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03/03/2004

Sur Paul Gadenne et quelques hongres comme Philippe Sollers

Crédits photographiques : Fabian Bimmer (Reuters).

Le dernier numéro de la revue Contrelittérature vient de paraître, dirigée par Alain Santacreu. J'y ai écrit un article sur Paul Gadenne, magnifique écrivain français influencé par les ombres tutélaires de Kafka, Dostosïevski et Kierkegaard. Je renvoie mon lecteur à la revue elle-même, qui gagne à être connue, creusant patiemment son ornière dans une pseudo-confidentialité qui, à la différence de celle dans laquelle se cantonne Les provinciales d'Olivier Véron, est ici un gage de réelle respiration. Obsédé qu'il est par la question métaphysique d'Israël (il a bien évidemment raison de l'être), je vois mal Olivier accepter de publier plusieurs pages sur un auteur qu'il n'a sans doute pas même lu. Il est vrai que, depuis quelque temps, les lectures de cet homme sont sélectives...
La réputation de cet écrivain semble au moins, dans son propre pays, aussi irréelle que l'est la plage de Scheveningen imaginée par le romancier (en illustration, la véritable plage...). Qu'un tel écrivain, Paul Gadenne, soit pratiquement inconnu du plus grand nombre est un scandale, alors que le plus infinitésimal postillon d'un Philippe Sollers est paraît-il capable de guérir les pauvres que nous sommes de leurs écrouelles... Quelques bossus, de surcroît humbles serviteurs de ce monarque de plus en plus nu, Haënel, Pleynet, Meyronnis, prétendent même que leur maître a le don de prescience. Quoique absolument anti-sollersien, puisque je suis allergique au vide, je possède quelque peu ce don, et puis affirmer, sans risque de me tromper, que l'avenir de la littérature française sera celui de l'oubli de ses trop nombreux livres, et que dire de ceux de ses séides, dont une cour de pages médiatiques, Josyane Savigneau, Anne Crignon, Aude Lancelin pour nommer mes préférées, s'efforce de faire la vulgaire réclame sur nos places de marché, ceux-là n'existent même plus au moment où j'écris ces mots !
Il est vrai que Sollers, petit prélat de la République pontificale de nos lettres, n'a pas fait grand cas d'un autre inconnu, mort dans un accident de voiture à 26 ans, le rimbaldien Jean-René Huguenin, dont il faut lire et relire le Journal mais aussi l'unique roman, La Côte sauvage ainsi que certains textes critiques réunis après sa mort. Il est vrai que Sollers ne s'est guère payé de mots face à un Renaud Matignon, l'un des fondateurs historiques de la revue Tel Quel et du reste excellent critique, avant que celle-ci ne perde son élan nietzschéen pour devenir une bluette marxisante, autant dire bien-pensante, double girouette obèse à force d'ingurgiter le court-bouillon du Nouveau roman et les quelques croutons qui surnagent encore dans la soupe psychanalysante.