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08/06/2006

Les voies du Stalker, 3 : L'Éphémère chinois

Photographie (intitulée Peso del corazon de la literatura, détail) de F. Javier Alvarez Cobb, extraite de la série intitulée Autopsia, en référence à ce blog.

pesodelcorazonliterario.jpgEntretien n°3 avec L'Éphémère chinois.

Ygor Yanka
Juan Asensio et le Stalker, est-ce vraiment la même personne ? D'un côté l'homme, de l'autre le personnage, le loup qui montre volontiers ses crocs, le polémiste féroce ? Êtes-vous plusieurs dans la même peau ? Et dans cette peau-là, l'homme et l'autre vivent-ils en harmonie ou bien est-ce tendu, conflictuel ?

Juan Asensio
Réponse toute banale : oui et non cher ami, étant sur une scène, il faut tout de même bien que, parfois, je prenne quelque peu la pose. Je joue alors au possédé de Gérasa, et, comme tout possédé, j’écume, non sans révéler quelques vérités propres au monde infernal. Avez-vous ainsi remarqué que les possédés que le Christ approchait ne doutaient jamais de sa divinité, comme le firent non seulement les foules suspicieuses mais également certains des apôtres que le Christ choisit pour Le suivre ? En colère, je vois pas mal de choses, non point invisibles : qui offensent tout simplement les précieuses prunelles des délicats. La colère a au moins une vertu : elle dessille. L’un des passages obligés de tout rite d’initiation nocturne ou maléfique est de contraindre l’initié (ou l’innocent livré aux barbares en temps de guerre), à regarder coûte que coûte ce qu’on fait subir, par exemple à l’un de ses proches, sous ses propres yeux : actes innommables, tortures abominables, ce que vous voudrez. Après, une fois l’horreur contemplée, une fois l’odeur de la mort flairée, aucune chance que la leçon, de ténèbres c’est le cas de le dire, ne soit oubliée… La colère flamboiera jusqu’à la mort du malheureux ainsi forcé dans ses derniers recès intellectuels, moraux et spirituels, que ce malheureux, d’ailleurs, ait été torturé ou ai accepté l’initiation diabolique… Une nuit, j’ai vu, en moi, la haine flamboyer. Alors, j’aurais pu tuer : je ne sais point quelle sorte d’état second (alors que l’on prétend souvent que les actions meurtrières ont besoin de son secours) m’a empêché de passer à l’acte. Depuis, ce souvenir (le mot est impropre : comme le péché selon Kierkegaard, ce souvenir est en fait sans cesse rejoué, repris) est resté intact et survivra à cette dernière mémoire dont parle bellement Abellio. Mes colères sont réelles, même si peu de lecteurs, en fin de compte, sont capables de comprendre que je m’amuse beaucoup. Ayant répété un bon millier de fois que je ne prenais pas mes lecteurs pour des imbéciles, le moins que je puisse leur garantir est une sincérité minimale, n’est-ce pas ? Lorsque j’écris d’un texte qu’il est insuffisant ou carrément mauvais, n’ayez nul doute, je le pense vraiment. Qui m’empêcherait, je vous le demande, de l’écrire ? Un rédacteur en chef désireux de se concilier les bonnes grâces de l’un de ses amis ? Vous le savez, la Toile, pour le meilleur et (trop souvent) le pire, offre une liberté quasi-illimitée : nul censeur autre que la propre idée que vous vous faites de l’acte d’écrire. Lorsqu’un livre ou une œuvre cinématographique m’exaltent, je ne joue point, de la même façon, la comédie. Cette sincérité, y compris exercée sur les textes d’auteurs qui, en privé, me jouent la sérénade de l’appartenance au même camp idéologique, je crois, plus que mes coups de gueule qui sont en train de me faire une espèce de mauvaise réputation dont je me fiche, voilà bien ce qui dérange. Tant mieux, je ne suis pas près de me taire.

Ygor Yanka
Vous êtes désormais un personnage de la blogosphère. Si je vous dis que vous êtes davantage connu comme bloggeur que comme écrivain, est-ce la vérité ? Si oui, cela vous fâche-t-il ? Ne craignez-vous pas parfois d'être catalogué comme un écrivain du Web, alors que, même si peu connue, vous n'en avez pas moins déjà une œuvre imprimée ?

Juan Asensio
Il est bien évident que les internautes me connaissent plus que tel classique lecteur de l’Aveyron qui se fiche d’Internet même s’il faut sensiblement relativiser le pouvoir de la Toile : ainsi, je puis vous affirmer, chiffres à l’appui, que mes statistiques de lecture n’ont pas même légèrement oscillé après que Le Nouvel observateur ou Le Figaro littéraire ont parlé de mes textes. Je me moque des étiquettes : je rédige des textes de qualité, certains d’entre eux, disponibles au format PDF, étant d’un niveau qui n’a point à rougir d’une comparaison avec les exigences universitaires, que je connais bien pour les pratiquer de temps à autre avec des publications érudites comme les Études bernanosiennes, auxquelles je collabore. Encore une fois, ces deux univers, malgré l’existence de nombreuses passerelles, sont encore profondément indifférents, voire hostiles l’un envers l’autre. Pour être tout à fait exact, disons schématiquement que c’est la galaxie Gutenberg, le monde de l’imprimé, le monde universitaire, qui estiment encore que la Toile ne saurait regorger de textes de qualité. Ils se trompent bien évidemment. Autre chose : aussi étonnante que vous paraisse ma réponse, je n’aspire absolument pas à jouir d’une célébrité d’apparat. Pour quoi faire d’ailleurs si ce n’est pour flatter ma vanité, m’amusant à traîner dans l’un de ces cocktail huppés que prisent tant les gens de lettres ? Ces raouts, je les fuis; assister au dernier Salon du Livre, y contempler des patrons d’édition soucieux de présenter leur meilleur profil de bedaine à des journalistes bavards et fats ou à cette drôle de caste jacassière que constitue l’aguicheuse meute des attachées de presse, voilà qui est une épreuve au-dessus de mes modestes capacités de résistance à l’imbécillité la plus contente d’elle-même. Aujourd’hui, le premier imbécile venu, ne serait-ce que grâce au formidable pouvoir que lui donne la Toile, peut parfaitement décider de vous infliger, quotidiennement, ses réflexions d’Hamlet de cour de récréation.

Ygor Yanka
Juan Asensio... critique ? essayiste ? ou plus globalement écrivain ? Par là je veux dire : êtes-vous ce qu'on appelle un spécialiste ou bien la critique et l'essai ne sont pour vous qu'un genre parmi d'autres, où vous vous illustrez temporairement ?

Juan Asensio
La critique, à mes yeux, est un art souverain lorsqu’elle est menée avec exigence, sans faux-semblants et, surtout, sans l’imposition de grilles de lecture idéologiques qui me semblent constituer un péché contre l’esprit, celui-là même, vous le savez, qui ne reçoit point de pardon. Je n’ai aucune honte à employer le terme de spécialiste, bien que je fuis comme s’il s’agissait d’un malade atteint de la tangue tout universitaire qui se présenterait comme étant un érudit. De plus et au risque de faire gronder les imbéciles, beaucoup d’œuvres ou d’essais de critique littéraire contemporains valent ou, de fait, surpassent bien des romans actuels que l’on nous présente comme des chef-d’œuvres. Inutile de dire que, en parlant de critique inspirée, je ne songe pas forcément aux essais de Gérard Genette ou de Jean-Pierre Richard qui, pour avoir refusé de les lire en khâgne, me causèrent auprès des censeurs de l’Université bien des tracas. Je ne prends pas même la peine d’évoquer la consternante et verbeuse littérature pseudo derridienne qui, quoi qu’on en dise, domine encore largement les mentalités et les productions universitaires. Thibaudet, Sainte-Beuve, Du Bos, Praz, les auteurs de l’École de Genève (Béguin, Blin, etc.), quelques noms anglo-saxons enfin comme celui d’Harold Bloom, d’heureuses découvertes telles que Weidlé, voici des nourritures autrement plus substantielles que les amphigouriques almagestes répertoriant les tropes déconstruits ou délirants goûtés par nos éminents pions universitaires. Du reste, à la différence d’un Genette, je ne vis point de ce que j’écris mais dois travailler dans un milieu, celui de la Bourse, qui est à des années-lumière de toute forme d’idéalisation idéologique, donc langagière : paradoxalement, travaillant toute la journée devant des écrans où défilent des milliers de signes aussi abstraits que les lignes du générique de Matrix, je ne me paie pas de mots et écris pour retrouver le poids de la rugueuse réalité chère à Rimbaud. Genette me fait l’effet de quelque bouche parlante que les miracles de la science seraient parvenus à faire vivre tout en étant séparée de son propre corps, flottant dans une espèce de bain nourricier dans lequel tous les livres du monde seraient réduits en bouillie. Une toute petite anecdote, véridique je vous l’assure : c’est dans la société ultra-capitalistique où j’exerce le noble métier de rédacteur et de relecteur que j’ai rencontré… le gendre de Genette en personne, qui me raconta cette savoureuse anecdote. Gérard Genette, grand lecteur devant l’Éternel (ou quelque ectoplasme raisonneur servant à cet homme de Dieu…), fut incapable de déchiffrer le code d’une simple notice d’appareil ménager qui venait de lui être livré. N’écoutant que son courage et abandonnant surtout les prérogatives sacrées dues à son rang de Messie laïc de la Critique, il téléphona à tel service d’après-vente fort connu où, rieur et ma foi d’un solide sens de l’humour, il se vit répondre par le standardiste, apparemment ancien étudiant du Maître en difficulté, cette phrase lapidaire, ridiculisant je crois définitivement les prétentions de ce théoricien hors-pair que l’on imagine, après un tel claquement, rester la bouche ouverte : «Monsieur, lorsque l’on s’appelle Gérard Genette, il me semble que l’on doit savoir lire une notice expliquant le fonctionnement d’un frigidaire». J’en ai ri durant quelques bonnes minutes et… le sympathique gendre de Gérard Genette avec moi !

Ygor Yanka
Un roman signé Juan Asensio, est-ce envisageable ?

Juan Asensio
Non, je ne mélange point les genres et creuse ma voie, je vous l’ai dit, spécifiquement critique. C’est déjà, je puis vous l’assurer, un travail énorme. Et puis c’est mon unique talent, au sens évangélique du terme, qu’il me faut donc impérativement faire fructifier, puisque je suis débiteur.

Ygor Yanka
La haine ne va pas sans l'amour et reflète souvent soit un amour contrarié, soit un amour impossible, inaccessible. On ne peut haïr ce qui nous indiffère. D'accord avec ça ? Si oui, la haine que vous suscitez par vos prises de position, vos saintes colères, votre intransigeance et la manière pour le moins forte dont vous vous exprimez - cette haine prouve-t-elle votre talent ? Somme toute on vous reprocherait moins vos positions que votre intelligence, votre talent, votre intolérance magnifique à la laideur, à la bêtise, à la médiocrité, à la tiédeur humaniste où croupissent les apôtres de la tolérance et du relativisme.

Juan Asensio
Cher ami, si je répondais par l’affirmative à votre constat, que n’entendrais-je pas à mon sujet ? Talentueux, je n’en sais rien. Forcené d’abord, c’est-à-dire me forçant d’abord à respecter mes lecteurs, oui, cela est vrai, lecteurs que j’aime, effectivement, même si je ne veux pas que l’image prête à confusion. Combien de polémiques n’ai-je point dû subir, lassé, du fait d’imbéciles qui, prétextant offrir une ouverture d’esprit qui me serait étrangère (alors que j’invite régulièrement, dans la Zone, toute bonne plume désireuse d’y écrire, qu’importe qu’elle ne pense point ce que je pense, qu’elle pense même tout le contraire de ce que je pense !), servent à leurs lecteurs, dont ils se fichent du reste puisqu’ils n’écrivent que pour eux, des textes indignes de la moindre publication, fût-elle sur la Toile qui, fort heureusement, avale assez rapidement ces déjections prétentieuses sauf lorsque telle ancienne revue (qui a aujourd’hui changé de nom et, selon son «patron» Joseph Vebret (1), déploie tous ses efforts afin de corriger pareille dérive) s’est avisée de leur donner, cela vaut bien la peine, une seconde chance, en les publiant sur papier. Que voulez-vous, ce n’est tout de même point la magie de l’impression qui fera d’un texte virtuel lamentable une perle digne d’être conservée sous une cloche de verre, n’est-ce pas, afin que les générations futures s’extasient devant son orient, selon le beau terme consacré ? La peste soit de tous ces nains ventriloques qui, crevant de la trouille qu’on ose leur donner le titre infamant de censeur, préfèrent publier la dernière crotte que telle chenille dûment abritée derrière un ridicule pseudonyme aura eu toutes les peines du monde à expulser de son petit corps mou.

Ygor Yanka
À tort ou à raison, mais à raison je crois, je pense que vous êtes tout sauf un pur intellectuel, froid, hargneux, haineux, et que nous devons vos textes les plus féroces à votre très grande sensibilité. Je vous crois très humain, mais pas au sens neuneu du terme, évidemment. Vous êtes blessé dans votre exigence de beauté, de grandeur, de force, de vérité, par ce que je dénonçais plus haut, à savoir la laideur, la bêtise, la médiocrité, la tiédeur humaniste. Je peux me tromper, mais je ne crois pas. De cela vous donnez parfois des preuves, que vos ennemis ne peuvent ou ne veulent voir. Je fais allusion notamment à votre Intermède mélancolique du 13 janvier dernier sur votre blog. Ce texte et les superbes photos qui l'accompagnent m'ont personnellement beaucoup touché, pour ce que vous y dévoilez de vous : votre simple humanité d'homme non moins homme que les autres, englué comme les autres dans les rets du temps, et même davantage homme que les autres, parce que sensible à la grâce, capable d'exprimer avec une très grande sensibilité, avec beaucoup de finesse, votre passagère mélancolie. Je vous ai écrit à ce propos : «Vous étiez là, lumineux, fragile et nu, parmi les ténèbres et les ruines et les rouilles du temps, et entre vos doigts coulait le sable de l'éternité, et vous regardiez ça, tout ensemble émerveillé et déconfit, vieux guerrier déposant un instant ses grenades pour suivre du regard la déroute obstinée des fourmis à vos pieds, et vous fondre dans le temps, non pour "complaindre et gesmir", non pour être, pour exister, mais parce que vous êtes, parce que vous existez - chose assez rare en ces temps de chienlit généralisée, de beautés partout bafouées. J'ai pensé à Nerval, à Drieu La Rochelle, à je ne sais plus quelle toile de Zurbarán. Vous êtes un noble, Juan.» Ai-je tort ou raison ?

Juan Asensio
Vous avez raison et je n’ai pas peur de vous dire que votre lettre m’avait effectivement touché. De tels encouragements, une telle perspicacité de fin lecteur sont plutôt rares vous savez… Affreux cliché : on n’écrit bien qu’avec ses tripes, avec son sang surenchérissait Nietzsche. Parfois, accablé de fatigue et de découragement, dégoûté par la teneur inepte d’un texte que je viens de lire, je les expose publiquement, ces tripes, tant pis si elles puent, les délicats n’ont qu’à se pincer leur nez d’esthète. Du reste, voici un secret de Polichinelle : ce sont effectivement ces textes, disons plus personnels que de simples notes critiques, qui m’attirent le plus de courrier, d’où ma prudence à ne point trop en écrire, d’où le titre choisi : il s’agit, effectivement, d’un intermède. Je m’en accorde quelques-uns, comme autant de haltes, de bivouacs avant de me lancer dans telle nouvelle opération de sabota… Ne me prenez pas trop au sérieux, j’emprunte l’image davantage aux romans de Frank Herbert (le cycle initié avec L’Étoile et le Fouet) qu’au tropisme explosif de mes oncles du Pays basque ! C’est aussi affirmer que, contrairement aux apparences peut-être, je ne cherche rien de moins qu’à m’effacer, comme l’Antoine Bourgoin d’un des splendides romans de Paul Gadenne, L’Avenue. Ainsi suis-je profondément admiratif de la pudeur dont témoigne un Dominique Autié dans certaines de ses textes les plus magnifiques, et ce quel qu’en soit le sujet. Allez absolument lire le dossier, énorme et splendide, qu’il a consacré au Saint Suaire. La somme de travail que l’on devine témoigne, tout simplement, d’une véritable bonté d’âme, d’un sacrifice accompli (d’heures de repos ou de sommeil) à l’intention de lecteurs dont, pas plus que moi, il ne connaît l’identité. Que l’on vienne me dire ensuite que la Toile n’est point le terrain capable de favoriser de telles exquises naissances, qu’on me prétende que la Toile ne peut supporter une telle qualité rédactionnelle. Il est vrai que, pour un blog tel que celui de Dominique Autié, un million crachotent leur petit bêlement quotidien, qui s’extasiant de la rondeur érotique de ses fesses de cinquantenaire, qui affirmant que son malheur est de jouir en priant, ou plutôt, pardon, de prier en jouissant, qui enfin officiant tous les jours ou presque que Dieu fait au lessivage journalistique du Verbe… ! Des noms ? Bah, comme l’autre, je ne peux pas dire que je réserve ma traduction, si ? Ces allusions bien évidemment fines, pour qui connaît la constance et l’attention réellement amoureuses que je prodigue à mes nains et mégères, sont je l’espère transparentes.

Ygor Yanka
Quelque singe perruqué vous reproche de ne pas savoir danser, c'est-à-dire, crime capital ! de n'être pas un hédoniste. Vous voici donc rejeté dans la catégorie des austères, des ténébreux, et par corollaire des constipés qui sont, on s'en doute, des impuissants, des frustrés. Que pensez-vous de cette tyrannie contemporaine de l'hédonisme, nouvelle religion dont les prêtres les plus fameux (et les plus nocifs, en ce sens qu'ils jugent tout à l'aune du plaisir des sens et condamnent volontiers ceux qui refusent non de jouir, mais de s'incliner devant l'idole omnipotente) se nomment Michel Onfray et Philippe Sollers ?

Juan Asensio
J’adore les apophtegmes de ces pères de la misère, surtout intellectuelle. Que savent-ils de moi ? Strictement rien. Laissons-les parler. Qu’ils m’imaginent donc, si cela leur chante, en acariâtre et craintif rat de bibliothèque, leur surprise n’en sera que plus grande lorsqu’ils me croiseront… Quelle est leur œuvre me dites-vous ? Quoi, un maigre blog situationniste dont la seule particularité notable est de nous présenter un unique texte, déjà ridicule par sa grandiloquence faussement ironique, comme s’il était toujours d’actualité ? Passons sur le fait qu’un tel procédé de minable publicité, consistant à mettre en ligne, et ce tous les jours, le même texte, est franchement minable. Du reste, vous avez bien établi le crétin raisonnement qu’établissent ces sots : sous prétexte de jouir dès qu’ils prennent un stylo ou tapotent sur leur clavier forcément poisseux, toute personne qui ne fait point de l’acte d’écriture une activité masturbatoire leur semble un eunuque. Regardez encore cette écrivaine qui, proclame-t-elle fièrement, conçoit l’écriture comme une partie de jambes en l’air même si, attention elle enrobe ses plates considérations de toute une mélasse collante de mysticisme gélatineux ! Le cul, oui, cent fois oui monsieur, mais… pas n’importe lequel, du premier choix, lardé dans une bête fameuse, derrière laquelle coururent tous les éditeurs-veneurs, pas moins ! Le cul que je vends, voyez cette délicate pruine rubescente, humez, je vous prie, cette fragrance byzantine de myrrhe, n’est tout de même pas un simple cul, une tranche de viande commodément exposée sur l’étal du boucher afin de faire saliver les vieux cochons venus s’en servir une plâtrée relevée de quelque épice entêtante. Mon cul n’est pas celui de ma voisine, et c’est bien cette superbe particularité qui lui donne le droit, que dis-je, le devoir, de s’exposer en littérature… Je vous le demande, sans doute naïvement : mais que savent ces nains jouisseurs de la concentration, du calme, de la progressive montée de l’attention intellectuelle, spirituelle et bien évidemment, corporelle, de la réunion en un unique faisceau, tranchant comme un laser, qu’exige et représente, s’il a réellement coûté, s’il est honnête et sincère, un texte véritable ? Il y a plus d’érotisme, je veux dire de force virile au sens le plus noble de ce terme, dans les pages hallucinées des Cahiers de Monsieur Ouine de Bernanos que dans les œuvres complètes de ces écrivaines se pâmant dès qu’une seule ligne d’une seule de leurs pages moites, arrachée à leur touffeur de ménagère extravertie, sent vaguement la cyprine, à moins que ce ne soit l’odeur rance du plaisir banal et minuscule, une petite humidification qu’épongera sans mal le string le plus introverti. Onfray et Sollers ? Qui donc me dites-vous ? De grâce, le niveau intellectuel du second n’est tout de même point encore descendu à l’étiage abyssal du premier, au plus profond d’une fosse des Mariannes de la bêtise dont il s’applique pourtant à sonder chaque millimètre carré comme le font ces poissons des profondeurs se nourrissant du cadavre des animaux décomposés plusieurs milliers de mètres au-dessus de leur tête monstrueuse et aveugle. Et puis, Sollers a tout de même un style, un style nul si vous voulez, mais un style tout de même, le style de la nullité, ce n’est pas rien, c’est même un très pratique sésame capable d’ouvrir quelques portes d’airain des salles de rédaction. Onfray n’en a point, de style, car on ne peut donner corps, malgré les progrès fulgurants de la technique, à une pensée qui n’a aucune consistance. Onfray ou le philosophe hydroponique : les fruits produits par ces sortes de plantes sans racines sont tentants mais, une fois croqués, ils n’ont pas la moindre saveur. Dans les œuvres de Sollers, dans les plus récentes, pourtant calamiteusement insignifiantes, survit tout de même, éclatant alors d’une brève fulgurance, le souvenir d’un style crâne et sec, caractéristique des tout premiers romans que furent Le Parc ou Une curieuse solitude. Planent dans ces pages le souvenir de Jean-René Huguenin sans doute. Avec la mort de ce superbe écrivain, que voulez-vous, c’est aussi la meilleure part de Sollers qui a disparu : l’homme, rien de moins qu’intelligent, sait du reste parfaitement que le talent d’Huguenin est infiniment supérieur au sien, aujourd’hui réduit à l’état peu enviable de marchandise thaïlandaise, parfaitement copiable par le premier venu. Les épigones de Sollers sont ainsi innombrables, quoique tous stériles comme des baudets. Vous me dites que vous en connaissez trois qui forment un curieux attelage ? Parfait, allons donc leur tendre une triple carotte devant leur museau camus, vous verrez s’élancer le chariot sublime, la divine Mercaba du plus prétentieux parisianisme de salon. N’est point Metzengerstein, n’est-ce pas, qui le proclame. Heureusement d’ailleurs car il y a fort à parier que, pour un pur étalon, mille, cent mille haridelles tendent la croupe au tout venant, qu’il soit homme, chien ou rat, pour une saillie en règle, pourvu qu’elle obtienne l’évasive garantie que son torchon sera publié. Maintenant, le Pape ne fulmine plus que des bulles malodorantes, j’allais dire, méchamment, moisies, qui ne font trembler que la pauvre Josyane Savigneau, unique Pythie, plus quelques clowns éphémères, qui tente encore d’interpréter les borborygmes raffinés de ce Sphinx inutile.

Ygor Yanka
Le mal, une thématique littéraire de l'écrivain Asensio ou/et une obsession de l'homme Asensio ?

Juan Asensio
Les deux bien sûr, ce sujet d’étude, vous vous en doutez, ne pouvant tout de même pas être d’une nature foncièrement identique à celle qui unirait tel scientifique à la redoutable question existentielle de savoir quel type de culture maraîchère existait dans le Frioul au VIIIe siècle. Je suis ainsi fasciné par un exemple bien peu connu, hormis de quelques amateurs des sciences occultes, celui de ce chercheur, Egon von Petersdorf, auteur d’une remarquable Daemonologie qui n’a toujours pas été traduite en français, personnage complexe et sombre profondément hanté par son dangereux sujet.

Ygor Yanka
La littérature est-elle morte vraiment, ou, comme Dieu dont Nietzsche avait rédigé le permis d'inhumer et dont le prétendu cadavre frémit encore, est-elle susceptible d'un retour plus ou moins fracassant ? Si oui, percevez-vous les signes d'une renaissance ? Où ça ?

Juan Asensio
Si je pensais que la littérature était morte, je n’écrirais pas, gueulant, sans le plus petit pouvoir thaumaturgique, gueulant, sans la moindre parcelle de grâce, ma parole débile pour que le mort se relève, puant, et retrouve la lumière du jour. Éclipse, donc, de la littérature, comme éclipse de Dieu selon Buber plutôt que mort, enfin… Je fais ce pari là, il faut bien parier n’est-ce pas, comme nous le commande Pascal. Croire donc en la résurrection de la littérature française est mon petit acte de foi quotidien, pas moins sublime qu’un autre, par les temps de disette qui sont les nôtres. Bien des auteurs valent la peine, parfois la joie, d’être lus : Calasso, Sebald, Tosches, Selby Jr., Kertész, d’autres encore. Et, chez nous, Védrines, Dantec, Camus, Houellebecq, Muray, pour ne citer que les quelques noms qui me viennent immédiatement à l’esprit.

Ygor Yanka
L'Éphémère Chinois a opté pour une approche ironique de la Littérature. Cette attitude vise d'ailleurs moins la littérature que ceux qui la sacralisent, se réfèrent à elle sans cesse, à tout propos, de la table au lit et du matin au soir. C'est la majuscule que nous moquons. Pour vous, Juan Asensio, sacrée, la littérature ?

Juan Asensio
Oui, sacrée, car elle me paraît être la trace du Verbe, je vous le dis sans ambages ni métaphore volontairement frappante. L’Art est sacré, l’a toujours été depuis l’aube des temps humains (souvenez-vous de ce magnifique poème de Patrice de La Tour du Pin commençant par : «Elles sont dans l’exultation, les voies de l’homme !…») et c’est sa prostitution actuelle, à coup de subventions étatiques et de petites combines institutionnalisées, qui non seulement l’a rendu muet, c’est-à-dire vulgaire et strictement publicitaire, incapable de sonder l’âme de l’homme et de lui tendre un miroir, mais qui a également rendu notre société triste à en crever. Walter Benjamin écrivait dans l’un de ses plus remarquables articles que la Nature, privée de parole, était triste, parce que l’homme s’était rendu seul responsable, par sa prévarication, de son mutisme. Le monde contemporain est assurément triste : il n’en finit pas de mourir de tristesse, comme Péguy puis Bernanos le répétèrent sans relâche à une société de vieux perclus de bêtise, de trouille, d’ignorance, de veulerie. Une société qui n’accorde plus, aux arts, la place essentielle, première, qui est tout simplement la leur, est indigne ou plutôt : elle est digne de disparaître avec pour seule épitaphe tel des plus ridicules épanchements de Jack Lang, ravi de pouvoir taguer l’encombrante pierre tombale. La décadence se caractérise par l’invasion muséale et le triomphe du kitsch, alors que les sources vives du génie se sont taries, alors que l’enfance, moins qu’oubliée, est singée par de vieux suborneurs tels que Matzneff : nous sommes donc en pleine décadence, mais cela a été parfaitement bien expliqué dans une multitude d’ouvrages consacrés à la misère de l’art contemporain, ceux par exemples signés par Jean-Philippe Domecq.

Ygor Yanka
La littérature intimide le profane. Comme la critique, hormis vous et quelques autres, s'occupe davantage de promotion que de critique (la critique requiert une certaine culture et la culture ne s'acquiert pas sans énormément lire), il devient très difficile de s'y retrouver dans la masse de livres produite, d'autant plus difficile que sont logés à la même enseigne le best-seller certain, par définition populaire, avec toutes les recettes qui font ce type de littérature, le témoignage sur son enfance malheureuse, relaté par la plus insignifiante pétasse cinématographique, et la littérature de qualité que nous prônons vous et moi. Pour le public, un livre dont on ne parle pas n'existe pas, ou si on en parle un peu seulement, c'est que ça ne vaut pas grand-chose. Ce public-là, donc, trouvera qu'Amélie Nothomb est un grand écrivain et Richard Millet un petit. Ma question est la suivante : quels sont, parmi les livres sortis depuis, disons un an, ceux dont vous recommandez la lecture ?

Juan Asensio
Il y a en a beaucoup : le plus simple, pardonnez-moi de n’avoir point le courage de vous répondre directement, est encore d’errer dans la Zone. Renaud Camus tout de même : oui, c’est ma plus récente et exaltante découverte. Je puis, en revanche, vous en déconseiller quelques-uns, de ces mauvais ouvrages : Le Silence des livres de George Steiner, fumisterie éditoriale que je dénonce sur mon site. Au régal des Vermines de Nabe, affreusement vieilli (le livre, pas Nabe, éternellement jeune, sans doute grâce à sa légendaire incontinence de haine plus qu’à ses exploits sexuels…).

Ygor Yanka
Vous lisez énormément et relisez beaucoup. Avez-vous un plan de lectures ou bien est-ce le hasard, le plaisir ou/et la nécessité qui vous incite à lire aujourd'hui ou à relire ceci plutôt que cela ? Selon votre réponse, que trouve-t-on sur votre liste d'ouvrages à lire ? Que lirez-vous demain, la semaine prochaine, et pourquoi ?

Juan Asensio
Je ne fais, effectivement, rien d’autre que lire et, de plus en plus, relire, surtout des romans de science-fiction, dévorés alors que j’étais adolescent en de telles quantités monstrueuses que c’est à peine si je me souviens, à présent, même vaguement, de la trame de bien des œuvres pourtant fort connues d’auteurs tels que Heinlein, Clarke, Brunner, Ballard, Herbert ou Asimov. Se plonger dans la lecture, vous le savez aussi bien que moi, c’est ne jamais pouvoir parvenir à tout lire puisque chaque bon livre, stricto sensu, en convoque plusieurs dizaines d’autres. La bibliothèque infinie popularisée par l’extraordinaire conte de Borges est bien plus qu’une illustration mythique d’une donnée purement littéraire : c’est l’essence même de l’herméneutique qui, étymologiquement, est circulation perpétuelle. Nulle borne, nul arrêt véritable n’existent pour le lecteur qui est le perpétuel errant, le marin de Coleridge, cette fois-ci joyeux, ravi d’accoster de port en port et de disserter, avec les hommes qu’il croise et ne reverra sans doute plus jamais de sa vie, de son dernier souvenir de lecture, de telle émotion particulière. Ces moments de pure grâce, à la fois l’acmé de la solitude et le triomphe d’un partage absolument désintéressé, je doute que la civilisation qui est la nôtre, grondante de bruit et de fureur, soit encore capable de les offrir, y compris à une élite, de plus en plus pressée de bâfrer avec le peuple, de plus en plus pressé de le servir sans le guider, de se mêler à ses jeux. La lecture est un plaisir radicalement élitiste, n’en déplaise aux théoriciens de la parLouze socialo-culturelle.

Ygor Yanka
Quand avez-vous pour la dernière fois ouvert la Bible et pourquoi ? Un livre important pour vous, la Bible ? Comme livre sacré ou bien en tant qu’œuvre littéraire ?

Juan Asensio
La Bible est le Livre. Je la lis depuis des années, un peu comme le faisaient, superstitieusement, les anciens : en l’ouvrant au hasard et en lisant le passage qui le premier tombe sous mon regard. Chaque livre étant une bribe de la Bible comme le dit quelque part Dantec, tout acte de lecture ne peut se réaliser qu’en postulant l’horizon d’attente que constituent la Bible et l’immense tradition des textes intertestamentaires, apocryphes puis patristiques, peu importe que nombre d’auteurs parmi les plus grands (Nietzsche, Wittgenstein, etc.), dans le moment même où ils posent cette évidence, l’attaquent avec acharnement. Chaque œuvre de poids, de pesanteur comme l’écrivait Carlo Michelstaedter, se bâtit en tentant de ruiner les vérités sacrées, selon le superbe titre d’un ouvrage d’Harold Bloom. Le Nouveau Testament et, dans l’Ancien, les livres des Prophètes sont une nourriture vitale qui du reste, comme nombre de textes que j’ai lu des dizaines de fois (Macbeth, le Cœur des Ténèbres, Monsieur Ouine, les poèmes de Rimbaud ou de T.S. Eliot, etc.), atteignent à une sorte de profondeur charnelle : ils vivent en moi et peut-être, qui sait, à l’heure de mourir, c’est telle phrase jadis lue dans Shakespeare, Faulkner ou Conrad qui s’imposera dans mon esprit, plutôt que tel visage, pourtant jamais définitivement enfoui, perdu depuis l’âge de mon enfance.

Ygor Yanka
Les enjeux, naguère, étaient sociaux, donc politiques : le pauvre contre le riche, le prolétaire contre le bourgeois, l'ouvrier contre le patron, etc. Les enjeux actuels ne sont-ils pas métapolitiques et partant, métaphysiques ? La «lutte finale» des temps modernes opposera-t-elle les verticaux aux horizontaux ? D'un côté les loups solitaires, droits sur leurs pattes et vigilants, de l'autre les cochons hébétés du consumérisme, vautrés dans la fange secrétée par Homo Festivus ?

Juan Asensio
Belle analyse mais… magnifique vœu pieux car enfin, cher ami, regardons donc autour de nous et dites-moi si vous voyez un seul de ces êtres aux préoccupations verticales (parlerons-nous, dans ce cas, de logocrates ?) oser passer aux actes ? Non, ce n’est certainement pas, en premier lieu, de grands administrateurs de verticalité dont nous avons besoin : ce sont des hommes d’action qu’il nous faut. Je vais peut-être vous apprendre quelque chose et, partant, vous étonner : je crève de n’avoir pas la trempe d’un homme d’action, mêlé à tous les complots, contempteur de toutes les autorités, fomentateur de tous les mauvais coups. Pourtant, lecteur d’Abellio et de Dominique de Roux qui, hommes d’action, le furent tous deux, je sais bien quelle terrible illusion, finalement, s’abat sur celui qui a brûlé sa vie, qu’importe la cause en fin de compte. Certes, à l’opposé (encore que, sa correspondance abyssinienne est d’une platitude surnaturelle), il y a Rimbaud, génial inventeur de formes et de visions avant de devenir baroudeur de grand chemin, depuis balisé par une foule de GO dont le patron éternellement bronzé semble être Alain Borer. J’avoue que j’écris faute de mieux. Quel est ce mieux ? Facile : un homme, un chef derrière qui me ranger, que je suivrai, si j’en ai la force et le courage, jusqu’au bout. Ne vous méprenez pas, je ne suis rien de plus qu’un mercenaire, un demi-solde qui trompe son ennui en se jetant, de guerre lasse, dans quelques accrochages peu rudes, qui ne me laisseront aucun souvenir et pas la plus petite estafilade à exhiber sous le nez mutin des femmes : tout au plus, j’empêche quelques imbéciles, l’espace bien bref de deux ou trois minutes, lorsqu’ils me lisent, de conserver leur béat sourire de satisfaction.

Ygor Yanka
Vous venez de publier aux Éditions du Rocher un recueil de critiques intitulé La Critique meurt jeune. S'agit-il de critiques préalablement publiées dans la Zone ? Par ailleurs, vous proposez dans cette même Zone le premier volume d'un choix de chroniques électroniques dont vous dites qu'il a été refusé par de nombreux éditeurs «pour maintes raisons, toutes mauvaises». Les éditeurs actuels – j'entends les grandes et moyennes maisons – font-ils encore leur métier, qui devrait être de publier des textes de qualité en prenant certains risques, où sont-ils définitivement devenus des marchands de savonnettes ?

Juan Asensio
Il y a effectivement, tout de même quelque peu modifiés pour l’occasion, dans ce recueil des textes parus en revues et dans la Zone. J’ai toujours affirmé que j’écrivais pour mon site des articles que je jugeai dignes d’être imprimés, je ne vois donc pas ce qui m’empêcherait de publier, sur un support dit noble, des textes écrits en vue d’une mise en ligne sur un qui l’est moins. Ensuite, je me souviens par exemple de telle réponse à ce premier volume de textes que vous mentionnez, uniquement parus sur la Toile : cher monsieur, les noms que vous citez me plaisent et j’admire grandement Pierre Boutang par exemple mais, hélas, je ne puis, pour l’heure, trouver l’angle d’attaque pour défendre vos textes. De quel angle d’attaque avait donc besoin ce patron célèbre d’édition, puisque les textes en question sont justement de combat ? Mystère. Il y en a d’autres qui me surprennent, à moins qu’il ne faille incriminer ma fichue naïveté. Car celui-ci avait tout de même refusé ce manuscrit en témoignant de quelque honnêteté intellectuelle; je ne puis, hélas, en dire autant d’un Michel Surya répondant à l’envoi d’un de mes manuscrits consacrés à la figure maudite de Judas. Vous vous doutez donc bien de ma réponse à votre toute dernière question : non car, lorsque ce ne sont point de respectables raisons financières qui érigent des murs hérissés de barbelés, ce sont de lamentables atermoiements, procrastinations puis refus d’ordre strictement idéologique qui font que bien des auteurs, je n’ai pas le moindre doute là-dessus, sont bien moins connus qu’ils ne devraient l’être.

Note
(1) Une précision, peut-être utile puisque, à la suite d’échanges assez vifs avec Joseph Vebret, j’ai décidé de ne plus participer à sa revue. Mon intention n’est donc point d’accabler gratuitement, par jeu, La Presse littéraire qui a accompli bien des progrès (prétendre le contraire serait digne de la plus éhontée mauvaise foi) depuis quelques semaines même si la qualité d’ensemble du dernier numéro publié souffre, une fois de plus, de curieuses disparités. Je pointe juste une tendance de fond, un relâchement qui ne peut desservir, en premier lieu, qu’une seule et unique personne : le lecteur. Il est tout aussi évident que, cette fois en ce qui concerne un autre des titres dont s’occupe Joseph Vebret, La Revue du cinéma, le constat est sans appel même si nous devrions tout admettre sous le prétexte qu’il s’agit de son premier numéro, forcément perfectible : cela ne vaut strictement rien, hormis quelques trop rares articles surnageant dans une flache de crétinisme pontifiant, d’incommensurable médiocrité, l’ensemble, tout de même légèrement brinquebalant, tiré à hue et à dia par une «tenue» rédactionnelle aussi relâchée qu’un survêtement Tacchini.

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