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11/06/2010

Dans les ombres sylvestres de Jérôme Lafargue

Crédits photographiques : John Wagner (AP Photo, The Fairbanks Daily News-Miner).


dans-les-ombres-sylvestres.gifÀ propos de Jérôme Lafargue, Dans les ombres sylvestres (Quidam Éditeur, 2009, coll. Made in Europe).
LRSP (livre reçu en service de presse).

8.1 Bouton Commandez 100-30

Cet article a paru dans le numéro de Valeurs actuelles du 3 juin 2010.

Dans les ombres sylvestres de Jérôme Lafargue peut se lire comme une transposition aussi efficace qu’ambiguë de Santiago de Mike Resnick. Ce roman de science-fiction décrit la poursuite haute en couleurs d’un fauteur de troubles légendaire, dont la tête a été mise à prix par les plus hautes autorités désireuses de détruire le symbole de résistance qu’il incarne et endiguer la violence séditieuse que son seul nom peut faire gonfler. L’homme qui le traquera puis le tuera deviendra finalement Santiago, fera sienne la mission magnifique et dangereuse du rebelle et parcourra l’univers jusqu’à ce qu’un autre le tue puis reprenne le flambeau.
Jérôme Lafargue, dans son roman à cheval entre plusieurs genres, suit les traces d’Élébotham Gueudespin, aventurier au passé louche, peut-être meurtrier, puissant sorcier quoi qu’il en soit qui fera d’un village perdu à la peu flatteuse réputation, Cluquet, un lieu maléfique dont les pouvoirs publics se méfieront. C’est l’arrière-petit-fil d’Élébotham, Audric Gueudespin, un jeune homme hanté par la perte de la grandeur du passé et l’impossibilité d’en déchiffrer l’énigme, qui raconte les histoires de son illustre et fascinant ancêtre ainsi que celles de son grand-père, aviateur, et de son père, surfeur réputé, tout en enquêtant sur l’existence d’une mystérieuse conjuration qui, au travers des siècles, dresse haut l’exigence de justice face aux puissants. Il y a, dans les pages de ce beau roman magnifiant la puissance d’une nature s’accordant à la folie des hommes, les ombres de Jacques Chessex et du Cendrars de Moravagine, deux écrivains qui mélangent avec un art consommé les données historiques avec les inventions purement littéraires. La violence sacrée que Jérôme Lafargue évoque dans sa dimension incompréhensible et fascinante semble, elle, emprunter ses caractéristiques au Conrad de Cœur des ténèbres tout autant qu’à Cormac McCarthy.