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07/02/2011

Céline ou l’indignité du génie, par Thierry Guinhut

Crédits photographiques : Carl de Souza (AFP/Getty Images).

Voici une version revue et augmentée d'une note que Thierry Guinhut a publiée sur son blog.

Du luxe de la Pléiade au papier-chiottes des Beaux draps, les œuvres de Céline subissent un double traitement. Comment concilier l’écrivain, génial dit-on, et le pamphlétaire infâme ?
La question revient, plus virulente que jamais, à l’occasion de l’indignation de Serge Klarsfeld et de son association, les «Fils et Filles de Déportés Juifs de France», qui se sont vigoureusement élevés à l’encontre de l’inclusion de Louis-Ferdinand Céline dans les Célébrations nationales 2011. L’insulteur de «youpins», l’antisémite professionnel et éructeur, qui par trois fois a publié les volumes les plus haineux envers les Juifs, qui plus est en 1937, quatre ans après la prise du pouvoir par Hitler pour Bagatelles pour un massacre, puis en 1938, année de la Nuit de Cristal pour L’École des cadavres, enfin en 1941, pendant la collaboration, au moment où fleurissent les étoiles jaunes et les listes qui vont bientôt nourrir les Auschwitz où les enfants auront «une tombe dans les airs» (1), pour Les Beaux draps. La décision du Ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, a, provisoirement, en écartant le fauteur de trouble et en lui préférant une année Liszt, apaisé la polémique. Car c’est sans compter que bientôt se posera la question de l’accession des œuvres, donc des trois pamphlets, de notre Louis-Ferdinand («Quel beau bébé !» disait sûrement sa maman) au domaine public…
Écartons tout de suite la grotesque accusation de «censure» émanant de quelques moralistes spécieux. Qu’ils ouvrent le dictionnaire, ils verront alors qu’effacer un écrivain d’une célébration des gloires littéraires de la France n’a rien à voir avec l’interdiction de publication, avec les ciseaux qui font les pages blanches, avec l’autodafé. Que l’on sache, Céline reste disponible en librairie, étudié en classe de lycée sans que l’on y voie malice. Reste que l’on pourrait parler de semi-censure lorsque les ayant-droits bloquent la réédition des dits pamphlets, même si des publications pirates ont alimenté les fonds de trésorerie des bouquinistes et la gourmandise suspecte des célinolâtres. Plutôt que l’interdiction, mieux vaut la connaissance, la libre circulation de ce qu’il faut, à l’instar de Mein Kampf, appeler des documents littéraires et historiques, y compris lorsqu’ils furent d’incomparables fauteurs d’abominations. Interdire sent trop son moralisme imbu de lui-même, voire un aveu d’incapacité à réfuter par une argumentation claire et appuyée sur des valeurs morales judicieuses. Qu’importe d’ailleurs que la France dise qui sont les grands écrivains de son patrimoine, il est à craindre, qu’à travers ses représentants politiques, elle ne soit pas plus capable de sanctifier ses génies que le Prix Nobel qui, s’il glisse en son catalogue des noms aussi solides que Thomas Mann ou Mario Vargas Llosa, n’a pas su y faire figurer, excusez du peu, un Jorge Luis Borges…
Imaginez qu’un Prix Nobel de littérature – ou de la Paix, on n’est à l’abri de rien – appelé Louis-Ferdinand Destouches ait écrit les phrases suivantes : «La présence des Allemands les vexe ? Et la présence des juifs alors ? […] Paris, la France, plus que jamais livrés aux maçons et aux juifs plus insolents que jamais. […] Une hébétude si fantastique démasque un instinct de mort, une pesanteur au charnier, une perversion mutilante que rien ne saurait expliquer sinon que les temps sont venus, que le Diable nous appréhende, que le destin s’accomplit» (2). Que les célinolâtres apprécient à leur juste délicatesse les propos de leur maître à penser dans Les Beaux draps
Justement, Céline est-il un génie ? Indubitablement, un souffle, un rythme nulle part ailleurs lisible, emportent son lecteur dès Le Voyage au bout de la nuit jusqu’en D’un château l’autre… Cette pétarade linguistique hachée, ces points d’exclamation à la décarrade, ces points de suspension saupoudrés à la régalade en font une voix éminemment reconnaissable. Un style donc. Quoique vite fatiguant, systématique, de Nord à Rigodon… Ajoutez à cela l’utilisation virtuose du langage populaire et de l’argot, le tableau des petites gens et de leurs souffrances, dont la dimension sociologique est indubitable, les portraits grinçants, la satire des puissants, l’épopée dérisoire de la fuite du collaborateur à travers l’Allemagne déchue… Au style s’ajoute alors l’ampleur du propos, ce qui devrait suffire à le placer parmi ses pairs, qu’ils se nomment Proust ou Joyce.
Hélas, force est de constater que le fiel antisémite délirant ne trouve pas sa source dans les seuls pamphlets incriminés. Relisant le Voyage au bout de la nuit, et si l’on veut bien ôter ses œillères idéologiques, on aperçoit la cohérence haineuse qui lie comme un sale mortier l’œuvre toute entière. On veut bien que Bardamu, le narrateur, crache le venin de son ressentiment contre les gradés et la hiérarchie militaire qui ont conduit la première guerre mondiale. Mais, chez Céline, tout est ressentiment. Même les pauvres sont des infâmes, veules, et la mort ignoble de Robinson n’est que le fin du fin de la déconfiture générale de l’humanité. On veut bien encore que son antinationalisme et son anticolonialisme soient tout à fait judicieux, même s’il est à craindre qu’emporté par l’élan de son dégout généralisé, à l’évidence de l’ordre d’une burtonienne (2), sinon psychiatrique, mélancolie, il aille jusqu’à jeter le bébé avec l’eau du bain ; son sens des nuances n’imaginant pas un instant que le nationalisme et le colonialisme, malgré leurs excès rédhibitoires, puissent être jugés dans une démarche un peu plus dialectique.
Quant à son anticapitalisme («le juif il est Rothschild» (3)), n’est-il pas pétri jusqu’à la moelle d’antiaméricanisme éhonté, comme il était de mode (et comme il l’est toujours), n’est-il pas cohérent avec la haine des banquiers juifs qui ont contribué à l’expansion économique des États-Unis, voire de l’Occident ? «Quand les fidèles entrent dans leur Banque, faut pas croire qu’ils peuvent se servir comme ça selon leur caprice. Pas du tout. Ils parlent à Dollar en lui murmurant des choses à travers un petit grillage, ils se confessent quoi» (4). On appréciera l’ironie à sa juste valeur, sachant de plus que le lieu suivant, au cœur de cette découverte de Manhattan, est celui des toilettes publiques : «les hommes déboutonnés au milieu de leurs odeurs et bien cramoisis à pousser leurs sales affaires devant tout le monde, avec des bruits barbares» (5). Il est bien évident que ces deux temples sont le reflet l’un de l’autre. En dépit de la satire plus que talentueuse, de l’humour ploutocratique et scatologique qui sont du meilleur Céline, on ne peut que constater que tout ceci «dut s’ajouter si possible à (s)on marasme» (6), que «sortir dans la rue, ce petit suicide» (7) est une variante de son credo : «La vérité de ce monde, c’est la mort» (8). Ce qui est cohérent avec le «On n’échappe pas au commerce américain» (9). Quand on sait que le commerce est ce qui a permis l’accession d’une bonne partie de l’humanité à l’aisance et à la culture (pensons à la lettre «Sur le commerce» de Voltaire, (10)) merci Céline !
De même, son anarchisme, sa désobéissance perpétuelle, ne sont-ils pas le masque de sa veulerie, de son incapacité viscérale à contribuer au développement de l’humanité, malgré son hypocrite profession de médecin des pauvres, lui qui gérait si bien le magot de ses droits d’auteur (11) ? Son anti-idéalisme enfin, s’il est légitime de résister aux sirènes de l’idéalisation, n’est-il la marque de son incapacité à respecter l’élan vers le meilleur qui doit caractériser l’humanité ?
L’écrivain, en effet, comme tout artiste, n’a-t-il pas quelque part pour mission et fin la vertu, y compris par le biais de la satire ? Qu’il présente des personnages infects, de splendides Satans ou de pleutres médiocres, une dimension morale doit se profiler. Qu’il ne s’agisse pas d’une morale rassie et corsetée va de soi, mais de celle qui choisit les libertés et la justice, la tolérance et le travail créateur, toutes valeurs éminemment préférables à l’immoralité foncière de la haine, des fanatismes et de l’antisémitisme militant, acharné et pour le moins complice, sinon propagandiste de la Shoah. Ce qui reste, hélas, d’actualité, lorsque des incendiaires spirituels clament au Moyen-Orient que le seul défaut d’Hitler fut de ne pas avoir terminé le travail… Nous aurons donc du mal à célébrer les vertus autres que stylistiques du fresquiste des mœurs de son temps que fut l’auteur de Mort à Crédit. «Car rien n’est plus aimable que la vertu, rien n’inspire autant d’attachement», disait Cicéron (12).
En ce sens il est légitime de penser que l’œuvre romanesque et celle pamphlétaire de Céline sont les deux mailles d’un même filet. La haine contre celui qui a réussi, contre le pouvoir - qu’il soit justifié ou non - contre les riches et les puissants trouve son exutoire naturel vers un bouc émissaire éminemment partagé à l’époque par un large consensus (sinon aujourd’hui où le mythe palestinien fascine) : le Juif. Ce qui n’est pas contradictoire avec l’admiration pour ce régime nazi qui sut imprimer à Céline, à celui qui au fond est un faible, l’admiration pour la force. Certes, il serait abusif de confondre l’homme Céline et ses personnages, mais quand l’homme est pire que ses personnages, que dire ? À moins d’imaginer que l’abjection des personnages céliniens puisse être un abaissement volontaire qui jouerait le rôle de la contrition… Sauf que le monde de Céline est un monde sans Dieu ni grâce.
Nous ne signifierons pas qu’il ne faut pas lire Céline, au contraire. Mais avec discernement. Jamais il n’a été un humaniste, un homme des Lumières, et quels que soient ses talents stylistiques et esthétiques, ils restent entachés par une éthique désastreuse. Hélas, l’esprit critique à l’encontre de Céline est trop souvent ressenti comme un crime de lèse-majesté par ses inconditionnels. Le génie du style ne protège pas de la bêtise, ni l’ampleur romanesque de la haine humaine, trop humaine… Ce n’est pas seulement en écrivant Les Beaux draps que Céline s’est mis dans de sales draps : qu’il y reste.

Notes
(1) Fugue de mort, dans Pavot et mémoire de Paul Celan (Christian Bourgois, 1987).
(2) Voir Robert Burton, Anatomie de la mélancolie (José Corti, 2004).
(3) Les Beaux draps, Nouvelles Éditions Françaises, 1941, p. 44.
(4) Les Beaux draps, p. 70.
(5) Voyage au bout de la nuit (Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, tome I, 1981), p. 193.
(6) Ibid., p. 195.
(7) Ibid., p. 198.
(8) Ibid., p. 200.
(9) Ibid., p. 207.
(10) Voltaire, Mélanges (Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, 1961), p. 27.
(11) Voir Céline ou le grand mensonge d’André Rossel-Kirschen (Mille et une nuits, 2004).
(12) Cicéron : L’Amitié (Les Belles lettres, 1993), p. 20.

Commentaires

Quelle moraline ! Quelle incompréhension de la littérature, surtout. La "vertu" des romans de Céline, s'il faut absolument user de ce vilain mot (parce qu'utilisé la plupart du temps par de pompeux professeurs), y est toute comprise dans sa description du mal : une pure bouffonnerie. Je suis prêt à parier que Céline riait lorsqu'il se relisait. Et c'est pour ça que c'est si juste, le mal est fondamentalement bouffon parce qu'il se prend au sérieux, encore faut-il pouvoir le voir et le décrire. S'il y en a un qui ne rit pas et semble se prendre très au sérieux c'est bien l'auteur de cet article. Si Céline avait introduit de la morale pour permettre à des messieurs comme lui de mieux dormir la nuit, il aurait dit comme tout le monde, il aurait été lu, puis rangé. Bref il n'aurait pas été Céline.

Écrit par : Il Sorpasso | 08/02/2011

L'article de Thierry Guinhut pose un problème presque rhétorique : faut-il lire un livre du passé dont l'auteur exprime des idées politiques, sociales, morales contraires à celles fondant la société présente ou contraires à celles fondant l'éthique individuelle d'un quelconque lecteur de notre temps ?
La réponse de Guinhut à cette question est affirmative.
Le seul problème est que la question est certes loisible - c'eût été un propos de table de Plutarque qu'on n'en serait pas autrement surpris - mais en fin de compte nulle et non avenue.
Les arts et leur histoire, la littérature et son histoire, et même les religions et leur histoire ont existé et existent encore : si on veut les connaître, on doit les connaître totalement. Il n'y a pas d'autre moyen de connaître une oeuvre ou un être ou une vie ou une création humaine que de les connaître intégralement. Du moins on doit le vouloir, ou doit toujours y tendre, on doit toujours vouloir tendre à cette totalité, quitte à constater qu'on ne peut jamais l'embrasser. Mystère de l'être, totalité et finitude. Problème philosophique classique.
Quelqu'un s'était plaint que l'édition des OEUVRES COMPLETES de Rimbaud à la Pléiade comportât sa correspondance commerciale dans son intégralité. Je m'en réjouis pour ma part et je lis ces lettres avec le même intérêt que je lis les poèmes de Rimbaud. Elles font partie de sa vie, furent écrites après ses poèmes mais furent écrites et transmettent aussi quelque chose. Rimbaud a changé de vie... il a renoncé à la poésie et à ses fulgurances pour devenir aventurier, un peu, commerçant dans des contrées lointaines tout autant, donc aventurier tout de même aussi à l'époque où il l' voulu et ces lettres commerciales témoignent de ce changement de vie.
Quant à l'antisémitisme, si son expression est un délit répréhensible aujourd'hui, elle ne le fut pas toujours. Il serait absurde de lire les HISTOIRES de Tacite en ne s'en tenant qu'aux premiers livres - une anthologie des LETTRES LATINES, comme celle de Morrisset & Thévenot, l'a fait pour des raisons matérielles mais, sans doute, aussi, pour des raisons analogues à celles prônées par T.G. - en négligeant celui (de mémoire, le quatrième ou le début du cinquième et dernier livre qui nous en reste) qui débute par une description et une critique virulente de la société juive contemporaine du dernier règne impérial chroniqué. Tacite y qualifiait, en traduction de Burnouf revue par Henri Bornecque - texte latin et traduction édités en Classique Garnier - le peuple juif de "peuple abominable".
Les exemples d'antisémitisme dans l'histoire de la littérature occidentale antique, médiévale, moderne et contemporaine sont innombrables, y compris dans l'histoire des lettres françaises. Vouloir les occulter ou les retrancher serait se mettre des oeillères, alors que les chevaux de l'esprit avancent librement, doivent avancer librement. Se refuser à rendre hommage à quelques-uns de nos plus grands écrivains sous prétexte qu'ils écrivirent une ou plusieurs lignes antisémites équivaudrait, pour les générations futures, à une restriction sévère d'hommages et de discours.
Qu'un écrivain contemporain respecte la loi et s'interdise tout excès similaire à ceux de Céline, est son affaire, et celle des juges.
Que Rémy de Gourmont, LE LATIN MYSTIQUE, réédition Les Belles lettres 2010 avec préfaces 1892 de Huysmans, nouvelle préface 1913 de Gourmont lui-même et une troisième savoureuse préface 2010 contemporaine du professeur à la Sorbone Jacques Laurens, écrive au premier chapitre consacré à la naissance de la poésie chrétienne latine, citant ce vers de Commodien / Commodianus de Gaza, contempteur constant des Dieux antiques païens et contempteur constant des Juifs, qualifiant ce peuple de :

"Improbi semper et dura cervice recalces",

n'a rien pour me choquer.

Certaines télévisions appliquent des mosaïques sur les cigarettes et sur les armes, afin que leur vision n'influence pas le spectateur primaire, éventuellement tenté d'imiter ce qu'il voit. La télévision est un médium destiné à la plus grande et à la plus inculte des masses : rien de ce qu'elle fait ne doit étonner l'intellectuel.
Devrait-on, sous prétexte que l'antisémitisme est un délit, supprimer ce vers cité par Rémy de Gourmont ? Devrait-on, sous prétexte que Gourmont l'a cité, débaptisé la rue qui porte son nom au sommet de la colline dominant une célèbre fondation juive sous forme de fondation médicale et plus particulièrement ophtalmologique, portant le nom d'une célèbre dynastie de banquiers juifs ?
Autre exemple savoureux, positif celui-là au sens simple du terme, emprunté à Paul Valéry, REGARDS SUR LE MONDE ACTUEL, éd. Gallimard, coll. Idées-N.R.F., Paris 1945-1967. Au § "ORIENTEM VERSUS", Valéry écrit durant deux pages (pp. 206-207 de la première réédition 1967 Idées-Gallimard, plus petit format que le second tirage dans la même collection, avec un photographisme bleu et des lettrines jaunes et blanches) les raisons pour lesquelles il admire l'art islamique, résumé selon lui par l'essence de l'arabesque.
Imaginons que les contempteurs de l'Islam et de la civilisation arabe, aussi nombreux en France que les contempteurs des Juifs et du judaïsme, fassent passer une loi interdisant non plus la critique ou l'insulte mais l'éloge ou l'admiration d'une race et de ses moeurs, d'une religion, d'une culture, on pourrait imaginer qu'au nom de cette loi, on puisse demander à un prochain éditeur de Valéry - prochain éditeur qui sera bientôt le domaine public donc nous tous, d'une certaines manière - de retrancher ces deux pages ?
On imagine l'absurdité intellectuelle, morale, d'une telle interdiction et les amputations insensées qu'elle causerait, si appliquée.
Ainsi de suite à l'avenant et toujours à l'absurde.
Si on lit Céline, on lit Céline. Si on lit Valéry, on lit Valéry. Balzac était monarchiste, réactionnaire au sens de contre-révolutionnaire : la république l'a honoré et sa statue trône avenue de Friedland à Paris, à l'endroit précis où cette avenue est traversée par la rue Balzac. La république a agi intelligemment.
Frédéric Mitterand a mal agi en dépit du fait qu'il ait eu l'honnêteté de préciser les conditions dans lesquelles il a agi ("j'ai relu un soir, une nuit... et j'ai le lendemain pris sereinement ma décision" grosso modo dixit : il nous tient au courant comme on le doit à des adultes, ce qui est déjà un progrès relatif par rapport au simple fait du prince sans appel ni commentaire) et le fait qu'il soit ministre de la culture transforme son erreur intellectuelle en faute morale et politique.
La rigueur politique et morale de la république, confrontée à l'histoire des arts, est justement de ne point trop s'y immiscer. Il est vrai que par sa nature même, la politique veut s'y immiscer. Ce sont aux hommes politiques de ne pas la laisser trop s'immiscer. Il y avait des universitaires à qui on avait confié une mission. Godard peut se sentir légitimement trahi. Ce n'est pas une première dans l'histoire de France, ni dans l'histoire politique de l'Occident : cela en fait partie naturellement. Et on s'en souviendra : l'évènement ne sera pas oublié. Qu'un critique littéraire prétende louer cette fâcheuse interaction est un signe des temps.
Céline demeure un génie, et il m'importe peu qu'on juge indigne tel ou tel de ses écrits. Il est en France au XXe siècle ce que Baudelaire et Flaubert furent au XIXe siècle : un esprit à la fois critique et conservateur, révolutionnaire et contre-révolutionnaire, réaliste et romantique. Le sang des quelques pauvres qu'il a sauvés lui vaudront la rémission de tous ses péchés, en bonne théologie catholique. Et en bonne théologie laïque aussi, si les fantômes d'André Lalande et de certains de ses amis de la S.F.P. nous lisent d'outre-tombe.
Sa puissance dialectique, la valeur de son témoignage et de sa vie, sont inentamées par un commentaire et une décision administrative - la politique voit plus loin : le qualificatif de politique n'est pas ici applicable - émis à contre-temps, par-delà sa mort, sa vie et ses oeuvres. Nous le lirons, in-extenso et autant que nous le souhaitons, pendant encore très longtemps, tout comme Tacite et tout comme Rémy de Gourmont et tous les autres...
Aucune instance particulière ne peut s'arroger le droit de déterminer ce qui ressort de l'universel. Ce dernier se pose lui-même dans le réel, et fonde ses propres statues.

Écrit par : francis moury | 08/02/2011

Il me semble que vous avez tout dit, Il Sorpasso. Cependant, je peux comprendre qu'une république aussi lumineuse que la nôtre veuille repousser un écrivain aussi peu "humaniste" que Céline.

Écrit par : Léon | 08/02/2011

Corrigendum in mon commentaire sur l'affaire Céline, supra, lire :

"... il a renoncé à la poésie et à ses fulgurances pour devenir aventurier, un peu, commerçant dans des contrées lointaines tout autant, donc aventurier tout de même aussi à l'époque où il l' A voulu..."

"...Le sang des quelques pauvres qu'il a sauvés lui vaudrA la rémission de tous ses péchés, en bonne théologie catholique..."

Écrit par : francis moury | 08/02/2011

Merci à mes commentateurs.
Je ne crois pas avoir dit, malgré son indignité, qu'il ne fallait pas lire Céline, au contraire. Quant à son humour, si je n'ai fait allusion qu'à l'ironie, je ne l'ai pas traité, de peur de me disperser.
Et pourquoi avoir peur du mot "vertu"? Il n'est pas une chape de plomb idéologique ni une désuétude, mais une réflexion sur nos choix moraux, sur le bien et le mal. Tout bon écrivain est vertueux en tant qu'il fait oeuvre, même si lui et ses personnages sont pétris de vice. Cordialement.

Écrit par : Thierry Guinhut | 08/02/2011

Je vous remercie de me remercier avec une franche cordialité mais j'ai l'impression que vous n'avez pas lu ce que j'ai écrit.
Vous avez justifié que la République française ne rende pas hommage à Céline alors que cet hommage était prévu de longue date.
Votre texte n'est pas un texte anodin ; je ne vois pas en quoi, dans cette affaire Céline, le ministre serait du côté de la vertu.
Votre position a, certes, assurément, le mérite de la clarté et peut utilement servir de point de départ au débat sur ce qu'il convient bien de nommer dorénavant "l'Affaire Céline post-mortem, honoris causa".
Votre réponse, si polie et sympathique soit-elle, à nos objections, demeure pourtant contradictoire dans ses termes.
Vous nous répétez en effet que Céline est indigne.
Que cela n'empêche pas de le lire, nous précisez-vous, tout bon écrivain faisant acte de vertu puisque tout acte d'écriture (de "bonne écriture" précisez-vous) d'une oeuvre serait par essence vertueux.
Je prétends que votre raisonnement est contradictoire dans les termes. On peut lui donner la forme logique, syllogistique, suivante mais dédoublée en deux raisonnements conséquents :
1 Tout bon écrivain est vertueux
2 Or Céline est bon écrivain
3 Donc il est vertueux.

+

Si Céline est vertueux, alors il n'est pas indigne.
La réunion des deux raisonnements constituant le final Q.E.D.

Je ne veux pas, cependant, cher Thierry Guinhut, vous donner l'impression que je me moquerais le moins du monde de vous par un sec raisonnement de logique formelle.
D'autant moins qu'une partie de vos raison me semble absolument vraie : il y a, en effet et vous avez raison de l'écrire, un amour à l'oeuvre dans l'écriture d'une oeuvre puisque cette oeuvre est écrite pour être lue par autrui.
Le réel misanthrope n'écrit pas : il demeure silencieux car il ne juge pas les hommes dignes d'être récepteurs de ses pensées. L'avare n'écrit pas les romans de Balzac ni de Zola : il compte son argent en silence. Enfin de même que le réel sadique n'écrira point les romans du marquis de Sade : il les "actera" in vivo, en se passant du langage, encore davantage de l'écriture. Je ne répète ici, d'ailleurs, que de très banales vérités de critique littéraire déjà émises par les meilleurs exégètes du divin Marquis : je fais allusion aux études de M.B., G.B., G.D. et P.K....
Ce que je voudrais, en somme, cher Thierry Guinhut, c'est que vous tiriez les conséquences de votre texte, sans même tenir compte de mon premier commentaire donc, en vous reposant simplement sur les attendus que le vôtre sous-tendait.
Par exemple en vous posant ces questions complémentaires :

- est-il vertueux et sain qu'un ministre de la culture accepte, sous la pression d'une association isolée, de rabaisser publiquement un de nos plus grands écrivains, déjà publié par le meilleur éditeur français (Gallimard-N.R.F.) et dans sa meilleure collection (la Pléiade) ?
- est-il vertueux et sain que son meilleur spécialiste l'apprenne par voie de presse alors que l'hommage était programmé de longue date ?
- est-il vertueux et sain de cracher sur un mort qui ne peut plus se défendre alors qu'il constitue désormais une gloire nationale esthétique et que ses manuscrits, dans les ventes aux enchères, atteignent des sommets inédits dans les salles de vente , au point qu'ici, pour une fois, le marché nu de l'argent serait meilleur juge, en ce qui me concerne, que la puissance publique informée et formée ?

Bien cordialement derechef.

Écrit par : francis moury | 08/02/2011

Corrigendum additionnel à mon premier commentaire :
"...
Devrait-on, sous prétexte que Gourmont l'a cité, débaptisER la rue qui porte son nom au sommet de la colline dominant une célèbre fondation juive sous forme de fondation médicale et plus particulièrement ophtalmologique, portant le nom d'une célèbre dynastie de banquiers juifs ?
..."

Écrit par : francis moury | 08/02/2011

Cher Francis Moury...
Que voilà une réponse fine et argumentée. Vous avez vu la faille dans mon raisonnement. Mais ce n'était qu'un petit commentaire, non un article, non une étude. Précisons: la vertu d'un écrivain est d'abord celle de son travail, écriture, esthétique, cohérence, satire, etc. Mais il y une seconde vertu de l'écrivain, mais aussi de l'homme, celle qui s'appuie sur des valeurs judicieuses dans l'intérêt de l'humanité (à lui de les définir...).Dignité de l'esthétique du Voyage; indignité, à débattre, de l'éthique du Voyage, indignité des Beaux draps, donc.
L'état prend ses responsabilités en ce qui le concerne: la consécration ou non de Céline comme grand écrivain national (appellation ridicule). Cela n'a rien à voir avec les responsabilités des éditeurs et des lecteurs qui relèvent des libertés d'entreprendre et des libertés privées. En ce sens l'état ne rabaisse pas un écrivain; outre que ce dernier s'en est chargé tout seul, il n'a pas non plus à l'élever. La maladresse de nos gouvernements (pour employer un euphémisme) est, vous avez raison de le souligner, contestable.
Quant aux plaques de rue, cela relève de la décision des conseils municipaux. Qu'importe qu'il y ait ou non des noms d'écrivains pour baptiser les rues. L'important -et là c'est bien plus grave- est qu'aucune décision collective ou politique n'interdise la présence de tel ou tel livre dans les bibliothèques publiques et privées.
Cher lecteur, je ne prétends tout dire ni tout savoir. J'ai lancé un allume-feu -et non un autodafé- pour qu'il soit suivi des lumières de nos commentateurs. Et c'est le cas. Amicalement.

Écrit par : Thierry Guinhut | 09/02/2011

A Thierry Guinhut,

Mon pauvre ami, vous prenez des risques en vous attaquant à celui qu’érige au rang d’intouchable ce que j’appelle volontiers « la nouvelle terreur dans les lettres »…
Mais si j’éprouve quelque peine à admettre que la mission de la littérature consiste à conduire à la « vertu », je ne peux que vous suivre quand vous affirmez que, chez Céline, le ressort de la création romanesque est le ressentiment.
Et, m’emparant de la remarque de votre premier contradicteur, je crois pouvoir ajouter ceci : la radicalisation bouffonne que Céline fait subir au ressentiment est impuissante à sauver celui-ci de sa mesquinerie fondamentale. La dépense carnavalesque qui entraîne l’écriture me semble toujours enserrée dans les bornes d’une comptabilité tout orientée vers la satisfaction d’un besoin de revanche : car il s’agit toujours pour Céline (le narrateur comme l’homme) d’avilir, d’humilier, de nier le monde d’une façon UNILATERALE, sans s’exposer au risque d’une bouffonnerie intégrale. En témoigne la platitude narrative croissante des romans céliniens, platitude que le plâtras des imprécations, aussi bouillonnant soit-il, ne parvient pas à racheter. En somme, le narrateur Céline me semble se tenir bien à l’abri derrière le rempart du récit : la fatrasie n’affecte que le contenu narratif, jamais l’énonciation elle-même.
Si la bouffonnerie est au cœur de la création célinienne, il s’agit donc d’une bouffonnerie boutiquière, dont l’ambition me paraît exactement inverse de celle revendiquée par les classiques : elle consiste non pas à élever le lecteur à la « vertu » (ni à l’ivresse du Mal, qui n’en est après tout qu’une variante), mais peut-être au contraire à l’avilir, à faire de lui un de ces « démons avachis » dont on entend si volontiers parler dans ces parages…

Écrit par : Stéphane Terrien | 09/02/2011

Oui je sais que c'était non pas un article mais plutôt un commentaire, une réflexion d'abord publiée chez vous, où je suis allé la lire une seconde fois, afin de bénéficier de la variété esthétique de l'habillage, comme disent les publicitaires. Le fait qu'elle ait, cependant, été publiée ici lui donnait tout de même le statut d'un article que j'ai donc voulu traiter comme tel.
J'ai par ailleurs bien compris votre déchirement moral causé par la variété bibliographique célinienne qui vous intéresse et que cette médiocre affaire remet en lumière d'une si plate manière. Ce déchirement ne m'est nullement antipathique mais il est, en fait, hors de propos, comme le premier commentateur l'avait déjà noté sans vraiment vous répondre au fond.
Ah une remarque aussi, ultime, concernant votre idée que "grand écrivain national" serait une "dénomination ridicule". Je ne le crois pas. Je ne veux pas vous mettre à la torture inutilement mais je vous signale un bel élément d'histoire de l'édition française. La Librairie Hachette a édité, durant la seconde moitié du XIXe siècle, ce qui demeure peut-être - disons même : "ce qui demeure très probablement..." ! - la première collection d'éditions critiques, au sens positif et universitaire de cette expression.
Je veux bien sûr parler de la célèbre collection Hachette des "Grands Ecrivains de la France", celle dont le texte établi servit systématiquement de base aux Classiques Vaubourdolles édités par la même Librairie Hachette, si ma mémoire est bonne, et collection des "Grands Ecrivains de la France" qui fut, par la suite, systématiquement collationnée par tout éditeur souhaitant donner une édition critique à jour d'un de nos écrivains classiques.
Si la Librairie Hachette avait adopté ce titre, c'est qu'elle le trouvait, vrai, bien et beau (je paraphrase volontairement un beau titre, un peu oublié et si peu lu aujourd'hui, de notre cher Victor Cousin) et il me semble encore être tel aujourd'hui.
Si cette collection était encore éditée aujourd'hui, il ne fait aucun doute à mes yeux que L.-F. Céline y serait agrégé puisqu'il l'a été à celle de la Pléiade-N.R.F. par Gallimard. Ce serait un autre titre de gloire qu'il aurait bien mérité.

Écrit par : francis moury | 09/02/2011

Bonne démonstration Francis (votre 2ème), à laquelle je souscris. J’ajouterai que l’auteur ne semble pas vouloir considérer quelque vertu possible du mal, considération que sa posture même devrait pourtant lui permettre, absence de considération étrange aussi, à tout le moins dans l’antre du Stalker.
Vous verrez qu’un jour Delanoël, Bertand de son p’tit nom, fera interdire Ducasse, sous la pression d’act-up.
J’imagine à ce propos la déconfiture de cette chienne de garde, qui travailla avec Jean Edern, ce fou allié, et qui découvrit avec ravissement Maldoror sur le tard, lorsqu’elle dut heurter sa sensiblerie mitée aux pages d’Isidore moquant des sodomites le braquemard ; cela a dû être quelque chose ; à moins qu’elle n’ait rien entendu, ce qui est aussi probable.

Écrit par : Hector | 10/02/2011

Je souscris tout à fait au commentaire de Stéphane Terrien, merci.
Quand aux gloires littéraires de la France, s'il s'agit d'une initiative d'un éditeur, qu'il prenne ses responsabilités. Ce que doit faire un éditeur n'est pas forcément ce que doit faire l'état.
Quant à la vertu du mal, d'accord si elle littéraire, si elle est prophylactique, si de ce mal sort un bien plus puissant. Mais allez parler de la vertu du mal à un Juif des camps...
Pardon, mais je ne m'épuiserai pas à commenter tous ces excellents commentaires qui mieux que moi disent combien la fibre célinienne est chatouilleuse et riche d'arborescences...

Écrit par : Thierry Guinhut | 10/02/2011

Personne ne pourra reprocher décemment à Céline l'agité du bocal ô combien puant à souhait toutes les vilenies de son époque de ne pas nous les vomir en pleine gueule par tous les pores de son hénaurme ressentiment. Ça dégouline sur tous les faciès les lubies antisémites et racistes immondes de notre écrivailleur de génie et il y a forcément des crachats qui ne passent pas facilement et ce n'est pas le Dieu des juifs qui me contredira là-dessus.
C'est si définitivement grotesque, c'est à peine croyable, c'est pour ainsi dire miraculeux comme l'EST l'incarnation d'un Dieu vivant que l'on ne peut pas vouloir croire que l'homme, le parfait honnête homme du siècle des Lumières engendré par la plume du monstre froid Voltaire ce soit finalement aussi ce tas de merde libidineux et raciste et qui plus est n'a pas eu besoin de décrocher le Nobel de littérature pour être sur le podium des plus grands écrivains de son temps et de notre immortelle littérature. La France des droits de l'homme se voit ainsi condamnée à glorifier in saecula saeculorum une langue qui crache ses vérités toujours très bonnes à dire et à écrire de préférence avec style et qui plus est en français et non pas dans la langue abjecte de nos journaleux si moralement au-dessus de tout soupçon collaborationniste avec le Malin.
Céline à Sigmaringen à donner la papatte aux gloires de la France vaincue et tellement fière de l'être ou encore Céline chez le fin lettré Otto Abetz à crier son étonnement de voir à la tête de l'Allemagne nouvelle au milieu des têtes bien intentionnées de la fine fleur de la Collaboration qui n'en revenaient pas rien moins qu'un avorton enjuivé et nous voilà sacrément rassurés de ne pas suivre cette canaille dans son délire antisémite, dans sa passion qui est en fait un chemin de croix à l'envers à faire passer même les foutaises de nos nationaux et socialistes de tous pays et de tout régime comme de tout temps pour des psaumes du roi David en personne. En France ce délire n'est plus Dieu merci (le dieu des laicards cela va sans dire) de mise et il n'était pas en tout cas celui de nos francs libérateurs qui voulaient dès la Libération foutre douze balles dans la peau de l'ignoble écrivain afin de s'assurer une bonne fois pour toutes que la bête immonde, elle, ne pouvait pas ressusciter de sitôt comme l'Autre.
Le Mal est bien le mal chez Céline et personne ne s'y trompe, pas plus ses thuriféraires que ses détracteurs, et ses grotesques gesticulations en personne qui résument si parfaitement toutes les tares de ce pays, la France, ne l'ont pas empêché de l'exprimer dans une langue qui malheureusement est la seule vraiment lisible à notre époque où même le mal est devenu pour la plus grande gloire du rien une figure du bien et du bien qui n'est qu'un autre nom du néant bien sûr.

Écrit par : Le Croisé | 10/02/2011

Lire Céline, discuter de son style, de sa vie etc., soit. Mais l'entendre parler, entendre sa voix, avec son timbre, son rythme, sa respiration, c'est une autre expérience : qui aura écouté chaque soir de cette semaine l'émission "A voix nue" sur France-culture, à 20 heures, qui diffuse une demi-heure chaque soir d'archives sonores où on entend Céline, soi-même cette fois, parler de sa vie, de son style, de la littérature - Proust par exemple -, et d'autres choses encore dont, bien sûr, l'épisode du Danemark...
A ne pas manquer, il me semble.
P. S
Ce samedi 19, l'émission d'A. F, "Répliques", était consacrée à Céline : les questions soulevées par Thierry Guinhut, discutées par les lecteurs du Stalker, ont été débattues.
Jacquelyne Poulain-Colombier

Écrit par : Jacquelyne Poulain-Colombier | 19/02/2011

D'accord avec Il Sorpasso, l'auteur de cet article n'utilise le mot "vertu" que dans son sens moral, réflexe "humain, trop humain...".

Écrit par : hordalf | 14/03/2011

Très bon dossier Céline ! Les philippiques des commentateurs se perdent dans les sables. Mais il en faut et cela prouve que Céline intéresse, passionne...
PS : Bernanos et Céline sont voisins. D'ailleurs ils se respectaient. Ce qui était rare. Et Céline avait lu Bloy, le respectait également.
Je partage votre avis sur l'originalité de Murray avec lequel j'ai parlé un soir et qui était modeste et honnête.
Mazet

Écrit par : Mazet Éric | 07/12/2011