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30/06/2011

Un Léon superbe et généreux, par Ian Wambrechtein (Infréquentables, 15)

Crédits photographiques : Allen Eyestone (The Palm Beach Post/AP).

Antisémite et antidémocrate, deux épithètes infamantes qui justifient à première vue l’oubli où est tombé Léon Daudet. La première colle en effet parfaitement au bouillant collaborateur de La libre parole, et l’on trouvera dans ses Souvenirs un grand nombre de pages pour l’accréditer (1), et quant à la seconde, elle était pour lui un sujet d’orgueil comme pour d’autres leur appartenance au Christ ou, pour prendre un exemple moins démodé, leur asservissement à Sodome (2).
Mais les étiquettes fournies par le prêt-à-penser politiquement correct, même et surtout lorsqu’elles sont fondées, sont toujours idiotes. Car enfin, la gloire de Céline, antisémite furieux (3), malgré de récentes polémiques, n’a jamais si haut resplendi, et d’autre part qui, parmi nos intellectuels bien-pensants, songerait à reprocher au Che, ou à Rosa Luxemburg, de n’avoir pas suivi, dans leurs bonnes œuvres, les saintes voies de la démocratie ? Au reste, nos bons dirigeants eux-mêmes, dès lors que l’Histoire est en marche – comme c’est le cas, semble-t-il, pour la «construction» européenne –, se soucient généralement assez peu de l’assentiment des peuples qu’ils gouvernent, et lorsque ceux-ci prétendent l’entraver, ont l’esprit, après leur avoir fait les gros yeux, de n’en pas tenir compte, et de chercher aussitôt un biais pour réparer leur bêtise.
Si donc notre époque a oublié le gros Léon, c’est pour d’autres raisons, comme on s’en rendra compte en lisant le fort volume paru il y a une quinzaine d’années dans la collection Bouquins, et qui réunit l’essentiel des souvenirs de Daudet qui sont la meilleure part de son œuvre (4).
Le premier tort de Daudet est d’avoir vu clair. Car les clairvoyants ne sont pas aimés, qu’on considère généralement comme des ronchons et des empêcheurs de danser en rond. «Combien de fois, entre 1908 et 1914, ai-je entendu de gens raisonnables dire : ‘Pourquoi criez-vous au loup chaque matin ? – Parce que le loup est là. – C’est égal, vous devriez donner un répit à vos lecteurs. – Nous ne sommes pas là pour nous amuser. Nous sommes là pour leur rendre service. – Cet effet s’usera peut-être. – Tant pis. C’est alors que la guerre aura lieu.’» (5). Et je ne parle pas seulement des prophéties (6) du politique, ni des jugements du critique littéraire (et de l’amateur d’art), au goût quasi infaillible (7), mais aussi et surtout de la peinture des milieux politiques et journalistiques de son temps, qui est aussi le nôtre car on s’aperçoit très vite que rien n’a changé, seulement empiré.
Ceci, par exemple, ne vous fait-il penser à rien ? «La Chambre est à droite, mais elle n’ose se montrer telle qu’elle est» (8). Et encore : «La tendance des conservateurs, en général, à soutenir ceux qui les combattent sournoisement, est bien connue. […] On s’imagine qu’il est moins dangereux de combattre, de biais, un fléau, que de le combattre de front; alors que c’est le contraire qui est vrai. Le biais est un parage dangereux, où foisonnent les dupeurs et les aigrefins. Combien en avons-nous vu, de ces braves gens du centre-droit, qui, se croyant de profonds Machiavels, n’étaient au fond que des Gribouilles !» (9).
Et les lecteurs du Gaulois ne ressemblent-ils pas à ceux de certain grand quotidien parisien ? «Ce public est composé de poires conservatrices et libérales, les plus dodues, les plus juteuses de Paris et de la province. Il s’agit de ne pas les effaroucher, de telle façon qu’elles se sauvent, serrant leurs pépins, hors du compotier de l’insondable Arthur (10). Il faut leur donner l’illusion de l’opposition ‘irréductible’ – c’est le mot de la maison – sans courir les risques de cette opposition» (11).
Et dites-moi : ceci ne vous semble-t-il pas de la pure divination ? «Le libéralisme, c’est l’individualisme, donc l’anarchie édulcorée. Il aboutit, en fait, à la finance, à la pire et à la plus dure des tyrannies : celle de l’or. Inutile d’insister sur le mécanisme par lequel il annihile toute originalité de pensée, puisqu’il ne table jamais que sur des moyennes» (12). Quand on y réfléchit, on se dit que cela vaut Orwell.
Enfin, ceci ne lève-t-il pas un coin du voile qui recouvre aux yeux du profane l’intense et noble activité parlementaire ? «Savez-vous ce que veut la meilleure des assemblées ? celle où il y a le plus de patriotes, dont chacun, dans le privé, peut être vigilant et même clairvoyant ? Elle veut dormir. Elle désire qu’on lui fiche la paix avec l’alerte politique, financière, économique et militaire. Elle ne demande pas mieux que de faire semblant de travailler dans les commissions, que de s’intéresser, en séance, à de beaux et bons discours bien ordonnés, que de clabauder, dans les couloirs, mais, quant à l’essentiel, elle préfère dormir» (13).
Il faudrait encore citer tout Le stupide XIXe siècle (14) qui est d’une intelligence et d’une pénétration merveilleuses, et qui lève définitivement tout doute : nous sommes bien les fils de nos pères.
La deuxième raison pour quoi Léon Daudet n’est plus un auteur fréquentable, c’est tout simplement qu’il est un homme, je veux dire un homme dans le sens plein du mot, insoupçonné de nos contemporains qui pour la plupart ne font qu’usurper ce beau nom. Car comment appeler hommes ces pauvres êtres invertébrés et décervelés (une télé a pris la place du cerveau), ces ilotes même pas ivres, ces robots télécommandés par la publicité et par la propagande de Big Brother (15), ces terrains vagues incessamment traversés de pulsions plus ou moins incontrôlables, ces temples désaffectés, ces paquets de tripes dégoulinantes, ces numéros, ces ectoplasmes, ces zombis ?
C’est pourquoi l’homme moderne – si l’on me permet cette alliance de mots –, tout imbu qu’il est d’humanitarisme et de droits de l’homme, n’aime pas l’homme. Il lui fait peur, surtout lorsqu’il rencontre un beau spécimen, comme c’est le cas ici.
La vertu la plus rare y brille en effet, si l’on en croit le vers de Boileau : «Rarement un esprit ose être ce qu’il est» (16). Or, cette audace, peu d’hommes l’ont possédée autant que Léon Daudet, qui a été ce qu’il était – un fils, un père, un chrétien, un patriote, un royaliste, un homme politique, un écrivain – avec une force qui lui donne l’allure d’un géant. Je veux insister sur ce mot, que j’emploie au sens de la morale traditionnelle pour qui «la vertu de force a pour fonction d’écarter l’obstacle qui empêche la volonté d’obéir à la raison» (17). Or, «que nous dit la Raison ? Qu’il faut réagir. C’est la vie et c’est le salut. Mais qu’il faut réagir à fond, et persister dans la voie de la réaction choisie, si l’on veut aboutir à quelque chose. Cela, c’est l’énergie politique, qui complète la détermination politique, et assure infailliblement son succès» (18). De là cette vie de combat (quatorze duels, sans parler des combats de rue !), ces innombrables procès, ces emprisonnements, ces évasions (80 000 policiers et gendarmes lancés à ses trousses !), ces longs mois d’exil; de là ces discours enflammés, ces articles incendiaires, ces pamphlets; de là aussi son antisémitisme et sa germanophobie (19); et de là la rigueur avec laquelle il attaque et poursuit l’ennemi – que ce soit Caillaux, Malvy ou Briand (20) – dont il n’hésite pas à demander hautement la tête en vertu du principe énoncé par Machiavel : «Attention, ne ménagez jamais un ennemi public, ni privé. Si vous le ménagez, lui, le moment venu, l’occasion favorable trouvée, ne vous ménagera pas. Votre générosité ridicule fait le malheur de votre pays, ou de votre famille» (21). Enfin, de là son acharnement à dénoncer le libéralisme, car «le libéralisme c’est la réformette, et c’est aussi la genevoiserie de Jean-Jacques, mise à la portée des cœurs de lièvre et des raisons déraisonnantes» (22). Et d’expliquer : «Louis XVI, qui a ouvert le XIXe siècle, en lui laissant sa tête en otage, Nicolas II de Russie qui l’a fermé, dans des circonstances presque semblables, ont eu tort de ne pas écouter Machiavel, d’écouter les voix stupides du libéralisme meurtrier. Le maître qui ose être le maître, et parler et agir en maître, épargne au monde des millions de cadavres; et l’attitude timidement défensive, qui a toujours été celle du libéralisme, n’a jamais produit rien de bon.»
Outre cette vertu qui est celle des véritables héros, il faut encore reconnaître à Daudet une noblesse d’âme qui lui fait naturellement prendre en dégoût (mais un dégoût jovial et gai) les tièdes et les pleutres, les lâches et les veules, les fantoches et les paltoquets, et qui le rend parfaitement libre de reconnaître la valeur de ses adversaires comme Marcel Sembat (23), Georges Mandel ou encore Victor Schoelcher : «On découvrait chez ce débris des temps héroïques de la démocratie, une droiture, une fierté, une verte franchise bien émouvantes. Quel contraste avec les fantoches des deux générations suivantes : avec les Floquet, les Goblet, les Antonin Proust, les Freycinet, les Lockroy, les Clemenceau, les Hanoteaux, les Leygues, les Doumer devenus à leur tour aujourd’hui des anciens, mais sans noblesse même dans les erreurs, nains d’assemblée, de couloirs, de portefeuilles, pleins de mensonges, de perfidies et de trucs. Il y avait, entre cette clique et les républicains leurs prédécesseurs, plus d’un abîme» (24). D’où la réflexion suivante : «Je croirais volontiers que le libéralisme révolutionnaire, qui dégrade les institutions, corrompt les hommes encore plus vite et fait d’eux, en une génération, ces larves inquiètes et profiteuses que nous voyons depuis circuler partout. La ‘bonne République’, comme disent les sots, est non en avant, mais en arrière» (25) .

Enfin, si Daudet n’est plus lu, c’est qu’il est un admirable écrivain et ces livres une nourriture beaucoup trop forte pour des estomacs accoutumés à l’écriture «blanche» ou «écrue» (26), au style pâle et dénervé (ou au contraire «déjanté») des écrivaillons à la mode, si l’on peut parler de style pour des auteurs qui enfilent laborieusement les phrases simples – sujet, verbe, complément – et les platitudes (27).
Semblable à l’homme (28), celui de Daudet est typiquement un style de droite, à la fois puissant, riche, fleuri, et carré néanmoins (ce que dénotent une syntaxe et une ponctuation très rigoureuses). À quoi s’ajoute une bonne humeur, une verve et un esprit rabelaisien (qui se manifeste surtout par des jeux de mots, spécialement les calembours (29)), qui lui sont en propre et ont quelque chose de revigorant et de roboratif, comme le soulignait déjà Maurras, qui disait que son style «nous excite à vivre».
Comme souvent chez les mémorialistes, son génie s’exprime particulièrement dans ses portraits qui valent ceux de Saint-Simon. Regardons, par exemple, celui de Doumic (30) : «René Doumic, cette utilité qui se crut une nécessité, pioche physiquement le genre moyenâgeux. Quelqu’un de bien intentionné a dû lui dire qu’il avait une tête de vitrail. Mais il y a vitrail et vitrail. Celui de Doumic comporte des cheveux aplatis, d’un blond fade grisonnant, couvrant un front inquiet et plissé, au-dessous duquel s’ouvrent deux orbites bleuâtres. On ne distingue pas les regards. Une bouche mauvaise, cachée par une moustache et une barbe pisseuses, des joues creuses, un corps efflanqué complètent cette silhouette de noyé mondain. Il a trois bouées sur lesquelles il s’appuie : l’Académie, la Revue des Deux Mondes et les Lecture pour tous. Littérairement, c’est le néant. On ne peut citer de lui ni un mot juste, ni une ligne en français. Habillé de gris quant au style, il est invisible à un mètre. Il est sans goût, sans odeur et sans forme, mais non sans bile acrimonieuse et envieuse. Elle coule, certainement à son insu, en filets saumâtres et ruisselets jaunâtres, tout autour de lui. On voudrait crier à l’Université, sa nourrice : ‘Emportez-le et changez-le ! Il est trempé.’ À la lettre, Doumic pue le fiel» (31).
Celui de son confrère Du Bled (32) n’est pas mal non plus : «Vous connaissez ce haut plumeau juché sur un bâton, à l’aide duquel on enlève au plafond les toiles d’araignée. Tel se présentait l’historien anecdotier des milieux intellectuels et littéraires du XVIIe et du XVIIIe siècle, l’animal qui a mis la Sévigné en tartines et la d’Épinay en boulettes, le surraseur devant lequel s’enfuient les femmes, les enfants, les vieillards. Peine inutile ! Il les poursuit, les accule à un mur, à une table, à un fauteuil. Collé contre eux, genoux contre genoux, haleine contre haleine, il les étreint, les malaxe, les broie, les arrose d’une salive gluante. Les malheureux succombent, demandent grâce, étouffent, cherchent à fuir. Du Bled, de ses grands bras maigres, les maintient et, de sa grande bouche, les asphyxie. Ils voient repasser, sur leur muqueuse nasale, sortant de l’estomac de Du Bled, mêlés à tous les anas de la cuistrerie, les affreux souvenirs du dîner précédent, la gelée colle et la sauce Périgueux, le vol-au-vent plein d’un gaz triste et la timbale aux crevettes ammoniacales. Les jambes de Du Bled étant longues et décharnées, telles que des échasses pantalonnées, certains ont essayé de fuir par le compas. Alors le monstre, se retournant, les repoussait en sens inverse, sur l’autre paroi du salon Buloz. Car il a la tactique de cet appartement, depuis une vingtaine d’années qu’il y fréquente» (33).
Il excelle aussi dans le portrait court, qui en deux ou trois coups de plume vous croque un homme en faisant ressortir le trait le plus saillant, comme c’est le cas, par exemple, dans celui du pauvre Meurice (34) : «Paul Meurice, avec sa tête ronde et son poil blanc, donnait l’impression d’un vieux chien de garde qui ne gardait plus. C’était un reflet, un confident de tragédie, un de ces troisièmes plans qui ne jouent de rôle en littérature que par rapport aux protagonistes dans le sillage desquels ils se meuvent» (35).
Quelquefois cependant, quand le personnage est d’importance, le portrait s’allonge comme dans les pages consacrées à Briand, qui sont un des sommets des Souvenirs, ou à Zola, qu’il déteste, mais aussi à des personnages qu’il aime bien, car on a trop dit que la haine inspirait Daudet, la sympathie aussi, et on lira avec un égal plaisir les pages consacrées, par exemple, à Proust, à Courteline ou à Potain, ou encore ce portrait de Banville, si délicat : «Quiconque a lu Banville connaît Banville. Ailée comme une improvisation de Mercutio, sa causerie, qu’éclairait l’étincelle d’une perpétuelle cigarette, allait de la gourmandise aux passions de l’amour, en passant par Balzac et le Théâtre-Français, ouvrait les portes de la mémoire sur les loges d’artistes célèbres, sur les mots des derniers boulevardiers, combinait les plus jolis dessins à la Fragonard, dans des nuances claires et vives qu’on n’oubliait plus. Le génie de Hugo (36) était la fleur immense et parfumée où se grisait ce papillon diapré de Banville» (37).
Oui, ce géant était un poète, c’est-à-dire un créateur d’images, et d’images souvent obsédantes, comme celle de ce «rat bouilli» (38) auquel ressemblait, paraît-il, le professeur Armand Charpentier. À quoi ressemble au juste un rat bouilli ? Je me le suis souvent demandé, et sans doute Daudet sur ce point n’en savait-il pas plus que moi. Et néanmoins je ne doute pas que, si je rencontrais son modèle, j’en reconnaîtrais l’évidence (39).

Notes
(1) Notamment tout le chapitre III d’Au temps de Judas.
(2) Il n’est qu’à voir sa complaisance à évoquer cet Américain demandant à voir à la Chambre le fauteuil de l’ «homme le plus réactionnaire du monde».
(3) Ce que ne fut jamais Daudet. Au reste, «persécuter Israël serait impolitique et odieux», écrit-il en 1920 (Souvenirs et polémiques, Robert Laffont, collection Bouquins, 1992, p. 519) et en 1929 : «En ce qui concerne l’antisémitisme, il y a belle lurette que je m’en suis détaché de toutes manières – j’ai eu comme ami très intime un juif authentique Marcel Schwob – et que le développement de mon être intérieur m’a plutôt porté à essayer de comprendre Israël, et les raisons de ses coutumes et de leur persistance, qu’à le maudire» (Ibid., p. 928).
(4) Il ne manque – mais c’est grand dommage – que La pluie de sang et Vingt-neuf mois d’exil.
(5) Ibid., pp. 716-717.
(6) Dès 1911, Daudet avait annoncé non seulement la guerre de 14 mais son déroulement (articles rassemblées dans L’avant-guerre), puis celle de la seconde guerre mondiale, en particulier dans un texte intitulé Hitler et l’hitlérisme (1935), où se trouve exactement décrite l’invasion de la France par une offensive où «la motorisation et l’aviation» jouent le premier rôle. Si gouverner c’est prévoir, quel grand gouvernant il eût été !
(7) À deux exceptions près, mais c’est chaque fois pour un motif noble : Richard Strauss, qu’il appelle «le boche Strauss» (p. 278) et que pour cette raison il a manifestement oublié d’écouter, et son père, dont il place l’œuvre bien plus haut qu’elle n’est en réalité.
(8) Ibid., p. 853.
(9) Ibid., p. 717.
(10) Arthur Meyer, directeur du Gaulois, mais ce pourrait tout aussi bien être Étienne, Nicolas ou Francis.
(11) Ibid., p. 443.
(12) Ibid., p. 1204.
(13) Ibid., pp. 716-717.
(14) Notamment son étonnant «credo en vingt-deux points» qui est encore largement le nôtre, en particulier le 12e point : «Les relations de peuple à peuple vont sans cesse en s’améliorant. Nous courons aux États-Unis d’Europe» (Ibid., p. 1188).
(15) Un Big Brother aux mille visages, au sourire étincelant et au teint bronzé.
(16) Vers cité à plusieurs reprises par Léon Daudet.
(17) Saint Thomas d’Aquin, Somme théologique, 2-2, 123, 3.
(18) Souvenirs et polémique, op. cit., p. 1206.
(19) Qui d’ailleurs se confondent un peu, Daudet regardant les Juifs comme des suppôts de l’Allemagne et de la finance internationale.
(20) Tous trois considérés par Daudet comme faisant le jeu de l’Allemagne et par conséquent comme des traîtres.
(21) Ibid., p. 1206.
(22) Ibid., id.
(23) Qui, avant d’être une station de métro, était un député socialiste, proche de Jules Guesde.
(24) Ibid., pp. 18-19.
(25) Ibid., p. 19.
(26) Pour reprendre les termes de Pierre Jourde dans sa réjouissante Littérature sans estomac.
(27) Vous m’objecterez qu’on lit encore Balzac ou Molière, qui sont aussi d’admirables écrivains, et je vous répondrai : 1. qu’à part les lycéens qui ont de bons professeurs, plus grand monde ne les lit; 2. qu’au train où vont les choses, ils disparaîtront bientôt des manuels scolaires, comme c’est déjà le cas pour Bossuet, Retz, Saint-Simon, Fénelon, Lesage, Barbey d’Aurevilly, Montherlant, Bernanos, Péguy, Claudel, et une grande partie de l’œuvre de Corneille.
(28) «Le style est l’homme même» (Buffon).
(29) Les noms de famille en particulier l’inspirent, et Daudet est sans doute le plus grand affubleur de surnoms et de sobriquets de toute la littérature française.
(30) Critique et historien, collaborateur de la Revue des Deux Mondes.
(31) Ibid., pp. 352-353.
(32) Lui aussi collaborateur de la Revue des Deux Mondes.
(33) Ibid., pp. 347-348.
(34) Auteur dramatique et romancier, familier de Victor Hugo.
(35) Ibid., p. 19.
(36) Le portrait de Banville est inséré dans un tableau de l’entourage d’Hugo.
(37) Ibid., p. 15.
(38) Ibid., p. 28.
(39) Proust a, semble-t-il, ressenti une impression analogue, qui, dans un article intitulé «Un esprit et un génie innombrables : Léon Daudet», explique que, dans ses «portraits magnifiquement atroces», «les mots chargés d’une puissance instable entrent en déflagration d’images irrésistibles, avec une drôlerie immortellement géniale, que la raison ne connaît pas mais dont l’évidence s’impose et s’imposera toujours à quelque chose qui, sans être la raison, est commun à tous les lettrés» (Essais et critiques, Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, 1971).

L’auteur
Ian Wambrechtein, agrégé de lettres, a publié plusieurs nouvelles dans diverses revues et collaboré au dernier recueil du Club des Ronchons, Allez-y sans nous ! (L’Âge d’homme, 2009).