La Connaissance de la douleur de Carlo Emilio Gadda (20/03/2020)
Photographie (détail) de Christophe Macquet.

Il est parfaitement impossible de résumer en quelques lignes ce roman. Disons sobrement, paresseusement, que Carlo Emilio Gadda évoque Gonzalo Pirobutirro d'Eltino vivant au Maradagàl, état limitrophe, gargantuesque et grotesque, puant des fragrances de la spécialité fromagère locale, le croconsuelo, du Parapagàl. Quoi qu'il en soit, la très riche étoffe intertextuelle de ce livre me fait penser au remarquable Sous le volcan de Malcolm Lowry : un monde non seulement viable mais vivant, autonome, un royaume de mots tour à tour rêve et cauchemar, la marque des plus grands romans. Lire de tels livres, c'est ne pas seulement se contenter de les lire, mais en lire d'autres, lire tous les livres à vrai dire, tant la nappe phréatique à laquelle ils puisent leur eau trouble, charriant des choses sans nom, semble elle-même s'alimenter à quelque océan primordial et inviolé, caché sous des kilomètres de roche et dont nous ne savons rien, dont nous ignorons les caractéristiques et ne possédons même pas de preuve directe si ce n'est, de temps à autre et comme au moyen d'un carottage sommaire et partial, quelques échantillons troubles remontés à la surface nous indiquant l'évidence exaltante de secrets à jamais hors de notre portée.
La suite de cet article figure dans Le temps des livres est passé.
Ce livre peut être commandé directement chez l'éditeur, ici.
Lien permanent | Tags : littérature, critique littéraire, carlo emilio gadda, la connaissance de la douleur, éditions du seuil, le temps des livres est passé | |
Imprimer