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07/04/2011

Pierre-Antoine Rey dit Cormary ou l'écrivant qui se répand

Crédits photographiques : Bernd Weissbrod (EPA).

D'un monologue au fond d'une cave : Pierre Cormary le mélisant

Si vous avez quelque temps à perdre, allez donc lire, tout de même pas comme je l'ai fait, c'est-à-dire jusqu'à l'écœurement, les indigestes tartines de beurre rance que Pierre Cormary agite sous nos nez en y ayant déposé de gros morceaux malodorants de Sade, Sacher-Masoch, Joyce ou Stendhal (ces quatre noms importent peu et peuvent être remplacés par n'importe quels autres, comme Nabe, Chesterton ou René Girard, ayant eu la malchance d'être commentés par notre piètre lecteur) et des plumitifs aussi nuls qu'Amélie Nothomb.
Parfois, il nous offre, utilement, un résumé de son activité annuelle sur Facebook. Cela donne telle note, où le grotesque le dispute au vulgaire, au sale, à la pornographie verbale.
C'est bien simple, quel que soit l'auteur ou le sujet évoqués par notre mélisant, comme lorsqu'il s'agit de défendre l'ignoble navet de Mel Gibson ayant pour titre La Passion du Christ ou tel ou tel prodige d'intelligence, selon notre si fin critique cinématographique (les preuves : sur Kill Bill, Batman Begins, etc.), bref, quel que soit le sujet sur lequel Pierre Cormary n'hésite jamais à déverser sa fausse science et sa maladive logorrhée, la même aigre ritournelle nous est jouée, dont le refrain si peu original qu'il en devient touchant et même obsédant est un long, unique et douloureux Moi ! Moi ! Moi !, formule magique de sa pauvre structure névrotique, selon le procédé fort commun dit de l'identification priapistique pré-pubère qui consiste à se choisir une figure de grotesque, de préférence fantasmatique, pour décharger sur ses épaules déjà courbées ses plus insignes tares.
C'est ainsi que Pierre Cormary a pris soin de n'aimer que des égotistes indécrottables qui, signe invariable de la petite mécanique perverse à laquelle il obéit comme un éléphant à son cornac, lui ressemblent (puisque tout le monde ressemble, en fin de compte, au plus misérable d'entre nous et qui se considère comme tel), comme Gabriel Matzneff, et, bien sûr, Marc-Édouard Nabe, qu'il aime et hait tout à la fois.

Celui par qui le scandale n'arrive jamais

Confusion mentale ? Nous pouvons la soupçonner dans une bonne centaine de notes de Pierre Cormary même si quelque lecture inattentive, superficielle des écrits de notre infect blogueur peut laisser penser qu'une redoutable mécanique dialectique est à l'œuvre dans les textes de l'intéressé.
Car, chez Rey, tout est leurre : et d'abord sa connaissance de la littérature, qu'elle soit française ou étrangère. Pierre-Antoine Rey est beaucoup de choses si l'on veut mais il est, avant tout, un incompétent en matière littéraire et, par-dessus le marché, un inculte.
Qu'avons-nous, en guise d'intelligence et de style ? Quelques pitoyables procédés, dont je n'évoque que les plus intéressants. Ainsi, en guise de captatio benevolentiae, ce que nous pourrions appeler l'insinuation galopante ou bien la suspicion salopante, dont le contresigne pourrait être appelé le blanchiment infamant. Illustration, par ce monologue entièrement imaginaire que pourrait nous tenir Pierre Cormary : «Allez, mon cher lecteur, mon semblable, mon frère, crois-tu réellement que le pur parmi les purs, le Christ voyons, soit aussi pur que cela ? Tiens, saint Paul lui-même, «hystérique, fanatique, misogyne, homophobe, pré-inquisiteur», n'est jamais qu'un Saul repenti ! Pareillement, es-tu assez stupide pour penser que le plus abject salopard, un Sade ou tout autre pestiféré de ton choix, est aussi abject que cela ? Non mon cher, il l'est encore bien plus que jamais tu ne l'imagineras et, a contrario, le Christ est au-delà de toute idée lamentable que tu pourras te faire de la pureté, et, je vais te le dire, c'est bien pour cela que l'un et l'autre, le Christ et Sade ou le plus insigne salaud qu'il te plaira de peindre en termes outranciers, sont au-delà du bien et du mal parce que, moi, je te le dis : rien n'est pur, tout est déjà sali, même le plus innocent bambin encore relié à sa mère (cette probable mégère peu reluisante...) par son cordon ombilical.
De fait, juger le plus pur ou le plus impur ne fait que nous juger, je te conseille de relire La Chute de Camus si tu veux tout comprendre à cette mécanique vieille comme le monde, et que René Girard a merveilleusement démontée.
Deuxième temps de notre petite démonstration cormarienne : nous juger, c'est nous condamner parce que, cher lecteur, au cas où tu en douterais, je te confirme que nous sommes, toi et moi, moi surtout mais tu n'es pas en reste, deux beaux salopards. Pourquoi, me demandes-tu ? Comme tu es touchant, à la fin, un véritable petit ange tombé du ciel sur la terre et tout désorienté de se trouver entouré de visages grimaçants. Tu es un salaud parce que, retournement de l'identification priapistique vue plus haut, tu ne me lirais pas si tu étais si pur que cela. Si, donc, tu me lis, c'est sans doute, allez, à coup sûr même, que tu patauges dans la boue, comme moi, mais que, tout comme moi je le sais bien, tu adores t'y vautrer, selon le mouvement bien décrit par Honoré Biffard lorsqu'il parle de rivalité porcinétique : tu me lis et désespère d'égaler ma vilenie, ma saleté repoussante mais tu sais bien que jamais tu ne parviendras à m'égaler car, vois-tu, si tu étais comme moi, eh bien, tu serais moi, je veux dire que tu écrirais à ma place et donc que je n'aurais plus de raison de le faire, ni même de vivre puisque mon unique raison de vivre, n'est-ce pas, c'est l'écriture ! Tu me suis ? C'est pourtant facile de me comprendre, non ? Garde en mémoire que je ne m'aime pas et que je n'aime pas que les autres m'aiment, c'est le fil directeur de ma sophistique.
Troisième mouvement de notre opéra de quatre sous, il me faut donc, immédiatement, défaire ce que j'ai lié et te faire comprendre, pauvre âne de lecteur, que jamais tu ne seras aussi sale et repoussant que je le suis, j'appelle ce procédé le bannissement par l'abjection : je me couvre de merde comme David Nebreda, sous une telle quantité que je disparais de ta vue. Ainsi me suis-je retiré de la communauté avouable des vivants et des lecteurs pour m'emprisonner et me retraire dans l'inavouable, la communauté des damnés, impossible bien sûr puisque le damné est l'être le plus solitaire que tu pourrais concevoir dans ta petite cervelle friande de réjouissances festives et sociales. Crois-tu, même, que l'auteur que je commente, pour lequel j'ai déroulé le tapis crasseux de ces trois procédés herméneutiques, crois-tu même que cet auteur me soit d'un quelconque secours ? Bien sûr que non car l'ultime ruse de celui qui hait est de se débarrasser de la main tendue du dernier bon Samaritain, de cracher même sur cette main offensante qui est le signe et le symbole de la bénédiction du partage et moi, je ne veux rien, rien d'autre que d'être mon propre bourreau, j'ai mieux lu Baudelaire que toi va, et ainsi, dans un tête-à-tête infernal, je désire dissoudre à petit jets de haine en espérant bien faire taire celles et ceux qui pourraient vouloir m'aider, toi le premier peut-être

Je vois l'écrivant tomber sans mystère

Jugez-en donc, de cette intelligence devenue légendaire, par cet extrait de ce brouet sans saveur : «Au bout du compte, ça veut dire quoi être chrétien ? Ca (sic) veut dire reconnaître la saloperie de son être (sic ! NDLR : le péché originel). Ca veut dire avoir une certaine conscience de soi en même temps qu’une conscience du négatif. Ca veut dire apprendre à retourner le négatif en positif, le mal en bien, la faute en châtiment et le châtiment en rédemption.» En somme, ce magnifique condensé de la réversibilité des mérites pour lecteurs de Oui-Oui indique suffisamment que, au travers du regard de notre «catholique de la Contre-Réforme» (sic, extrait des informations fournies par l'intéressé sur son profil public Facebook), rien ne peut vraiment l'ébranler puisque tout, finalement, se vaut, une tragédie de Shakespeare comme un des surnuméraires navets de Nothomb, une page de Nietzsche comme une page de Laurence Zordan. Être catholique, du moins selon Pierre Cormary, cela signifie... absolument tout ce que l'on voudra, sauf, probablement, être catholique, c'est-à-dire appartenir à la communauté visible et invisible de celles et ceux qui non seulement suivent les commandements du Christ mais tentent de lui ressembler.
Affirmer que le personnage inventé par Rey n'est autre chose que le signe d'une pathétique et ridicule obsession de soi-même, entraîne quelques conséquences et provoque, chez l'intéressé, de nouveaux dysfonctionnements herméneutiques comme une vulgarité indéfectible (tous ces «Ah !» (variante «Ah la la !»), tous ces «Oh !» ponctuant ses commentaires et ses notes de blogueur, tous les petits procédés si peu originaux qui lui font imiter une gouaille populaire aussi peu naturelle qu'une greffe de palme d'ornithorynque sur un ventre d'hippopotame), une sexualité aussi tortueuse que torturée comme il nous l'expose dans la majorité de ses notes impuissantes à parvenir à se saisir et peut-être même à s'aimer, y compris lorsqu'elles évoquent la position de l'Église sur les animaux génétiquement modifiés, mais aussi une incapacité totale à évoquer un grand texte pour des raisons purement littéraires, nous offrant au contraire, en lieu et place d'une grande critique dont la première grandeur est de s'oublier, une soupe peu alléchante où surnagent quelques gros croutons frottés à l'ail de moi-mêmisme démultiplié à l'infini, nous offrant encore, contemplée sous une bonne centaine d'angles et autant de miroirs, la face de notre navrant et si profondément incompétent lecteur, ne faire que cela donc, aligner les uns après les autres ces jugements qui feraient taire, à vie, tout autre que Pierre-Antoine Rey dit Cormary qui n'a jamais douté de son talent, c'est s'arrêter trop vite et rater la vérité splendide et misérable, en ce qu'elle est d'essence théologique, de cet intarissable bavard, l'un des plus infâmes littérateurs sévissant sur la Toile.
Vais-je aller jusqu'à affirmer qu'il déshonore la blogosphère ? Non, bien sûr que non, quelle stupidité ce serait là ! Pierre Cormary ne déshonore que l'idée que je me fais de la parole critique. Il déshonore aussi l'idée que je me fais de la vertu et de la pudeur, avouons que c'est là placer la barre plus haut qu'une niaise et pitoyable stigmatisation d'un blogueur qui, vite perdu dans les plus minuscules flaches virtuelles, se rêvant grand squale blanc alors qu'il n'est, au mieux, qu'éponge de mer, frétille toutefois d'aise.
Cette vérité cormarienne, comble d'ironie (et quelle ironie, aussi socratique que kierkegaardienne, voilà qui devrait plaire à l'intéressé) qui, toutes les fois que je lis une ligne de notre littérateur, me fait partir d'un grand éclat de rire, est tellement visible que je m'étonne que personne n'ait songé à la jeter en travers de notre poussif jouisseur : car Pierre Cormary, comme telle créature de papier qu'il rêve d'égaler par son impuissance même et la misère, nous dit-il, nous répète-t-il, nous fatigue-t-il de note en note, en évidences ou allusions à peine voilées (Rey n'aime pas le voile, c'est un fait; il le déteste même, comme le montre cette note répugnante, qui aurait pu valoir fatwa à celui qui en est l'auteur), la misère donc de sa sexualité, est un Don Juan parodique, un démon de toute petite envergure. Je veux dire qu'il est, comme le Peredonov de Sologoub, un de ces pauvres torturés qui paraissent perpétuellement agités par une danse de Saint Guy, la danse de celles et ceux qui ne savent pas danser sans que pénètre dans leurs veines le suc d'une présence étrangère, qui les anime un temps puis les abandonne à leur navrante insignifiance. Car Pierre-Antoine Rey, qui feint de jouer l'impassibilité devant ses ennemis et l'imperturbable et pédagogue Socrate qu'il n'est bien évidemment pas, n'a aucun ami véritable, rien d'autre que quelques échos électroniques et fantômes, apitoiements contraints, encouragements de circonstance, tendresses mensongères et dégoûtées.

Ne surtout pas achever le piètre critique

Ces deux termes, érotomanie et démoniaque, ne représentent rien d'autre que la difformité d'une seule créature, malheureux bifrons enfermé dans ce que le génial penseur danois a nommé l'hermétisme.
Je ne puis que renvoyer les lecteurs intéressés par cette question, et surtout Pierre Cormary, ce lecteur si lamentable du Grand d'Espagne qu'il doit tenter de déshonorer sa mémoire pour nous convaincre qu'il n'était pas aussi intègre qu'on l'a dit, à ma longue étude de l'hermétisme démoniaque appliqué, comme catégorie de lecture, à Monsieur Ouine de Georges Bernanos.
Pierre Cormary nous apprend qu'il est un rat.
Je laisse à l'auteur la responsabilité de sa comparaison tout en lui faisant remarquer qu'une créature aussi malaimée que le rat bénéficie encore de la chaleur de ses congénères et que, dans les ténèbres où il se cache, il peut trouver quelque réconfort à se frotter contre une ou plusieurs femelles de son espèce, et même se perpétuer, sous la forme d'un de ces repoussants anneaux de bébés rats.
Le démoniaque, lui, est enfermé, comme l'est le personnage de Fiodor de La Joie, dans la propre geôle qu'il a édifiée avec une haine de lui-même que le malheureux, comme la première Mouchette d'ailleurs, finira par retourner contre lui.
Il y aurait toutefois une faute herméneutique à rapprocher Pierre-Antoine Rey du personnage de Fiodor qui, dans sa bassesse, témoigne d'une certaine grandeur, car il ne sert finalement à rien de demander à un mort d'être vivant.
Un autre personnage illustrant l'hermétisme démoniaque, cette fois-ci mis en scène par Ingmar Bergman dans Saraband, Johan, nous permettrait mieux je crois de comprendre le comportement de Cormary. Johan aime tellement les autres (sa fille, surtout) qu'il les confond avec lui-même. Les haïssant donc, il se déteste tant qu'il accepte tous les crachats; il est contraint, par une impérieuse nécessité, à se vider de sa haine et de sa grimaçante vérité de démon devant le premier venu.
Kierkegaard, définissant l'hermétisme et son corollaire qu'il nomme l'ouverture involontaire, écrit dans Le concept de l'angoisse que le plus faible contact, un regard d'un inconnu, etc., suffisent pour déclencher cette ventriloquie, terrible ou comique, qui agite le démoniaque furieux de se libérer de sa haine.
L'intelligence contrefaite de Pierre Cormary sait parfaitement que, employant certains mots, il nous indique les chiffres de son rébus misérable. Appelant à me faire condamner, il tourne contre moi une haine, une détestation viscérale qu'il a d'abord dirigée contre lui-même. Ainsi se condamne-t-il lui-même à ne pouvoir s'évader du cachot dans lequel il s'est claquemuré.
Mais cette banalité, ce n'est pas au démon de toute petite envergure qu'est le personnage de Pierre Cormary que je vais l'apprendre.