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30/01/2018

L'Incorrect, un modèle de consanguinité cloacale. Quand des nains servent la soupe à d'autres nains, les louches doivent être grandes

Photographie (détail) de Juan Asensio.

Si vous n'aimez pas les livres de Romaric Sangars, ceux de Jacques de Guillebon, ceux de Richard Millet et les bavardages de plus en plus prophético-ridicules de Sarah Vajda, vous aimerez les notes suivantes.

2898000117.jpgSuffirait-il d'aller gifler Romaric Sangars pour arranger un peu la gueule du journalisme français ?




314304100.jpgLes Verticaux.





681635040.jpgConversion de Romaric Sangars : en route sur le chemin de la Croix-aux-Ânes.




449189398.jpgVivre, penser et surtout écrire comme Jacques de Guillebon suivi d'un addendum.




1728827361.jpgNous sommes encore les enfants de nos pères.





2487179932.jpgD'un exorcisme pas très spirituel pratiqué sur Philippe Muray par Jacques de Guillebon.




3672968115.jpgL'anarchisme chrétien de Jacques de Guillebon et Falk van Gaver.





2698488235.jpgContamination de Sarah Vajda : Mouchette fiancée de Ian Curtis.





L'Incorrect, le magazine de toutes les droites sans tête même si leur cou aborde de beaux colliers de perles, prétend renouveler la presse française et rompre avec la tradition bien ancrée du renvoi d'ascenseur à sensation, celui qui inflige des accélérations de 9 G aux malheureux qui osent y monter, mais leur permet cependant de gagner quelque place enviable. Ce mécanisme peu complexe de piston doit expliquer je pense l'origine de l'expression, ignoble et reprise par tous les ânes, d'ascenseur social. Au sein de L'Incorrect, chacun est le liftier placide et même amical de l'autre, car tous ces Yrieix Denis, Laurent James bien connu des égoutiers angevins, Matthieu Baumier et Gwen Garnier-Duguy, n'ont qu'un but, monter en grade, devenir le n+1 de celui qui, bientôt, ne sera qu'un n-1 malchanceux ou ayant les dents moins longues.
Parce que Jacques de Guillebon est un imposteur d'un talent qui ne souffre la moindre contestation, y compris sous la forme exquisément subtile d'un sermon de Jésuite, il ne pouvait que s'inspirer de ce que font d'autres journalistes au-dessus de tout soupçon, comme le piétrissime Étienne de Montety patron du Figaro (dit) littéraire, homme sans culture ni style fût-il microscopique, mais qui sait tout de même saluer avec une volonté touchante de plaire les plus grands de nos mauvais écrivains français vivants, surtout lorsqu'ils sont sollersiens de plus ou moins stricte obédience.
Je ne reviens pas sur le minutieux démontage de ces petits et grands renvois d'ascenseur propres à la presse et à l'édition françaises, tellement peu discrets à dire la vérité qu'ils seraient bien capables de nous faire vomir et qui à vrai dire ont fait vomir plus d'une fois leur auteur, le consciencieusement implacable Damien Taelman.
Dans le dernier numéro de L'Incorrect, le cinquième déjà c'est fou comme nos petits lapins, en broutant de l'herbe réactionnaire, se reproduisent, nous pouvons assister, sans toutefois que le versicolore tableau nous soit gâché par l'ombre du plus petit étonnement, à une ébouriffante démonstration de consanguinité cloacale maximale ou, en des termes plus mesurés mais sentant frais et bon le tripotage d'organes sanieux fussent-ils christologiques, d'entreléchage à scène ouverte, ou plutôt, à presse dilatée. En effet, Jacques de Guillebon, qui n'est autre que le rédacteur en chef de ce magazine censé renouveler la presse de droite et même la presse française dans sa globalité, et ne me tentez pas car je pourrais bien écrire : la presse mondiale, bref, Jacques de Guillebon que Sarah Vajda n'a point encore surnommé le Bon Guillebon comme elle a surnommé, Sangars, Romaric le Beau, sert la soupe à son cher frère en vocation parousique, le très vertical Romaric Sangars donc qui paraît-il écrit comme il pisse, prie et même dort, debout, droit comme un i, converti qu'il est de la dernière heure, donc tout raidi de s'être «rapidement senti en accord avec [s]a démarche littéraire elle-même» (extrait de l'entretien paru dans L'Incorrect, p. 61). Il est toujours important, surtout lorsqu'on est un fat, d'être en accord avec soi-même, car il serait franchement dommage de perdre, en le négligeant, son premier et probablement seul public : soi-même, et quelques séminaristes qui, en s'endormant, doivent imaginer quelque méphitique incube venu les tenter sous l'aspect de Beau Romaric.
IMG_0218.jpgNotre martial Romaric le Beau, notre d'annunzien Sangars la Farce, s'assouplira bien sûr, en banal esthète qu'il est, insignifiant rimailleur soliloquant quelques rinçures lettristes que ledit évangélique Bon Guillebon a conduit vers les voies de l'autel comme nous l'apprenons dans Conversion et, plus prosaïquement, vers son siège de patron des pages Culture de L'Incorrect, car les voies du Seigneur sont décidément impénétrables, y compris même pour les êtres démontrant leur capacité à ployer une échine qu'ils ont de toute façon admirablement souple. C'est dans ce même entretien que Jacques et Rémi rendent grâces à Richard (Millet) d'avoir écrit son dernier livre, et c'est dans ce même entretien au-dessus de tout soupçon de copinage que nous découvrons que Romaric le Beau, Sangars le Vertical est également un penseur de grande profondeur, capable d'affirmer, remarquable facilité journalistique, que «la littérature est le moyen le plus pertinent pour réussir ses échecs», ou que, consternante banalité, son retour au christianisme est un mouvement identitaire «au sens large : car la quête de l'autre est une quête de soi», ou encore que «le christianisme intègre tout, sauf le mal qui est un défaut d'existence», bêtise stratosphérique et peut-être même émpyréenne qui nous montre que, tout profond penseur qu'il est, nourri de Thibon et de Dantec c'est dire, mais n'ayant visiblement pas ouvert un livre de l'Aquinate, Romaric le Beau a besoin de quelques cours du soir de catéchèse pour être au niveau d'un premier communiant, ce qu'il est d'ailleurs, et restera visiblement jusqu'à la fin de ses jours. Au cas où certaines personnes ne sauraient pas lire, L'Incorrect a même prévu la version sonore de son passionnant entretien avec Romaric. Le propos est toujours aussi désespérément plat, mais qu'importe, puisqu'il y a fort à parier que les lecteurs des textes de Sangars ne se soucient pas vraiment de savoir que ce qu'il raconte, au mieux, est indigent. Voyons, si avec une telle couverture médiatique Conversion ne se vendait pas à 300 exemplaires, ce serait à désespérer de l'intelligence des Français, n'est-ce pas cher Léo Scheer ! Notons tout de même que jamais les lecteurs de ce livre n'évoquent ce qu'il est : un livre donc, c'est-à-dire un texte écrit. Voyez ainsi comme un certain Patrick Wagner, pour la chronique de Livr'Arbitres dans Présent, ne fait que broder sur la quatrième de couverture, sans jamais aborder l'écriture proprement dite de Sangars, qui n'est certes pas désagréable, mais ne parvient tout de même pas à masquer la nullité du propos, ce qu'aurait pu à tout le moins atténuer un style digne de ce nom.
Romaric Sangars aime rendre la pareille à celles et ceux qui l'ont obligé : en langage chrétien, cela s'appelle faire l'aumône, aimer son frère (et bien sûr sa sœur) en Christ même si, dans cet œcuménique intention, aucun bénéfice d'aucune sorte n'est escompté ni même toléré. C'est bien simple : hormis le pape François suivi de près par Jacques de Guillebon, Beau Romaric est le catholique le plus charitable du monde, en tout cas de Paris. Ainsi, il s'entretient, sur le site le plus incorrect de France, avec Lakis Proguidis qui n'est autre que le patron de L'Atelier du roman, où nous apprenons, au comble de la stupéfaction cela va sans dire, que Romaric a signé une bafouille sans intérêt, précisément dans le numéro 79 de ladite revue. De grâce, que l'on ne vienne pas me dire que c'est par envie que je pointe ces copinages pas même discrets : tout d'abord, j'ai plus d'une fois écrit dans cette revue et, ensuite, je fais mienne la remarque du magnifique D'Annunzio affirmant que l'envie est «le vice capital des imbéciles car c'est le seul des sept qui ne procure aucune joie». Comment envier un écrivant à ce point peu sûr de son talent que la grande totalité de ses petits copains, qu'il saura bien récompenser d'un sucre ou de quelques mots dans L'Incorrect, est obligée de clamer sur tous les tons ?
Ainsi encore, Beau Romaric n'hésite jamais à dire tout le bien qu'il pense des ouvrages au lyrisme de sanisette de Richard Millet, ce guerrier de papier qui édite désormais ses livres idiots comme des slogans chez Léo Scheer, lequel lui a fait l'honneur de le mettre à la tête de sa Revue littéraire, l'un des plus remarquables exemples de titre de revue affirmant exactement le contraire de ce qu'elles est censée proposer. De la même façon, L'Infini de Philippe Sollers se réduit-il au diamètre assez maigre d'un bidet où les amis du Roi ardent des lettres françaises viennent laver leurs pieds sales et leur séant tout barbouillé de mots sollersiens lancés à la face de l'idole qui, pour les remercier, cultive leurs nombreux navets dans sa collection, au beau titre de L'Infini on s'en serait douté, laquelle collection à son tour se réduit à n'être que la flache où tous ces têtards et animalcules tétardisent et se culculent en riant et en prenant grand soin de ne jamais froisser le crapaud-buffle qui trône en son centre.
Il n'est pas moins parfaitement normal que Romaric Sangars pour Conversion et Richard Millet pour Déchristianisation de la littérature aient été le 11 janvier dernier, soit quelques jours à peine après la sortie de ces deux livres, au menu du Cercle Cosaque, ce raout organisé chez Barak, bien connu des happy few désireux de toucher pour de vrai leur idole, lequel raout a été fondé par Romaric Sangars en personne, car les plus grands cultes doivent bien posséder, à leur source, un hiérophante de prestige et même un meurtre théophanique initial, René Girard a bâti sa carrière sur cette thèse. Il y a fort à parier qu'Olivier Maulin, lui-même fondateur je crois, ou, en tout cas, l'un des piliers de ce haut-lieu de la consanguinité vaguement anarchisante et très vaguement droitiste dise dès les tout prochains jours tout le bien qu'il pense (ou ne pense pas, car c'est pareil pour lui, pourvu que l'entreléchage soit bon) de ces deux livres dans les colonnes de Valeurs actuelles, puisqu'une simple recherche sur ledit site nous donne plusieurs occurrences de textes et d'entretiens consacrés au dernier connétable autoproclamé des lettres française, dont l'un, ô divine surprise, a été mené de pied de maître par ce même Olivier Maulin.
Il est vrai que Richard Millet a pris, pour une poignée de moutons permanentés se prenant pour des guerriers de l'Occident menacé par la vermine sarrazine, la dimension d'un véritable Messie, que dis-je là d'euphémistique et de sot ! : Richard Millet, ayant repris les armes de celle qui bouta l'Anglais hors de France, la Pucelle héroïque, peut à bon droit, et dans cette unique acception cela va de soi, prétendre au titre d'héroïque Puceau. Comme Jeanne, Richard entend des voix divines qui lui disent qu'il est le plus grand écrivain français vivant et même qu'il a haché menu du méchant islamiste pendant la guerre du Liban. Richard est persuadé, depuis son boudoir mondain où seul un sablier Made in China peut évoquer le rude désert de ses ancêtres prophètes, qu'il est le Préfigurateur du Christ. Il est bien dommage, me dis-je en parcourant la réclame consacrée à son dernier opus, que l'Inquisition, cette si recommandable institution, n'existe plus, qui aurait su par quels placides moyens contraindre le Preux Richard à dire, pour une fois, la vérité. Passons. Mes propres voix en tout cas, sans doute parce qu'elles sont diaboliques, me soufflent, elles, qu'il n'en est rien, que Richard Millet n'est absolument pas le plus grand écrivain vivant de France, et que ce sont un mort, Guy Dupré, et un vivant, Christian Guillet, qui sont les plus grands écrivains de langue française, et qui le seront encore lorsque Richard Millet publiera son millième livre, ce qui ne saurait beaucoup tarder fort heureusement car si les voies du Seigneur sont impénétrables, celles de son zélé Serviteur le sont beaucoup moins : il s'agit de recouvrir Paris et même la France d'une couche de livres vains et putrides, chantant le goût des femmes laides, le beaufisme d'un Gérard Depardieu ou d'un Bernard Menez censé dévoiler des trésors théologico-politiques et la consomption d'une nation autrefois grande qui persiste à ne pas reconnaître le talent milletien.
Ce sont deux respectables organes éditoriaux qui ont fait rayonner la Bonne Parole de ce nouveau Jean Baptiste annonçant la consolante parousie : les éditions fondées par Pierre-Guillaume de Roux et qui portent le même nom que leur fondateur, mais aussi, et c'est infiniment plus surprenant quand on connaît le parcours de l'intéressé venant de la gauche la plus abjectement cynique, la gauche à grosses bagues et à soirées dites fines, les éditions fondées par Léo Scheer.
Richard Millet a édité beaucoup (trop) de livres chez le premier, portant le nom illustre de son père, et est en passe de renouveler voire dépasser son exploit chez le second, qui ne porte à vrai dire aucun nom d'intérêt vague ou même de lignage intéressant, puisque bon sang ne saurait mentir, et inversement bien sûr. C'est ainsi qu'une poignée de commentateurs a participé à un ouvrage collectif dédié à la gloire, espérons-le posthume, du maître, parmi lesquels, ô étonnement, nous retrouvons les habituels Romaric Sangars dont Léo Scheer a édité deux ouvrages, mais aussi Muriel de Rengervé qui a écrit un essai, bien sûr publié par Léo Scheer, tout entier consacré à la récente quoique désastreuse réception médiatique de Richard Millet, ou encore une certaine Paulina Dalmayer qui a dit tout le bien qu'elle pensait du premier roman de Romaric Sangars dans les colonnes de CauseurRomaric Sangars a d'ailleurs exercé son manque de talent, et un certain Matthieu Falcone, qui lui aussi, décidément, a été unanime avec lui-même pour saluer le premier roman de Romaric Sangars.
Je ne pointe là que les consanguinités les plus visibles, disons les moins incorrectes, car il va de soi que le mécanisme de ces renvois d'ascenseur est parfaitement huilé, puisque nous apprenons avec une réelle surprise que Rémi Lélian, qui n'a pas manqué de dire tout le bien qu'il pensait de Conversion de son ami Romaric Sangars dans les colonnes de L'Incorrect, n'a bien évidemment pas manqué de dire tout le bien qu'il pensait dudit dernier essai de Richard Millet dans ces mêmes colonnes décidément ouvertes à la plus impavide diversité. Je suis toujours estomaqué de constater qu'aucun de ces grands lecteurs de Richard Millet ne semble songer à lui faire remarquer que lui, écrivain, plutôt que de déclamer contre «une chute qui ne sera suivie de rien", est l'un des écrivains encore vivants les plus incapables de proposer des romans ayant quelque tenue, voire étant capables de lutter, à leur façon discrète plutôt que matamoresque, contre le déclin des lettres françaises. Rien n'y fait et l'argument est imparable, que Rémi Lélian, s'il était autre chose qu'un lécheur en passe d'être rapidement promu au sein de L'Incorrect, aurait pu jeter à la face de ce pseudo-écrivain : cher Richard Millet, plutôt que d'écrire des textes de plus en plus illisibles et répétant sempiternellement deux ou trois petites formules sur l'ère post-chrétienne, qu'attendez-vous pour rendre à la langue française sa hauteur littéraire de naguère ? Richard Millet, on l'a dit, attend le Christ, le Saint-Esprit aussi peut-être, mais certainement pas les Cosaques qui se sont montrés décidément d'une affabilité à toute épreuve depuis qu'il publie l'un d'entre eux. On m'opposera que Richard Millet est un romancier de talent, ce à quoi je rétorquerai que son dernier roman (à ma connaissance m’empressè-je d'ajouter, car l'homme écrit beaucoup), Province publié comme il se doit par Léo Scheer, était d'une facilité et d'une médiocrité confondantes.
Il suffit, je ne vais tout de même pas faire le travail que Rémi Lélian, s'il était un critique littéraire digne de ce nom, aurait dû faire et n'a de toute évidence pas fait, pas plus qu'il ne fera, car sa langue est moins rompue aux louanges ou aux descentes qu'aux savantes contorsions que le caniche de cirque réalise pour un public aux anges. Tout de même, il est proprement surprenant que le site des éditions Léo Scheer ne signale la moindre trace de Rémi Lélian qui si efficacement relaie la bonne parole consanguine, mais je ne doute pas que, très vite, cette coupable distraction sera réparée et, avec un peu de chance, dès la parution du sixième numéro, tant attendu, de L'Incorrect, où nous saurons tout sur la probable conversion (si bien sûr elle est de mise, car je ne sais rien de la vie de l'homme) de ce nouveau ravi de la crèche guillebonnesque, où premiers communiants, les enfants de chœur, les oblats et les soutanes, décidément, semblent de moins en moins espacées.

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