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06/04/2020

Sur le Journal de quatre ou cinq dindes confinées, par Gregory Mion et Atmane Oustani

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Il fallait s'y attendre, Cécile Coulon, qui est à la littérature ce qu'un élément de langage managérial est à la poésie d'un Hölderlin ou d'un Baudelaire, est de nouveau de la partie, même si celle-ci est, pour l'heure, bâillonnée, malgré la diligence pubarde avec laquelle les réseaux nous hurlent, urbi et orbi, la bonne nouvelle : Cécile Coulon donc, écrinaine ayant produit, fait, on ne sait quel verbe purement descriptif employer, le recueil particulièrement mémorable intitulé Les Ronces, que Philippe Delaveau place à la même hauteur que Les Tragiques d'Agrippa d'Aubigné, Cécile Coulon peroxydée, Cécile Coulon bâclée, Cécile Coulon cucurbitacée mais Cécile Coulon bientôt malheureusement déconfinée, écrit, n'en finit pas d'écrire car la substance de Cécile, c'est l'écriture, la proposition inverse étant bien sûr valable puisque l'écriture, la littérature même, coulonisent à qui mieux mieux à notre époque, et que, si un oiseau vole et une vache broute, si un Augustin Trapenard exhale une fadaise contente d'elle-même toutes les fois qu'il ouvre sa bouche où se dessine un sourire journalistique, autrement dit perpétuellement béat, Cécile Coulon, elle, écrit, du moins juste après avoir accompli son rituel matinal, qui est, selon sa propre confession, non pas penser à la littérature la plus immortelle où elle compte bien gagner sa niche ni même à toutes les ventes qu'elle va engranger en écrivant comme on rote, mais : pisser ou plutôt, et c'est là que nous constatons qu'en plus d'être écrinaine, Cécile est poète, penser à aller pisser, ce qui est tout à fait différent vous me le concèderez.
Mon étonnement est bien sûr feint car Cécile Coulon est toujours, systématiquement, depuis qu'elle s'est imaginée être un écrivain et qu'un certain nombre d'imbéciles, écrivains, journalistes et éditeurs, lui ont assuré qu'elle ne se trompait pas, de tous les meilleurs coups éditoriaux et, si certains créateurs ont le sommeil dérangé par la vision d'une métaphore inouïe, si certains poètes désespèrent, une fois réveillés, de retrouver telle image qu'ils ont vue en songe, comme Samuel Taylor Coleridge oublieux des centaines de vers composés en rêve qui n'aboutiront qu'au fragment
Kubla Khan, Cécile Coulon, elle, les deux pieds, qu'elle a fort larges et plats, bien plantés sur le sol auvergnat d'où elle a conquis Paris, donc la France, flaire les bons filons comme un sourcier une rigole d'eau filant à plusieurs kilomètres sous terre.
Cécile Coulon, à mes yeux du moins, est la plus parfaite incarnation sonore, criarde, publicitaire, commerciale, vulgaire, ignoble, indigente, de tout ce que je hais et méprise : la bêtise, la vulgarité, l'arrivisme décomplexé, un sans-gêne proportionné à son extraordinaire manque de talent, qui présente au moins l'avantage de se servir des journalistes comme d'autant de marchepieds où elle posera ses pieds (larges) crottés de bouse, pour parvenir d'ici peu à planter le drapeau de sa nullité sur un Himalaya de sottise consanguine. Je n'oublie pas davantage que Cécile Coulon, que je tiens pour le parangon de la médiocrité fière d'elle-même, n'est évidemment pas seule et qu'elle a des sœurs, des cousines et même, car le virus de la nullité ne fait bien sûr aucune distinction entre les sexes, des cousins. J'ai indiqué à nos deux tireurs d'élite, qui avaient naguère fait un carton, la ou les cibles, point uniques hélas : place maintenant à l'exercice de tir proprement dit.

Je rappelle ci-dessous les notes versicolores qui furent consacrées à cette incarnation de la vulgarité faite prose (et même poésie, paraît-il) qu'est Cécile Coulon qui, on l'aura compris, n'est que le porte-enseigne de cette médiocrisation
accélérée de ce qu'il reste de littérature, en France.

2523231785.jpgEat shit, billions of flies can't be wrong : à propos de Méfiez-vous des enfants sages.








34525259.jpgLorsque Hello Kitty fait de la poésie, Cécile Coulon floue tous les couillons.








3726237710.jpgDu succès en littérature contemporaine : le système bien rodé de Cécile Coulon, par Gregory Mion.








2925124415.jpgExtension du domaine financier de Cécile Coulon : de l’ego et du commerce et rien d’autre que de l’ego et du commerce, par Gregory Mion.







3083723401.jpgCécile Coulon et les coulonneux : la pigeonne n'est pas forcément celle que l'on croit







I / Gregory Mion – La candeur supposée des dindes et le calcul flagrant des hyènes

L’affaire est entendue et elle prend la tournure d’une vérité mathématique : l’état général d’un pays se mesure à la qualité des écrivains qu’il contribue à mettre en évidence. Or cette vérité m’apparaît d’autant plus limpide qu’elle permet aussi de se demander quels sont les écrivains dont les textes ne sont pas relayés pour telle ou telle raison. Si le pays est fort, les textes recalés sont probablement faibles, et, à l’inverse, si le pays est faible, les textes retoqués sont probablement forts. Il a d’ailleurs existé une époque, en France, où un texte pouvait ne pas être respecté parce qu’il n’était objectivement pas respectable, par son indigence stylistique, par sa dysmorphie grammaticale, par la nullité envahissante de son propos, voire par l’irrecevabilité ontologique de son auteur, à savoir qu’un manque d’être, une faillite dans la conformité au principe même de la vie, pouvait être durement sanctionné. Si ce genre de texte parvenait toutefois à se faire publier grâce à la loi éternelle du népotisme littéraire ou grâce au désir identifié d’une irrécupérable fraction de la population française, ce même texte, indubitablement, se retrouvait exécuté par la critique et parfois même par des écrivains soucieux de préserver l’hygiène du sanctuaire des lettres. C’était du reste cette époque où Léon Bloy, en successeur exorbitant de Barbey d’Aurevilly, pouvait tomber sur Émile Zola tel un aérolithe justicier, accusant le «crétin des Pyrénées» (1) d’une double faute : d’abord celle de ne pas savoir écrire autre chose que des lieux communs sur la crapulerie des hommes, ensuite celle de défendre Dreyfus non pas en considération de la justice, mais en considération de l’opportunité de faire parler de soi tout en prenant la pose de la Vertu. Et c’est en considération d’une subtile dialectique de l’innocence et de la culpabilité que Léon Bloy s’exprime : si les apparences nous montrent un Zola qui vole au secours de l’innocence bafouée d’un Dreyfus, ce n’est pas un motif de réjouissance parce que l’existence soi-disant vertueuse de Zola, à une échelle invisible de la réalité, a participé de la culpabilité de Dreyfus. En d’autres termes, c’est parce que tout un pays a fait de Zola un écrivain national qu’un Dreyfus, en contrepartie, a écopé d’une culpabilité infamante. Que Dreyfus soit innocent, cela ne fait aucun doute dans l’esprit de Bloy, mais que Zola soit un innocent qui veuille se refléter dans l’innocence outragée de Dreyfus, c’est proprement inacceptable eu égard au crime commis par Zola – à savoir le crime de mal-écriture et le crime plus grave du narcissisme maladif à la recherche de la moindre occasion de grossir. En un mot : la France avait révélé sa profonde médiocrité en ayant porté à des hauteurs suspectes quelqu’un d’aussi mauvais qu’Émile Zola, et cette médiocrité, devenue fatalement réticulaire, a entraîné l’abjection de ce que l’on devait nommer l’affaire Dreyfus.
La situation actuelle n’est pas différente lorsque la France, en pleine crise pandémique, se propose, à travers les plus puissantes ramifications de la Presse officielle, de catapulter la parole d’un duo de dindes farcies de bourgeoisie et d’impiété – Leïla Slimani et Marie Darrieussecq –, comme appelées à guérir la nation par la lumière de leurs épanchements. L’une et l’autre incarnent une parfaite symétrie de pauvreté spirituelle avec le présent pouvoir français. Aussi est-il possible d’affirmer que Slimani et Darrieussecq n’ont droit de cité que par une certaine connivence abyssale avec la longue décadence de la politique française, une décadence qui s’attarde maintenant depuis au moins trois ou quatre décennies. Le précipité chimique de cette décadence et de cette irréligiosité profanatrice de la littérature aboutit à une dévastation inédite de la France. À l’instar de Léon Bloy, je ne peux donc faire autrement que de me saisir des emblèmes du pamphlétaire, parce que je sens intimement que l’on piétine «mon Idéal saccagé» (2), c’est-à-dire la France exacte, la France ontologiquement sacrée, la France fécondée par ses grands morts et toujours prête à massacrer les blasphémateurs de toutes les espèces. Je ne puis en outre supporter que la France soit diminuée au statut d’un trottoir sur lequel viennent se prostituer les impostures politico-culturelles qui non seulement offensent la mémoire des Anciens, mais, de surcroît, discréditent la moindre proclamation des Modernes.
Mais l’inculpation de Slimani et de Darrieussecq m’a l’air encore trop simple parce que, justement, tout nous encourage à les exposer à la vindicte populaire (je salue tout de même les bûchers argumentatifs qu’on a déclenchés ici ou là). La saleté morale de ces femmes n’est pas de nature à soulever un débat contradictoire, au même titre que la vermine qui prétend diriger la France dans l’ensemble de ses ministères n’est pas susceptible d’un acquittement. Dans la situation qui est la nôtre en ce moment, pendant que les pauvres paient la rançon des nantis, ce n’est pas sur ceux qui sont le plus ostentatoirement vicieux qu’il faut appliquer des coups de trique, mais il faut plutôt les asséner à ceux qui sont le plus ostentatoirement vertueux, comme l’était jadis Émile Zola, parce que c’est peut-être là, précisément, que le Mal va au bout de sa ruse. Et lorsqu’un pays comme la France atteint ses plus puantes scélératesses en donnant la main à des dindes soi-disant littéraires, ce n’est pas tant à cette partie du Putanat que je m’intéresse car, en effet, j’ai l’intuition qu’il y a plus alarmant et plus maléfique encore – en l’occurrence les hyènes qui ramassent les morceaux, les hyènes qui, sur le dos des outrecuidances faciles de Slimani et Darrieussecq, exploitent le gisement d’une vertu qui vous dit à peu près ceci : moi aussi je suis écrivain d’État et contrairement à ces deux dindes, je suis vraiment de votre côté, je suis pour le peuple, je le défends et je suis disposé à faire la liste de tous les nobles métiers qui sont chaque jour au front de cette grippe asiatique. À ce petit jeu de l’opportunisme et du narcissisme qui écrase largement les productrices de texticules susmentionnées, je n’ai pas dû investir longtemps le terrain de la fosse d’aisances de la prétendue littérature française, et j’ai vu surgir, comme surgit un ramasse-merde pour aller au contact des Copronymes déjà cités, j’ai vu accourir, donc, le nom de Cécile Coulon.
Par le truchement de France 3 Auvergne et Rhône-Alpes, à l’initiative d’une certaine Catherine Lopes, nous apprenons que Cécile Coulon travaille à un «anti-journal de confinement», tout comme l’on essaie de nous rappeler, en-dessous d’une photographie qui en dit long sur la faculté d’impudence de cette écri-naine, que l’on est en présence d’un «écrivain à succès». Si tout est absolument inutile dans les interventions de Coulon (et je n’évoque même pas le niveau de celle qui l’interroge), tout en revanche est absolument utile à cette déterreuse de coups fourrés. Elle essaie lamentablement de se démarquer de Slimani et de Darrieussecq, mais elle va plus loin dans l’ordure étant donné qu’elle s’affiche comme la voix du Bien, la voix qui réconforte et qui apporte de l’intelligence, alors même qu’elle personnifie la plus impayable balourdise augmentée d’une vicieuse tendance à nourrir coûte que coûte la fringale de son ego. À quoi le vérifie-t-on et en quoi est-il impossible de nous taxer de partialité ? Au fait que Cécile Coulon, à quelques lignes d’intervalle, est capable de simuler son attention à autrui tout en comptabilisant ses abonnés Facebook. Par conséquent, si je peux éventuellement réviser mon jugement sur Slimani et Darrieussecq en invoquant la candeur hypothétique des dindes, en revanche je ne peux pas douter qu’à une période où la France fait le compte quotidien de ses morts, je juge déplacé, pour ne pas dire autre chose, de faire le compte de ses abonnés Facebook, cela, du reste, avec la complicité d’un journalisme putassier. Il suit de là que la permission que l’on accorde à Coulon, cette sorte de réplétion autorisée de la platitude, ne saurait être une antithèse de Slimani ou de Darrieussecq – elle est au contraire leur condition ultime de possibilité. Il s’agit de comprendre que Coulon, par son existence médiatique et superficielle, s’assimile totalement aux existences respectives de Slimani et Darrieussecq. Ces trois sordides écrivassières partagent la même nature, mais l’une, en s’imaginant plus maline que les autres, a prouvé qu’elle résidait à un degré supérieur d’obscénité.

II / Atmane Oustani – Mièvrerie confite du journal de confinement et confinement monadique de la vraie création

Si les journaux de confinement et d'anti-confinement doivent être a priori conçus comme des exercices d'écriture, sans doute, a posteriori, ne peuvent-ils se décliner que comme des grades sur l'altimètre nosographique des diverses formes cliniques de la pathologie mentale. Tout comme dans les envolées lyriques d'Arielle tombale (pardon : Dombasle) parmi les rues vides du Paris confiné, rues qui fleurent davantage les solutions de formol dans lesquelles on tient conservées des portions anatomiques de cadavres que les émanations florales d'une haie de rosiers, on voit à l'œuvre, dans le journal de Leïla Slimani, le principe mental de décomposition le plus avancé lorsqu'il prend les apparences des impressions littéraires.
Ce n'est d’ailleurs pas tant la faiblesse de la prose slimanesque qui est ici en cause. Le roman Chanson douce (3) ne nous a-t-il pas déjà exhibé un texte qui loin d'être mal écrit ne l'est tout simplement pas ? De telle sorte que si l'on devait se souvenir de cette théorie de Leibniz selon laquelle toutes nos conduites procèdent rigoureusement d'une notion nécessaire qui commande en vertu de causes infinitésimales le moindre de nos mouvements, aucune raison prochaine ou lointaine, comprise dans une telle monadologie notionnelle des actes, ne pourrait nous inciter à faire l’achat de ce «livre» puisque du point de vue de la langue et de l'intrigue nous avons affaire ici à une incontestable valeur nulle – à moins que nous enchaînions ces raisons au tropisme tout à fait consumériste et extérieur d'un coupable laisser-aller compulsif.
Le point problématique et révélateur, en son affleurement constitutif, tient surtout dans l'indécence incommensurable qu'il y a dans le fait de convertir une tragédie humaine d'origine virale (la pandémie) en prétexte à de mièvres effusions (le journal de confinement). L'empiètement résolument sauvage de la catégorie esthétique sur la catégorie éthique, catégories que Kierkegaard, pourtant, avait jadis pris soin de rigoureusement distinguer, montre à quel point une sorte de pseudo-littérature ne comprend nullement l’étroite généalogie qui rattache la dignité morale du sentiment à la puissance esthétique proprement dite. Or cette littérature apocryphe, celle de Coulon, celle de Slimani ou celle de Darrieussecq, s’associe en outre parfaitement à une certaine forme de philosophie molle comme celle d’Enthoven, de Cespedes ou de Cynthia Fleury (laquelle a également tenu à nous gratifier de son affligeant journal de confinement).
Ainsi le journal de confinement fonctionne on ne peut plus adéquatement à l’instar d’un produit de contraste qui montre tout ce par quoi un imposteur de l'écriture se démarque de l'attitude – ainsi que de l'altitude – de sobriété qui conviennent dans les circonstances qui les commandent. En cela même, l’imposteur littéraire est radicalement étranger à la sobriété intérieure qui préside au confinium moral de la qualité authentiquement esthétique. Passons donc sur le fait que les phrases négligées du journal slimanesque suintent la plus sucrée des platitudes et la plus salée des maladresses syntaxiques, à tel point que l'on pourrait sérieusement y voir matière à diagnostiquer des troubles dyslexiques de haute magnitude. La question qui se pose concerne en réalité cette idée que tous ces journaux de confinement constitueraient de précieux témoignages historiques. Valeur testimoniale certes, mais nullement à propos de ce que l'on croit. Plutôt le révélateur sociologique parfaitement idoine du niveau d'avilissement, d'exhibitionnisme narcissique et de fausses valeurs que véhicule un certain milieu littéraire (et plus largement intellectuel) de la France du début du XXIe siècle.
Les imposteurs de la culture ne sont que le pur produit des stratégies sociales de la production mercantile. Ils mettent en évidence le collapsus momentané (pour cause de pandémie) de l’engrenage social depuis lequel toutes ces créatures tirent leur crédit. Les imposteurs trouvent dans le journal de confinement un sorte de médium pour continuer de tisser les réticulations des structures consensuelles inhérentes aux opérateurs d'institution sociale (médias dominants, réseaux sociaux, accointances politiques) sans lesquels, il faut bien le dire, ces cabotins de la culture n'auraient strictement aucune espèce de valeur que ce soit.
Alors que la monade leibnizienne, parfaitement concentrée dans son essence, est sans porte ni fenêtre et ne puise sa nécessité qu'en elle-même, ces parasites de la culture ne sont que le résultat totalement contingent de circonstances extérieures à eux. Il n’y a nullement là, par conséquent, une quelconque vocation profonde, mais il y a un recrutement purement accidentel. D’aucuns osent estimer que ces pintades nourrissent une véritable dimension esthétique ou un plan d'intellectualité réelle, mais, en réalité, ces pintades servent uniquement à désactiver la vie culturelle authentique. Pour ces spectres des réseaux sociaux, tout, absolument tout est occasion de faire événement autour de soi, dans un climat permanent de prostitution de la pudeur et de fausse nécessité créatrice négociée sur l’autel des souffrances d’autrui.
Tout au contraire, nous devons saluer un auteur qui pratique un genre de retenue monadologique des possibles, c’est-à-dire un auteur qui refuse d'être adaptable. Cet auteur est d’une certaine façon confiné dans l'essentiel. Il possède cette retenue qui doit également gouverner les mondes idéels et fictifs possibles, ces mondes dans lesquels le lecteur d’envergure doit consentir à évoluer. Un tel auteur est indifférent aux insistantes sirènes de l'appareil médiatico-culturel qui visent à faire chavirer la nef de sa raison critique. Dans cette perspective, que peut valoir le témoignage présumé littéraire d'une Slimani confinée ? Est-ce que cela détient une quelconque valeur curative ? Rappelons que Slimani s'émeut que la sexualité marocaine soit bridée avant le mariage et qu’en dénonçant opportunément ce manque de défoulement sexuel débridé, avec tout le nihilisme consumériste du rapport érotique à l'autre qu'il contient, cherche, à n'en pas douter, moins le bien-être du peuple à qui elle délivre ses oracles prophylactiques à partir d’on ne sait quelle autorité, qu'à liquider les maigres restes, les minces reliquats d'une intériorité sacrale déjà bien entamée et bien mise à mal par d'opportunistes opérations privées de pédophilie au Maroc, opérations dont notre hygiéniste confinée ne prend nullement la peine de s'offusquer.

Notes
(1) Léon Bloy, Je m’accuse….
(2) Léon Bloy, lettre du 28 mai 1892 à Emmanuel Signoret, sise au frontispice de Belluaires et porchers.
(3) Gallimard, août 2016.

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