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13/11/2009

Un écrivain, ça ferme sa gueule ou ça démissionne

Crédits photographiques : Attila Balazs (MTI via Associated Press).

À Christophe Borhen, cette modeste gerbe de mots. (1)

Il n'y a bien que des journalistes américains pour se payer la douce et implacable ironie consistant à reléguer en 56e position des personnalités les plus puissantes du monde notre président de la République qu'une certaine presse inepte a longtemps accusé de vouloir contrôler tous les pouvoirs, Nicolas Sarkozy, commentant sa photographie de façon aussi fort peu cordiale que brutale : Campaigned on clean government, deficit reduction, free markets; now mired in scandal (cultural Minister recently admitted to paying for sex with Thai boys), socialist-style spending. Recently made pledges to check the power of international banks, impose on bonus payments. In 2008, made singer Carla Bruni his third wife; former model reportedly boasts several inches in height over the diminutive president.
Il n'y a bien que des écrivains français pour estimer que leurs déclarations, surtout lorsqu'elles sont stupides et rapportées par l'un des plus navrants organes de presse au monde (pas besoin de Forbes pour nous le dire), Les Inrockuptibles (du 18 août 2009), intéressent quiconque. Rappelons tout de même que Nicolas Sarkozy, quoi que l'on pense de l'homme et de la façon dont il remplit sa fonction, a été élu par une majorité de Français, que cela plaise ou pas à Marie NDiaye.
Rappelons encore à cette personne, écrivain dont je n'ai pas lu un seul roman (2), personne vivant en Allemagne mais recevant les subsides de l'État français (50 000€ grâce à la bourse Jean Gattégno), que le Prix Goncourt qu'elle a reçu ne lui donne aucun droit particulier à la parole (3) et qu'elle ferait mieux de se renseigner sur l'illustre anonymat dans lequel sont tombés presque tous ses prédécesseurs, dont Ernest Pérochon, lauréat primé en 1920 pour son célèbre Nêne édité par Plon ou même, plus récemment, Antonine Maillet pour Pélagie-la-Charrette paru chez Gallimard en 1979. Dans quelques années, nous citerons probablement Marie NDiyae sans que ces prénom et nom fameux le temps de quelques flashs n'évoquent le plus petit souvenir aux cervelles journalistiques et éditoriales les mieux faites, s'il en reste encore.
Il n'y a bien que des parlementaires français enfin pour estimer que le Prix Goncourt, dont je connaissais, ainsi très probablement qu'un bon millier de personnes, le lauréat 2009 près de deux mois avant la proclamation officielle des résultats, intéresse quiconque non seulement dans le monde, mais aussi en Allemagne où vit Marie NDiaye, voire en France, et encore, à condition de réduire notre si lettré pays à quelques rues du sixième arrondissement de sa capitale germanopratine et festive.

Notes
(1) Christophe Borhen a été le rédacteur d'un blog aujourd'hui disparu intitulé Lettres libres. Pendant plusieurs mois, il s'est fait passer auprès de ses lecteurs, avec un sens consommé du machiavélisme, pour un homme gravement atteint d'un cancer. Le pot aux roses finit par être découvert : Christophe Borhen, s'il souffre de quelque chose, ce n'est assurément pas d'un cancer, à moins que ce soit celui de sa langue sale. J'ai décidé de conserver ma dédicace, pour rappeler l'existence de ce menteur et cacographe à sa façon.
(2) Une lectrice s'est scandalisée du fait que je pouvais écrire de pareils propos tout en n'ayant rien lu de Marie NDiaye. En quoi le fait de lire ou ne pas lire ses romans m'autoriserait à commenter ou au contraire m'empêcherait de trouver ses propos rapportés par la presse (et quelle presse !) grotesques ? Écrire cette note sans avoir précisé que je n'avais rien lu sous la plume de cet auteur, voilà qui eût été une faute à mes yeux. Enfin, mon attentive lectrice est allée bien vite en besogne : ce sont moins les propos de Marie NDiaye qui m'intéressent que l'inconcevable naïveté, pour un député, de penser que le Prix Goncourt a une quelconque importance autre que purement financière.
(3) Une lectrice, encore une, m'a fait remarquer, comme si j'avais oublié ce détail, que les propos incriminés de Marie NDiaye ont été publiés bien avant qu'elle ne reçoive le Prix Goncourt. Incohérence ? Allons allons, je serais curieux de savoir à quel moment l'intéressée elle-même a su qu'elle avait de bonnes chances de gagner ce prix et, le sachant, avait décidé en toutes connaissance de cause d'offrir la plus grande médiatisation possible à ce qu'elle comptait dire. Pour ma part, comme je l'ai écrit, sans être spécialement au fait des petites et grandes magouilles éditoriales, j'ai su qu'elle allait recevoir le Goncourt vers le milieu du mois de septembre.