N d'Arthur Machen, dans une traduction inédite, par André Léssine (07/06/2022)

Photographie (détail) de Juan Asensio.
1377331048.jpgArthur Machen dans la Zone.










Machen 2.JPGRéédition du Grand Dieu Pan agrémenté d'une longue (et passionnante) préface, aux éditions Lumpen.



Commander chez l'éditeur.







Machen-N1.jpgCette nouvelle, nous a écrit son traducteur, a été publiée en 1936, soit quarante ans après Le Grand Dieu Pan. Pour ceux qui se sont intéressés aux Trois Imposteurs, elle paraîtra sans doute un retour aux déambulations rêveuses et pittoresques de Messieurs Dyson et Phillips, à ceci près que les dilettantes avides de secrets occultes sont désormais des sexagénaires nostalgiques qui ne cherchent plus l’ivresse de l’étrange que dans leurs souvenirs. À nouveau dans cette nouvelle, c’est dans la banalité du quotidien que le fantastique fait irruption, et c’est à nouveau aussi le hasard qui mène l’enquête en guidant un protagoniste intranquille dans le labyrinthe des apparences. Si nos dilettantes terminent comme toujours abasourdis par ce qu’ils finissent par découvrir derrière le voile des habitudes et des certitudes empiriques, il n’en reste pas moins que Machen n’a pas souvent été dans son œuvre aussi ouvertement mystique. Par exemple, dans Le Grand Dieu Pan, l’horreur de la vision libérée par le Scientifique sur la conscience de sa femme n’est pas même entrevue, car on en devine la puissance par la désintégration de l’esprit qu’elle provoque, par le monstre qu’elle crée et le pouvoir étrange qu’elle donne à ce monstre d’ôter à qui il veut la possibilité de vivre.
Cette fois-ci, Machen nous laisse regarder longuement derrière le voile. On pourra d’ailleurs trouver sa mystique un peu classique, mais la vision poétique qu’il y déploie est particulièrement marquante. Qui plus est, c’est ici la beauté même qui est source d’horreur, de panique, c’est une beauté interdite, à laquelle une âme pure n’a peut-être pas droit et dont le souvenir est presque insoutenable. Et si, certes, cette nouvelle est une variation sur un thème, elle n’en touche pas moins un grand nombre de nerfs dans son enquête sur la nature de l’imaginaire. Son charme est indéniable : à vous de le découvrir.


La traduction se base sur le texte donné par les éditions Oxford World Classics, dans un volume qu’il vous sera facile de vous procurer, par exemple sur Amazon, intitulé The Great God Pan and Other Stories. La nouvelle a été précédemment traduite dans le n°31 du Visage vert paru en 2019.


Voici le texte au format PDF.

20198214146_5bd8d13d8d_o.jpg

Lien permanent | Tags : littérature, fantastique, arthur machen, n, andré léssine | |  Imprimer