandestinement du service médical (7).
Or la région ne manque pas de bonnes raisons de faire de l’ombre aux médicastres et d’exercer aussi bien que possible la science de Galien. En effet le «sifflement» des moustiques est une incessante rengaine, une stridulation «[effrayante] dans ce pays de malaria» (p. 45), menace naturelle pour les enfants. Résister à la nature constitue déjà une épreuve, alors, pense-t-on, l’épreuve n’en est que plus ardue lorsqu’elle se complète d’une résistance à la malignité des impostures médicales. Ce sont pour l’essentiel des frustrés d’une destinée citadine, des envieux, dégoûtés de vivre à l’écart des ambitieux de Rome ou de Naples (cf. p. 30). Leur fait défaut, pour l’instant, plusieurs leviers de népotisme et l’énergie de les réactiver à l’extérieur des empires où ils sont empereurs, alors ils sacrifient les paysans sur l’autel de l’amertume, ils les utilisent, ils les exploitent en leur déniant la qualité d’être des hommes (cf. p. 243). On pourrait presque subodorer un large système de la discrimination qui serait accentué par une intention souterraine d’épuration. En tout cas, ce séparatisme a pu avoir des conséquences dans une dimension sacrée, d’où, peut-être, l’effondrement passé de l’église, emportée à la suite d’un glissement de terrain vers les gouffres infrastructurels de la superstructure municipale (cf. p. 52). L’interprétation superstitieuse tendrait à proférer que l’église Madonna degli Angeli a été aspirée par les ravins en raison du fait que le Christ n’a pas daigné franchir les frontières administratives et spirituelles de Gagliano, mais, à l’encontre de cette idée un peu simpliste, nous préférons l’hypothèse d’un avertissement, d’un signe dont les autorités illégitimes du village auraient dû s’emparer. En quoi l’archiprêtre Giuseppe Trajella n’a pas tout à fait tort de déplorer l’absence de foi qui prévaut dans ces alentours, cependant il se trompe en la généralisant, les bourgeois étant des profanateurs là où les paysans sont des païens (cf. p. 87). La négation de toute foi ne saurait s’apparenter à un faisceau anarchique de croyances et ce qui saute aux yeux, ou, du moins, ce qui finit par frapper les rétines du jugement, c’est que le paganisme de Gagliano représente éventuellement le plus court chemin vers les lumières de la chrétienté. Il est ainsi fondamental de dissocier l’existence bourgeoise de l’existence paysanne du point de vue de la spiritualité : la première ne croit en rien d’autre que le Duce, elle ne croit qu’aux idoles qui lui suggèrent une accélération en direction des étables du Vitello d’Oro, tandis que la seconde croit en une magie et en une démonologie qui concèdent malgré tout un intervalle de réalité divine (au sens du monothéisme chrétien).
Une fois que Carlo Levi s’assure de ces disparités dans les façons d’exister, les jeux sont faits et ils sont même vite faits, les convictions se renforcent et le devoir de publier ses précieux souvenirs d’Aliano s’est invité aussitôt le fascisme volatilisé. L’objectif sera littéraire autant que politique : littéraire parce que la beauté de la vie paysanne l’emporte sur toutes les laideurs politiques et morales, puis, cela s’entend, politique parce que la monstruosité fasciste (et bourgeoise) ne doit pas se réduire à un hors-champ au prétexte de la littérature et d’une belle amplitude esthétique. Ce faisant, eu égard à ce scrupuleux cahier des charges, même les passages teintés d’un aliment tragique censés nous raconter une fatalité pour les pauvres gens, comme ce passage inquiétant du «bourdonnement continu des mouches, musique sans fin du temps vide» (p. 72), vrombissement si caractéristique de ce que Sartre a pu imaginer avec ses diptères persécuteurs, même ces intensités du difficile et symbolique drame de l’homme, donc, s’appréhendent sous couvert d’une proposition poétique voire liturgique de la part de l’auteur. C’est-à-dire que la description de ce monde sensible plein de rudesse n’omet pas d’introniser en parallèle un monde suprasensible qui agirait comme une onction de Dieu pour les plus faibles, et, du fait même de son écriture biface où s’ajointent les choses mineures et les choses majeures, Carlo Levi rend sensible une sorte de supra-sensibilité qui bénit les affligés de cette ruralité. Il y a une impression de légèreté planante malgré la lourdeur, une sensation d’apesanteur pour les paysans pourtant astreints aux impératifs de la terre et aux pesantes indignités de leurs bourreaux. Et c’est exactement ce pressentiment d’impondérabilité qui protège les paysans des pondérabilités du fascisme, le lourd ne pouvant atteindre le léger, le matériel des tyrannies ne pouvant se prévaloir d’une durable suprématie sur l’immatériel des libertés consacrées. Aussi l’hybridation littéraire de ces divers niveaux de réalité rappelle les univers provençaux de Jean Giono, les cohabitations des forces antipoétiques et poétiques, les sentiments de providence nonobstant les conditions tangibles d’une déréliction. Les bons paraissent alors secourus en dépit de l’incommensurable harcèlement des méchants ou des malédictions, mais, d’une manière plus décisive, les bons ne semblent pas révérer ce qui n’est pas révérencieux envers les transcendances où l’on entrevoit de suprêmes protections. Et qui d’autres que les païens de Provence ou de Basilicate sont les mieux préparés à pénétrer dans le Royaume de Dieu après avoir toute leur vie auguré quelque chose de divin quoique imprécisément perçu ?
N’en déplaise donc aux fascistes (ou aux bourgeois) qui voudraient incarner les autorités ultimes de Gagliano, les humbles bagnards de la campagne ne s’abaissent d’abord que devant les multiples occurrences de la vie animale. Ils redoutent autant qu’ils respectent cette placide chèvre cristallisant des tombereaux d’opinions folkloriques (cf. pp. 73-4), cet animal ambigu, la plupart du temps rapproché d’une aura diabolique, ce ruminant femelle qui «cache une puissance» (p. 74) dont l’origine gît possiblement dans la semence du bouc. Et ce qui se dit de la chèvre se dit de beaucoup d’autres animaux ou entités : l’intarissable profusion des discours légendaires aime à pencher tantôt du côté des démons, tantôt du côté des anges. Par ailleurs les démons sont légion dans les chaumières de Gagliano. L’omniprésence démoniaque donne du grain à moudre aux langages des fables et une majorité de paysans consent même à localiser les démons assis dans les profondeurs des gouffres environnants, comme au fond du gouffre le plus réputé de la région – la Fosse du Bersaglier (cf. p. 79). Mais quoi qu’il en soit de ces putatifs tréfonds de malfaisance, les paysans ne sont pas réticents à la fréquentation des gouffres. Ils sont même contraints de les emprunter, de suivre leurs sentes scabreuses pour aller travailler dans les vallées, frères laborieux des précipices auxquels on attribue une situation de «damnés» (p. 84) parce qu’ils ont à vivre au quotidien le risque de la chute mortelle et le risque d’une offensive des démons, per non parlare dei galantuomini. Tout cela bien sûr les détourne des affaires, des calculs, des manœuvres politiciennes tanto più, comme ils sont étrangers aux attraits de l’État qu’ils regardent à l’instar d’une organisation réfutative de leurs modalités d’existence (cf. pp. 85-6). Dès que le jour se lève, dès qu’une journée revient avec les mêmes sommations que la veille, ils ont mieux à faire que de manigancer des coups sur l’échiquier d’une société en perdition : ils se heurtent d’emblée aux dynasties de «la sombre passivité d’une nature douloureuse» (p. 87) et leur consigne implicite, leur mot d’ordre silencieux, consiste à se soumettre à cette nécessité, à en traverser fièrement la pression, à déceler dans l’étendue de «ces déserts» (p. 87) de quoi se désaltérer – à ériger une telle sagesse que le désert puisse en devenir désaltérant. De là leurs physionomies antiques, préhistoriques à vrai dire, «d’une antiquité plus mystérieuse et plus cruelle, [nées] sur cette terre même, [pures] de tout échange et de toute influence humaine, [liées] à la glèbe et aux éternelles divinités animales» (p. 119). Or ils ne font pas fausse route en dépistant chez Carlo Levi une graduelle archaïsation de son idiosyncrasie, une solidarité pour leur cause tellurique, cosmique, une vivante objection à toute la démence historique des fascistes. Ceci explique leur immanquable fraternité avec les «exilés» antifascistes (p. 86), spécifiquement avec Carlo Levi, lequel, peu à peu, entre dans les versicolores confidences initiatiques, dans les secrets de quelques gestes ésotériques, dans les coutumes les plus structurantes pour la vie communautaire – on l’instruit de ces philtres d’amour concoctés par des sorcières ou encore on lui enseigne les armatures d’un foyer principalement matriarcal. Et lui, en retour, moyennant les moyens du bord, ne pouvait que les aider sur le moment, leur apporter du soin et de la conversation, avant de les glorifier dans son livre, avant de les abstraire, ne serait-ce que par la plume, d’une tragédie moins ancrée dans une cosmologie que dans une anthropologie où s’exposeraient des conjonctions typiquement humaines de malicieuses criminalités, de diffamations et de médiocrités.
L’événement qui le désigne éligible à la confiance paysanne est son entente avec Giulia Venere, une femme d’une quarantaine d’années, préposée à l’entretien de son logis de confinato. Elle n’est pas pour lui une ordinaire ou une vulgaire donna di servizio, mais elle est, extraordinairement, une cicérone parmi le labyrinthe des habitudes et des maisons sudistes. Et dans ces maisons Carlo Levi fait le constat d’une coexistence de deux divinités antinomiques, complémentaires cependant, accrochées sur les murs domestiques de Gagliano (cf. pp. 137-8) : d’une part s’exhibe le charisme impitoyable et célestement païen de la Madone de Viggiano, puis, d’autre part, s’affiche la figure du président Franklin Delano Roosevelt, parabole d’une Amérique où tant d’aïeux sont partis paysans et sont revenus paysans, impropres à métaboliser les humeurs conquérantes de ces contrées, des aïeux, du reste, qui ont largement reflué vers l’Italie en 1929, aussi bien par effroi devant la crise financière que par culpabilité de se sentir lâches pour leur patrie originelle qui avait besoin – aux dires des discours culpabilisants prononcés par le Gran Consiglio del Fascismo – du retour de toute la force de travail expatriée. Il s’ensuit que cette double prosternation au pied des effigies respectives d’un Ciel de chasteté et d’une allégorie du Land of the Free ne peut avoir pour effet que celui-ci : préserver les paysans d’une adoration du Duce, les empêcher d’avoir une once de reconnaissance pour Rome et son avarice, les déraciner de toutes les radicalités des jeux de pouvoir, ce qui est, admettons-le, un bon préalable à leur souhaitable future libération des jeux d’oppression infiniment plus insidieux (car linéaires dans le temps et non intermittents comme le fascisme qui se dénonce pratiquement dans l’immédiat en tant qu’élan de létalité).
Il est en outre tout à fait réjouissant de voir que Carlo Levi remue le couteau dans la plaie des fascistes en insistant sur la différence de nature qui les sépare des paysans. Ce distinguo s’énonce comme un contraste entre l’indiscret et le discret, entre les retentissantes couleurs du drapeau de Rome (qui ne veut que des guerres et qui se targue d’être dirigée par des diplômés) et la sobre couleur des yeux véridiques des paysans, indice de tout ce qu’ils ont, présomption de ce presque-rien qui est presque-le-Tout, timide symptôme de leur modeste regard plein d’une âme sainte (cf. p. 153). D’un côté la passion de triompher dans le temporel, de l’autre la constance de vivre dans un ordre intemporel et de savoir montrer les dents lorsque l’ennemi blasphématoire se sabote avec des stratégies ostensibles (cf. p. 159). Et c’est probablement cette véracité oculaire imprégnée de modération qui dispose à croire que ce monde paysan serait un «monde fermé, désespéré et sans expression» (p. 207), mais, à supposer que ce monde soit inexpressif, il n’est pas pour autant insignifiant ni replié sur lui-même. Il baigne dans un macrocosme de métaphysique spontanée, punto di fuga polarisé par les archétypes de l’Ouverture, à rebours du monde fasciste de la Fermeture, du monde microcosmique des poids les plus lourds. Il suffit premièrement d’imaginer les emplois de la manutention fasciste, les mesquines petites mains de la servitude, gratteuses de papier, scribacchine, favorables aux moindres sophismes de Mussolini, puis, secondement, de les comparer à ces emplois traditionnels, tel ce ballet sacramentel du sanaporcelle (cf. pp. 213-8), une sorte de «prêtre druidique» mandaté pour la stérilisation des truies, homme de quasiment deux mètres de stature, itinérant, parcourant les villages en attente de ses facultés, homme surmonté d’une auréole d’omniscience vétérinaire par l’effet de sa virtuosité dans le sectionnement des ovaires, et, surtout, par la portée publique de ses chirurgies spectaculaires lorsqu’il retire les intestins et lorsqu’il les réintègre senza paura au-dedans des panses porcines. La sûreté de ses mouvements se fixe dans des siècles de tradition que l’on ne saurait confondre avec les gesticulations anti-traditionnelles du fascisme. Étymologiquement parlant, d’ailleurs, le sanaporcelle commet une œuvre de la main, un chef-d’œuvre de l’action chirurgicale (du grec χείρ – kheir – qui renvoie à la main et du grec ἔργον – ergon – qui renvoie à l’acte ou à l’œuvre). Il divinise la main en tant que ses interventions ne nuisent pas aux animaux et on pourrait même prétendre qu’il prouve la supériorité du travail manuel sur tout le travail fallacieusement intellectuel des fascistes. C’est-à-dire que le fasciste dédivinise la main en la réduisant à un organe de la réduction de la vie, à un organe de l’impossibilité, tandis que le sanaporcelle édifie la main au niveau de ce que Paul Valéry appelle «un agent universel» considéré comme un «organe du possible» (8). C’est dire au fond que les fascistes assombrissent le potentiel humain pendant que les paysans l’illuminent, et l’éclipse du début de l’année 1936, à ce titre, prend des airs d’illustration des ténèbres en vigueur, des allures de sombre présage, le fascisme et par extension la bourgeoisie faisant honte à l’astre du jour (cf. p. 236).
Et qui voudrait reprocher au soleil de se cacher derrière la lune quand on mesure l’ampleur du massacre ? Il n’est décidément pas tolérable que les enfants des paysans soient induits en erreur par des maîtres d’école machiavéliques (cf. pp. 245-6). Il n’y a aucune ambiguïté dalla parte di Carlo Levi dès lors qu’il se rend compte que les enfants de la campagne sont «en général beaucoup plus intelligents et précoces que les enfants des villes». Ils ont de l’intuition à revendre, ils ont du cœur, et, par-dessus le marché, ils sont «désireux d’apprendre» et ils sont pourvus d’une «presque incroyable bonne volonté», matures avant l’heure parce que miscibles dans les instincts de l’animal et les raisonnements de l’adulte intègre. Cet assortiment de qualités les distingue de l’oisiveté bourgeoise qui sait quoi qu’il advienne que son arrivisme arrive à tout. Alors que tout se ferme pour l’enfant de la pauvreté qui vit à la racine de l’Ouvert, tout s’ouvre pour l’enfant de la richesse qui vit à la racine du Fermé. Il faudrait un violent deus ex machina pour nous affranchir de cette insoutenable iniquité, pour éclater ce corset de forfaiture, pour inaugurer une société dont les fondateurs seraient l’équivalent d’une Hospitalité qui rendrait caduque l’Inhospitalité – d’une Respiration qui révoquerait l’Irrespirable. Il existe même un vertige à se demander ce que l’Histoire eût été si elle n’avait pas été soudoyée par les bourgeois. Tout en aurait été changé et il n’eût subsisté qu’une noblesse psychique, une vive aspiration au désir d’être excellent non pas extérieurement, banalement, trivialement, mais intérieurement à l’exclusion de toutes les autres ambitions de l’excellence. Nul doute ainsi que ce n’est pas Mussolini qui eût marché sur Rome (car il aurait été relégué dans toute sa véritable bassesse d’âme), non, ce n’est pas lui qu’on aurait vu, mais on aurait plutôt apprécié le synonyme d’un Dante ou d’un Virgile, applaudi par une foule qui n’en eût pas du tout été une parce qu’elle eût été une somme de consciences vertueuses.
Néanmoins et hors de toute expérience de pensée, hors de toute fiction consolatrice, il se dégage de ce grand texte de Carlo Levi une philosophie au sujet du «problème méridional» (p. 286) tel qu’il s’est particularisé à Gagliano. Que l’État fasciste soit un auxiliaire de l’oppression, c’est un fait, un truisme, mais l’actionnaire de l’oppression s’identifie intrinsèquement selon la forme intime de la bourgeoisie ou de la petite bourgeoisie. Le fascisme n’a fait qu’exacerber «l’étatisme petit-bourgeois» qui a toujours été un État dans l’État et qui professe toujours une apologie de l’État parce qu’il veut légitimer les symboles profanes du commandement. Il s’agit donc d’une délégitimation du sacré qui déteste la civilisation préchrétienne des paysans et par la même occasion toute humanité stabilisée au sein d’une valeur métaphysique. Comment s’en sortir ? Peut-on même s’en sortir ? Les solutions d’une attaque manu litteratura sont celles qui ont notre préférence et nous les avons mises en exergue, mais outre les armes sémantiques et autres boucliers philosophiques, l’écrivain milite pour une stricte indépendance qui vaut ce qu’elle vaut et qui a surtout le mérite de ne pas lui valoir un procès de regrettable romantisation de la condition paysanne : «L’autonomie de la commune rurale suppose l’autonomie des usines, des écoles, des villes et de toutes les autres formes de la vie sociale. C’est ce que j’ai appris au cours d’une année de vie souterraine» (p. 288) dont il faudrait encore préciser qu’elle lui fit voir le Ciel au fin fond des gouffres.
Notes
(1) Carlo Levi (première édition en Italie en 1945, puis traduit en français par Jeanne Modigliani pour Gallimard en 1948). Notre exemplaire appartient à la collection Folio de Gallimard (2024).
(2) Cf. James Agee, Louons maintenant les grands hommes.
(3) Cf. René Guénon, Le règne de la quantité et les signes des temps.
(4) René Guénon, ibid.
(5) Cet épisode emblématique de la philosophie de Jules Lequier est mentionné par Maurice Schumann dans La mort née de leur propre vie (trois études sur Péguy, Simone Weil et Gandhi).
(6) Cf. Alain, Discours de distribution des prix du Lycée Condorcet (1904).
(7) Il sera plus tard frappé d’interdiction d’exercer la médecine – de même que de l’interdiction de se déplacer – en proportion de ses accointances de plus en plus avérées avec les paysans (cf. pp. 258-260). Le terre-à-terre du fascisme n’a sûrement pas goûté les capacités de Carlo Levi à s’immiscer dans la paysannerie «où tout n’est qu’influx et magie» (p. 274).
(8) Paul Valéry, Discours aux chirurgiens.
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