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30/03/2014

Eat shit, billions of flies can't be wrong : Méfiez-vous des enfants sages de Cécile Coulon

Crédits photographiques : Peter Macdiarmid (Getty Images).

Méfiez-vous des enfants sages, court texte comparé en quatrième de couverture (ces monuments de bêtise, une fois sur deux, du moins en France), assez ridiculement il faut bien le dire, au Cœur est un chasseur solitaire de Carson McCullers et à L'Attrape-cœurs de Salinger, se lit, agréablement, l'esprit complètement inattentif, pendant le trajet séparant trois ou quatre, pas plus, stations de métro parisien, et peut ensuite se jeter dans la poubelle des ordures, hélas non recyclables, que la RATP met à notre disposition avant que nous ne regagnions la surface.
Si un bon roman est un roman dans les différentes strates duquel nous nous enfonçons, celui de Cécile Coulon peut se lire en sirotant un diabolo menthe sur un matelas gonflable, ou même en faisant la planche pour les plus endurants, voire en lisant le blog d'une platitude absolue de Léo Scheer, un grand habitué il est vrai de la culture de navets et de courges transgéniques. Bref, nous ne pouvons rester qu'à la surface du texte, aussi profond qu'une pataugeoire, de Cécile Coulon, et c'est miracle (ou malchance) que le bon vieux Léo se soit fait chiper un clone d'Alexandra Varrin aussi prometteur.
L'unique avantage de ce roman point trop prétentieux et en outre bien relu, nous dirons donc efficace comme une bonne rédaction de classe de seconde (1), est qu'il peut être lu, non seulement rapidement mais aussi en écoutant une assez bonne programmation musicale proposée par l'auteur, avec des titres des Kinks, de Gene Vincent, d'Alice Cooper ou de Leonard Cohen.
C'est bien là le seul intérêt de ce texte qui commence comme il se conclut, sur une tablette de chocolat noir, évoque quelques paumés finissant mal, Sa Majesté des Mouches de façon parfaitement anecdotique, des marques nord-américaines et de très vaseuses considérations sur Dieu, émises par l'une des héroïnes (la fille ou la mère, Eddy ou Freak, cela n'a pas d'importance, car les personnages n'ont strictement aucune consistance et sont donc parfaitement interchangeables).
Nous n'avons pas lu le deuxième (il serait préférable, pour l'auteur et ses lecteurs, que j'eusse pu écrire le second) roman de Cécile Coulon publié par les Éditions Viviane Hamy (Le Roi n'a pas sommeil) et nous ne le lirons probablement pas, tant il présente, selon sa revue de presse, l'habituel condensé de fadaises et de clichés provenant de quelque sous-pigiste en mal de style (comme Christine Rousseau pour Le Monde des livres écrivant, sans honte : «Le Roi n’a pas sommeil est un récit âpre et tendu par une écriture incisive qui sait percer le mystère des âmes et leur nature sauvage») et qui vanteront, pour la millième fois de leur minable carrière cacographique, l'admirable maîtrise d'un style tendu jusqu'à l'épure, ou autre banalité du même tonneau, en saluant comme il se doit le jeune âge et même le sexe de notre écrivain, dont nous nous contrefichons, à moins qu'il ne nous faille tomber en pâmoison devant les promesses si évidentes d'une écriture en devenir.
Nous évoquerons bientôt, tout aussi rapidement car enfin le temps est précieux et les navets très nombreux dont il nous faut prendre soin, les textes d'Alban Lefranc, Mathieu Larnaudie, Arnaud Viviant ou encore Lionel-Édouard Martin.
Les nécessiteux sont nombreux.

Note
(1) Parfois, rarement plutôt, nous trouvons dans cette rédaction appliquée des images intéressantes comme celle-ci : «Nous avons croisé des chiens abandonnés, truffes sèches, leurs queues balayaient le trottoir comme l'éventail d'une geisha un jour de grosse chaleur» (Cécile Coulon, Méfiez-vous des enfants sages, Éditions Viviane Hamy, 2010), p. 100.