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05/03/2010
Dracula, 2 : La fille de Dracula de Lambert Hillyer, par Francis Moury
Résumé du scénario
La police londonienne découvre Van Helsing à côté des cadavres de Reinfield et de Dracula : l’un a la nuque brisée, l’autre un pieu planté dans le cœur. Il est arrêté et conduit à Scotland Yard où le commissaire lui réclame des explications qui ne le satisfont guère tant elles sont incroyables. Van Helsing annonce qu’il va confier sa défense à un brillant psychologue qui est son ami. Pendant ce temps, une étrange et belle jeune femme se présente à la morgue, hypnotise le policier de faction et enlève le cadavre de Dracula. Au cours d’une étrange cérémonie, elle le brûle et le purifie de la malédiction du vampire. Malédiction qui, hélas, pèse aussi sur ses épaules, comme le lui rappelle son serviteur. Car cette femme est bel et bien «la fille de Dracula»…
Fiche technique succincte
Avec : Gloria Holden, Irving Pichel, Edward Van Sloan, Otto Kruger, Marguerite Churchill, etc.
Production: Carl Laemmle Jr. et E.M. Asher (Universal Pictures)
Réalisation : Lambert Hillyer
Scénario : Garrett Fort d’après une histoire de John L. Balderston et O. Jeffries inspirée par Bram Stoker
Directeur de la photographie : George Robinson (A.S.C.)
Montage: Milton Carruth
Effets spéciaux : John P. Fulton
Critique
Cette suite directe du film de Tod Browning ne doit aujourd’hui pas être confondue avec A Filha de Dracula / La Hija de Dracula [La fille de Dracula] (France-Portugal, 1972) de Jess Franco avec Britt Nichols, Anne Libert et Howard Vernon puisque leurs titres d’exploitation français d’époque sont identiques et constituent aujourd’hui des faux-amis redoutables. D’autant que le vampire du film de Franco se nomme Karstein et nullement Dracula !
Dracula’s Daughter est un curieux mélange de film policier et de film fantastique comme l’était d’ailleurs l’année précédente Mark of the Vampire [La marque du vampire] (É.-U., 1935) de Tod Browning, le grand absent de ce coffret pour raison éponymique ! Notons d’ailleurs que c’était, comme on sait, un remake de London After Midnight [Londres la nuit] (É.-U., 1927) de Tod Browning, coutumier de tels mélanges à tel point qu’un film comme son Dracula peut presque être considéré par sa relative linéarité générique comme une exception dans sa filmographie ! Son scénario est très sympathique et le personnage joué d’une manière encore aujourd’hui impressionnante par l’actrice Gloria Holden annonce les grandes femmes vampires modernes, conscientes de leur érotisme fatal, telle celui d’une Gianna Maria Canale dans I Vampiri [Les vampires] (France-Italie, 1957) de Riccardo Freda même si, ici, c’est bien une malédiction ontologique et non biologique qu’il faut combattre. Combat inégal duquel le ridicule et pâle psychologue dont elle amoureuse ne comprendra d’abord strictement rien puisqu’ils ne sont pas vraiment sur la même longueur d’onde ! Le film est souvent beau et son charme poétique opère toujours, son rythme est assez lent mais sa mise en scène ménage de belles séquences. Excellente opposition de deux beautés bien différentes (la très belle Marguerite Churchill, qu’on dirait échappée d’une comédie de Frank Capra, est un intéressant contrepoint qui préfigure bien des rivalités fantastiques et il convient aussi de mentionner la belle victime qui accepte de poser comme modèle et suggère une vampirisation lesbienne), présence inquiétante et mystérieuse d’Irving Pichel, acteur qui sera aussi réalisateur (n’avait-il pas déjà co-signé avec E. B. Schoedsack, The Most Dangerous Game [Les chasses du comte Zaroff] (É.-U., 1932) même si son rôle fut bien inférieur à celui de Schoedsack ?) jusque dans les années 1950, belle photo très épurée de George Robinson : un classique original et, en partie, matriciel d’une lignée de femmes vampires comme héroïnes et non plus comme silhouette magique mais muette, à la différence par exemple de celle jouée par Carol Borland dans Mark of the Vampire [La marque du vampire] (É.-U., 1935) de Tod Browning.