Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

« Roberto Bolaño à Bruges | Page d'accueil | Au-delà de l'effondrement, 3 : L'époque de la sécularisation d'Augusto Del Noce »

20/04/2009

Le crétinisme, stade suprême du socialisme français ?, par Germain Souchet



«La dictature, c’est ferme ta gueule.
La démocratie, c’est cause toujours…»
Coluche.

On pourrait ajouter : «La démocratie participative, c’est la même chose, en pire».


Remise en une d'un article de Germain Souchet publié en avril 2007, où l'on constate que rien, strictement rien n'a changé au sein des rangs de la gauche la plus stupide de l'univers, si tant est que celui-ci se préoccupe de politique (ce mot, bien sûr, n'est pas applicable aux socialistes)...

J'ajoute, bien évidemment, que la France est en droit de demander pardon au monde entier pour les propos consternants et stupides tenus par ses dirigeants socialistes, dont la plus ridicule est sans aucun doute possible l'inénarrable Ségolène Royal.


medium_Pascal_George.jpgEn guise de chapeau de clown ou de bonnet d'âne non pas à l'excellent texte de Germain Souchet mais à l'inénarrable évocation de Ségolène Royal, je me permets de recopier le court message, dûment crypté, que l'un de mes amis m'a fait parvenir, au péril de sa vie : il évoque, dans un style fleuri, le discours de Ségolène Royal qu'un pathétique éditorial du Monde a qualifié de «très appliqué»...
Je vous demande de bien prendre en compte le fait que, pour vous livrer ces informations de toute première main, l'ami en question, grand amateur des plus expertes techniques d'infiltration en Zone ennemie (il s'est donc, pour y pénétrer, grimé en touriste néerlandais, un exemplaire du torcheculatif Technikart sous le bras...), a été exposé à des doses massives de polonium débilitant et que, depuis, sa santé s'est brusquement détériorée, sans que les plus hautes autorités de la science médicale, consultées à ce mystérieux sujet, puissent avancer un début d'hypothèse quant aux causes de son étrange maladie, apparemment incurable.

«Je ne peux m'empêcher après l'article que je viens de lire de t'envoyer ce petit compte rendu des deux heures de calvaire que nous avons passées là-bas ! J'avais Les deux étendards de Rebatet [un roman affreusement infréquentable, ndlr] sous le bras, pour me tenir compagnie et m'aider à surmonter l'épreuve...
Premièrement, la musique. Sans même le savoir, leur propre mise en chauffe annonce la plus pure Vérité : Let's get a Party in here, let's get stupid.... Les 15 000 veaux bêlant comme des moutons de Panurge tapaient de plus belle à ces paroles qu'ils étaient bien malheureusement incapables d'ENTENDRE !
Mais il y a mieux. Durant ces deux heures de ce qui se voulait un discours, notre Chevalière Adorée n'a fait qu'une seule et unique citation : Kerry James, ancien membre du groupe de rap Idéal J, devenu rappeur porteur du message islamiste modéré et social !
Le pilier de la République royaliste, c'est l'Éducation, à tel point que, lorsque qu'elle n'a fait que deux références (et ce seront les deux seules, après la seule et unique citation) à Braudel et Malraux, le texte qui défile sur l'écran et qui permet de lire le discours indique : BRODEL et MALREAUX !
Ségolène Royal et l'éducation, sans même que les 15 000 idiots qui tapaient dans leurs mains (signe de contentement chez nos amis primates) ne semblent en être atterrés ou même en avoir une vague notion, c'est Socialisme fasciste de Drieu, le talent en moins et bien sûr la démagogie en plus...
Le clou : cette superbe sentence «À bas l'État tout-puissant jacobin et colbertiste !», avant d'enchaîner sur un dithyrambique éloge de notre devise nationale : «Liberté, Égalité, Fraternité» (devise purement jacobine il me semble non ? Je dois être trop cultivé pour saisir la subtilité et la bravitude de la pensée royaliste...).
État jacobin qui doit être aboli on l'aura compris, mais qui doit dans le même temps, selon notre belle amazone, subvenir à tous nos besoins : prêt à 0%, augmentation du SMIC et des minima sociaux, indemnités chômages, réquisitions des logements, etc.
Bref, un ramassis de conneries, de bout en bout... Une prose abominable de vieille prof d'EPS mi-féministe sur le tard, mi-bourgeoise [le reste a été censuré par notre vigilant Politburo, notre valeureux éclaireur terminant par cette sentence hautement réactionnaire qui aura valeur de chute:] Ségolène Royal, c'est Maurras ! Notre désespoir c'est qu'il n'y a aucun De Gaulle à l'horizon...»

Suit l'article de Germain Souchet.

Au début du XXe siècle, les affrontements politiques pour le poste de président du Conseil, véritable chef de l’exécutif sous la IIIeme République, opposaient Clemenceau, Poincaré ou encore Waldeck-Rousseau, «père» de la loi de 1901 sur les associations. Malgré les faiblesses incontestables du régime institutionnel, de grandes lois furent votées, et il suffit de se plonger dans la lecture de quelques discours mémorables pour constater que la France pouvait alors, au moins, compter sur une poignée de grands hommes d’État.
Au début du XXIe siècle, nous devons choisir entre des hommes et des femmes politiques nommés Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy ou François Bayrou… Selon le dicton populaire, chaque époque a les dirigeants qu’elle mérite. Ce qui veut dire que notre époque doit être particulièrement médiocre et sans envergure pour mériter un tel débat, si tant est qu’on puisse qualifier de «débat» les basses polémiques et autres échanges d’amabilités auxquels nous assistons depuis quelques semaines.
Mais soyons juste : certains rapprochements peuvent être effectués entre les dirigeants de notre siècle et ceux du précédent. François Bayrou, photographie de Frédérick FlorinTenez, François Bayrou, par exemple, devrait être aussi connu dans soixante-quinze ans que ne l’est aujourd’hui André Tardieu. Vous ne savez pas de qui il s’agit ? C’est normal, rassurez-vous : c’était un républicain du centre droit, plusieurs fois ministre et président du Conseil dans les années 1920 et 1930, et auteur d’un ouvrage sur la réforme de l’État. Nicolas Sarkozy doit être à peu près de la même taille que Poincaré (sans son haut de forme), toute comparaison de grandeur s’arrêtant là. Quant à «Ségo», elle a quelque chose de Clemenceau. Comment, vous ne voyez pas ? Faites un petit effort. «Politique intérieure, je ne propose rien; politique étrangère, je ne propose rien. Je ne propose jamais rien», tel pourrait être le résumé de son programme. Bon, il est vrai que cela n’a pas le tonnant du «je fais la guerre» du vieux Tigre vendéen. Mais avouez qu’une comparaison reste possible. Non ? Vous n’êtes pas convaincus ? Comment pourrait-on l’être, au fond ? Il existe un tel gouffre entre ces deux personnes, qu’on a peine à croire qu’elles aient toutes deux exercé des fonctions ministérielles au sein du gouvernement de la République française, nom qui jouissait autrefois d’un certain prestige.
Nicolas Sarkozy, photographie : FNAIM. © AFP-Olivier Laban-MatteiEn 2002, la campagne présidentielle avait été totalement escamotée. Les médias avaient tenté de nous lobotomiser pendant cinq ans en nous prédisant un deuxième tour entre Jacques Chirac et Lionel Jospin, et ces deux derniers en avaient déduit qu’ils pouvaient faire l’impasse sur le premier tour. Malheureusement pour eux – et pour nous, in fine – Jean-Marie Le Pen avait créé la surprise. En conséquence, il n’y avait pas eu non plus de campagne pour le second tour, le président de la République prenant la décision courageuse et risquée de ne pas débattre avec son adversaire.
En 2007, les journaux, les radios et les télévisions tentent de nouveau de nous faire croire que le second tour opposera Ségolène Royal à Nicolas Sarkozy. Et toutes les informations d’être polarisées autour des candidats des deux grands partis qui, pour le moment, n’ont pas encore débattu une seule fois. Sans aucun doute, madame Royal aurait tout à y perdre. Car rarement la gauche aura présenté une candidate aussi mauvaise qu’elle.

Ce que tout le monde pense tout bas…

… mais que personne n’ose dire tout haut : Ségolène Royal est notoirement incapable d’exercer la fonction de président de la République française.
Qu’a-t-elle fait jusqu’à présent ? Député ? Elle fut parachutée dans les Deux-Sèvres par François Mitterrand. De plus, il est difficile de juger du mérite de tel ou tel député, noyé dans la masse des 577 représentants directs du peuple. Surtout quand, comme elle, on ne prend presque jamais la parole dans l’hémicycle ou qu’on n’est à l’origine de pratiquement aucune proposition de loi… Ministre déléguée à l’enseignement scolaire ? Claudre Allègre n’a pas tari d’éloges sur son brillant passage dans cette fonction déléguée. Ministre déléguée à la famille, à l’enfance et aux personnes handicapées ? Qu’a-t-on vraiment retenu de son exercice de cette autre fonction déléguée ? Ministre de l’environnement du gouvernement Bérégovoy ? Petit ministère sans budget, sans administration et sans intérêt politique. Du moins pour le moment, car avec le Pacte «écologique» – qui est économiquement et socialement absurde, en ce qu’il prône un arrêt total du développement de nos sociétés, alors que c’est par celui-ci que des solutions seront trouvées aux vrais problèmes environnementaux – de «super Nicolas Hulot», le sauveur tant attendu de la Terre, tout va changer!
Ne nous égarons pas avec les élucubrations d’un présentateur de TF1, chaîne sans aucun doute très bien placée pour donner des leçons de respect de l’environnement à toute la France. Avant d’être élue présidente du conseil régional de Poitou-Charentes (quel aboutissement !), Ségolène Royal n’a donc rien réalisé de très marquant. Pire, elle a même déjà largement fait preuve de son incompétence. Tout le monde a semblé s’étonner de ses inventions lexicales quand elle a parlé de la «bravitude» en Chine. Je ne vais pas épiloguer sur ce terme, chacun y étant allé de sa petite référence à ce «mot merveilleux qui exprime la plénitude du sentiment de bravoure», selon l’inénarrable Jack Lang, qui a poussé le ridicule jusqu’à déclarer qu’il était «jaloux» car il aurait bien aimé «inventer» ce mot. Eh oui, pour une fois qu’il n’était pas à l’origine d’une grosse imbécillité, il y avait de quoi être déçu…
Mais «Ségo» n’en était pas à son coup d’essai : à deux reprises au moins, avant son investiture, elle avait déclaré vouloir lutter contre la société du «précariat» (sic). Et le pire, c’est qu’elle avait introduit ce néologisme dans un de ses discours ! Prétendre être proche du peuple et ne même pas savoir qu’on dit la précarité. Alors qu’il suffit de s’approcher un jour d’une manifestation pour entendre l’éternel slogan : «Non, non, non ! à la pré-ca-ri-té !».
Et depuis la «bravitude», elle a récidivé, déclarant par exemple plusieurs fois chez Jean-Pierre Elkabbach, il y a deux semaines, qu’il ne fallait pas «en rabattre sur les services publics», ce qui ne veut strictement rien dire. À la fin de la campagne, nous pourrons sans doute écrire un Ségolène Code, livre qui inciterait le lecteur à décrypter les plus beaux aphorismes de la «Dame en Blanc» afin de percer le mystère de son intronisation triomphale à la candidature du Parti socialiste aux dépens de candidats ayant un peu plus d’envergure qu’elle, à défaut d’être vraiment dignes d’exercer la fonction présidentielle.
D’ailleurs, il suffit de l’écouter quelques instants pour dégoter une nouvelle perle. Voici par exemple ce que j’ai récolté en visionnant quelques extraits de son discours de clôture du débat «participatif» de Grenoble – en réalité, une série de questions restant sans réponse, auxquelles succède un monologue de la candidate préparé à l’avance. Cette première «phrase» (sans véritable construction ni ponctuation appropriée), tout d’abord : «Je veux une France ouverte à tous ces jeunes : ouvrons leur la porte car aujourd’hui la porte et les fenêtres leur sont fermées. Je veux une France qui ouvre ses bras à tous ses enfants, d’où qu’ils viennent, de quelque quartier ils habitent [sic], quel que soit leur projet et cette France là y’a [re-sic] un immense chemin à parcourir pour que chacun s’y sente bien».
Puis cette seconde phrase, avec un vocabulaire d’une diversité époustouflante : «Je vais vous faire une confidence : de qui dépend que les choses ne changent pas [re-re-sic] ? De nous. Mais de qui dépend que les choses changent ? De nous aussi. Alors avec vous et pour vous les choses doivent changer, les choses vont changer en 2007 [quatre fois «choses» et quatre fois le verbe «changer» en trois lignes de discours…]».
En fait, on pourrait remonter beaucoup plus loin pour constater que madame Royal a toujours eu des difficultés avec la langue française. Quelque temps avant les élections législatives de 1993, elle avait été l’invitée d’Anne Sinclair dans l’émission 7 sur 7; interrogée sur le bilan – calamiteux, déjà – du parti socialiste au pouvoir, elle avait répondu par cette phrase sublime : «Je suis fière de ce que nous avons fait et je suis fière de ce qui reste à faire». Quelle poésie ! Comment, cela ne veut rien dire ? Mais vous n’y êtes pas ! Jack Lang, notre éternel ministre de la cuculture nous l’a asséné avec force : l’inventivité lexicale fait aussi partie du rôle des hommes politiques. Ne soyez donc pas si sérieux et obsédés par le bon usage de la langue française et abandonnez-vous aux délices de la novlangue ségolienne !
Il est un trait commun à tous les totalitarismes : ils s’en sont toujours pris à la langue car c’est elle qui véhicule le sens et permet aux Hommes de penser. Il semblerait bien que le «totalitarisme démocratique» mou n’échappe pas à cette triste règle.

Des faiblesses inquiétantes

Au-delà du néant absolu qui engloutit chacune de ses apparitions publiques, Ségolène Royal a révélé qu’elle ne connaissait pas certains dossiers fondamentaux et qu’elle ignorait même les mécanismes de base du fonctionnement de l’État, ce qui est d’une particulière gravité quand on a été élève de l’ENA et qu’on aspire à la magistrature suprême.
Commençons par une de ses principales déclarations de politique étrangère : en se prononçant contre le nucléaire civil en Iran, elle a remis en cause les fondements même du Traité de Non Prolifération (TNP), qui, depuis plus de trente ans, a tant bien que mal réussi à endiguer la diffusion des armes atomiques. Or, ce traité repose sur un «contrat» entre les pays détenteurs de l’arme nucléaire et les autres : ces derniers renoncent à la course aux armements, en échange de quoi ils peuvent accéder à la technologie nucléaire civile. On peut arguer du fait que l’Iran est aujourd’hui un pays trop dangereux pour qu’on lui laisse la possibilité la plus infime d’utiliser sa technologie civile au profit d’un programme militaire. C’est sans doute vrai. Mais si on refuse de laisser la République islamique jouir des droits qui découlent du traité, on prend le risque de la voir dénoncer le TNP et refuser définitivement toutes les inspections de l’AIEA (d’autres pays, considérant que le TNP est un leurre, pourraient ensuite faire de même). La seule solution serait alors la guerre ce que, évidemment, madame Royal se refuse à envisager. Sa doctrine sur l’Iran relève donc de la plus grande incohérence.
Sur la guerre, justement. Interrogée récemment sur le nombre de sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) dont dispose la France, elle a répondu du bout des lèvres : «euh, un». Devant le «non» qui lui était opposé, elle a alors avancé, toujours aussi hésitante : «deux ?». Comme si c’était un petit jeu : combien ai-je de chances ? Le journaliste lui a alors déclaré : «Non, on en a sept». Et Ségolène Royal, un peu gênée, de répondre : «ah oui, sept». Oui… sauf que non ! Il se trouve que nous avons très exactement quatre SNLE, ce qui est déjà beaucoup, et qu’un cinquième est en construction pour remplacer le plus ancien navire de notre flotte d’ici 2010.
Tout cela n’est pas bien grave, me direz-vous. C’était une question piège, s’élèveront d’autres. Pas grave ? Auriez-vous oublié que madame Royal est candidate à la présidence de la République ? Vous aurait-il échappé que si elle était élue, elle disposerait du monopole du déclenchement du feu nucléaire français ? Ne croyez-vous pas que cela justifie qu’elle s’intéresse un tout petit peu à la question ?
Tombant par hasard sur l’insupportable émission de Marc-Olivier Fogiel, et alors que tous les invités s’empressaient de venir au secours de cette malheureuse «Ségo» à qui on pose toutes ces questions uniquement parce qu’elle est une femme – je ne vois pas le rapport ! – voilà que Jean-François Dérec, sous son éternel chapeau rouge de pseudo-comique raté eut une lueur de bon sens : «si on lance une attaque et qu’on en a un au lieu de quatre, c’est tout de même pas pareil !». Non, en effet, ce n’est pas pareil. Mais personne sur le plateau ne comprit le sens de son intervention. Pauvre Dérec, à qui une pensée intelligente était venue : il était entouré d’idéologues qui s’obstinaient à ne voir dans l’incompétence de madame Royal que le révélateur du machisme des journalistes…
Pour conclure sur l’affaire des sous-marins nucléaires, un des deux vecteurs (avec l’aviation) de notre force de dissuasion, une autre partie de la réponse de Ségolène Royal a échappé aux journalistes et aux autres candidats, ce qui montre qu’ils ne valent guère mieux qu’elle par moments. Interrogée par Jean-Pierre Elkabbach deux jours plus tôt sur Europe 1, pour savoir ce qu’elle comptait faire de nos sous-marins nucléaires, elle répondit qu’elle «interrogerai[t] le moment venu son ministre de la défense sur le sujet». Pardon ? Il m’avait semblé comprendre que le président de la République était le chef des armées, en vertu de la constitution. Je croyais aussi qu’il nommait le gouvernement et que, ce faisant, il donnait à ses ministres des instructions générales sur la politique qu’ils devaient mener. Sur un sujet aussi important, madame Royal ne trouve rien d’autre à dire que «j’interrogerai mon ministre de la défense» ? Diable, je ne savais pas qu’elle voulait instaurer le débat participatif au sein de son gouvernement ! Et si lui échoit la tâche, ô combien lourde et difficile, de donner l’ordre d’utiliser nos armes nucléaires, que fera-t-elle ? Organisera-t-elle un joli débat participatif national avec un joli discours d’ouverture sur le thème «je veux un monde où tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil» ? Restons sérieux une minute ! De telles faiblesses doublées d’une telle incapacité à assumer ses responsabilités de simple candidate devraient définitivement barrer la route de l’Élysée à madame Royal, là où ses responsabilités auraient des conséquences autrement plus importantes sur nos vies, notre sécurité et notre avenir.
Dernier point, enfin : certains mettent au crédit de Ségolène Royal d’avoir introduit la distribution gratuite de la pilule du lendemain – que l’on aurait été plus inspiré de nommer pilule sans lendemain – dans les collèges et les lycées. Outre que je ne considère pas que cet avortement qui ne dit pas son nom soit un nouveau progrès pour nos sociétés dites modernes, il convient de rappeler les circonstances de l’affaire. Pour cela, quelques notions élémentaires de droit doivent être rapidement exposées. En vertu de la constitution, on doit recourir à une loi pour intervenir dans les domaines listés par l’article 34 et pour tous les domaines dans lesquels une loi a déjà été adoptée. En application de ces lois, et dans les autres domaines, on réglemente par la voie de décrets, signés par le Premier ministre. Les décrets peuvent éventuellement prévoir que des dispositions plus précises seront adoptées par un arrêté ministériel. Enfin, des circulaires peuvent être signées par un ministre pour expliquer comment doivent être mis en œuvre une loi, un décret ou un arrêté. Or, le domaine de la contraception, comme celui de la «contragestion» (avortement par voix médicamenteuse) est régi par la loi. Madame Royal, toute ministre qu’elle était, devait donc passer par une loi, votée par le Parlement, pour faire aboutir son projet. Mais que fit l’ancienne conseillère de tribunal administratif, dont le rôle, pour ceux qui l’ignorent, est notamment de faire respecter la légalité des règlements ? Elle crut bon d’intervenir dans le domaine de la loi par… une circulaire ! Oui, une circulaire qui, normalement, ne peut être qu’interprétative, c’est-à-dire qu’elle ne peut être créatrice de droit… Attaquée devant le Conseil d’État, la circulaire fut promptement annulée et le gouvernement Jospin du rapidement rattraper cette «bourde» en faisant voter une disposition législative adéquate.
Alors, arrivé à ce point de mon étude, je me pose une question : quand on cumule autant de faiblesses, peut-on décemment ne serait-ce que se présenter à une élection présidentielle ? La réponse me semble aller de soi. Espérons qu’il en sera de même pour les électeurs.

Une idéologie archaïque et dangereuse

Quand elle finit par parler du fond, madame Royal n’est pas bien plus rassurante que sur la forme. Dans le domaine de l’économie, elle n’a rien trouvé de mieux à faire que de déclarer : «il faut effrayer les capitalistes». Dans tout pays vraiment démocratique, une telle déclaration aurait définitivement «tué» sa campagne. Tout comme l’intention affichée de son compagnon d’augmenter les impôts pour tous les «riches», c’est-à-dire, à l’en croire, pour tous ceux qui gagnent plus de quatre mille euros par mois (1). Mais en France, peu de réactions.
Ce n’est qu’en apprenant que le couple Ségolène Royal – François Hollande payait l’ISF, et que son capital s’élevait à plusieurs centaines de milliers d’euros, au bas mot, que les journalistes se souvinrent soudain que le premier secrétaire du parti socialiste avait répondu à Michèle Alliot-Marie, il y a quelques mois, qu’il «n’aim[ait] pas les riches». François Hollande ne doit donc pas s’aimer, ni aimer sa compagne. Mais surtout, cette petite phrase permet de mieux expliquer la haine pathologique des socialistes : ces gens ne s’aiment pas. Ils ont mauvaise conscience d’être ce qu’ils sont – c’est-à-dire des bourgeois, des «riches», selon leur terminologie – mais ils n’arrivent pas pour autant à renoncer à l’opulence et au pouvoir, pour consacrer leur vie à aider un peuple qu’ils méprisent profondément. Ils prétendent être au service des déshérités, mais leur mot d’ordre pourrait bien être : «nomenklaturas de tous les pays, unissez-vous !». Devant l’incohérence de leurs imprécations soi-disant humanistes et la réalité de leurs vies, ils sont désemparés, rongés, torturés. Alors ils croient trouver une solution à leurs problèmes existentiels en crachant leur venin sur ceux qui leur ressemblent – la détestation de soi en moins – et en promettant le pire à tous ceux qui osent réussir dans une société où tout est pourtant fait pour les en empêcher.
Oui, décidément, la gauche française est bien la plus archaïque du monde occidental : au lieu d’évoluer vers une sociale démocratie moderne, comme les travaillistes britanniques ou le SPD allemand, elle s’enfonce dans le crétinisme d’une idéologie passéiste qui a tant de fois fait montre de son inanité. Ce n’est pas seulement un drame pour le parti socialiste – quelle importance cela aurait-il, au fond ? – mais une tragédie pour la France, privée d’une authentique confrontation entre sociale démocratie et libéralisme conservateur, véritable moteur des démocraties européennes et américaine.
Revenons-en un instant au domaine économique. Une des propositions «phare» – dans ce cas, j’ai l’impression que le «phare» en question indique une très mauvaise direction et que le navire France va foncer s’échouer sur les récifs de la concurrence internationale – de madame Royal est d’instaurer un droit opposable au premier emploi dans les six mois pour tout jeune diplômé. Et si aucun emploi n’est trouvé, de payer un stage ou une formation rémunérés auxdits jeunes, voire de leur offrir un «emploi-tremplin» (pour mieux sauter dans le vide, sans doute !). On croit rêver. Pourquoi ne pas créer trois millions d’emplois de fonctionnaires ou, mieux, interdire tout simplement le chômage, comme le faisaient les pays communistes ? Au moins, le problème serait réglé ! Quand on pense que certains ont osé dire que Ségolène Royal était une pragmatique, proche de Tony Blair, on ne peut qu’émettre des doutes sérieux sur la compétence de nos journalistes politiques.
Changeons de registre et passons à l’énergie. Face aux défis de l’avenir – dont vous aurez tous compris que nous en avons… «un désir» –, que propose la candidate du parti socialiste ? Rien moins que de réduire de 50% la part du nucléaire dans la production d’électricité en France. De quoi satisfaire Dominique Voynet et les idéologues verdâtres. Mais par quoi va-t-on remplacer nos centrales nucléaires qui ne relâchent pas de gaz à effet de serre et qui permettent de produire de l’électricité à bon marché ? Par des éoliennes ou des panneaux solaires ? Il faudrait en couvrir tout le pays ! Par des centrales thermiques ? Oui, très bonne idée, comme ça nous polluerons beaucoup plus. Sans parler de nos factures qui, sans – ou plutôt avec – un jeu de mots facile, flamberont. Au moment même où les États-Unis font le choix de développer leur filière nucléaire, ces incorrigibles socialistes français voudraient encore une fois aller contre le sens de l’Histoire. Pour des marxistes qui croient encore au matérialisme historique, cela en devient presque comique !
Arrêtons là le massacre et passons à un dernier sujet : la politique et les institutions. À la fin de l’année 2006, sa proposition de créer des «jurys citoyens», chargés d’évaluer les politiques publiques, a fait couler beaucoup d’encre. Mais si d’aucuns (comme Henri Amouroux, dans Le Figaro) ont – à juste titre – fait le rapprochement avec des méthodes maoïstes, personne n’a vraiment pris la peine de montrer en quoi cette idée remettait totalement en cause le principe de la démocratie représentative sur laquelle reposent toutes les institutions des pays libres. Les élus et le gouvernement tiennent en effet leur légitimité du peuple et, plus précisément, agissent en vertu d’une confiance donnée par la majorité des électeurs pour une période donnée. Que viendraient faire de tels «jurys citoyens», tirés au sort, dans notre système ? Quelle légitimité auraient-ils ? Au nom de qui, si ce n’est d’eux-mêmes, prétendraient-ils infléchir une politique souhaitée par une majorité de citoyens ? On voit bien ici la vraie nature de la «démocratie participative» benoîtement avancée par la présidente du conseil régional de Poitou-Charentes : il s’agit de remettre en cause les fondements de la démocratie libérale en créant des structures concurrentes où résiderait le vrai pouvoir, comme ce fut le cas avec le Parti ou les comités – dits – de salut public de régimes peu fréquentables.
D’ailleurs, les accointances de madame Royal avec de tels régimes commencent vivement à inquiéter. Après avoir accepté de dialoguer avec des élus du Hezbollah, une organisation terroriste et fondamentaliste, dont le but est d’instaurer un totalitarisme vert au Liban et de rayer Israël de la carte – ne pas oublier qu’elle est financée et armée par Téhéran –, elle a vanté la «rapidité» de la justice chinoise, déclarant qu’il fallait prendre exemple en France sur ce qui marchait à l’étranger. La justice chinoise, dites-vous ? Celle-là même qui condamne à mort des centaines de personnes chaque année après des procès sommaires, sans que Jack Lang, pourtant si prompt à se déplacer au Texas quand Bush en était le gouverneur, n’y trouve rien à redire ? Celle du plus grand régime communiste de la planète, responsable depuis son instauration en 1949 de plus de 65 millions de morts (et le compteur ne s’est malheureusement pas encore bloqué) ? Effectivement, c’est un modèle. Mais, puisque nous aimons tant affirmer la supériorité de la France dans tous les domaines, malgré son lent et inexorable déclin entamé depuis maintenant plusieurs décennies, nous pourrions revendiquer une certaine paternité sur ce type de justice. Après tout, les tribunaux de la Révolution française et le célèbre accusateur public Fouquier-Tinville n’avaient sans doute rien à envier aux bourreaux maoïstes… Est-ce donc cela que madame Royal veut restaurer ?
On est en droit de se poser la question face à des affirmations aussi peu réfléchies : est-ce seulement de l’amateurisme politique ? Ou bien pense-t-elle vraiment ce qu’elle dit ? Je ne sais pas, au fond, ce qui serait le plus inquiétant.

En guise de conclusion

Comme le communisme avait débouché sur le pire régime de l’argent jamais connu, la «démocratie participative» donnera naissance à une nouvelle forme de monarchie absolue. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder les attitudes de «reine» de Ségolène Royal, qui ne supporte pas d’être interrompue dans les interviews, trônant sur son fauteuil, les deux avant-bras bien posés sur le bureau et ne pouvant cacher derrière son sourire de façade son profond mépris pour tous ses interlocuteurs. La pauvre «Nolwenn», du MJS (mouvement des jeunesses socialistes), en fut pour ses frais dans une des rares séances de questions-réponses à laquelle madame Royal accepta de se soumettre.
Aussi, à tous ceux qui seraient encore – car il en reste ! – tentés de voter pour Ségolène Royal, je dis ceci : vous croyez choisir le peuple ? Vous choisirez en réalité la nomenklatura rude et impitoyable, qui donnera tout son sens à l’expression de «totalitarisme démocratique» que j’employais précédemment. Si vous désirez que la France garde un avenir prometteur, dites-vous bien qu’il ne pourra se faire que SANS ELLE.

Note :
(1) Il est vrai que Hollande tenta, lors des vœux du PS, de sauver les meubles en essayant d’expliquer qu’il visait les ménages gagnant plus de 4 000 euros par personne. Mais au lieu de clarifier sa position, il réussit à s’emmêler les pinceaux et à nous rappeler le Krasucki de la grande époque. Ah, marxisme, quand tu nous tiens !