Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

« Voir la figure : à propos de l’esthétique théologique d’Hans Urs von Balthasar par Augustin Talbourdel | Page d'accueil | De l'esprit de conquête et de l'usurpation de Benjamin Constant »

31/05/2021

Dialogue sur l’effondrement de la littérature française

Photographie (détail) de Juan Asensio.

2703738766.jpgMarien Defalvard dans la Zone.








Voir aussi :

531987254.jpgLa crise de la littérature française et la nullitologie horizontale.







2971823903.jpgLa crise de la littérature française et la nullitologie horizontale, 2 : la déshumanisation de l'art romanesque.








Philitt.JPG«Si l’on excepte ceux, peu nombreux, qui produisent eux-mêmes quelque chose en littérature, on ne trouvera pas aujourd’hui en Allemagne cinq personnes ayant une opinion sur ces fruits de l’âme les plus délicats».
Hebbel, lettre du 27 avril 1838.


– Tu vas aimer j’en suis certain ce livre : L’Immortel d’Alphonse Daudet. C’est son impénitent de fils, Léon qui, en évoquant celui qu’il tient pour le prince des imprécateurs, Rabelais, remarque que son père était à ses heures un redoutable polémiste, et cite comme exemple ce livre. Il y moque la «vieille dame» qu’est l’Académie française, mais surtout les innombrables gitons qui veulent y entrer, de force au besoin, sans renoncer à donner du plaisir à la catin vermoulue presque quatre fois centenaire. Tu penses si elle a en vus, des prétendants s’en aller la fleur au fusil et repartir l’étendard en berne, des Lovelace plus ou moins frais se bousculer à son portillon moisi, qui tient davantage d’un péage qui ne prendrait même plus la peine d’abaisser de temps à autres sa barrière automatique ! C’est une ribambelle de béjaunes et de commis qui se presse devant l’orifice sanieux, tous écrivants assurément, comme disait Barthes, puisqu’ils n’ont pas de langue et le plus souvent, tous aussi, débarrassés jusqu’à la radicelle d’un autre organe moins noble que la langue mais sans doute bien plus utile pour exercer leur art, l’entrisme décomplexé, l’écartèlement, à la force du menton et au risque de contracter une perlèche suppurante, entre les cuisses saponifiées de l’illustre putain.

Philitt2.JPG– Voilà qui me plaît !, répondit l’écrivain en commençant à jeter un œil sur le volume à vieille couverture cartonnée que son ami, appelons-le le critique, lui avait offert. – Je n’ai pas lu ce livre et, de Daudet, je t’avoue que ne connais que les Lettres de mon moulin bien sûr. Puisque tu me parles d’entrisme, un mot assez neutre en lieu et place de celui, plus évocateur, de putanat, tu as dû lire comme moi le fameux manuel tout entier consacré à ce sujet d’une si constante actualité, dans notre pays, sous la plume de Fernand Divoire, publié à une époque point si éloignée que cela où un journaliste savait encore écrire : le titre est faussement savant, donc drôle, puisqu’il s’agit d’une Introduction à l’étude de la stratégie littéraire. Je crois que nous tenons une preuve de l’existence d’un génie naturel, inné, chez la plupart de nos éditorialistes, car, comme les mouches vertes dites à merde, ils ont réussi à se reproduire par génération spontanée ainsi qu’on le pensait dans le temps jadis, mais surtout parce qu’ils ont méticuleusement reproduit les différents stratagèmes indiqués par Divoire, et sans même, à l’évidence, avoir lu ce si pratique manuel.

La suite de ce dialogue a paru dans le numéro 11 de la revue Philitt.

51081316463_e540188b38_o.jpg