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07/09/2013
Howard McCord : le littéral au bout de la langue, par Gregory Mion
Crédits photographiques : Taylor Weidman (The Vanishing Cultures Project).
L'Homme qui marchait sur la Lune.
«Se tenir à distance et se taire semble au-dessus des possibilités humaines. Qui n’a son mot à dire sur l’état catastrophique de la planète, notamment ? Pourtant, qui sait ce qui se passe vraiment derrière ce qu’on nous raconte ? Bref, de quel droit trancher avec autorité, par des jugements sans appel, sur des questions dont on ne sait à peu près rien, si ce n’est du droit de parole ? Quand la parole des gens ordinaires ne porte guère à conséquence on peut en user à sa guise. Cela ne nuit à personne. On ne s’en prive pas. Cette fureur de parler…».
Geneviève Roch, Le Guetteur halluciné.
La richesse inépuisable de ce texte nous oblige à commencer par une précision de l’auteur. Dans la préface, Howard McCord écrit que ce récit n’est autre que l’extension d’une inquiétude qu’il poursuit depuis au moins un demi-siècle : «le thème du solitaire dans un désert mental» (p. 11*), dont on a pu, il y a quelques années, découvrir l’expression littéraire avec le roman L’Homme qui marchait sur la Lune. Cette fois, le projet gagne en profondeur d’expérience puisque nous avons affaire à un récit. En marchant vers l’extrême contribue au perfectionnement de ce discours de solitude, né d’une méfiance intuitive envers la société civile. Au fronton du livre, «l’extrême» est à prendre comme la destination d’une longue marche à contre-courant des milieux urbains, bien qu’il ne faille pas réduire cette extrémité à la revendication naïve d’une ruralité providentielle. On devrait plutôt parler de cette marche vers les antipodes en tant que manière de révoquer en doute le discours bruyant de l’homme aggloméré. Car la recherche d’une telle extrémité procède avant tout d’une interrogation essentiellement linguistique : comment faut-il parler une fois qu’on s’est absenté du centre du monde ? Abstraction faite des grands foyers de peuplement, existe-t-il une parole qui vaille la peine d’être écoutée ?
Cette préoccupation des attitudes de langage, McCord l’exprime par la différence entre une langue ritualisée et une langue qui serait entièrement logique (p. 42). Pour mieux comprendre la distinction, on doit d’abord essayer de se figurer que l’homme social s’appuie sur un langage codé qui permet de maintenir l’ordre (peu importe la vérité pourvu qu’on ait la paix sociale), quitte à fabriquer des digues intellectuelles à n’en plus finir. À l’inverse, il est possible de supposer un langage moins luxuriant, dépourvu de tendance cérébrale, un langage dont l’objectif serait de restituer sans détour ce qui compte, parce que «ce qui compte n’a pas d’assise intellectuelle» (p. 43). Il y aurait donc d’une part un langage surabondant qui ne sait pas toujours quoi faire de ses ressources, un genre de dilapidation de la langue qui crée de faux rapports avec la réalité, et d’autre part il y aurait un langage naturellement concordant, soutenu par une grammaire ascétique et beaucoup plus compétent pour décrire le réel. C’est à cette seconde forme de langage que McCord souscrit, avec cette impression que loin des villes, l’homme moderne est condamné à baragouiner, parce que les mots usuels de la civilisation, aussi nombreux et auto-régénérateurs soient-ils, sont inférieurs en genre à la qualité d’un paysage dépeuplé. On repère tout de suite le point de tension que le récit fait valoir dans la mesure où l’auteur entretient une passion des paysages désertiques : on a beau rivaliser de signes et de métaphores en parallèle d’une vie sociale toujours plus extravagante, cela n’empêche pas que nous sommes désarmés quand il est l’heure de raconter le désert, ou bien tout bonnement quand il ne faudrait penser à rien. Ce n’est pas par un excès de langage que nous comblerons les défections du désert.
La perspective d’un discours économe de ses moyens ne doit cependant pas être confondue, par exemple, avec l’idée du novlangue telle qu’elle était présentée par George Orwell dans 1984. Le langage d’anticipation d’Orwell absorbait la qualité des êtres en articulant seulement des quantités – le novlangue supprimait les nuances afin de travailler à l’élaboration d’une pensée unique. Dans le cas de McCord, l’économie linguistique n’annule pas l’exubérance du monde, elle part plutôt du principe que nous n’avons plus les mots pour raconter l’en-dehors de nos centres de gravité. À vrai dire, l’absence de quantités visibles du désert sous-entend la mise en intrigue de qualités tout à fait autres, et surtout l’effort d’appréhender un environnement réfractaire au moindre esprit comptable. Par conséquent, ce n’est pas des forces intrinsèques de la langue dont il faudrait faire l’économie, mais de ses propensions à ne s’intéresser qu’à l’apparence d’une plénitude. Puisque McCord se demande quelle est la vertu du désert (p. 17), nous pouvons avancer que le contact du monde désertique insinue quelque chose d’absolument contraire à la plénitude de la pensée unique, et même à la pensée tout court, parce que ce dont il s’agit dans la fréquentation du désert, c’est principalement d’une capacité de regarder sans penser, en l’occurrence d’une faculté d’habiter le «non-mental» (p. 148).
Ces premières intentions du récit présupposent une esthétique de la parole. Elles demandent à ce que l’on se rende disponible au mouvement épineux d’une réforme de nos habitudes linguistiques, c’est-à-dire que l’on consente à une relocalisation radicale de nous-mêmes. La marche est l’activité à travers laquelle McCord atteint le plus haut seuil de disponibilité humaine (1). En arpentant la matière désertique (que ce soit dans les régions arctiques ou dans le vif du Nouveau Mexique), l’écrivain-randonneur augure ce qu’il appelle énigmatiquement «les correspondances à préserver» (p. 17); il questionne l’unité potentielle d’un paysage que le langage courant se plaît à défigurer, ne serait-ce que pour se rassurer des vides que le désert inflige. Faisant cela, McCord pose l’hypothèse d’un rassemblement nécessaire des choses malgré la dynamique inconnue qui les façonne (p. 18). Que l’on passe devant un morceau de lave tranchant ou que l’on fasse une halte en se rappelant les anciens Apaches qui régnaient dans la vastitude des territoires sauvages, l’enjeu est de faire deviner des rapports invisibles qui sont autant d’indices d’une organisation parfaite que nous aurions oubliée, remplacée par une syntaxe imprécise que seule la marche est susceptible d’optimiser.
Envisagée de la sorte, la marche fonctionne à l’instar d’un discours à la fois de remémoration et de rassemblement, un discours qui se souvient d’un monde hors-les-lois et qui suscite des liaisons intimes entre des énoncés inexprimables. Ces énoncés, en effet, tiennent davantage lieu d’une mélodie (le vent, l’orage, la pluie, etc.) que d’une langue qui échappe à nos pouvoirs de comprendre et de répéter. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si McCord évoque la musique de l’esprit tranquillisé par le désert, comme un moment de grâce où l’attention demeure dans un «qui-vive» permanent (pp. 95-96). Façon de dire que le désert est moins visible qu’audible, cependant tout ce que l’on verra ou entendra depuis la bouche de ce vide, tout ce que l’on rapatriera de cette étendue dépouillée, on devra si possible lui réserver la signature intelligible d’un langage ontologiquement économe, le plus concordant qui puisse être avec ce qu’il dit, le moins enclin à multiplier les entités quand cela ne ferait, le cas échéant, que brouiller la «continuité historique absolue» du désert (p. 55). En d’autres termes, la parole du désert ne peut pas être poétique; elle ne peut pas risquer d’engendrer des significations figurées alors même qu’on espère s’approcher du littéral, du pouvoir des pierres et des arbres (p. 49), de «la nature brute du paysage» (p. 17).
Une telle revendication de littéralité constitue malgré tout une difficulté pour l’esprit. McCord fait à ce titre une belle confession : «J’écris un poème par an pour rester sain d’esprit» (p. 161). La parole du solitaire, en dissidence de toutes les lois du discours, éprouve de temps en temps le goût de revenir à la maison des rhapsodies. «Les rythmes du rien» (p. 20), «les minima du Désert» (p. 23), ce sont des êtres plus rassurants quand on les récupère dans le giron poétique, muni de tout son arsenal de tropes. Par ailleurs, puisque ce sont des êtres, ils sont ouverts à toutes les possibilités; ils inspirent des vertiges hallucinants quand on a osé se pencher à la dernière extrémité du monde, là où les mots viennent à faire défaut. De ce point de vue, aller au désert revient à s’aventurer dans l’être, à piquer du nez dans un réseau de possibilités qu’il faudra ensuite, de préférence, ramasser sous un langage non envahissant si nous ne voulons pas le trahir – c’est exactement ce que parvient à faire l’auteur, averti contre toute sollicitation du lyrisme. Mais la compagnie prolongée de l’être fatigue les esprits habitués à la police de la civilisation. C’est pourquoi McCord lui-même n’a pas d’autre choix, au moins une fois par an, que de se réfugier dans le discours poétique, où l’être descend au niveau de l’étant, c’est-à-dire au rang de ce qui est passé par le filtre du langage et qui est devenu compréhensible dans le champ de nos représentations. En ce sens, le récit de McCord ne constitue pas une chute irréversible dans l’être, sans quoi il n’aurait pas la force de revenir de ses périples, mais il est en revanche représentatif d’un langage qui désire marcher aux confins de l’étant, en direction de ce que la langue n’a pas encore tout à fait fixé dans les représentations, qu’elles soient usuelles ou métaphoriques. L’extrême visé par ce récit relève de l’apprentissage d’un à-pic du langage, lorsque les mots sont proches de tomber dans l’oubli et que l’option la plus sage est encore de se taire, du moins pendant l’intervalle de la marche. Ce n’est que par la suite que la parole renaîtra, lorsque le marcheur sera de retour parmi les hommes, ou bien lorsqu’il aura décidé de s’arrêter pour la nuit ou de faire une pause pour reprendre de l’énergie, seuls moments où la pensée réinvestit la tête après la période plus ou moins longue du «non-mental».
Ces réinvestissements cognitifs, pour ainsi dire, ces suspensions de la randonnée durant lesquelles l’esprit se recharge de ce qu’il a vu et entendu sur les rebords de l’abîme désertique, Benjamin Berton les qualifie de «stations poétiques», or nous avons commencé à saisir que dans ce récit, il n’est pas vraiment question de poésie, sauf à soutenir la thèse un peu facile que McCord s’est ici livré en poète, ce qu’il est manifestement mais dans d’autres circonstances et d’autres écrits. La poésie se caractérise du reste par une ouverture probable sur une ou plusieurs singularités, or le désert, parce qu’il est par définition vide de toute présence singulière, ne tend pas une main coopérative au poète. Précisons encore que cette ouverture du singulier, la poésie la conquiert au moyen d’une langue qui peut désigner les choses arbitrairement en les associant à des images symboliques, ceci afin d’en dévoiler la composition véritable, bien au-delà du sens conventionnel qu’on leur attribue.
Toutefois En marchant vers l’extrême n’est nullement un récit dont l’écriture répond à un critère de conquête ou de plaisir sémantique. Le récit est conscient de s’attaquer à des paysages quasiment «inimaginables» (p. 11), hermétiques à la coloration de telle ou telle représentation – le désert ne se laisse pas mettre en formules. La spécificité du désert, justement, c’est qu’il nous dispense de parler, de penser, et a fortiori de nous calfeutrer dans le poème, fût-il en prose. Au contraire, les marches et les haltes de McCord ne perdent pas de vue l’insuffisance des langages raisonnés (p. 39), qui usent de mots altiers et qui s’imaginent surplomber, peut-être par le biais d’une certaine puissance enveloppante et créatrice de la langue, toute la tectonique de la nature désemplie. En définitive, la «station poétique» est moins préjudiciable que les accommodements raisonnables dont le langage est capable lorsqu’il est confronté au non-conformisme du réel, mais la poésie n’est pas pour autant la langue qui convient pour se rendre à l’extrême originalité de l’impensé – en l’occurrence la nature impensable que nous percevons en marchant dans le désert. En nous appuyant sur ces arguments, on peut dégager une hiérarchie des langues à trois étages, par ordre croissant d’efficacité (2) :
1/ Une langue sédative, celle des communicants et des politiques, mais celle également de la majorité des individus qui veulent bien l’entendre. Cette langue a pour but de tout réduire à des histoires supportables (le fameux storytelling qui minimise l’événement); il s’agit d’une langue particulièrement nocive par son degré de volonté pacifique, apte à fournir quantité de néologismes normalisateurs qui ne font qu’aggraver et sous-évaluer d’insupportables situations de violence symbolique. C’est véritablement la langue de la saturation lexicale et de l’intelligibilité malsaine, prête à tout pour assimiler et générer du représentable, au lieu de mesurer ses manques.
2/ Une langue poétique, qui fait office d’exception linguistique et de poche de résistance aux paroles lénifiantes. Elle est néanmoins tributaire de quelques excès métaphoriques, d’où la déchéance qui la guette lorsqu’on attend invariablement qu’elle nous sorte de la nuit originelle au fond de laquelle nous aurions chuté. Vis-à-vis de l’économie ontologique postulée par l’environnement du désert, il va de soi que cette langue n’est pas la plus autorisée pour pressentir l’extrême de la parole, ou le non représentable, lorsque la vérité n’est plus un enjeu (3).
3/ Une langue désertique, qui s’agrège d’abord dans le silence et le tâtonnement du marcheur, puis qui hausse le ton pour mettre en lumière quelques-unes des ombres du désert, que les deux langages précédents ne saisissent pas. Les langages de consolation ne sont pas appropriés au désert parce qu’ils ne voient que de la lumière sur un territoire vide d’objets (ou pire : ils peuvent ajouter des objets qui n’y sont pas). Somme toute, par opposition au faisceau aveuglant que le langage projette en général sur les choses, le langage désertique est quant à lui une parole de l’ombre, faite pour les gens qui savent déserter, se désister des lieux débordants, prendre congé des communautés ordinaires; ce langage du désert est ainsi composé d’un modeste appareil de mots qui n’a pas peur du repentir, qui ne craint pas de se corriger des folies verbales ô combien séduisantes, laissant apparaître une langue qui se contente de maintenir à flot les «correspondances» naturelles d’un Organon incitable, car elle sait bien, au fond, qu’elle n’en révèlera que des symptômes. Ce n’est plus la vérité au sens strict qui fait œuvre de prépondérance; ce qui importe désormais, c’est ce que nous parviendrons à ramener de ces conversations profondes que la Nature mène avec elle-même (4).
Il n’y a bien sûr là-derrière aucune connotation religieuse, le désert de McCord n’étant pas l’apanage d’un érémitisme ou d’un cénobitisme (p. 138), pas plus qu’il n’est l’endroit d’une démarche misanthrope (p. 101). Rapport au religieux et aux commandements qu’il transporte, souvenons-nous que la notion de loi n’est pas compatible avec la marche – le marcheur est un être de disponibilité qui accepte d’entendre une langue qui vient de nulle part, comme si «c’était une langue qu’on était en train de parler sous mes pieds» (p. 39). Cette parole souterraine, et même littéralement enracinée étant donné que l’auteur parle des racines d’un arbre pour affirmer que le végétal bénéficie d’un meilleur accès que nous à l’éminence des profondeurs, cette parole, donc, nous ne la découvrirons en intégralité qu’après notre mort. La faible puissance auditive de l’homme vivant ne lui permet pas de correctement capter ce discours naturel, à peine immanent, qui pourrait bien être le quatrième genre de langage : la langue chtonienne, celle qui se prononce sous les ombres, en dessous du paysage, et que le marcheur attentif, parfois, arrive à intercepter. Et tout comme Socrate devait mourir pour enfin rejoindre le monde des Formes et traiter de la philosophie en propre, sans plus avoir besoin de dire et de dédire une question, McCord induit dans la mort un parachèvement du langage. La mort est annoncée comme une accession à la meilleure oreille – la mort est l’irruption et l’audition du littéral (5).
Notes
* Toutes les références proviennent de l'ouvrage de McCord, traduit en français par François Hirsch et publié par Ring.
(1) Qui plus est, le désert procure les atouts de la disponibilité parce qu’il est perçu en tant que «réservoir de temps» (p. 57).
(2) Nous évacuons de cette hiérarchie la langue des échanges verbaux conventionnels. Elle n’a aucune pertinence au regard des perspectives que l’on peut déduire du propos d’Howard McCord. De plus, la figure du solitaire disqualifie d’emblée la perpétuité ronflante d’une langue générique qui arrange plusieurs locuteurs. Lorsque McCord se réfère à un langage ritualisé, il nous semble qu’il part de ce que nous appelons la langue sédative.
(3) La conception de la poésie sur laquelle nous insistons ici est celle d’une poésie comprise à l’instar d’un dévoilement de l’être. Volubile ou lapidaire, cette poésie convoite uniquement la vérité après avoir arraisonné au pied de son verbe les objets les plus tendancieusement résistants à la définition (émotions, espaces inconnaissables, Dieu, etc.). Sa parole est illimitée et elle pratique régulièrement des jeux de langage, autant d’attitudes incompatibles avec la sobriété d’un paysage désertique, du moins telle qu’elle est suggérée dans ce récit. À ne penser le problème qu’au premier degré, cette propension à faire surjouer le langage tendrait moins à rendre compte de la vérité qu’à créer des mondes virtuels. En parlant de la poésie et de la prose, voici la conclusion de McCord : «Toutes deux sont des applications esthétiques et imaginantes du langage qui, comme l’a dit Suzanne Langer, bien avant les ordinateurs, créent des mondes virtuels» (p. 11). Dans la mesure où l’ambition de McCord est de sauvegarder certaines accointances secrètes de la nature (pas toutes, évidemment), la langue qu’il utilise est aussi prudente et discrète que ses déambulations : «J’ai appris en marchant que la langue ne rompt pas le silence, pas plus que je ne dérange un caillou en posant le pied dessus. Je dors toutes les nuits sur mon ombre sans me plaindre, j’écris – comme je suppose tous ceux qui font des mots leur métier – en dépit de la langue. Aucun mot ne me donne ce que je veux, et ma démarche n’est pas davantage facilitée par les schémas syntaxiques. La langue est le marteau entre l’homme et un clou à planter. C’est une humble approximation de la manière dont nous voudrions que poussent les arbres pour nous abriter. Je marche dans une zone au-dessus du faîte des arbres, mon habitat est aussi nu qu’un point virgule» (p. 41). Autrement dit, la vérité que pourrait vouloir défendre McCord n’est pas la vérité souveraine du poète. La vérité du marcheur repose dans sa faculté de reproduire un peu des conversations que la Nature mène avec elle-même.
(4) Il s’agit éventuellement de cette langue «logique» mentionnée en contrepartie du langage ritualisé. Ce serait une logique sans raisonnement, totalement directe, une logique à même de traduire les questions brutes du désert : «un lieu où la poésie disparaît et où les questions sont immédiates et brutales» (p. 103). La langue désertique pourrait donc servir à proposer des tentatives de réponses à ces questions.
(5) La marche extrême que s’impose McCord est chaque fois osée : elle ose emprunter la route humble du mourir, elle ose «marcher où personne ne va» (p. 158).