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15/01/2013

Empirer l'incompréhension : Alain Soral et les règles élémentaires du débat intellectuel, par Frédéric Dufoing, 3

Crédits photographiques : Raveendran (AFP/Getty Images).

Rappel
3584129808.jpgContre Alain Soral, 1.





417424573.jpgContre Alain Soral, 2.





IX Rupture déontologique et contradiction : Soral et les Pussy Riot

Un entretien de septembre 2012 permettra de réaliser qui sont les amis de Soral. Il y traite de la condamnation des jeunes filles du groupe féministe Pussy Riot. Soral affirme dans cette vidéo qu'elles ne sont pas un groupe de rock et cherche à les discréditer en montrant des vidéos de membres du groupe de contestation auquel elles appartiennent copulant allègrement ou s'enfonçant des poulets dans le sexe... La procédure serait de bonne guerre (considérant qu'on peut trouver ridicules ces happening proches de ce qui se fait en art contemporain), si le dénonciateur n'était pas aussi ce dragueur impénitent et vantard qui fit un roman et une «étude de sociologie» de ses nombreuses conquêtes et coucheries, et participa à des émissions pour dévoiler sa vie privée : en quoi est-il plus indécent de montrer un coït que de vanter les techniques mesquines par lesquelles on peut les obtenir ? Qui est le plus indécent, celui qui se montre en pleine copulation ou celui qui raconte ses relations familiales et amoureuses à la télévision ? Entendons-nous bien : poser la question et donner implicitement, comme je le fais ici, une réponse relève de l'opinion personnelle. En revanche, indéniablement, une contradiction interne existe, une malhonnêteté intellectuelle de Soral saute aux yeux : il reproche à d'autres ce que lui-même fait – à tout le moins a fait, sans sembler le regretter du reste. C'est là une rupture «déontologique» – rupture avec une règle qui n'est autre qu'une variante de la fameuse «règle d'or», en l'occurrence : ne reproche pas aux autres ce que tu peux te reprocher à toi-même. Ce type de pratique est aussi détestable que grotesque.
Il affirme surtout, dans cette même vidéo, que (lecteurs, tenez votre siège) : «en réalité, c'est une création du Département d’État dans la guerre froide qui a lieu actuellement, pour diaboliser Poutine par tous les moyens en s'appuyant comme toujours depuis mai 1968 […] sur la bêtise des jeunes. C'est la stratégie de l'empire américain pour diaboliser les résistants à l'empire au nom de l'idéologie libérale libertaire (où on cache le libéral derrière le libertaire). (Ces filles) profanent des lieux de culte jusqu'à-ce que l'État russe soit obligé d'intervenir. […] (Pussy Riot), ça n'a rien à voir avec la Russie authentique, ça agresse quelque chose de fondamental qu'est l'Église orthodoxe en Russie qui est quelque chose qui, comme d'ailleurs le catholicisme social en France est du côté des pauvres, et qui, comme par hasard, est systématiquement persécuté par l'oligarchie mondialiste, capitaliste judéo-protestante... Comme il y a un anti-catholicisme permanent en France depuis la Révolution française dont le moment de victoire définitive est l'affaire Dreyfus – je le dis bien, ce n'est pas une période d'antisémitisme, c'est une période de mise à mort de l'Église catholique, de son prestige et de l'armée française, donc l'aristocratie catholique française, etc. C'est pareil, on a une agression de quelque chose qui fait la force de la Russie en ce moment, qui est le rapprochement du pouvoir politique et du pouvoir religieux, qui est la réalité de tous les pouvoirs sains. Poutine qui marche la main dans la main avec l’Église orthodoxe pour tenter de faire une union sacrée russe, à la fois sur le plan économique et idéologique, et pour essayer effectivement d'avoir un roman national qui permet à la Russie de fonctionner, sinon cela éclate à cause des rapports de classes et des manipulations étrangères.» Et de préciser au passage, que les médiateurs (entendre : défenseurs) des Pussy Riot sont «tous» de «la communauté qu'on ne peut pas nommer» (avec surimpression de trois visages et de trois noms juifs).
Voici donc notre pourfendeur d'Israël et des juifs, qui les accuse sans cesse de mêler principes religieux, projets politiques nationalistes et construction étatique, défendant un État qui s'allie à une institution religieuse pour régler une situation sociale (autrement dit, faire taire les contestations, Soral lui-même parlant de rapports de classe) et créer, du moins manifester une logique nationale ! Cette logique malsaine pour les juifs devient «saine» pour les Russes !
Voici notre pleurnichard qui se plaint à longueur d'entretiens de la censure, geint qu'on ne l'invite plus sur les plateaux de télévision (ce qui est, pour lui, une preuve de la véracité de ses propos, autre sophisme : la preuve par la persécution) et se sent menacé par la police dès qu'on l'y convoque pour prendre sa déposition, les procès, les mails insultants et des quidams vindicatifs dans des bars, d'accord avec une machine d'État qui envoie dans des camps de travail où l'on pratique la torture et des traitements inhumains, bien réels ceux-là, des jeunes filles dont le seul délit (si l'on en croit Soral lui-même) est d'avoir mauvais goût en musique et en matière religieuse...
Là encore, la rupture déontologique est criante. Elle est même double, Soral étant contradictoire avec lui-même et reprochant aux autres de l'être... En outre, on se demande où est passé son «pardon chrétien» : il en fait bénéficier Klaus Barbie, qui a fait torturer et massacrer des gosses, mais pas trois jeunes filles qui ont fait du bruit dans une Église... Un bien étrange christianisme, vraiment, que celui d'Alain Soral...
Faut-il aussi démonter la comparaison inepte et infondée entre l'affaire Dreyfus et l'affaire des Pussy Riot ? Expliquer à l'aide d'un minimum de culture anthropologique pourquoi il n'existe de «Russie authentique» que dans l'esprit d'un inculte sectaire (et expliquer au passage, puisque c'est là mon domaine, que les moines en Russie ont longtemps été un contre-pouvoir populaire contre l’État et le haut clergé) ? Exiger des preuves de l'intervention du Département d'État ? Expliquer que le meilleur soutien du capitalisme en Russie, c'est bien Poutine ? Ou disserter sur le fait qu'entre, d'une part, des filles qui font trois accords en distorsion dans une Église et, d'autre part, un chef d’État qui se vante d'aller faire tuer des gens jusque dans les toilettes et le fait, la préférence et le soutien de tout être humain normalement constitué, qui a un peu de sens commun, comme disait Orwell, doit aller aux filles, quel que soit l'aspect ridicule de leur engagement ?...

X Sur le fond...

Après ce petit parcours au sein de procédés sophistiques somme toute assez vulgaires, je ne puis m'empêcher (même si ce n'était pas mon projet initial) de dire un mot sur le scénario politique de Soral et sur les conclusions qu'il en tire.
Je le résumerai comme suit : il existe un complot organisé par les juifs, les Américains, les protestants et les francs-maçons qui vise à dominer le monde par l'imposition du système capitaliste et libre-échangiste, d'une logique libertarienne (c'est-à-dire un libéralisme des mœurs) et d'une culture mondialiste (consumériste ? De métissage ? Nul ne le sait...). Stratégiquement, ce complot consiste – au travers d'organisations internationales (parmi lesquelles l'Union européenne), d'accords divers opérés par des gouvernements faibles ou vendus, de la finance internationale ou encore de guerres – à briser les barrières économiques de protection étatiques ainsi que les autarcies politiques.
Tactiquement, il s'agit, pour ce qui concerne la France, d'une part, de favoriser l'immigration arabo-musulmane tout en défavorisant l'intégration (c'est-à-dire l'assimilation, donc l'acculturation) des immigrés de manière à noyer et finalement annihiler la culture française authentique (c'est-à-dire catholique) tout en montant les immigrés et les Français de souche les uns contre les autres (notamment à l'aide des associations antiracistes), d'autre part, d'empêcher toute forme de contestation à l'aide d'une clique intellectuelle et médiatique qui cultive la culpabilisation par le devoir de mémoire.
Je l'ai déjà signalé, le package rhétorique de ce petit scénario est constitué d'un vocabulaire, de référents culturels et de la désignation d'ennemis et d'amis qui permettent à des gens appartenant à des groupes aux intérêts et valeurs parfois très opposés (des catholiques traditionalistes, des immigrés musulmans, des laïcards gaullistes, des altermondialistes de gauche, des communistes, des fascistes, etc.) de se retrouver dans le produit vendu, c'est-à-dire une version – largement expurgée du multiculturalisme festif des années 1990, simplifiée jusqu'au grotesque, baignée dans le nationalisme, le complotisme et l'antisémitisme – du message altermondialiste et étatiste d'un organe comme le Monde diplomatique ou d'un mouvement comme Attac.
Ainsi, dans un même discours, Alain Soral va mêler un vocabulaire marxisant (valeur d'usage / valeur d'échange) à un vocabulaire religieux et suffisamment ambigu pour frapper l'imaginaire d'un catholique comme d'un musulman, voire du complotiste primaire (satan), un vocabulaire républicain laïcard, une phraséologie gauchisante (Wall Street pour désigner le système financier ainsi délibérément associé aux États-Unis) ou de droite nationaliste (les Français de souche, la France authentique), etc.
Au passage, il aura trahi l'essentiel de certains de ses référentiels : la dénonciation du capitalisme aura disparu de son marxisme et le hideux système financier aura été purifié de la majorité de ses acteurs qui ne sont ni juifs ni américains, etc. Tout cela n'est absolument pas anodin et consiste en une technique utilisée, notamment, par la publicité : des signaux d'appartenance sont activés. Car Soral ne pense pas, il combine plus qu'il ne (ré)concilie et surtout, il classe des groupes (comme il le faisait jadis pour les looks et la mode) et lance des hameçons pour susciter les adhésions. L'ensemble de ces référents forme un kit dans lequel les membres de chacun des groupes visés peuvent, d'un certain point de vue, se retrouver. L'immigré musulman oubliera que Soral défend une France uniquement catholique et lui demande de s'assimiler donc de renoncer à sa double identité pour ne retenir que la rhétorique anti-israélienne voire anti-juive. Devant ses postures d'intellectuel maudit de tous, les jeunes gens avides de liberté oublieront que Soral soutient la dictature de Poutine. Les groupes de droite radicale et d'extrêmes droite, eux, se reconnaîtront très bien dans la rhétorique panslaviste, nationaliste, dans l'assimilationisme et l'anti-immigrationisme ainsi que dans le refus de la repentance française et oublieront les appels du pied aux immigrés arabo-musulmans, etc. Par ailleurs, en se liant à des milieux survivalistes, il fait des appels de phare mondialisés à une intéressante clientèle outre-Atlantique...
Je ne puis qu'inviter le lecteur à se reporter aux ouvrages de Zeev Sternhell (1), qui montrent que ce sport de combinaison marketing n'est absolument pas nouveau et, sans être spécifiquement français, a une longue tradition derrière lui...
Nous le contatons, le scénario d'Alain Soral n'est ni logique, ni plausible, ni prouvé, ni prouvable. Il n'est qu'un cadre flou, souple, incohérent, amoral, superficiel pour combiner des lignes de fractures amovibles entre – comme je l'ai dit plus haut – un eux (les adversaires de Soral désignés par Soral) et un nous (les suiveurs du gourou et acheteurs de ses livres).
Tout cela ne serait pas bien grave si ce simple jeu entre un bonimenteur et ses clients ne participait d'une diversion absurde face au problème réel de notre époque et de notre civilisation : la tension entre le sauvetage de notre espèce et les exigences de liberté et de dignité qui la caractérisent. Car Soral – comme tous les imbéciles respectueux de notre époque – se trompe de problème, passe à côté de la question essentielle du 21e siècle pour demeurer enfermé dans celle du 19e, ainsi que dans les solutions du début du 20e...
Qu'est-ce qui préoccupe Soral ? La cohésion et le fonctionnement harmonieux de sa communauté perçus comme conditionnés par une rigoureuse homogénéité culturelle, la perte d'un bon vieux temps mythique, digne d'un feuilleton des années 1950, une identité atemporelle et fixe garante du bonheur éternel, une société dont les intérêts de classes, les inégalités sociales et de pouvoir disparaissent dans le salut au drapeau, le respect de papa et maman et le goût de la soupe d'autrefois. Et que propose-t-il ? Pas un changement, pas une modification : une purge, tout simplement : éliminer ou homogénéiser tout ce qui souille (les immigrés, les cultures autres, les dissonances avec le mythe), la destruction ou la mise au pas de tout ce qui menace (les juifs, les Américains, les protestants, la finance internationale, les francs-maçons et leurs alliés). À savoir : nous nous enfermons chez nous et, par pragmatisme politique (la seule part de réalisme d'un tel rêve), nous nous allions avec tous ceux qui peuvent nous aider sans empiéter sur notre petit monde, peu importe leurs moyens et leurs objectifs, tant qu'ils sont les ennemis de nos ennemis, et, bien entendu, nous renforçons les pouvoirs de l’État, son intervention dans les mœurs, la religion, l'économie (par une alliance plus ou moins corporatiste), etc.
Cela s'appelle, au sens propre, historique, du terme : du fascisme. Du vrai, du pur fascisme (pas ce machin que dénonce à tort et à travers une certaine gauche inepte et inculte) : homogénéisation inclusive (contrairement au nazisme ou au racialisme, le fascisme est un jacobinisme : on n'élimine pas ce qui ne colle pas au modèle, on le transforme de force); dirigisme étatique, pragmatique, avec protectionnisme et colbertisme, nationalisme, militarisme, mobilisation permanente.
Certes, Soral est antisémite, ce qui en fait plus (et bien pire) qu'un fasciste. Il est aussi l'un de ces relativistes qui considèrent que toute culture a une valeur en soi et que seul le métissage est nuisible, ce qui est aussi irréaliste que stupide. Cependant, il faut lui concéder, si l'on gratte son discours, une position parfois plus barrésienne que proprement raciste, même vis-à-vis des juifs : toute personne externe, tout autre qui copie le modèle national peut y trouver sa place (même si l'on sait que le copieur est toujours méprisé du détenteur du copyright – contentons-nous de renvoyer nos lecteurs à l'aventure coloniale pour le voir à l'œuvre...).
Or, l'homogénéité culturelle n'a jamais existé, nulle part, sinon comme monstrueux processus étatique moderne, celui-là même qui a imposé la logique du Marché là où existait une multiplicité de types d'échanges et de logiques économiques, la grammaire normative là où il y avait les dialectes, le multilinguisme et la créativité locale et populaire, et finalement, avec la fin des communaux, l'industrialisation (c'est-à-dire l'urbanisation, les usines, le temps mécanique et la soumission du savoir-faire humain à la grégarisation technique) là où il restait encore un peu d'autarcie et l'autonomie : la consommation a presque achevé le processus en industrialisant la vie privée et la famille... La nation n'a été qu'une étape de ce processus (2) dont l'État (3) s'est révélé, depuis le début, le moteur (4), le pôle d'imbrications et de conflits des diverses logiques sociales, idéologiques, techniques et culturelles de la modernité, et aussi le principal bénéficiaire – puisque son monopole de la violence légitime et ses domaines d'intervention n'ont cessé de s'étendre et les secteurs ou communautés de résistance de se réduire ou d'être phagocytés... jusqu'au résultat final : l'assomption dans la croissance et la catastrophe écologique. Celle-ci n'est pas seulement une menace sur la nature ou sur l'existence de notre espèce, elle est aussi une menace sur notre dignité, notre identité en tant qu'hommes, ainsi que sur nos libertés les plus essentielles (5).
Or, de ces enjeux-là, Soral n'en a rien à faire. Sa dignité n'est manifestement pas menacée par les nanotechnologies, la surveillance électronique, psychométrique, la généralisation des drogues et des psychotropes, la menace du génie génétique, l'emprise des machines et du bonheur climatisé, la dépendance aux institutions, le Treblinka des animaux, la vie de porcs (comme disait Châtelet) en shopping ou de veaux cimentés qui nous est destinée : tant que tout cela est inventé par des Français, mis au point dans des laboratoires français, produit dans des usines françaises, autorisé par l'État français et vendu dans des commerces français, tout va très bien. Sa dignité, voyez-vous, c'est d'être Français – et la dignité des autres, c'est sans doute de le devenir.
Ce que je viens d'affirmer est une caricature ? Mais enfin, j'ai beau retourner toutes les vidéos de fond en comble, je ne vois rien, n'entend rien d'autre que cela... Peu importe, pour Soral, que la biodiversité disparaisse, que les cancers, les maladies psychiatriques et les maladies dégénératives d'origine environnementale soient devenus endémiques, que l'on ne laisse rien d'autre à nos gosses que des institutions pour gérer la rareté (qui, contrairement à ce que Soral affirme n'est pas la donnée de base de l'économie (6)), la laideur et l'ineptie de vies vouées à la production et à la consommation, pourvu que cette biodiversité morte, ces cancers, maladies, institutions, rareté, laideur, vies ineptes, production et consommation soient français... Les menaces sur les libertés non plus ne l'intéressent pas, sauf quand elles viennent (selon lui) des juifs, des Américains, des protestants et des francs-maçons. Quand elles sont le fait de son modèle Poutine ou d'un gouvernement français fort, elles sont tout à coup supportables voire souhaitables et même, succulentes.
Quant à la tradition qu'il invoque sans cesse à l'appui de son projet, il la conçoit comme un contenu authentique, une portion de temps muséal, intangible, légendaire. Il fait, en somme, ce qu'il reproche au shoah business de faire : il reconstruit et mythifie un fait historique.
Or, l'intérêt de la tradition, c'est moins son contenu, son référent, de toute façon toujours changeant et nécessairement fixé, figé de manière arbitraire, que sa forme, c'est-à-dire la relation au réel, le processus qu'elle implique : de la lenteur, de l'humilité, de la prudence, des changements par petites touches, un travail collectif qui exige une vraie procédure démocratique au sein de la communauté – tout ce que les gens comme lui, avides d'État, de hiérarchie, de coercition, de petits et de grands chefs ne peuvent pas comprendre.
Du point de vue de ce qui fait sens à notre époque, Soral est le clown hargneux de Bernard-Henri Lévy : il n'a décidément pas plus à enseigner qu'à offrir.

Conclusion

Comment conclure ce petit travail ? D'abord en renvoyant les lecteurs aux ouvrages du sociologue Uli Windisch (7), qui leur permettront non plus de comprendre le dysfonctionnement intellectuel, la mauvaise foi, l'incohérence et l'illogisme de Soral, mais de décrypter sa propre logique, de saisir plus en détails la façon dont son discours «marche» ou plutôt serpente dans les consciences, en clair : comment il se vend...
Et il se vend très bien, hélas, parce qu'il est facile, vulgaire et terriblement confortable, sur la forme et sur le fond. C'est un discours de lâche puisque c'est un discours sans effort et sans risque, qui distribue le eux et le nous, à coups de stéréotypes, d'une part, de flatteries, d'autre part. Soral ne s'adresse pas à des individus, mais à une meute. En somme, il applique la logique du film 300, navet ridicule destiné à des adolescents incultes qui veulent se trouver des ennemis de jeu vidéo pour s'inventer des biceps (j'assume pleinement cette analogie qui n'est nuancée que par la vision des femmes dans le film !)...
Ensuite, en précisant que rien de ce qui a été dit dans ce texte ne peut être interprété comme une prise de position en faveur des adversaires de Soral – ce serait un sophisme : contrairement à ce que lui et les divers médias du système phatique qui nous submerge répètent, ce n'est pas parce que l'on s'oppose à quelque chose que l'on est d'accord avec d'autres qui s'opposent à cette même chose; les ennemis de mes ennemis ne sont pas nécessairement mes amis, ni les amis de mes ennemis mes amis. Je ne me définis pas par ce à quoi je m'oppose, mais par ce au nom de quoi je m'oppose. Mon action et ma pensées ne se restreignent pas à suivre ou à lancer un signe de ralliement, à me ranger d'un côté ou d'un autre –, j'ai toujours été franc tireur, et je m'en félicite !
Ainsi, Soral et moi partageons de nombreux adversaires, mais pas pour les mêmes raisons, ni avec les mêmes objectifs. Je n'aime, dans le petit cercle des pseudo-intellectuels médiatico-parisiens, ni Bernard-Henri Lévy, ni Caroline Fourest, ni l'exilé Maurice G. Dantec, ni Ainsi Finkielkraut, ni Richard Millet, ni Renaud Camus, ni Robert Redeker, ni Éric Zemmour, ni Michel Onfray, ni Jacques Attali, ni Jean-Luc Mélenchon, non pas seulement pour ce qu'ils affirment, ou par ce qu'ils représentent institutionnellement, mais en raison de la sophistique et, parfois, des mensonges qui fondent leurs discours, ou encore de leurs dissonances cognitives...
Enfin, en faisant un appel à tous ceux qui ont le souci de clarifier et de moraliser le débat public dans lequel, en défenseur de la démocratie directe, je crois plus que jamais : rien, absolument rien n'est et ne doit être tabou, c'est-à-dire écarté de la réflexion par gêne, par convenance, par habitude ou par une norme quelconque (ainsi, les lois qui décident de ou dictent ce que doivent être les vérités historiques me sont ignobles). Au contraire, tout doit pouvoir être dit, même les pires niaiseries, même les plus insultantes et insupportables stupidités – précisément parce que l'on est toujours l'imbécile de quelqu'un. Cependant, même si nul n'est parfait, il faut s'efforcer de traiter tous les sujets avec honnêteté, avec droiture, avec rigueur; chacun doit assumer jusqu'au bout son discours, sa posture et ses actes, jusqu'à la dernière conséquence, la dernière implication, le dernier écho.
Ce que l'homme peut faire de plus noble pour sa communauté, son espèce et même au-delà, ne tient pas dans ce par quoi il conclut une démonstration, mais dans la manière dont il a mené sa réflexion et, s'il s'oppose à d'autres, sa réfutation et sa critique. C'est en respectant des règles élémentaires de logique, de collecte et d'administration de la preuve, de citation des sources et de morale que le doute et la prudence reprendront leurs droits sur le bavardage, le bourdonnement des croyances, des stéréotypes et des opinions (qui ne sont pas un mal en soi, mais ne doivent jamais avoir le dernier mot). Car les raisonnements bien construits, stricts et cohérents, sur la forme comme sur le fond, amènent le plus souvent à cette saine vérité socratique : nous ne savons rien, ou pas grand chose – et nous devons donc appliquer une sorte de principe de précaution dans ce que nous affirmons, le conditionnel étant et devant être, fort souvent, de circonstances et la remise en cause, quoi qu'il en soit, systématique.
S'il y a une leçon à tirer du cas Alain Soral, c'est bien celle-ci : les moyens employés sont toujours plus importants que les fins poursuivies. Passer à côté de cette idée, c'est passer à côté de tout ce qui se trame aujourd'hui. Une technique, c'est-à-dire l'utilisation d'outils donnés, n'est jamais neutre et induit nécessairement un résultat spécifique – peu importe celui qui est escompté. C'est pour cette raison que la réflexion sur les outils et les techniques est primordiale.

Si Soral l'avait faite, il aurait sans doute été un tout autre penseur...

Annexe : Liste non-exhaustive des sophismes (8)

1. Ad hominem abusif : il s’agit de détourner l’attention de l’argumentation, ou d’un exposé de faits, pour attaquer la personne qui l’émet. Il existe aussi l’ad hominem tu quoque, ou argument de la dissonance cognitive, lequel consiste à conclure à la fausseté d’une position suite à un acte contradictoire du passé de l’individu qui donne cette position.
Pour ce qui concerne l'argument de la dissonance cognitive, qui consiste à disqualifier la position d'un individu en soulignant que ses actes ne correspondent pas à ses engagements, il peut bien entendu être légitime. Il l'est quand on reproche à une personne un comportement que le contexte ne lui permet pas d'éviter, même si elle le rejette en pratique. Il est ainsi à noter qu'à condition de situations semblables, on ne peut pas reprocher à un autre ce que l'on fait soi-même et que, donc, par exemple, un auteur sous pseudonyme parce qu'en danger peut légitimement reprocher l'utilisation d'un pseudonyme à un adversaire qui ne l'est pas. On peut par contre attaquer une personne en invoquant un acte commis par elle et qui est en contradiction avec la valeur qu'elle affirme et défend, mais à la condition que cet acte ou cette valeur soit attesté(e), en contradiction et utile pour démolir l'argumentation et non pas blesser la seule intégrité de la personne. Par exemple, il est légitime d'opposer une infidélité conjugale à un homme politique qui base sa campagne ou son argumentation sur la sacralité du mariage, qui l'utilise pour obtenir un gain quelconque. Il n'est pas légitime de le faire quand l'affirmation en contradiction avec l'acte n'est qu'un engagement personnel et donc pas un pilier de l'argumentation ou un objectif dans la sphère publique.
Derechef, si l'on évoque la prise de position d'un individu en la lui opposant, en le délégitimant par les liens qu'il entretient avec un camp, il faut aussi mentionner les liens des auteurs d'opinions qui lui font face avec un autre camp : ce que l'on relativise chez l'un, on le relativise chez l'autre. Autrement dit, ceux dont on invoque les affirmations doivent être traités de même manière.
2. Ad ignorantiam (le poids de la preuve). Cet argument conclut au contraire d’un énoncé du fait que cet énoncé n’est pas prouvé. Exemple : on ne peut pas prouver qu’il n’y a pas de terroristes sur le territoire Belge, donc il y en a.
3. L’argument d’autorité : argument qui tient sa légitimité du statut de la personne qui l’émet. Il est abusif quand (1) la figure d’autorité n’a aucune expérience dans le domaine en question; (2) les avis divergents d’autres autorités dans le domaine sont passés sous silence; (3) on accorde au témoignage de la figure d’autorité un poids disproportionné comparé aux autres facteurs.
4. L’argument du faux dilemme ou de la fausse dichotomie. Cet argument fonde sa conclusion sur le fait que seuls deux termes mutuellement exclusifs d’une alternative sont possibles, alors que d’autres choix sont possibles, ou les termes ne sont pas exclusifs. Par exemple, en économie : «êtes-vous pour une politique de relance par l'offre ou pour une politique de relance par la demande ?».
5. L’argument de l’homme de paille. Il consiste à réfuter une position que l’adversaire ne tient pas, à réfuter une partie de son argumentation en prétendant avoir tout réfuté ou à réfuter une argumentation boiteuse en faveur d'une position en prétendant avoir réfuté toutes les argumentations en sa faveur.
6. Secundum quid ou généralisation hâtive ou encore induction abusive ou bien de composition. C’est une induction qui consiste à faire attribuer à un ensemble ce qui caractérise une partie seulement, tirer des conclusions pour un ensemble à partir d’une partie. Exemple : certains combattants irakiens sont islamistes, donc tous les combattants irakiens sont islamistes.
7. L’argument de la déduction abusive, soit l'attribution des caractéristiques du tout aux parties.
8. Post hoc ergo propter hoc (l’argument de la fausse cause). Il consiste à conclure à une causalité sur le seul fait d’une simple succession dans le temps.
9. L’argument de la fausse analogie. Il s’agit d’une comparaison entre deux termes qui présentent des dissimilitudes qui les rendent inassimilables l’un à l’autre. Exemple : lutter contre le régime baasiste, c’est comme lutter contre le nazisme.
10. Argumentum ad numeram ou argument du nombre. Selon cet argument, une position est bonne ou vraie parce que beaucoup de gens la soutiennent. Une variante est l’argument de la majorité. Exemple : l’invasion de l’Irak est soutenue par une majorité de la population américaine.
11. Argumentum ad misericordiam, ad odium ou argument émotionnel. Cet argument fait appel à l’émotion pour couper court à toute argumentation. Une variante est l’argument consistant à faire appel à la peur. Exemple : comment osez-vous défendre la résistance irakienne alors que mon fils a été tué par des terroristes irakiens !
12. L’argument de confusion entre cause et effet. Il consiste à prendre l’effet pour la cause ou l’inverse. Exemple : l’existence de réseaux terroristes actifs en Irak et le désordre en Irak (l’effet) nécessitent que l’armée américaine occupe le pays (la cause).
13. L’argument de la fausse attribution causale ou de la fausse corrélation. Variante du post hoc propter hoc. Il s’agit d’un argument où l’on conclut à une causalité à partir de la coprésence ou de la contemporanéité de deux phénomènes, alors que cette causalité réside dans un troisième terme.
14. Le plurium interrogationum. Il consiste à poser une question sur la base d’une réponse à une question préalable masquée et qui a pour effet d’enfermer ou d’évacuer l’argumentation du répondant. Exemple : poser la question à un critique d’Israël suivante, «Depuis quand êtes-vous antisémite ?».
15. Argumentum ad antiquitam. Il consiste à dire que puisque les choses sont anciennes ou dans les usages, alors elles sont bonnes ou vraies. Une variante est l’argument du fait accompli : puisque c'est arrivé, c'est que cela devait arriver.
16. L’argument de la nouveauté. Il consiste à dire que puisque les choses sont nouvelles, elles sont bonnes ou vraies.
17. L’argument de la coupure événementielle. Il s’agit de convaincre d’une position en faisait commencer la séquence historique explicative à un moment qui exclut des éléments importants pour la compréhension du résultat final. Par un processus de mensonge par omission, on fait commencer la chaîne de causalité de manière opportune pour son camp. Exemple : faire commercer les cycles de violence en Palestine par un attentat palestinien.
18. L’argument d’externalisation. C’est aussi un mécanisme psychologique qui consiste à dire que quand on a fait quelque chose de bien, cela vient de sa propre nature (et pas des faits extérieurs ou du hasard) et quand on a fait quelque chose de mal, cela vient de l’extérieur (la situation, les contraintes, la force majeure, le hasard. Il en va inversement pour les autres, en particulier pour les adversaires. Exemple : cette femme est une excellente conductrice de camion. Certes, mais parce que la technique l'aide beaucoup.
19. L'argument de la légitimité par la participation. Cet argument consiste à objecter à un adversaire qu'il n'est pas pour lui légitime de porter un jugement de valeur sur un fait, voire de l'aborder, parce qu'il n'en a aucune expérience. Exemple : comment pouvez-vous parler des drogues alors que vous n'en avez jamais pris ?
20. L'argument «pas vu, pas à prendre». Il consiste à réfuter une condamnation morale (ou judiciaire) parce que quelqu'un, pour les mêmes faits ou pour d'autres, n'a pas été pris, donc pas puni.
21. La preuve par la persécution. Elle consiste à considérer que, puisque l'on est persécuté, ce que l'on dit est vrai.
22. Pétition de principe ou cercle vicieux, qui consiste à inclure la conclusion d'une argumentation dans les prémisses.
23. L’argument de la pente fatale ou glissante. Il s'agit de dire, sans preuve, qu'en affirmant une chose, on en affirme d'autres – aberrantes - qui en découlent. Cet argument n'est illégitime que s'il est utilisé sans preuve ou sans précautions oratoires (un conditionnel, par exemple), c'est-à-dire si l'on confond le possible et le probable avec le certain.
24. L’argument «à qui profite le crime ?». Cet argument consiste à postuler que celui à qui profite un fait a voulu a nécessairement qu'il advienne, voire à tout fait pour qu'il advienne.
25. L’argument de la caricature ou de la simplification abusive. Il s'agit de simplifier à l'excès la position d'un individu pour la ridiculiser et ainsi parvenir plus facilement à l'attaquer.
26. L’argument de naturalisation. D'un fait est directement tirée une valeur, ou l'on invoque «la nature» pour justifier sa position, ou encore on considère que tout ce qui est naturel est bon.
27. L’argument «de toute façon». Il s'agit de justifier un comportement ou une position en arguant que d'autres les ont également adoptés. Une variante de cet argument réside dans le fait d'affirmer que si l'on ne faisait pas la chose, d'autres la feraient «de toute façon». Un sophisme particulièrement utilisé en politique internationale et en économie.
28. L’argument incomplet. Il consiste à n’avancer que les raisons qui appuient une position et à ignorer celles qui pourraient l’infirmer.
29. L’argument abusif de la tradition. Il s'agit d'invoquer une tradition pour justifier une position. Cet argument est à peu près semblable à l'argument du nombre, mais il ajoute une autre malhonnêteté, qui consiste à faire un découpage culturel et à déclarer que telle pratique relève d'une certaine tradition, par définition arbitraire.
30. L'argument de report de la responsabilité. En psychologie, ce type d'argument a été étudié par Bandura. Le droit (de la responsabilité civile et pénal) en traite beaucoup aussi. Il consiste à arguer que d'autres ont participé à l'acte que l'on a commis pour diminuer sa propre responsabilité, ou à accuser abusivement la victime d'être responsable de ce qu'elle a subi (exemple : dans le cas d'un viol, reporter la faute sur la victime parce qu'elle portait une minijupe), ou encore à diminuer sa responsabilité en niant la gravité voire l'existence de la conséquence (là encore abusivement, c'est-à-dire eu égard à des critères objectifs ou de bon sens). On retrouve ce type d'argument dans les principes élémentaires de la propagande de guerre mis en exergue par Anne Morelli (9).
31. L'argument de l'intérêt ou de l'origine. C'est une variante de l'ad hominem abusif peut aussi invoquer l'intérêt ou l'origine (ethnique, sociale, etc.) d'un individu pour lui refuser toute légitimité défendre une cause. Elle suppose ainsi qu'un individu doit ressembler ou faire partie du groupe qu'il défend, essentialise donc le fait de porter une valeur. Il s'agit donc d'un raisonnement tiré d'une forme de déduction abusive.
32. Le trucage par l'ambivalence ou l'homonymie. Il s'agit de placer dans son raisonnement un mot qui a plusieurs sens et dont le sens change au fur et à mesure de la démonstration, ou encore d'une démonstration à une autre alors même que ces démonstrations forment un dispositif argumentaire avec une conclusion finale commune, ou d'utiliser des homonymes pour truquer la démonstration.
33. Le trucage par la causalité. Il s'agit de confondre, dans une analogie, différents types de causalité ou encore de ne sélectionner, dans les causes possibles, que celles qui servent sa position. Par exemple, dans le débat sur le voie islamique, évacuer toute explication sociologique (choix volontaire, notamment d'un immigré de troisième génération en quête d'une nouvelle identité) qui ne colle pas avec ce que l'on veut conclure pour ne considérer que l'explication selon laquelle les jeunes porteuses du voile sont obligées par leurs parents (ce qui, en soit, est une rupture déontologique puisque l'on considère par ailleurs comme normal que les parents choisissent les vêtements de leurs enfants) ou que ce voile est un signe de soumission.
34. Le trucage analogique ou comparatif. Il s'agit d'opérer une comparaison dont seuls les éléments de ressemblance (ou de différence) sont retenus, où ne sont retenus que des éléments non pertinents, superficiels, et / ou dont l'objectif et les critères de sélection, de catégorisation des éléments à comparer sont suffisamment flous, permettant ainsi d'assimiler ou d'opposer tout et n'importe quoi.
35. Le trucage par l'évaluation. Cet argument consiste dans le fait non pas de sélectionner des éléments de comparaison, de causalité ou constituant des conséquences en omettant les autres, mais de leur conférer plus d'importance qu'ils n'en possèdent en réalité, ou eu égard aux critères que l'on s'est donné ou encore eu égard aux critères que le type d'analyse exige.
36. La confusion des conséquences et des objectifs. Il s'agit ici de postuler que ce qui arrive est nécessairement voulu par un agent quelconque et que donc il en est la cause et / ou le responsable. Il est souvent couplé avec l'argument ad hominem de l'intérêt ou de l'origine. Une intention doit toujours être prouvée.
37. La reductio ad hitlerum. Cet argument consiste à assimiler un individu à un camp, une cause, une idéologie représentant, dans un ordre culturel ou historique donné, le mal dit absolu.
38. L'argument ad hominem par association ou de la mauvaise compagnie, consiste enfin à souligner un trait commun non pertinent entre un adversaire et une figure du mal, voire une figure du camp que l'adversaire combat, pour assimiler le premier au second, prêter les intentions du second au premier, etc. Par exemple : les nazis ont édicté une législation protégeant les animaux domestiques donc ceux qui défendent les animaux sont des nazis. C'est aussi une fausse analogie.

Notes
(1) La Droite révolutionnaire (1885-1914). Les origines françaises du fascisme (Gallimard, coll. Folio Histoire), 1998. Sauf indication contraire, la ville de publication est toujours Paris.
(2) Voir notamment S. Rokkan, Economy, Territory, Identity : Politics of West European Peripheries (Sage, London, 1983).
(3) B. Charbonneau, L'État (Economica, 1987).
(4) K. Polanyi, La Grande transformation. Aux origines politiques et économiques de notre temps (Gallimard, coll. NRF, 1983). Un ouvrage vraiment essentiel pour comprendre le processus qui nous a menés à l'industrialisation.
(5) F. Dufoing, L'Écologie radicale (Infolio, coll. Illico, Lausanne, 2012).
(6) M. Sahlins, Âge de pierre, âge d'abondance. L'économie des sociétés primitives (Gallimard, coll. NRF, 1976). Ouvrage qui a été nuancé depuis sa publication, mais dont le propos n'en est pas moins fondamental.
(7) U. Windisch, Le K-O verbal. La communication conflictuelle (L'Âge d'Homme, Lausanne, 1987) et surtout Pensée sociale, langage en usage et logiques autres (même éditeur, 1982).
(8) Je ne puis ici que renvoyer au site de l'Acrimed qui donne d'excellents outils et exemples d'analyse de discours, ainsi qu'à J. Woods, D. Walton, Critique de l'argumentation. Logique des sophismes ordinaires (Kimé, 1992), et dans une version beaucoup plus universitaire et mathématique (et donc compliquée !) à mon vieux professeur P. Gochet, Gribomont, Logique, méthode pour l'informatique fondamentale (Hermès, 1998).
(9) A. Morelli, Principes élémentaires de la propagande de guerre (Aden, Bruxelles, 2010).