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10/03/2010

Dracula, 4 : La maison de Dracula d’Erle C. Kenton, par Francis Moury


Résumé du scénario
Le docteur Edelman reçoit à sa clinique la visite de deux patients bien étranges : le loup-garou Larry Talbot et le comte Dracula. Tous deux réclament la guérison et ont entendu parler de ses expériences. Mais Talbot est sincère tandis que Dracula ne l’est pas : il n’y voit qu’un moyen de séduire (i. e. : vampiriser) l’assistante du docteur. L’autre infirmière bossue du docteur, Nina, croit elle aussi ardemment en sa grande science et en espère une transformation : tous seront cruellement déçus par le destin qui ne tarde pas à placer d’abord une erreur expérimentale gênante puis la créature de Frankenstein sur leur route ! Un inspecteur de police sanglé dans son uniforme impeccable mais désabusé et brutal tente en vain de canaliser la meute humaine qui habite le village situé près de la Maison de Dracula : menée par un voyou défiguré, elle attaque une fois encore…

Fiche technique succincte
Avec : Lon Chaney (Jr.), John Carradine, Glenn Strange, Lionel Atwill, Jane Adams, Martha O’Driscoll, Onslow Stevens, etc.
Production : Paul Malvern (Universal Pictures)
Réalisation : Erle C. Kenton
Scénario: Edward T. Lowe
Direction de la photographie : George Robinson (A.S.C.)
Montage : Russel Schoengarth
Musique : Edward Fairchild
Maquillage : Jack P. Pierce
Effets spéciaux : John P. Fulton (A.S.C.)
Décors : Russel A. Gausman et Arthur D. Leddy

Critique
GetAttachment.jpgHouse of Dracula [La maison de Dracula] (É.-U., 1945) d’Erle C. Kenton est le dernier chef-d’œuvre décadent postérieur à l’âge d’or de 1931-1939 et aussi le dernier grand film fantastique de Kenton parvenu jusqu’à nous à l’époque en salles puisqu’on ignore tout de The Cat Creeps [inédit] (É.-U., 1946). Mais on se demande tout compte fait, avec le recul et tant Kenton a de talent, s’il ne faudrait pas englober dans ledit âge d’or sa période décadente et lui donner décidément les bornes 1931-1945 ! On ne le peut pas historiquement, c’est entendu mais esthétiquement, en revanche, il nous semble qu’on le peut largement ! On remercie Universal de nous présenter aussi ces passionnantes fleurs issues 15 ans plus tard des nobles racines qu’elle avait si bien plantées !
Kenton reprend à peu près la structure (un savant fou comme moteur du rassemblement) de son précédent House of Frankenstein [La maison de Frankenstein] (É.-U., 1944) mais en inverse la dynamique narrative dans la mesure où toutes les pérégrinations et voyages divers en sont absents : les personnages mythiques viennent au médecin, ce n’est pas lui qui vient à eux. Et encore une fois le but est de les faire se rencontrer (= combattre) en un même lieu final les regroupant tous à la faveur d’un scénario démentiel et savoureux : le casting est non moins hallucinant et la brièveté du film, loin de le desservir, renforce naturellement son impact dramatique, sa nervosité fiévreuse, sa richesse gothique et surréaliste de tous les instants. À noter la fureur bestiale des foules dirigées par un voyou défiguré terrifiant et Lionel Atwill en chef de la police désabusé mais brutal à l’uniforme strict, règnant sur des bourgeois imbéciles et des brutes épaisses. À noter aussi la performance de l’actrice Janes Adams interprétant l’infirmière bossue, rangée au rang des autres monstres par la cruelle bande-annonce et celle d’Onslow Stevens en savant fou dont le physique évoque parfois celui d’ Antoine Balpêtré ! À noter enfin que certains plans de rêve proviennent de The Bride of Frankenstein [La fiancée de Frankenstein] (É.-U., 1935) de James Whale et que certains autres dans l’incendie final proviennent de The Ghost of Frankenstein [Le spectre de Frankenstein] (É.-U., 1942) d’Erle C. Kenton dans lequel c’est Chaney Jr. qui interprétait le monste et non pas Glenn Strange. Carradine et Chaney Jr. étonnants tous deux en personnages mythiques se considérant comme «malades» mais par nature «incurables» – sous réserve de l’indication fournie dans notre résumé, évidemment, concernant Carradine qui démentira cette présentation, en revanche habituelle concernant Talbot ! Et Glenn Strange aussi nerveux que dans le Kenton précédent, animant sournoisement ou humainement un être dont le maquillage est moins humain que celui de Karloff en 1931-1939. Disons-le franchement : House of Dracula peut bel et bien être considéré comme un aboutissement : il est davantage une réflexion ironique et cruelle, voire tragique, qu’un pastiche. Le film s’avance majestueusement vers la mort de (presque) tous et la destruction totale avec un certain romantisme à la fois glacé et brûlant, très original, une amertume et une noblesse sous-jacente, une violence graphique plus âpre aussi. Sa beauté transcende une fois encore son budget et le travail de l’équipe technique de Kenton est parfait une fois de plus. Le dernier véritable feu d’artifices produits par Universal.