La Sorbonne présidée par un grotesque, Georges Molinié, par René Pommier (15/05/2009)
Crédits photographiques : Queensland Brain Institute.
Tout avait été écrit pourtant, bien clairement, sur ce ridicule personnage, dans cet excellent article que René Pommier me fit le plaisir de publier sur Stalker.
Pour remplacer le président Jean-Robert Pitte, la Sorbonne a, en la personne de Georges Molinié, choisi un pitre.
Tous les journaux qui ont évoqué l’élection de Georges Molinié à la présidence de Paris IV l’ont seulement présentée comme la victoire d’un universitaire de gauche sur un universitaire de droite, Jean-Robert Pitte et il est évident que les raisons de cette victoire sont essentiellement politiques. Mais il y aurait d’abord beaucoup à dire sur les professions de foi politiques de Georges Molinié qui ont fluctué en fonction de son intérêt, des circonstances et de ses auditoires. Je l’ai entendu déclarer à plusieurs reprises qu’il était balladurien, mais cela n’a duré que pendant les quelques mois où tout le monde était persuadé que Balladur serait président de la république. Après avoir flirté un temps avec la droite maurassienne, il a fait toute sa carrière avec l’appui du syndicat autonome de l’enseignement supérieur, syndicat conservateur, qui a, du reste, en le soutenant, singulièrement manqué de discernement, jusqu’au moment où, pour être élu président, il a eu besoin de se faire passer pour un homme de gauche afin d’avoir l’appui des étudiants et du personnel administratif. Si regrettable que soit ce comportement, il faut bien reconnaître qu’il est assez répandu et ce n’est pas ce qui fait de son élection un scandale qui serait sans précédent s’il n’avait déjà été président de 1998 à 2003. Il est d’ailleurs tout à fait normal que pour élire un président d’Université, on prenne en considération ses opinions politiques et que l’on préfère choisir un homme de droite, si l’on est de droite, et un homme de gauche, si l’on est de gauche.
On ne peut pourtant faire abstraction de ses capacités intellectuelles et de sa compétence professionnelle. L’énorme scandale que constitue l’élection de Georges Molinié tient à son enseignement et à ses écrits que les journalistes ne connaissent malheureusement pas. On ne demande pas à un président d’Université d’être nécessairement une lumière. On peut être, en effet, un excellent administrateur sans être pour autant un grand esprit, et d’ailleurs les universitaires les plus brillants préfèrent souvent éviter les fonctions administratives pour se consacrer entièrement à leur enseignement et à leurs travaux. Mais il est tout de même souhaitable qu’un président d’Université ait une certaine envergure intellectuelle et, du moins qu’il ne soit pas une absolue nullité dans sa discipline. Or Georges Molinié est bien plus, ou plutôt bien moins, qu’une absolue nullité. Comme je l’ai écrit ailleurs, Georges Molinié n’est pas seulement un des plus grands grotesques de notre temps : il a pleinement l’étoffe d’un des plus grands grotesques de tous les temps. À ce titre, on pourrait sans doute lui reconnaître le mérite d’être souvent comique, s’il n’était aussi terriblement nuisible. Professeur de philologie et de stylistique, il est payé pour défendre la langue française et pour apprendre aux étudiants à s’exprimer dans une langue claire, correcte et élégante, et la sienne est la plus abstruse qui soit, la plus bourrée de maladresses d’expression, d’impropriétés et d’incorrections, la plus laide qu’on puisse imaginer. Et malheureusement il rencontre un incontestable succès auprès d’assez nombreux étudiants, car il leur fournit le vocabulaire et les prétendus «outils linguistique» qui leur permettront de parler très doctement des textes littéraires sans se donner la peine de se demander seulement s’ils ont un sens, et de masquer, comme il le fait lui-même, leur profonde inintelligence de la littérature.
Mais il y a plus grave encore. Georges Molinié, qui a assez longtemps dirigé la revue XVIIe Siècle, est, en principe, dix-septiémiste. Il devrait donc, en tant que tel, s’employer tout particulièrement à faire découvrir et aimer la littérature du grand siècle à des étudiants qui ont de plus en plus de mal à l’aborder. Au lieu de cela, ce méprisable démagogue passe son temps dans ses cours à dénigrer les grands auteurs classiques, comme en témoignent ceux de ses étudiants qui rapportent sur Internet certains des propos qu’il tient habituellement pendant ses cours. En voici quelques spécimens : «Racine est mort. Ceux qui disent qu’ils prennent du plaisir à le lire sont des menteurs. On ne le lit plus que sur les bancs de la Sorbonne»; «Vous n’êtes pas assez stupides pour comprendre le théâtre du XVIIe siècle; moi non plus»; «Il y a même des gens qui font des thèses sur Pascal !»; «Vous vous rappelez Phèdre ? C’est moins grotesque que Monsieur Jourdain»; «À quoi bon étudier Racine, Corneille et ces autres cadavres, hein ?». Une étudiante avoue que, n’y comprenant rien, elle avait d’abord été éblouie par ses cours, mais elle ajoute qu’elle n’a pas tardé à ressentir un malaise croissant, puis de l’écœurement, «en découvrant peu à peu dans ses propos une haine de la langue française, de l’héritage culturel français». Et c’est cet homme qui vient d’élu président de la plus prestigieuse Université littéraire de France.
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