Moi, Youssouf F., né le 13 février 2006, meurtrier (27/03/2013)

Photographie reproduite avec l'aimable autorisation de Jérôme Martin, tous droits réservés.

Remise en une de ce long texte publié en avril 2009.

Réalisée le 14 février 2006 à l’hôpital d’Évry (Essonne), l'autopsie du cadavre d'Ilan Halimi a révélé des «brûlures» sur 80 % du corps, de multiples «hématomes et contusions», «une plaie à la joue» faite au cutter et «deux plaies à l’arme blanche sous la gorge». Conclusion du médecin légiste : aucun de ces coups n'a été la cause de la mort. C'est l’ensemble des violences et tortures subies pendant trois semaines qui ont causé cette dernière.

Le meurtre d'Ilan Halimi est, pour sa mère, Ruth Halimi, une tache sur la France.

Voici l'homme.
Regardez-moi, je suis un enfant.
Un enfant, car je viens de naître du corps supplicié de mon jumeau d'ombre, que j'ai tué de mes propres mains. Lui aussi était un enfant, lumineux alors que je suis sombre. Que voulez-vous, je cède à la facilité en écrivant cela, j’ai la tête pleine à craquer des images qu’utilisent les journalistes, ces vautours qui ne vous débarrassent d’aucun corps mais en discutent sans fin la subtile putréfaction.
Regardez-moi. Je suis votre propre fils.
Et regardez-les maintenant. Ceux qui m'entourent, m'épient. Ces ombres, bavardes et plaintives. Ces paltoquets. Ces commis.
Ils m'ont fait capturer par leurs propres commis, ceux que l'on désigne pour accomplir discrètement les basses besognes de la République. Des tueurs anodins, qui n'éprouvent aucune jouissance particulière à tuer de leurs propres mains. Le devoir, rien de plus, un métier comme un autre, oui. Des vengeurs sans goût de la vengeance, agissant au nom de l'ombre d'une ombre, un pays de missionnaires de la civilisation qui a honte de ses forfaits passés, de sa grandeur légendaire et de sa force perdues, de sa propre ombre, de son inexistence de plus en plus certaine. Un pays de commis.
Je suis l'un des fils de la France. Votre fils.
J'aurais pu choisir, comme disent ces idiots, de profiter des bienfaits de l'ascenseur social, cette fumisterie qui va chercher, jusque dans les caves des barres d'immeubles de la diversité, quelques péquenots qu'elle conduira dare-dare à un poste de cadre, avec à la clé meublé Ikea et vacances d'été au milieu des zombies halés de la côte.
Bien trop facile et, je vous le dis, indigne de mes talents.
J'ai choisi un moyen plus rapide que l'argent pour m'élever, puis chuter, puis m'élever encore par mon abaissement. J'ai choisi de détruire l'un des symboles de l'argent, et uniquement pour en gagner plus, le diable est un tel amateur de bons tours !
J'ai fait fort je dois dire, puisque je suis devenu encore plus célèbre, du jour au lendemain, que les singes turgescents qui beuglent quelques pauvres rimes au milieu des putes en string et qui, de l'argent, en gagnent beaucoup, bien plus que moi qui pourtant ai tué, alors qu'eux ne font qu'appeler au meurtre.
J'ai choisi la voie la plus étroite pour atteindre la seule trace de grandeur pas encore effacée de ce monde plat, la grandeur du meurtre : j'ai en effet tué un homme, comme vous le savez.
Pas n'importe lequel. J'ai tué un Juif de France. J'ai tué un Juif d'Israël. J'ai tué un Juif de l'époque d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, de l'époque d'un autre Juif, le Christ ! J'ai tué un Juif.
Le contraire même, disent les médias que j'écoute comme n'importe quel honnête citoyen, de tout ce que j'incarne : il était discret, intégré (comme un autoradio peut-être ?), sans la moindre histoire notable à son actif. Il était même aimé des siens paraît-il. Je n'en doute pas.
Surtout, enfant de la France, il avait plus que la France, alors que je n'ai, moi, rien, sinon un pays d'origine qui ne veut pas de moi, parce qu'il ne veut sans doute pas s'encombrer en entassant sur son sol les déchets les plus toxiques produits par la société française. Je n'ai rien, puisque mon pays, la France, ne me reconnaît pas dans le miroir que lui tend ma face hilare, insultante et cruelle, ma face d'enfant diabolique.
Il avait Israël. Il avait la foi immémoriale de ses pères. Il avait la possibilité de plonger, comme dans un bain de jouvence, dans une langue sans âge qui a inventé le dialogue, d'égal à égal, avec Dieu.
Je n'ai eu que la France, son catéchisme républicain poussiéreux et vidé de sa substance, seriné par de pauvres types qui n'osaient même plus regarder dans les yeux des gamins de douze ans, de petits professeurs tout pétris de grandes certitudes, humanistes honteux de nous délivrer une nourriture aussi misérable. Souvent, ils baissaient les bras et semblaient regarder dans le vide, alors qu'ils faisaient cours. Nous savions tous, en un éclair de lucidité sauvage, que celui-là, quoi qu'il dise ou fasse, était fichu dès ce moment-là. Il avait perdu. Il finirait, dans le meilleur des cas, par demander sa mutation dans un autre établissement et, dans le pire, en se jetant sous un train, les professeurs sont souvent romantiques.
Moi, je n'ai eu que la croyance dans le progrès désormais électronique, virtuel, même si elle a été débarrassée de ses pointes les plus dangereuses et qu'elle s'est grotesquement ornée de fariboles ésotériques. Un progrès à visage humain disent-ils, avec même une petite place pour une croyance diluée à l'eau plate de Taizé, mais que demande donc le peuple ?
Je n'ai, surtout, qu'une langue que les plus hauts personnages de mon pays avilissent un peu plus tous les jours, contaminent de leurs innombrables mensonges.
J'ai grandi avec elle, j'ai grandi en elle, c'est votre langue qui m'a fait devenir ce que je suis, nulle doute que ce petit air sera repris par vos sociologues et psychologues qui auront compris de travers la terrible affirmation : la langue française est fasciste !
Regardez-moi.
Regardez ce que votre langue a fait de moi.
Un meurtrier.
Votre langue a fait de moi un tueur sans pitié. Chacun de vos mensonges. Chacune de vos dérobades. Chacun de vos mauvais jeux de mots. Chacune de vos subtilités.
Je ne sais donc parler qu'en récupérant puis utilisant de nouveau, après les avoir soigneusement sucés, les mots que ces eunuques galvaudent, blessent, gauchissent, dépècent, torturent, châtrent. Ces mots que vous avez détruits.
Qui a dit que les langues naissaient, vivaient puis mouraient ?
La langue française n'est pas morte mais éteinte.
Moi, je parle. Et je ne suis pas le seul à parler cette langue, oh que non ! Nous sommes des centaines, des milliers, humiliés et offensés, lie de la lie, rats parmi les rats. Cette langue est la vôtre et pourtant, dites-moi : comment se fait-il que vos oreilles paraissent ne point l'écouter ni même l'entendre, vos esprits se fermer à ce qu'elle raconte qui est, je vous assure, absolument passionnant ?
Cette langue est une langue morte, non : éteinte. C'est la langue française, c'est la langue de la mort, c'est la langue qui a tué un homme et, moi, c'est la langue qui m'a fait renaître. Quel singulier pouvoir ne conserve-t-elle pas, même avilie, souillée, violée des millions de fois par chacune de vos bouches puantes.
Moi, je parle, et j'ai tué le représentant d'une des langues les plus puissantes de l'humanité. L'une des plus saintes, sinon la langue la plus sainte.
Moi, Youssouf Fofana, je parle une langue plus ancienne que le français, le latin ou même l'hébreu.
Je parle la langue de la mort et de la folie. Je parle la contre-langue de l'abjection et vous ne semblez pas en comprendre le plus anodin de ses mots alors que, écoutez plus attentivement, ne l'entendez-vous pas bruire, l'ondée du sous-langage des brutes, dans les plus délicates constructions de votre admirable langue, que vous tentez d'exporter comme vos vins et vos fromages ? Votre langue pue, désormais, elle est éventée et a moins de force qu'un nouveau-né.
Je parle la langue dont le foyer d'infection se trouve quelque part dans les forêts sans âge des anciens temps, lorsque l'homme se tenait à peine droit et que, dans sa petite cervelle, la langue dansait pourtant en sautillant, aussi légère qu'une fée, comme en rêve, petite flamme qui ne tarderait pas à embraser le monde. L'homme ne parlait pas encore et pourtant tout son être était rempli de parole. Il l'attendait, et la création tout entière attendait, stupéfaite et impatiente, que l'homme parle pour savoir, enfin, ce qu'il lui dirait.
Cette langue maudite, Kurtz, en s'enfonçant dans la jungle infestée de dangers et de miasmes, l'a redécouverte et apprise, patiemment, nuit après nuit où il s'enfonçait un peu plus profondément dans l'horreur des premiers âges, et, avant Kurtz, bien d'autres dont nous ne savons absolument rien. Aguirre peut-être ? Un beau nom, Kurtz, claquant l'air comme un coup de fouet, là où Youssouf semble beaucoup plus doux mais avance masqué : Dieu a ajouté ? Je dirai plutôt qu'avec moi, il a retranché.
Un joli conte aussi, mais mensonger, comme tout le reste.
Parce que, la sauvagerie, je vais vous le dire : pas besoin d'aller la chercher au fond des marécages où se décompose l'âme humaine.
J'ai, moi, pourtant imbécile, homme de si peu de culture, appris cette langue ténébreuse en écoutant de toutes mes forces les mots qui sifflaient dans les recoins de ma cité.
Écoutez-la vous aussi mais... en avez-vous vraiment envie ?
Écoutez-moi.
Regardez-moi, je viens de naître, le sang de mon frère macule encore mes mains maladroites, tendues vers une lumière que je ne fais que deviner, que je ne vois même pas, que je ne cherche pas, pour tout vous dire.
Je viens à peine de prononcer mes premiers mots, et ils sont de haine pure. Écoutez-moi, voulez-vous que je les redise pour vous seul ? Tendez donc l'oreille dans ce cas. Plus près voyons, de quoi avez-vous peur ?
Regardez-moi.
Et regardez ces femmes et ces hommes qui n'en sont point. Qui se taisent. Qui ferment leurs yeux, leur bouche et leurs oreilles.
Regardez ces femmes et ces hommes qui, en me jugeant, refusent de se juger. La chute. Mais inversée. Nouveau mensonge, les livres ne font que mentir. Mon procès, le jugement qui en découlera les tirent, croient-ils, vers la lumière la plus pure. C'est bien évidemment faux et, se trompant, sachant qu'ils se trompent, ils n'ont qu'une seule hâte : en finir avec l'accusation bien vivante que je représente à leurs yeux.
Ils me regardent. Ils ne me voient pas. S'ils me regardaient, ils me verraient et se verraient immédiatement, eux. S'ils m'écoutaient, ils finiraient bien par entendre les mots qui ne cessent de tournoyer dans ma pauvre cervelle, elle va sans doute finir par éclater.
Ils font peine à voir, vous ne trouvez pas ? Ces pauvres diables qui plastronnent et prétendent me juger, entourés d'une ceinture de policiers, on ne sait jamais, un de mes regards pourrait les dissoudre, comme les moucherons des pissotières sont détruits par le plus minuscule rayon de soleil.
Je ne les vois même pas, je ne les entends pas, j'ai tant d'autres voix, plus subtiles, plus tentatrices, plus chaudes, plus autoritaires, à écouter. Eux me voient mais n'osent pas me regarder dans les yeux. Ils me regardent parfois, à la dérobée, et pourtant ne me voient pas. Ils me voient et ne me voient pas sourire : ce sont les journalistes qui le leur ont appris, mon ignoble forfait, comme ils l'écrivent. Scandale des bien-pensants. Leur grande peur, abjecte parce qu'elle les paralyse et les livre sans défense à leur proie, qui est en fait leur prédateur.
Ils m'imaginent en train de sourire. Ils me rêvent en train de sourire, le sourire a pris les traits de ma gueule aussi noire que le charbon, aussi noire que le gouffre dans lequel ils crèvent de trouille de tomber.
Ils y sont déjà tombés et ils le savent bien. Ils croupissent depuis leur naissance dans une cave. Mon procès est leur unique chance d'en sortir. Ils le savent bien. Les peureux reconnaissent infailliblement cela ou celui qui les arrachera, pantelants et pleurant de reconnaissance, de leur mauvais rêve, de l'empire sans partage que la peur exerce sur eux.
Et mon sourire leur fait peur. Il les hante, les poursuit. Ils ne peuvent plus s'en passer, c'est ma morsure. Ils ont peur. Parce qu'ils n'ont pas besoin de consulter leurs gros livres de procédure pour savoir ce que signifie ce sourire.
Ce sourire signifie que je les ai vaincus. Que moi, minable petite frappe et voleur de banlieue comme il en existe des dizaines de milliers dans un pays qu'ils pensent honorer par leur loyale neutralité, moi, comme l'autre assassin des vieilles histoires de roi tué dans son sommeil et de chevaux qui s'entre-dévorent, une fois que je me suis enfoncé si profondément dans le sang, je n'ai pas pu reculer davantage. J'ai avancé. Je ne pouvais pas reculer, car je suis un homme et de toute façon revenir sur mes pas aurait été plus difficile qu'avancer. Un homme. Un enfant. Inconscient du danger donc. Alors j'ai avancé. À d'autres, ma mère, mon père, la France, de guider mes pas. Ils n'ont rien fait, j'ai dû marcher. Qu'ils aillent au diable avec leur prudence ! Où étaient-ils donc lorsque j'ai trébuché ? Se sont-ils contentés de se dire qu'il fallait bien que jeunesse se passe ? Imbéciles ! Ils n'étaient pas là, il a bien fallu que je me débrouille ! J'ai avancé.
Je serais mort si j'avais reculé, si j'étais simplement resté, dans ma cellule, sans bouger et avant, dans cette ville crasseuse où j'ai tendu ma petite toile machiavélique, une cité qui ne se souviendra plus, dans quelques semaines, de mon existence, ou alors m'honorera comme comme un démon de petite envergure.
«Youssouf Fofana me dites-vous ? Ah oui, je crois me souvenir que ce pauvre type, chef du gang des Barbares ou ce genre de connerie de série pour ados un peu débiles, avait défrayé la chronique au début des années 2000, je ne sais plus trop quand exactement. Qu'est-il devenu ? Toujours en prison je crois. Aux dernières nouvelles, il se serait même converti. Non non non. Pas à l'Islam, auquel il n'a jamais cru réellement. Au christianisme, c'est autrement plus compliqué, surtout dans les prisons françaises n'est-ce pas, mais je pense que je ne vous apprends rien.»
Au christianisme ? Pourquoi pas ? Ma mère morte, et mon père, et mon frère, mes amis m'ayant oublié, la France me gardant dans son giron le plus obscur durant de longues années, que me restera-t-il, qui voudra encore me suivre ? Lui bien sûr. Il faudra que j'apprenne tout de même à aimer cette humilité au goût de faiblesse. Il faudra que j'accepte de perdre ma violence. Il faudra que je tue le vieil homme en moi, que je demande à cette petite voix de la boucler, à tout jamais. Mais, oui, pourquoi pas, ne serait-ce pas le meilleur moyen de provoquer, une fois de plus, l'attention de tous ? Imaginez donc la tête des journalistes ! La une des journaux, Libération titrant, ironiquement, la grâce de l'assassin ! La sainteté après l'ordure, la lumière après les ténèbres. Pourquoi pas, oui ? Certains saints n'ont-ils pas été de sacrés gredins, voire des criminels avant d'être retournés comme un gant par la parole formidable de leur Maître ? Alors, moi, pourquoi pas, puisque rien ne Lui est impossible ?
Cela sera dit dans quelques années, si je suis encore vivant, si mon meurtre n'aura pas eu, pour étrange conséquence, de m'avoir dévoré comme un cancer dévore la chair qu'il parasite, se nourrissant de sa substance.
Je mens car je sens bien que le meurtre ignoble que j'ai commis commence à me dévorer, non pas depuis la date de la mort de ce chien de Juif mais depuis la seconde où j'ai décidé de le faire chanter, avant même de penser à l'attirer dans un piège si évident, si facile, si grossier.
Pauvre Adam réfléchissant avec sa queue, une fois de plus c'est Ève la rusée qui aura eu raison, d'un sourire, de tes résistances les plus opiniâtres. Est-ce donc là tout ce que tu as appris depuis que l'on t'a chassé du Paradis, avec un glaive tournoyant pour en garder l'entrée qui t'est désormais refusée ?
Je n'ai même pas besoin de parler. Tant de mots inutiles.
Mon sourire.
Ce sourire leur hurle que j'ai vu l'Enfer.
J'ai même infligé certains de ses supplices à celui que j'ai tué, le laissant crever comme un chien, moqué, bâillonné, nu, couvert de sa propre merde, battu, brûlé, torturé. Humilié. Humiliation pour humiliation, dent pour dent, n'est-ce pas ce que répète, à toutes ses pages ou presque, leur livre le plus sacré ? Une litanie de vengeances s'étendant d'âges en âges. Une éradication impitoyable des ennemis, femmes, enfants, vieillards, jusqu'aux animaux ! Lisez, je n'invente rien.
Allez-vous me condamner parce que j'ai tué un de ces gosses prétentieux qui se pavanent place du Trocadéro, rue de la Pompe, rue de Passy ? Je suis l'un des leurs, regardez-moi de plus près. J'ai chacun de leurs vices. J'écoute leur musique. Je ne lis rien ou presque. La même insouciance. La même absence, effarante à vos yeux, scandaleuse, de jugement. Le bien et le mal n'existent pas, confondus l'un et l'autre dans une banalité dans laquelle nous nous dissolvons lentement. Nous n'étions pas des hommes.
Maintenant, j'en suis un.
Seule ma haine me différencie d'eux. Ils méprisent ce pays, incapable de les défendre. Ils ont bien raison. Voyez comment la France sauve ses Juifs. Moi, je le hais. C'est ma seule arme. C'est la seule chose qui me permet d'avancer. C'est la seule chose qui m'a empêché de revenir sur mes pas.
Je hais la France.
Car je ne puis me battre contre elle.
Cela aurait au moins quelque grandeur n'est-ce pas ?
Comment affronter ce qui n'a plus d'existence ailleurs que sur les registres poussiéreux ou électroniques ?
Comment combattre des gens qui ne croient plus eux-mêmes en leur propre pays ?
Qui demandent pardon pour les fautes qu'ils ont commises et celles qu'ils n'ont pas commises ?
Qui ont honte de leur histoire grandiose ?
Qui nous l'enseignent en nous prenant pour des imbéciles incapables de flairer, comme des chiens, les centaines de mensonges qu'ils ont édifiés pour abriter des regards leur trouille ?
Rassurez-vous, personne ne vous regarde. Car une vieille trace ancestrale de sauvagerie fait que les forts se détournent des faibles, sans leur accorder plus d'attention qu'ils n'en accordent au combat entre une fourmi et une autre fourmi.
En France, les forts croupissent dans les prisons et les monastères. Ceux qui ont volé, violé, assassiné et ceux qui ont tué, en eux, le vieil homme.
Je suis l'un d'entre eux, ne le voyez-vous pas ? Ma force est d'avoir choisi les ténèbres, sans même une dernière bouchée de pain tendue par la main amicale, la grâce sera que la lumière me ravisse peut-être.
Voyez-les, eux.
Celles et ceux que l'on appelle mes complices. Je n'ai pas échangé plus de quelques mots avec certains. Ils se sont tous levés pourtant. Maintenant, ils reculent tous. Ni bien ni mal. Juste une prodigieuse neutralité.
Non. Ils ne bougent plus, coquilles vides uniquement remplies, un temps, par ma présence, par mes mots. Ils sont vides à présent, je me suis retiré d'eux, comme les pèlerins de ce drôle de bouquin de Joseph Conrad. Allez savoir pourquoi, je l'ai lu en prison. Je vous le conseille, petites âmes de praline : lisez-le et vous comprendrez mon histoire, et celle de votre pays, et peut-être même celle de l'Europe, et peut-être même, par-dessus le marché, toute l'histoire de l'homme blanc.
Son triomphe apparent sur la sauvagerie.
Sa force invincible provenant de son savoir immense et de sa science phénoménale.
Son nouveau dieu, né sur le cadavre de l'ancien, le progrès.
Son nouveau dieu, né sur le cadavre du progrès, l'homme.
Son nouveau dieu, né sur le cadavre de l'homme.
C'est celui-là que je ne me flatte même pas de servir. Je ne connais pas son nom, nul, d'ailleurs, ne le connaît.
Il n'a pas de nom.
Eux n'en savent rien, bien qu'ils obéissent à ses commandements dont je ne suis que le plus fidèle interprète.
Regardez-les. Vous ne les voyez pas ? Oui, je sais, ils sont transparents.
Aucun de ceux qui m'ont servi n'a levé le petit doigt pour le défendre, voyez comme ils sont vides. Si c'était à refaire, je n'ai aucun doute : ils referaient tout ce que je leur commanderai d'exécuter à la lettre, sans même réfléchir.
Des bourreaux anodins. Des tueurs en série, comment n'a-t-on pas rapproché ce bon mot de son origine industrielle, marchande ?
Je n'ai même pas eu besoin de les remplir de mes paroles puisqu'ils les entendaient flotter dans leur pauvre caboche remplie d'un peu de bourre comme une rumeur lointaine qui leur commandait de marcher dans la nuit, sans se retourner.
D'avancer jusqu'à me trouver.
Ils m'ont trouvé, parce que je les attendais.
Cela n'était rien.
Maintenant, je renais pour la seconde fois. Je suis né le jour où ce Juif est mort. Je renais toutes les fois que je pense à ce que je lui ai infligé de mes propres mains.
Je renais ici, en ce jour où la France me juge pour le meurtre d'un des siens qu'elle a été bien incapable, malgré toute sa science, malgré ses forces de police, malgré son intelligence, malgré sa langue si vive à prétendre démêler le mensonge de la vérité, d'empêcher.
Pourquoi ? Voyons, la réponse est simple : nul ne peut empêcher que l'innocent périsse dans la gueule du fauve. Et j'en suis un, fauve mais innocent aussi, car je n'ai rien fait, je n'ai été que l'exécutant de la France, de l'homme blanc, qui a haï, continue de haïr et haïra toujours ses Juifs, comme une écharde dans la chair que décidément rien ne peut arracher ni extraire.
Je renais aujourd'hui, en cette heure où commence le procès qui me condamnera, je ne m'inquiète pas.
Le regard que je fixe sans sourciller, voilà le tourment le plus diabolique que j'ai inventé, qu'on m'a soufflé... Non non, que j'ai inventé, en cette seconde qui m'a brûlé et dépouillé des dernières parcelles d'humanité que je gardais, comme si j'étais un petit enfant pleurant doucement, se demandant si son père, parti sur la route dangereuse, allait revenir. Et si, justement, il ne revenait pas ?
Et si, justement, sa disparition le condamnait à devoir se débrouiller seul ?
Eh bien, père, regarde-moi, vois ce que je suis devenu, moi l'enfant humilié.
J'ai tracé ma propre route et elle avance sans peur dans le sang.
C'est le sang qui régénère les forces anciennes, oubliées. C'est le sacrifice qui soude le peuple et, voyez, le sacrifice d'Ilan ne soude que les Juifs, la France, malgré ses déclarations prudentes, prudentes même lorsqu'elles sont faussement outrées, la France, elle, n'a plus aucun ciment capable de la souder.
Même le sang ne rachète plus ses péchés. Même le sang le plus pur, celui de l'innocent Ilan, ne parvient pas à sauver la France de sa souillure, à alimenter un feu capable de dévorer la crasse plusieurs fois centenaire qui la recouvre et l'asphyxie.
Qu'elle crève si elle ne peut être sauvée.
Qu'elle crève si elle n'a pu sauver celui que j'ai tué.
Qu'elle crève si elle n'a pu me donner des raisons de l'aimer.
De la respecter.
De croire en sa grandeur.
En sa bonté.
En sa souveraine beauté.
En sa rareté.
Qu'elle crève, elle et ses mensonges crachés par tant de bouches qui redoutent les amalgames plus que la violence, la mort d'un innocent.
Qu'elle crève, si la seule chose qu'elle redoute, c'est sa peur, l'ombre (il n'y a plus rien d'autre, j'ai bien cherché, j'ai cherché dans le sang de ma victime, j'ai cherché dans les cachots où je me suis bien amusé à tourmenter quelques pauvres hères), l'ombre de sa vieille grandeur, autrefois respectée par la terre tout entière, sans même qu'elle daigne, au large des côtes sombres et inexplorées, déployer le feu de sa puissance guerrière.
Qu'elle crève puisqu'elle n'a pas su me nourrir et, en me nourrissant, en insufflant dans mes veines, ma tête et mon âme, la magnifique beauté de son histoire, faire que je la respecte et que je respecte la vie de son fils prodigue, prodigue parce qu'il est Juif, cœur du cœur de ce pays, saint des saints, lumière secrète que, d'un souffle, j'ai éteinte.
Regardez-les.
Regardez-moi.
Surtout, regardez-la.
Dans cette salle où je les tiens tous enfermés, sans ciller une seule fois, je fixe le regard de la mère de celui que j'ai tué.
Je fixe jusqu'en son âme terrorisée, détruite, magnifique, les yeux de celle à qui j'ai enlevé son enfant.
Et elle comprend immédiatement ce que je lui dis, sans même que je n'échange un mot, car la nuit à la nuit transmet la connaissance, la nuit du meurtre, sèche, avide, éreintante, aveuglante, à la nuit immémoriale des femmes, humide, douce, chantante, brûlante comme un feu qui se propagerait sans relâche.
Elle comprend que je n'ai pas tué son fils adoré, que je ne l'ai même pas tué.
Ce sont eux qui l'ont fait.
Voyez-la, elle ne parvient même pas à me haïr, puisqu'elle vient de comprendre que ces juges, ces photographes, ces journalistes, ces policiers, ces représentants de l'État, sont les véritables coupables.
Ce sont leurs mensonges, leur lâcheté, leur peur, qui ont tué son fils.
Ils ont vendu leur âme à mon dieu, avant même que celui-ci n'ait doucement chuchoté à leurs oreilles.
Elle comprend que c'est la France qui l'a tué.
La France et les mensonges que sa gueule pourrie déverse dans les millions de cervelles transparentes qui s'entassent pour former une masse informe et immonde de bêtise, de lâcheté, de peur, de malhonnêteté, de malfrance.
La France est lâche et c'est sa lâcheté qui a tué votre fils, madame.
C'est la peur à ce point consumante et impérieuse que, comme un cancer, elle se développe sur l'organe qu'elle finira bien vite par dévorer, c'est la peur qui a tué votre fils, madame.
Vous voyez cela dans mon regard et vous détournez le vôtre car mon regard est le vide, la béance, le mal qui n'est rien.
Peur de ne point avoir affirmé, depuis des années, que la haine est un poison qui n'a que faire des petites barrières pas même étanches que ses bien-pensants se sont empressés d'ériger.
Je suis un Noir et je te hais, femme juive, plus encore que j'ai haï ton fils.
En te voyant ma haine se décuple.
Je suis noir et je te hais parce que tu es blanche, et parce que ton Dieu n'a que faire du mien, que je me suis fabriqué en taule, crevant de trouille et parfois au contraire gonflé de fierté lorsque je croisais le regard de mes compagnons, sachant que viendrait le moment où je pourrais cracher ma haine et ma peur à la face de tous ces hommes qui n'ont que l'apparence d'hommes et qui pourtant prétendent me juger et me jugeront et me condamneront et ne me puniront point puisque je ne suis pas coupable de cela dont ils m'accusent.
Eux l'ont tué, votre cher fils, madame.
Vous l'avez tué, pas moi. Osez regarder cette femme et lui dire que ce n'est pas votre lâcheté, vos mensonges, qui ont tué son fils.
Je ne me cache pas, aucune voix ridicule ne me commande de me montrer, puisque je n'ai pas su garder mon frère.
Ils me jugent et c'est moi qui les ai déjà condamnés, ces criminels aux mains blanches, pas dignes d'appuyer sur un petit bouton rouge pour déclencher le feu nucléaire, même pas dignes d'actionner un levier qui remplira la petite salle vitrée d'une odeur de chair grillée. Ce ne sont même plus des techniciens du meurtre de masse. C'est l'homme des foules, à la fois infiniment stupide et infiniment malléable.
Ils me jugent, non pas parce que je me suis rendu coupable, comme disent ces minables avec leurs micros et leurs appareils photo, d'actes de barbarie. Ils me jugent parce que je ne suis à leurs yeux qu'un individu isolé et qu'en m'isolant un peu plus ils espèrent contenir l'épidémie.
C'est faux.
L'épidémie, même un temps contenue, n'en finit pas d'inventer de nouvelles formes de propagation. Et puis, pensez donc, elle n'a qu'à se servir, puisqu'elle prolifère sur un immense cadavre. Et quel cadavre ! Celui de la France.
Mes semblables, parfois bien plus jeunes que moi, sont légion. Ils prospèrent. Eux aussi se nourrissent de la pourriture qu'est la France.
Ils détestent les Juifs, encore plus que moi. Ils détestent aussi les Blancs, et les Jaunes, et les Noirs, vous ne m'apprenez rien. Ils ne s'aiment même pas. Ils n'aiment rien, rien d'autre que le goût éphémère de la puissance que confère le fait de torturer un autre homme, puis de le tuer.
Ils les tueront soyez-en sûrs, Blancs, Juifs, Arabes et Noirs et ils se tueront pour finir, se lançant, comme un seul troupeau, du haut des falaises noires.
Ils les tueront encore plus rapidement que je ne l'ai fait. Ils les tortureront avec méthode et délectation et sauront, eux, leur arracher leur précieux argent et leurs pauvres petits secrets, mieux que je n'ai su le faire.
Je n'ai été qu'un novice et cette société que je hais n'en finit pas, elle aussi, de perfectionner ses discrètes méthodes.
Il est vrai que j'ai beaucoup appris, en prison. C'est même le meilleur endroit pour comprendre que la haine de la France y naît comme une tumeur, bien chaudement abritée des regards. Prison et banlieue : la métaphore n'existe pas seulement sous la plume de ces tartuffes, experts en sociologie comportementale et psychologues qui, les lâches, tenteront d'expliquer mes gestes et verseront peut-être même une douce larme républicaine et fraternelle sur mes odieux forfaits. Prison et banlieue, c'est, rigoureusement, comme une équivalence infernale, la même chose et ce double cœur qui n'en est qu'un pourrit tout l'organisme. Sa pourriture a déjà distillé ses sucs dans toutes les veines de la si douce France aux prés verts.
Comment, vous ne voyez rien ? Et l'odeur au moins, ne vous incommode-t-elle pas un tout petit peu ? Quelle constitution que la vôtre, nom de Dieu !
Drôle d'histoire que la mienne, comme celle de tous les meurtres, surtout les plus ignobles : étalés aux yeux de tous, personne ne semble pourtant voir mes forfaits.
Je suis donc invisible. Tout-puissant. J'ai passé l'anneau à mon doigt puis commis mes larcins.
Vous ne voulez pas me voir ? Lâches que vous êtes !
C'est vous que vous ne supportez plus de voir dans votre miroir. C'est votre propre reflet que vous voyez en me regardant. Vous devriez vous répéter : Youssouf ! Youssouf ! Youssouf jusqu'à ce que ce que ce prénom se confonde avec le vôtre, Martin, Pierre, Jean, Éric, Philippe.
Car moi, Youssouf Fofana, je suis votre enfant.
Je suis l'enfant de la France qui a honte de ses Juifs.
Je suis l'enfant de la France qui a honte de ses Noirs, parce qu'elle est blanche et chrétienne. Je dis bien : chrétienne.
Je suis l'enfant de la France qui a honte de ses Arabes, parce qu'elle est blanche et chrétienne. Je dis et je répète : chrétienne.
Le vieux sang juif n'en finit pas de couler dans ses veines depuis qu'il a été recueilli aux pieds de votre Christ ridicule, crevé comme un chien, pire qu'un chien, mort d'une mort réservée aux criminels, puis qu'il est devenu le souverain le plus puissant de votre royaume, fils aîné de l'Église je crois, ou fille, allez savoir, tout se mélange, je ne sais plus rien.
Je suis l'enfant de la France qui a honte de ses Français, parce qu'elle est blanche et chrétienne.
Oh, vous avez beau faire, tenter à tout prix, à grand renfort d'eau claire, d'effacer le signe de votre baptême. Rien n'y fait. Pas même le feu le plus pur, la lame la plus tranchante, rien ! Un tel signe s'efface moins facilement que la marque de Caïn le meurtrier de son frère et bâtisseur des villes industrieuses.
Vous puez le Christ. Vous puez la faiblesse. Vous puez le pardon. Vous puez la faute que vous n'avez pas même eu l'audace de commettre. Regardez mes prétendus complices : ils font absolument tout ce qui est en leur pouvoir pour se faire oublier, minimiser leur participation, alors que moi, au contraire, j'en rajoute dans l'ignominie, l'indigence, la stupidité. Va-t-on me faire croire que ces placides agneaux n'ont rien vu, rien entendu, rien su des souffrances infligées à celui qu'ils m'ont aidé à capturer, cacher, torturer ?
Je ne veux pas de l'amitié de ces chiens castrés. Je ne veux pas de votre pardon. Mais vous vous fichez de mon avis comme de la date de votre première communion. Vous m'accordez, par avance, votre pardon, déclarant, la main sur la poitrine, que je ne sais pas ce que je fais, alors que je n'en veux pas et que ce que j'ai commis devrait suffire, au moins, à vous décider, à vous lever une seule fois dans votre vie d'assis, à marcher sur moi, à déborder de toutes parts les policiers qui me protègent, à vous repaître de mon corps déchiqueté, à tremper vos mains dans mon sang et à les lever devant les caméras, à boire mon sang giclant de ma tête explosée à coups de pied, corps et sang offerts en mémoire de ce que j'ai accompli et qui probablement, quelque jour prochain, sera considéré comme un véritable miracle, rien de moins que le réveil de la France.
Sang et corps partagés et distribués aux indigents, aux pauvres, aux nécessiteux, aux misérables, aux lâches que vous êtes, aux Judas indignes de la corde qu'ils n'ont plus le courage de nouer autour de leur cou bouffi de graisse.
Sang et corps distribués pour nettoyer la France. Pour la laver. Pour la purifier.
De sa honte.
De sa peur.
De sa paralysie.
De sa mort lente.
De sa mort précipitée par la mort de chaque innocent avili, humilié, tondu, battu, brûlé, torturé, abandonné comme un chien.
De sa mort accélérée par celle de chacun de ses Juifs, ces minuscules, risibles, lâches ou bien courageux, indignes ou bien humbles véritables qui sont, tous, jusqu'à la plus insignifiante des poupées peinturlurées, les centres rayonnants d'un mystère qu'en vain j'ai cherché dans les entrailles de mon frère dépecé comme une bête, Ilan, sans le trouver.
Maman, je vais me taire, je n'ai de toute façon plus rien à dire de bien important, juste quelques crachats à jeter pour choquer les bourgeois et faire travailler les journalistes. Ce que j'ai fait témoigne pour moi. Pardonne-moi de n'avoir pas osé te regarder une seule fois, durant tous ces jours d'audience. Je dois me détourner de toi, comme je me suis détourné de tout ceux qui me sont chers. Je ne vois même plus ceux qui m'entourent, ils sont des ombres, à moins que ce ne soit moi qui, lentement, commence à me dissoudre dans l'air.
Je ne vois plus, pour ne rien te cacher, qu'un seul visage : celui de l'homme que j'ai assassiné de mes mains. C'est curieux mais son visage me sourit continuellement. Je n'arrive même plus à me souvenir de lui lorsque je le frappais sans relâche.
Papa ? Papa, papa, à quoi bon t'appeler et te convoquer dans ce tribunal, puisque tu es déjà au milieu de nous, dans l'air que nous respirons, tous, ici, en nous levant le matin, de notre sommeil sans rêves, en venant, vous, la peur au ventre, dans cette salle ou à votre bureau, en regagnant votre piaule, le soir tombé, pour commenter avec votre femme ou votre maîtresse l'actualité du jour et vous écrouler, ivres de sommeil, dans votre lit buvant la sueur de votre solitude, mille fois plus évidente que la mienne, sur laquelle le sceau du meurtre et de la malédiction a été apposé ?
Mon père ? Papa, où es-tu ?
Ah, laissez-moi écouter, une dernière fois, la chanson haute et claire de mon enfance, roulant depuis les sommets des montagnes blanches pour finir dans la rigole des caniveaux où s'abreuvent les chiens errants !
Hélas, cette chanson n'est rien d'autre désormais qu'une rumeur que ne se transmettent plus que les rats et quelques créatures de l'ombre qui, un jour, peut-être, seront les derniers à garder le souvenir d'un pays que je hais de toute ma force, que ma haine ne parviendra pas, j'en ai la certitude, à transfigurer et qui va me condamner pour essayer d'enrayer le cancer qui le ronge: la France.
Qu'on en finisse maintenant.
Maintenant.

Compléments
1262740918.jpgConte de la barbarie ordinaire, par Sarah Vajda.





1364010655.jpgL'enterrement d'Ilan Halimi, par Frédéric Gandus.





2597712002.jpgLe démon de la perversité : Youssouf Fofana et l'aveu.





1502245678.jpgIsraël dans la Zone.





1933797059.jpgLangages viciés.

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