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18/07/2019

Entretien avec Paul Serey, auteur du Carrousel des ombres

Photographie (détail) de Juan Asensio.

Serey.JPGJuan Asensio

Commençons par une question toute bête, ainsi que par son corollaire : combien de temps vous a-t-il fallu pour écrire Le carrousel des ombres et par quelles étapes formelles êtes-vous passé ? Je me souviens d’en avoir lu une première version que vous m’aviez fait le plaisir de m’envoyer, voici quelques mois, bien moins convaincante que ne l’est le texte que vous avez publié, dont l’écriture paraît pressée, haletante même par endroits.

Paul Serey

La question est peut-être toute bête mais la réponse n'est pas simple. J'avais signé en 2015 un contrat avec Olivier Frébourg, des Équateurs, pour la rédaction d'un livre sur le baron Ungern. Dix ans après une traversée de la Sibérie, je suis donc reparti deux mois dans l'Extrême-Orient russe et en Mongolie, à la recherche de rumeurs et de documents. La moisson fut fructueuse mais l'abondance d'informations et l'impossibilité de partager le vrai du faux m'a découragé peu à peu. J'ai hésité à ne parler que des légendes, la noire bolchévique et la blanche impérialiste. Mais j'ai perdu courage, après presque quatre ans d'un travail acharné, alors qu'une dépression sévère me terrassait. C'est à l'hôpital que tout à basculé. J'y pensais à ces années que je croyais perdues et je me suis vu de dehors, comme planant au-dessus de moi-même. Je me voyais souffrant, malade, délirant presque, obsédé. Je me décidai alors, soudain, à raconter cela, à me raconter, à raconter ma folie, mes songes, mon délire et mes obsessions. En juin 2018, je me mis à écrire. J'ai écrit très vite, de façon désordonnée, j'ai écrit beaucoup, sans aucun plan et la fièvre au front. Mi-août, je mettais un point final à un texte sans queue ni tête. J'étais perdu, mécontent, vidé, et je sombrai à nouveau. Par désespoir, je vous envoyai cette liasse informe, espérant que vous sauriez sabrer ce qui méritait de l'être. Vous ne m'avez dit qu'un mot, et renvoyé à certain texte de littérature concentrationnaire d'une sobriété cristalline que je ne me rappelle pas aujourd'hui mais qui me frappa durement et me fit me remettre au travail. Quelques conseils de mon éditeur plus tard, je procédai en novembre à une coupe franche, un élagage radical du texte, et à un montage que j'espérais alors aussi heureux que ceux de Tarkovski (je pense surtout au montage de son Miroir). À part un chapitre sur Corto Maltese qui me permettait d'aborder la figure noire du Baron de biais, je n'ai rien écrit jusqu'à la parution du livre. J'ai seulement à nouveau asséché le texte en février, à la dernière minute, pris de panique à l'idée que cette chose paraisse. Ce texte n'est finalement qu'un grossier rocher, certes brûlant, mais qui a été, je l'espère, débarrassé d'une grande partie de ses scories et retaillé selon des contours acceptables.

Juan Asensio

Un lecteur d’habitude point mauvais a pu parler, à propos du Carrousel des ombres, d’un roman. Votre livre est bien tout ce que l’on voudra, mais il n’est pas, il me semble, un roman, pour la simple et bonne raison qu’il s’agit de vos carnets de voyage, romancés si l’on y tient absolument ou, plus précisément encore, de votre journal intime qui présente l’avantage incomparable d’être bref et symbolique, donc frappant. Ajoutons que ce voyage est moins celui qui vous conduit en Sibérie orientale sur les traces du Baron sanglant, Ungern-Sternberg, qu’un voyage, ô combien douloureux, dans la maladie d’un narrateur que j’aurais tendance à ne point séparer de l’écrivain, autrement dit : de vous.

Paul Serey

Vous tapez dans le mille. C'est un agglomérat de souvenirs soutenus par une mélopée qui tient lieu de fil rouge, lequel est en réalité une ligne de crête assez casse-gueule où j'ai trébuché un grand nombre de fois. Ce fut vertigineux et je me suis pas mal esquinté la peau. J'ai eu bien peur de m'y briser les os mais j'ai été poussé en avant par la fièvre qui me faisait, dans la chaleur de l'été, fuir éperdument, toujours en avant, sans un regard de côté. Évidemment, Ungern ne fut qu'un prétexte. Il m'avait tenu en haleine des années. Il m'avait réellement obnubilé. Il m'avait torturé. Il était là, bien avant l'écrivain, bien avant le texte. Un pré-texte, oui, c'est bien ça. Le texte d'avant le texte. À la façon dont on perçoit, dans le Coran, un autre Coran bien plus ancien. Un abîme et un miroir qui me permettait de m'autoportraiturer. Vous avez vu juste. Quant aux carnets de voyages, ce ne sont pas des notes prises sur le vif, mais des souvenirs, je l'ai dit. Ce sont néanmoins des souvenirs très vivants et qui sont le vrai voyage, à mon avis, ce voyage qui continue de voyager en soi, bien après sa matérialisation.

Juan Asensio

Durtal avait son Gilles de Rais (du reste mentionné dans votre livre), Blaise Cendrars Moravagine. Vous, vous êtes donné la figure maudite d’Ungern comme si, à rebours des bondieuseries aussi poisseuses que vicieuses que les premières communiantes pratiquent en leur donnant le nom galvaudé de foi, seule l’exploration des gouffres de la folie et du Mal pouvait nous donner ou redonner un accès au divin. Ainsi pouvez-vous affirmer qu’Ungern est «un signe de Dieu» (p. 49). D’ailleurs, vous évoquez dans la même phrase, sans paraître les séparer, le là-bas infernal et l’en haut céleste, «une porte, une faille, un chemin vers la grandeur, vers l’abîme, vers l’absolu…» (p. 71). Est-ce là tout un et sommes-nous véritablement obligés, pour espérer retrouver un peu de grandeur, de pénétrer dans l’horreur ?

Paul Serey

Je le crois. Il faut relire le procès de Gilles de Rais en même temps que celui de Jeanne d'Arc. Je pourrais m'arrêter là. Cette réponse se suffit si vous faites ce que je vous demande : lire simultanément ces deux textes incroyables. C'est la remarquable préface de Georges Bataille aux minutes du procès du Maréchal sanguinaire qui m'a fait comprendre ce que je considère comme une vérité dont on ne peut aujourd'hui faire l'économie. Le véritable sens de ce «progrès» qu'on ne cesse de louer est celui-ci : abolir toute grandeur, anéantir l'absolu, rétrécir jusqu'à des proportions misérables cette liberté qui permettait à l'homme d'autrefois de se perdre en Dieu, de se faire l'instrument des enfers, d'emplir l'espace d'un champ de possibilités presque infini, jusqu'à l'archangélique, que cet archangélique soit de la Jérusalem céleste ou de la géhenne. Nous avons fait de Dieu l'égal du bien. Un Dieu, donc, de toute petite envergure, d'autant que le bien a été dévoyé. Il n'est plus que le simple confort ou la bonne conscience bourgeoise, pour simplifier. Ne reste que l'horreur. Il suffit d'y penser un instant pour toucher de nouveau à l'irrationnel. Qu'on y songe ; c'est une faille, une faille que notre monde essaie de boucher à force de raison raisonnante. Le monde du spectacle qui est le nôtre nous l'explique, l'horreur, alors qu'elle est inexplicable, comme la beauté authentique est inexplicable, qui a presque complètement disparu.
L'horreur a peut-être des causes, mais je la crois essentiellement sans raison, comme la beauté. Elle est, à proprement parler, incompréhensible, comme la beauté. Et comme la beauté, c'est un trou noir, une porte vers l'irrationnel, l'aliment de la foi. Songez à l'enfant... Est-il raisonnable ? Non, il prend la vie, cette seule vérité, telle qu'elle vient; il est émerveillé ou terrifié; il porte en lui la puissance de la vrai foi, autrement dit. Mais sans doute mon livre le fait-il mieux comprendre que ces faibles mots; il faut des images ou du temps pour répondre à ces questions si difficiles...

Juan Asensio

Cette quête d’une figure diabolique n’est point, loin s’en faut, fascination pour le coup romanesque pour le Mal mais rejet d’une rationalité devenue dévorante, tentative aussi, sans doute vaine, de retrouver la «jeunesse du cœur, nostalgique et brûlante, seule force capable de mener l’homme à l’aventure dans un monde rabougri et fripé» (p. 52). Rien de nouveau, hélas, depuis les constats amers d’un Cendrars, d’un Jünger ou, moins connu (mais que vous connaissez), Max Picard ! Mais ne voir dans votre texte que la redite de l’impossible aventure dans un monde quadrillé par les réseaux serait se contenter d’une lecture superficielle : cette figuration du Mal par le biais de celui qu’Ossendowski peignit dans son beau roman Bêtes, hommes et dieux va plus loin à mes yeux puisqu’elle se heurte à un mur d’impénétrabilité, à une prison hermétique. D’Ungern comme de Thelonious Monk d’ailleurs que vous évoquez de belle façon, personne ne semble pouvoir s’approcher, pas même Hugo Pratt par le biais de Corto Maltese (cf. p. 57), mais vous, si ? Non, apparemment, comme vous le déclarez vous-même : «Mon livre est voué à l’échec» car «raconter Ungern, raconter son âme est chose impossible» (p. 109). En somme, vous allez vers Ungern, comme Marlow, le si complexe narrateur de Conrad, est allé vers Lord Jim et vers Kurtz, comme si, l’un et l’autre, vous pouviez affirmer de ces proscrits qu’ils sont des nôtres, qu’ils sont «notre homme» (nostromo) mais, alors que Marlow n’hésite pas à couvrir ces deux hommes tourmentés, vous semblez lâcher prise et même : renoncer à sauver, que dis-je, à tenter de comprendre le baron à l’extrême sauvagerie.

Paul Serey

Il faudrait revenir sur le sens du terme «darkness», que l'on pourrait traduire, comme dans le cas du roman de Conrad, par ténèbres. Que sont les ténèbres ? Revenons au dictionnaire, au Trésor. Il nous dit : «Absence totale de lumière, naturelle ou artificielle, dans un espace matériellement délimité en général et évoquant un corps, une matière, un contenu sensible.» Autrement dit, c'est de la matière noire. La pierre noire de Kubrick dans 2001. Le trou noir des astrophysiciens. Kurtz, Ungern, sont au cœur des ténèbres, mieux, de la ténèbre, comme dit la Genèse. J'emploie ce terme purement biblique pour mieux souligner son unicité. Il n'est pas dans le dictionnaire. Kurtz est unique, et il est des nôtres. Il en est de même pour Ungern. Ils sont uniques mais partagent notre humanité. Ils sont aussi ce lieu dans lequel ils sont enfermés, dans lequel vous et moi ne sommes sans doute pas complètement et qui est notre ténèbre intérieure. Ils sont ce qu'il y a en nous d'inaccessible. Ils sont cet inaccessible.
Dans la Genèse, que la ténèbre soit au singulier est le signe de sa personnification. Elle existe, matériellement. Elle est le chaos et la mort. Elle est aussi ce qui est caché, ou l'ombre dans laquelle le mal agit. Le cœur des ténèbres est dès lors un lieu dans un lieu. Le tréfonds de la noirceur de l'âme. Un lieu sacré, qui a partie liée avec le Satan, autrement dit un sanctuaire aux bornes infranchissables. Ces limites me gardent loin de l'abîme. J'en vois l'horreur et, comme je l'ai dit, ne puis les expliquer. Tout cela est déraisonnable. Il faut cesser de vouloir le saisir.

Juan Asensio

Nous approchons du centre, qui est donc moins l’impossibilité de toute aventure dans un monde plat que l’enfermement mental et spirituel dont votre narrateur (je reste bêtement prudent car votre narrateur, c’est vous, je l’ai dit !) souffre : c’est parce qu’il n’y a plus de verticalité, ni vers le ciel ni vers les souterrains puants que vous-même, des milliers d’autres sans doute, de par le monde, haïssent la condition à laquelle cette société les as réduits, errent, entrent et sortent des rades, des asiles, des hôpitaux, aspirant à une vie d’Occidental banal, en marche vers le progrès pour tous, tout le temps, mais étant en réalité bien incapables de vous adapter, autrement dit d’en rabattre, de courber l’échine. Finalement, comme Durtal, votre narrateur constate, pour s’en lamenter, que la transcendance dans et par le Mal n’est plus possible de nos jours, comme elle l’était à l’époque lointaine de Gilles de Rais et à celle, plus proche, du Baron sanglant, Ungern car, alors, le «monde était plus vaste et tellement plus grand dans sa grandeur !» (p. 95) car, alors, saints et criminels pouvaient considérer faire partie d’un identique «terreau millénaire où verdoyait l’organique vivacité des troubadours» (p. 164), être deux des facettes d’une transcendance radicalement étrangère mais enveloppant pourtant la moindre heure d’une journée. Finalement, pour le dire d’une façon imagée : à la dislocation du monde correspond celle du narrateur. Ce que vous montrez, avec ce Carrousel des ombres, c’est que nous ne sommes plus ni pleins ni stables, the center cannot hold comme l’écrit Yeats dans l’un de ses plus grands poèmes.

Paul Serey

Il manque aujourd'hui une dimension à l'homme. Vous l'avez dit : la verticale. C'est à un écrasement que nous assistons depuis quatre ou cinq siècles. Michel Henry l'a parfaitement expliqué dans La Barbarie. Depuis Galilée, au lieu de prendre et de considérer les êtres et les choses dans leur unicité, dans leur subjectivité propre, dans leur sensibilité, on les a décomposés, pour les mesurer, les peser, ne leur donner comme substance que la matière inerte. On a commencé petit; les êtres pouvaient encore s'ébattre. Et le «progrès», autrement dit la science et la technique, la scientification et la technologisation sont allées grandissant, jusqu'à prendre temps et espace entre leurs serres sanglantes, et l'homme ne peut même plus se débattre. Il ne peut plus voler, s'élever. Il est littéralement déplumé et s'est effondré au sol. Un sol qui agit comme une matière d'une densité infinie. Un sol qui est si lourd qu'il fait s'écrouler tout ce qu'il soutenait. Un écrasement général. Nous voilà dans l'ère de l'horizontalité. Il faut se représenter cela graphiquement. Utilisez vos vieilles notions de mathématiques! Mais ne demandez pas à un mathématicien; il ne comprendrait pas. Revenons à Max Picard, que vous aimez et que j'aime. Il a vu cela dans le visage même de l'homme. Même les visages se sont effondrés. Les cités sont détruites. L'homme fuit devant Dieu, éperdu. Il fuit courbé, tiré qu'il est vers le sol.
On a tout arasé. Et ce magma rampant se mêle et s'indifférencie peu à peu. On nous vante la diversité... Se fout-on de nous ? Où sont les fous et les pieds bots ? Où sont les nains et les fols-en-Christ ? Où sont les Dames et les troubadours ? Où sont les seigneurs et les Cosaques? Où sont les sages chenus et les rois aux trônes ornés d'or et de pierreries ? Où est ce monde organique, bruyant et chatoyant, bourdonnant et flambant de mille feux ? Bref, où est le monde de toujours? De même qu'il n'y a plus de cours des miracles, de même il n'y a plus de miracles. Même le bien et le mal se ressemblent diablement. Cette merveilleuse bigarrure était à l'image de l'univers, plein et stable, comme vous le dites avec Yeats. Il y avait le cosmos et le Logos. Il y avait l'espace et le temps, et toutes leurs dimensions. Que sommes-nous devenus ?

Juan Asensio

Votre texte n’est jamais plus beau et émouvant que lorsqu’il décrit la vie simple, au contact d’hommes simples, que mène le narrateur, aux confins de l’Extrême-Orient russe, et s’enlise quelque peu dans la facilité lorsqu’il parle d’amour, comme si aimer «une femme [était] autre chose qu’un mensonge qui nous fiche en l’air et nous enniaise» (p. 133). Cette vie simple, que d’autres figures illustres (Rimbaud, Michelstaedter) ont tenté de rechercher, et bien sûr de trouver, coûte que coûte, jusqu’à la folie, la mort ou le suicide devant l’évidente impossibilité de la quête, cette vie simple, votre narrateur ne la trouve pas davantage, lui qui, aux toutes dernières lignes de votre livre, après un passage à l’hôpital américain de Manille, est rendu à la vie plate de Paris. Qu’allez-vous faire, Paul Serey ? Devenir, comme tel ridicule explorateur subventionné par Gallimard et goûté par les aventuriers de raout dont la moindre ligne journalistique est censée nous révéler des gouffres de beauté et des mystères inviolés, un enfileur professionnel de lieux communs qui sera salué par une presse inepte aimant le dépaysement touristique, pourvu qu’il soit teinté de hussardisme demi-sel ? Vous élancer vers de nouveaux territoires, en tentant d’oublier vos cartes, comme un François Augiéras ? Vous enfoncer plus avant encore jusqu’à murmurer, comme Kurtz, les fameux mots signifiant votre échec ? Ou bien, pour conclure, tenter d’écrire quelque grand texte sur la poursuite de l’unité perdue qui serait reconquête, reprise de la femme aimée, ainsi que le montrent deux prestigieux romans que vous connaissez peut-être, Sous le volcan de Malcolm Lowry et La Symphonie des spectres de John Gardner, dont la fin hallucinée n’est pas sans parenté avec celle de votre Carrousel des ombres ?

Paul Serey

Je n'ai pas lu ces romans, mais Lowry m'attend, un peu poussiéreux, sur un rayon de ma bibliothèque. Croyez-moi, je ne me laisserai pas aller à la facilité. Je suis orgueilleux et je me débattrai bien fort pour qu'aucune vanité ne s'empare de moi. Je vis pauvrement. Je ne fréquente que les petits. J'ai bien des amis, tout là-haut, mais je ne rêve pas de les rejoindre. Je tiens à mon ermitage, une belle chambre charpentée où pullulent les livres et toutes sortes d'objets exotiques. Je tiens à ma poussière, à mon enfermement, à un certain ascétisme et à ma solitude. Je l'ai déjà dit plusieurs fois, je ne crois pas aux voyages, et voilà bien longtemps que je n'attends plus rien du monde. Je ne crois pas que je me conformerai à quelque «tendance», quelle qu'elle soit. Je n'aime que les souterrains. Cela vous étonnera sans doute mais je ne lis plus de romans depuis des années. Je me contente de quelques philosophes qui sont bien plus que des philosophes : des poètes. Ce sont mes compagnons. Ils sont méconnus et je n'en en parlerai pas. Je ne veux partager ça avec personne. Je ne puis que citer le nom de Max Picard, puisque vous l'avez évoqué. Il y a déjà de quoi là réfléchir pendant plusieurs années. Je continuerai d'écrire. Je dois encore beaucoup progresser. Je connais toutes mes faiblesses et je les vois. C'est pour cela que je ne me lis pas. Tout cela me semble parfois si vain ! Mais voilà que j'ai l'air de me vanter. Je me dis qu'il vaudrait mieux parfois que je sache me taire tout à fait. Mais non... Il y aura un prochain livre. Et il ne traitera pas d'une quelconque reconquête amoureuse. Je n'y crois plus. Non. Ce sera une révolte. Toujours cette révolte ! Peut-être la dernière, avant autre chose.

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