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12/03/2009

Berserker, 3 : Ismail Ax

Crédits photographiques : Dr. Igor Siwanowicz (Max Planck Institute for Neurobiology, Munich).



«Sur le fond du problème, je demeure convaincu que nous ne parviendrons jamais à atteindre un ensemble coordonné d'explications parfaitement satisfaisantes»
Robert Mandrou, Possession et sorcellerie au XVIIe siècle (Hachette, coll. Pluriel, 1997), p. 9.


Berserker (fantaisie nocturne).
Berserker, 2.

Quitter, le temps d'un battement de cil, son écran de télévision ou d'ordinateur, ne plus écouter durant quelques secondes à peine la radio et même, comble du fanatisme butlérien, débrancher son portable, voici quelques recommandations de simple bon sens, fort utiles pour celui qui prétend devenir chasseur de signes.
Bien sûr, lorsque j'écrivis cette petite note et la publiai le 18 avril 2007, ces remarques s'adressaient aux Américains, ni moins bêtes ni plus bêtes que nous, simples rouages, comme nous, de la Machine.
Elles sont finalement parfaitement valables pour mes concitoyens qui désormais s'interrogent ardemment, tentent à tout prix de comprendre l'incompréhensible, veulent par tous les moyens, y compris les moins sérieux grâce aux augures psychologues parfaitement fumeux (qui conjecturent sur quelque douloureux passage à l'acte si typique de cet âge traumatique qu'est l'adolescence, d'où une imparfaite et forcément dangereuse cristallisation, voire un meurtre réel de la figure du père plus ou moins fantasmée, etc.) et aux comptes rendus prétendument neutres (et en tous les cas lamentablement écrits) de journalistes, veulent donc rendre compte, épuiser toutes les pistes pour expliquer une tuerie, une de plus, elle aussi, comme toutes celles du même type (un type, souvent jeune, entre dans un lieu, de préférence son lycée ou campus, et abat toutes celles et ceux qui se trouvent devant lui), étonnamment méthodique, comme réalisée par une machine.
Cette note vaut à présent, hélas, comme elle vaudra je n'en doute pas en bien d'autres circonstances et pour d'autres peuples tout aussi désemparés et stupides, pour des Allemands qui se confondent à leur tour en hypothèses tentant d'expliquer l'acte sans nom, atroce, inhumain qui a eu lieu à Winnenden.
Comprendre la langue française et aimer les (pseudo-)énigmes pourront être considérés comme de très précieux alliés dans notre tentative de déchiffrement de ces deux mots mystérieux, Ismail Ax, qui ont affolé une bonne centaine de millions d'esprits devenus, durant seulement quelques heures, furieusement sémiologues...


«[Le signe] est à la fois le fondement du savoir et l'indice que le savoir n'atteint pas l'être profond des choses; placé entre les choses et le savoir, le signe permet au savoir de s'avancer vers les choses, mais en même temps il marque que les choses ne communiquent que des images ou des reflets d'elles-mêmes. Ce statut du signe peut s'expliciter de bien des façons : les uns indiquent que le péché a rompu la communication de l'homme et des choses, que l'obscurcissement du péché étend son ombre sur la connaissance et qu'ainsi la science des signes, image ternie du lumineux savoir total des temps révolus de l'innocence, est si inextricablement mêlée de clarté et de ténèbres que le Grand Trompeur, profitant de toutes nos faiblesses, y multiplie les signes illusoires.»
Jean Céard, La nature et les prodiges (Genève, Droz, coll. Titre courant, n°2, 1996), p. 487.

«Le cheval noir» signifie la famine. Car le Seigneur dit : «Il y aura aussi des famines en divers endroits». Cette parole s'applique spécialement au temps de l'Antéchrist, époque où il y aura une grande famine qui fera du tort aux hommes mêmes.»
Victorin de Pœtovio, Sur l'Apocalypse et autres écrits (Cerf, coll. Sources Chrétiennes, n° 423, 1997), VI, 2, p. 81.

«Le cheval noir est la sombre doctrine des hérétiques, que le susdit dragon monstrueux a excités contre l’Église: n’ayant pu la submerger dans l’effusion du sang des martyrs, il veut la ruiner par la grande perversion des systèmes hérétiques.»
Anselme de Havelberg, Dialogues (Cerf, coll. Sources chrétiennes n°118, 1966), 9, p. 77.

«Toutes les images des démons […] sont caractérisées par cette singularisation du détail dans le sens de l'autonomie. […] Les parties sont pour ainsi dire unies dans leur négation du tout et seule cette négation commune leur donne le centre négatif de vie démoniaque.»
Erwin Reisner, Le Démon et son image (Desclée de Brouwer, 1961), p. 210.

«L'inconnu du pourquoi. Demander, demander sans relâche, pourquoi les puissances des ténèbres derrière les arbres, dans les forêts, font allusion à des existences inouïes. La puissance des ténèbres est illuminante, mais sa lumière est sans reflet. La tentation de demander sans relâche, puisque l'inconnu est la seule chose vraiment désirable depuis que le Serpent est arrivé par la tentation à faire naître le soupçon qu'il y a réellement quelque chose de caché.»
Enrico Castelli, Le démoniaque dans l'art, sa signification philosophique (Librairie philosophique J. Vrin, 1958), p. 32.

«Affaire de langage, donc. Mais un langage fermé. On y accède par l'inconscience, comme au songe. La langue du diable est une autre langue, où l'on ne s'introduit pas grâce à l'apprentissage. De ces mots, on doit être «possédé», sans les entendre.»
Michel de Certeau, La possession de Loudun (Gallimard / Julliard, coll. Archives, 1990), p. 64.

«Le péché est et demeure un mystère, mais il le demeure avec ou sans le diable.»
Herbert Haag, Liquidation du Diable (DDB, coll. Méditations théologiques, 1971), p. 72.