Lancelot de Walker Percy (08/11/2016)

Photographie (détail) de Juan Asensio.
2412828415.jpgSur L'Amour parmi les ruines.





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Une étude minutieuse nous permettrait sans doute de montrer que plus d'un point commun existe entre Lancelot, ce très beau roman que Walker Percy publia en 1977 et qui ne fut traduit en français qu'en 2001 et La Chute d'Albert Camus.
Dans ces deux textes de l'absolue sincérité, un homme raconte son histoire, l'événement qui lui a fait ouvrir les yeux, rendu différent, rendu à ce qu'il était aussi et l'ouvrant à ce qu'il désire plus que tout être et, dans les deux cas encore, il s'adresse à un interlocuteur qui, dans le roman de Percy, nous semble encore plus mystérieux que dans celui de Camus, prêtre ou médecin. Le narrateur de Lancelot est emprisonné dans un institut psychiatrique (à moins qu'il ne s'agisse d'une prison, comme lui-même en émet plusieurs fois l'hypothèse, cf. pp. 86, 120) et ce n'est que dans les toutes dernières lignes du roman que son interlocuteur répondra de manière fort succincte à une série de questions que lui pose le narrateur.
Plusieurs lignes de force parcourent ce texte d'une belle intelligence, que sont l'attente d'un renouveau apocalyptique qui, assez curieusement, se passera du christianisme, devenu totalement fade et même, rendu eunuque selon Lancelot, mais aussi une étonnante théorie sexuelle, ainsi que la quête d'un seul péché véritable, servant d'évidence indiscutable à l'existence de Dieu plus que de Satan, plusieurs fois explicitement nommé. Cette fin du monde est tour à tour décrite de façon grotesque, puisque le grotesque est la catégorie dans laquelle baigne tout entière notre époque, où «les gens n'éprouvent plus qu'une seule et unique émotion : l'intérêt, ou le manque d'intérêt» (1), époque encore où Lancelot n'est plus un preux chevalier mais un homme qui «ne fut point libéré des rangs de l'armée couvert du sang de la victoire acquise sur Sir Tarquin au prix d'une lutte sans merci, mais victime d'une diarrhée chronique» (p. 34), ou bien réellement inspirée, et nous retrouvons alors l'inquiétude réellement apocalyptique traversant tous les romans de Percy.
L'inspiration grotesque me semble prégnante même si, par sa brièveté, ce roman est aussi celui qui le plus visiblement ne cesse de réclamer un changement. Ainsi, Lancelot, cet homme «qui n'a cessé de dégringoler la pente» (p. 36) établit une comparaison pour le moins osée entre deux découvertes, dont l'une le concerne directement : «L'astronome découvre qu'un point n'est pas à sa place, il effectue un calcul et en déduit l'irréfutable : collision prévue avec une comète, raz de marée, hausse du niveau des océans, incendies de forêt. Le mari cocu découvre, lui, qu'une unique lettre de l'alphabet n'est pas à sa place», mais c'est pourtant à partir «d'un détail aussi dérisoire» qu'il va pouvoir «déduire avec une certitude tout aussi absolue que celle de l'astronome une scène tout aussi incommensurable : sa femme, les cuisses écartées, un cri qui ne lui ressemble pas s'échappant de ses lèvres. Comme la fin du monde découle du déplacement du point lumineux, son extase découle de la lettre O» (2). Il est ainsi clair que, d'ici «un siècle, l'histoire s'écrira à partir de talons de facture Exxon» et que «la bâtardise sera prouvée grâce à des relevés de cartes de crédit» (p. 39). Que nous sommes loin des temps de verte vigueur auxquels rêve Lancelot !
Parfois cependant le ton est plus élégiaque, et la fin crainte ou au contraire appelée, qui déchirera l'époque où un homme, en guise de vie, peut se contenter d'écouter les informations toutes les heures, alors que rien n'aura eu lieu pour lui «au cours des dernières décennies» (p. 56), est une réelle apocalypse, une «catastrophe, donc», «qu'elle ait ou non déjà eu lieu, qu'il s'agisse d'une guerre, d'une bombe, d'un incendie, ou seulement du déclin qui précède la chute. Nous mourrons pour la plupart, ou serons réduits à l'état de morts-vivants. Le désert envahira la planète» (p. 44).
Si l'époque n'est rien, l'homme moderne un fantôme qui se sera fait cocufier banalement, le christianisme pas ou plus grand-chose, la tentation pourrait consister à chercher refuge dans le mal qui seul, peut-être, bien que rien ne soit moins sûr, forcerait Dieu à écarter les pans des rideaux célestes derrière lesquels Il semble avoir abandonné définitivement ses grotesques et gémissantes créatures, les hommes.
L'interrogation concernant le mal est lancinante dans ce roman, mais sa première évocation est aussi l'une des plus longues, qui commence par la question suivante, classique entre toutes : «Le bien peut-il provenir du mal ?» et se poursuit ainsi : «Avez-vous déjà envisagé que l'on puisse entreprendre une quête du mal comme d'autres partent en quête de Dieu ?», une interrogation inutile selon Lancelot qui estime que plus «on en sait sur la beauté et l'ordre de l'univers, moins Dieu a grand-chose à y voir», alors qu'une autre exploration semble beaucoup plus intéressante aux yeux de notre homme désabusé et cocufié, pour tout dire très franchement las : «Mais si vous pouviez me montrer un péché ? Un pur méfait, un acte intolérable qui demeure inexpliqué ? Voilà qui est un véritable mystère», poursuit Lancelot qui ajoute que les «foules émergeraient alors de leur léthargie», lui-même parvenant alors non seulement à être impressionné par cette révélation, mais tout proche, du moins selon ses dires qui plus d'une fois sont ironiques, d'accepter la foi.
Car c'est bien cette question de la foi, essentielle, qui anime Lancelot qui non seulement raille son interlocuteur, qui est peut-être un prêtre, mais déclare ne pas croire en Dieu. Le recours au péché, le détour par le péché pourrait se révéler nécessaire à «une époque où personne n'a que faire de Dieu» : «qu'arriverait-il si vous parveniez à prouver l'existence du péché, du pur et simple péché ? Ne serait-ce pas là une véritable aubaine ? Une nouvelle preuve de l'existence de Dieu ! Si le péché, si le mal existe, s'il est une force vivante et maléfique, c'est donc qu'il y a un Dieu!» (p. 59) conclut Lancelot, presque triomphalement, comme s'il était certain qu'en découvrant, en provoquant même une action réellement mauvaise, il ne pourrait qu'accélérer la marche de l'histoire vers son dernier déchirement.
Dieu prouvé par le mal, la bonté par la malignité, comme l'amour, «si tant est qu'il ait jamais existé», ne saurait revivre que par la fin du monde (cf. p. 64), et Lancelot, lui, qui au cours des vingt dernières années n'a éprouvé rien d'autre qu'un «lent, si lent glissement de [s]a vie dans une profonde rêverie que rien ne [lui] permettait d'affirmer qu'il se passait quelque chose» (p. 66), Lancelot qui semble ne rien avoir vécu de fort et d'intense depuis le moment où il a couru «cent dix mètres contre l'Alabama» (p. 67), Lancelot, le cocu qui inventera de drôles de stratagèmes pour surprendre sa femme en pleine action avec son ou ses amants, donc, légitimé parce qu'il mettra le feu à sa maison et tuera un homme.
En tout cas c'est certain, «l'avenir doit être résolument neuf», et «il faut un nouveau commencement, car «les gens doivent tout recommencer à zéro, timidement, comme deux étrangers qui se croiseraient sur Jefferson Island» (p. 72), puisque tout n'est qu'ennui, morne redite à cause de «notre vieille langue, notre vieille langue usée jusqu'à la corde» (p. 96), tout n'est qu'ennui et redite, même les rêves de vie nouvelle, en Californie ou en Virginie pourquoi pas, «qui bien entendu n'est pas une vie nouvelle, mais le spasme de l'ancienne qui agonise, son apogée logique et inéluctable, sa caricature même» (p. 97), tout n'est qu'apparence et fausse tranquillité, conscience assoupie et même conscience qui se ment, comme dans La Chute, puisque Lancelot décrit ses compatriotes (mais lui-même aussi à n'en point douter) comme de tristes sires se vautrant dans la certitude de leur vertu et de ce qu'ils pensaient être leur gratitude (cf. p. 104).
Il faut que quelque chose se produise, au milieu de «l'extraordinaire lutte de ces chastes et vertueuses chapelles anglicanes installées au cœur de ce pays violent et corrompu, assiégé de toutes parts par la barbarie des Indiens, la superstition des catholiques romains, l'onctuosité des baptistes et les hurlements des convulsionnaires de tout poil» (p. 131), alors que le vieux Sud, hanté par ses démons nous racontent les fables, n'est pas plus préservé que le reste du pays, puisque l'un et l'autre «regorgent de femmes démoniaques qui par je ne sais quelle folie sans nom se tuent à préserver, à restaurer des lieux, des bâtisses» (p. 137). Il faut qu'il se passe quelque chose dans ce monde perclus, le film dans lequel la femme de Lancelot joue, et qui a pour décor la propre maison du couple battant de l'aile, rejouant d'ailleurs la mystérieuse mais inéluctable consomption de l'Occident (cf. pp. 165 et 172, l'un des personnages du film apparaissant même comme un nouveau Messie), alors, pourquoi pas le mal, pourquoi pas tenter l'unique aventure qu'il nous reste selon Lancelot, puisque, en toute logique, «en une époque telle que la nôtre, où la terre n'est peuplée que de gens merveilleux, le seul recours est de partir en quête du mal» (p. 153).
Et, de nouveau, dans des termes voisins de ceux que nous avons notés, Walker Percy s'interroge sur la réalité du péché, sur celle du mal qui, aux yeux de Lancelot, représente «une clef de notre époque, la seule quête qui convienne à cette ère» car, s'il «se peut que Dieu soit absent», que se «passerait-il si d'aventure on tombait sur le diable ?», puisque l'un des signes des temps réside dans le fait que «les catastrophes s'accumulent sans que jamais le «mal» y soit pour quelque chose» (p. 154), les gens étant soit considérés comme fous, soit comme misérables et, dans tous les cas, irresponsables.
Plus encore car, si le mal est l'incommensurable, puisque «tout l'univers dans sa bonté ne saurait compenser le coût d'un seul péché", alors il est tout bonnement comparable au sexe qui, «en son infini bien, en son infini mal» (p. 155) est lui aussi incommensurable : «l'infini sur cette terre a pour seul nom orgasme. Il faut donc que ce soit l'infini bien ou l'infini mal», et Lancelot de poursuivre son étrange démonstration, en affirmant qu'il était «en quête du véritable péché», et que seul «le péché de chair était le sacrilège qui [lui] tenait lieu de Saint-Graal», même si sans doute «le véritable péché, comme le Saint-Graal, n'est-il qu'une chimère» (p. 155).
Lancelot ayant découvert que sa femme l'a trahi dans le passé, puisqu'il n'est pas le père de sa fille, et même qu'elle continue à le trahir sous ses yeux, il redevient «sobre, lucide, propre, vif, aux aguets, vigilant comme un tigre posté au bord d'une mare» et cela «en l'espace d'une nuit», car quelque chose a bougé dans cette vie que nous pensions totalement éteinte : «Alors Sir Lancelot se mit en chemin, en quête de quelque chose de plus rare encore que le Graal. Un péché» (p. 156).
30264375570_e4562a34b4_o.jpgNe nous y trompons pas : cette quête détournée du bien n'a pas tellement pour objet de tomber, nez à nez pourrait-on dire, sur un de ces véritables péchés aussi rares, plus rares peut-être encore qu'un acte de pure bonté, car Lancelot, en fait, comme il le répète plusieurs fois au cours de son entretien avec son interlocuteur, ne cesse de se lamenter de la disparition de Dieu et, singulièrement, de celle du Christ : «Si seulement vous aviez raison, si votre Christ était roi, si toutes ces fables auxquelles vous croyez étaient vraies» (p. 172), ce serait autant de gagné, semble nous crier, désespéré, Lancelot qui, ne trouvant le Christ nulle part dans une époque avachie, veut bâtir un ordre nouveau qui saura bien se passer de ce dernier, si celui-ci, décidément, a été châtré par des catholiques eux-mêmes heureux de leur condition d'eunuques (3).
Le ton devient encore plus proche de celui qu'utilise Jean-Baptiste Clamence lorsque Lancelot estime que son interlocuteur est «lié par le sceau de l'amitié sinon par le secret du confessionnal» (p. 174), et qu'il ne pourra qu'accepter son étrange confession lorsqu'il lui déclare qu'il ne tolère «en aucun cas cette époque» et qu'en conséquence, il compte «agir selon cette conviction» (p. 175), et chercher à bâtir une nouvelle arche, qu'importe qu'elle soit d'alliance ou de dissidence : «Vous avez votre Sacré-Cœur. Nous avons Lee. Nous sommes la troisième révolution. La première révolution de 1776 contre ces crétins d'Anglais fut un succès. La deuxième révolution de 1861 contre ces rapaces de nordistes fut un échec», ce qui n'a rien de surprenant, ajoute Lancelot, «étant donné que nous avons tout fait pour nous retrouver coincés par la question noire» (p. 176). Et la troisième révolution, en quoi consiste-t-elle ? «Vous le verrez bien», affirme Lancelot, qui complète sa tirade par une nouvelle déclamation furibonde contre le christianisme contemporain ayant comme honte de sa grandeur passée, de ce qu'il a été, de ce qu'il est : «Je ne peux ni ne veux tolérer l'époque qui est la nôtre. J'aurais pu vous tolérer, vous et votre Église catholique. J'aurais même pu y adhérer, pour peu que vous soyez restés fidèles à vous-même. Mais vous êtes désormais intégrés à l'époque. Vous voilà le dos couvert des mêmes puces que les chiens dont vous avez partagé la paillasse. Je me serais senti à mon aise au Mont-Saint-Michel, au pied de l'Archange au glaive flamboyant ou à Saint-Jean-d'Acre aux côtés de Richard Cœur de Lion. Leur Dieu ne prétendait pas apporter la paix mais le glaive. Faites l'amour pas la guerre ? Je préfère la guerre à cette soi-disant paix que revendique notre époque. De ces deux mondes, lequel est le meilleur ? Le paradis des USA, ce pays de suceurs de bites, de brouteurs de cons, de lécheurs de culs ou une légion romaine sous le règne de Marc Aurèle ? Qu'est-ce qui est pire ? Mourir avec T. J. Jackson à Chancellorsville ou vivre à Burbank le nez vissé sur le show de Johnny Carson ?» (pp. 176-7).
«Nous bâtirons un nouvel ordre» (p. 179) en Virginie ou ailleurs (cf. p. 243) répète encore Lancelot avant de revenir à son unique exploit (enfin non, au second, après sa légendaire performance sportive) par un lent travail d'anamnèse qui nous rappelle celui auquel procède Jean-Baptiste Clamence, unique exploit qui a consisté à faire flamber sa maison, manière d'affirmer, mais par un exemple concret, qu'il faut en effet déblayer «toute cette merde à la pelle» (p. 200) avant de pouvoir fonder, qui sait avec cette femme qui se trouve elle aussi enfermée dans la pièce adjacente à celle de Lancelot, après «l'extinction des gnous et la disparition de l'amour chez l'homme», de pouvoir espérer «le regain, les terres qui reverdissent et le recul de ce foutu Sahara qui n'en finit pas d'avancer» (p. 226), et ce regain commandera une fois encore d'éprouver tout le poids du mal, s'il est vrai que «le déshonneur a plus de douceur et de mystère que n'en aura jamais l'honneur», car le premier «détient un secret» (p. 236), alors que le second n'en a pas, ce secret que Lancelot, tandis que l'ouragan fait rage au dehors, est tout prêt de découvrir : «Mais en cet instant, dans le pigeonnier, dans l’œil de l'ouragan, le sentiment enfin d'approcher du but, la palpitante certitude d'être sur le point de faire une découverte, de surprendre le précieux, le bien-aimé cœur de ténèbres...» (p. 240). Est-ce donc le sexe, le «secret de la vie, le secret le plus ahurissant, le mieux gardé depuis la nuit des temps, un secret pourtant qui s'étale au vu de tous, aussi flagrant que le nez au milieu de la figure», et que le christianisme a partiellement caractérisé en l'appelant péché originel ? : «Vous aviez mis le doigt dessus avec votre doctrine du péché originel. Mais vous avez pris la question à l'envers. Le péché originel n'est pas un méfait de l'homme à l'encontre de Dieu mais un méfait de Dieu à l'encontre de l'homme, un méfait si monstrueux qu'à ce jour, l'homme n'a toujours pas compris ce qui lui était arrivé. Il secoue la tête comme estourbi et se frotte les yeux d'un air incrédule» (p. 247).
Cette révolution est quasiment obligatoire, car que rêver d'autre, coincé entre «le défunt Nord couvert de souillure, voué à la déliquescence, le Sud et sa prospérité noyée de corruption, qui s'époumone à brailler le nom de Jésus sur tous les tons» (p. 244) ? Que rêver d'autre, si ce n'est, avec la voisine de chambre dont il a finalement appris le prénom, Anna, en ayant conscience d'être «parvenus à terme», de «tout recommencer, tels les hommes et les femmes qui jadis partirent en quête de territoires vierges au-delà de la trouée du Cumberland» (p. 279), d'inventer «un nouveau monde, de créer une dignité nouvelle entre l'homme et la femme» (p. 280) ? Mais il faut déchanter, Anna n'accompagnera pas Lancelot qui a été libéré, du moins dans un premier temps : «Qui saurait l'en blâmer ? Pourtant, nous aurions été les parfaits pionniers d'une vie nouvelle, car la vie passée nous est devenue à tous deux intolérable» (pp. 280-1).
Mais la nouvelle fondation, par-delà l'effondrement, n'est peut-être elle-même qu'une chimère car «la vérité, c'est que tout au long des terribles événements qui se sont déroulés à Belle Isle [le nom de la demeure de Lancelot et de sa femme] cette nuit-là, je n'ai rien éprouvé. Ni en bien ni en mal, pas même un sentiment de découverte. Et, en cet instant, je n'éprouve rien sinon une vague sensation de froid. J'ai si froid, Perceval. Dites-moi la vérité. Tout le monde a froid, ou suis-je le seul ?» (p. 282).
Voici une question à laquelle le mystérieux compagnon de Lancelot ne répondra pas, et pas davantage nous ne saurons ce qu'il a voulu dire à ce dernier, puisque le très beau roman de Walker Percy se clôt un simple oui à la dernière question du si banal Lancelot, cet homme comme nous, notre semblable, notre frère.

Notes
(1) Lancelot de Walker Percy (Flammarion, 2001 et J'ai Lu, 2003, p. 25, l'auteur souligne.
(2) La lettre O correspond en fait au groupe sanguin de la fille de Lancelot, groupe qui n'es pas le sien.
(3) «Moi, Lancelot, vous, Perceval, les seuls à avoir vu le Graal, souvenez-vous. Vous l'avez trouvé, le Graal ?» puis : «Je me serais battu pour votre Dame, car le Christ portait le glaive. Désormais, vous avez mis votre Dame au rancart et désarmé le Christ de son glaive» (p. 197). Un peu plus loin, et parlant encore du Christ : «Mais cette fois vous ne l'émasculerez pas et nous avec lui. Nous nous emparerons du Graal que vous n'avez pas su trouver mais nous conserverons le glaive et le guerrier magnifique, l'Archange du Mont-Saint-Michel, et notre Christ sera le Christ austère de la Sixtine. Et quant à votre doux Jésus, vos nonnes qui se trémoussent le cul en tapant sur des guitares, vos fêtes de l'amour et vos baisers de paix... il n'y a pas de paix qui tienne» (pp. 198-9). Il est intéressant de constater que cet appel à un nouvel âge viril est censé redonner toute sa place à la femme, qui la première a compris que le sexe n'était qu'agression : «Fini les embrouilles entre ceux qui baisent et ceux qui se font baiser. Les femmes d'élite seront celles que nous avions coutume d'appeler les dames, comme votre Vierge. Notre Dame. Les hommes ? Les meilleurs d'entre eux auront l'âme forte et courageuse et le cœur pur, non pour l'amour du Christ mais à l'instar des jeunes Apaches ou des Lacédémoniens qui font abnégation d'eux-mêmes pour s'aguerrir. Les autres peuvent bien être des proxénètes et sauter qui bon leur semble. Nous vaincrons» (p. 200).

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